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Albert Kohn (Traducteur)
EAN : 9782070768035
154 pages
Gallimard (07/01/2003)
4.35/5   65 notes
Résumé :
« Partir dans la direction opposée » à celle qu’il a prise, comme chaque jour pour se rendre au lycée, voilà ce que décide soudain Thomas Bernhard à quinze ans. Ce demi-tour décidera de toute sa vie. Il ne le regrettera jamais. Pourtant les conditions sont dures dans la cave de M. Podlaha, le magasin d’alimentation où il a trouvé une place d’apprenti. Aucun travail ne le rebute. Et quelle clientèle ! Dans ce quartier que la ville tient à l’écart, c’est la misère, l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un grand livre ! Où l'auteur se confronte à sa propre destinée, et explique au fil des pages comment, pourquoi son choix sera finalement décisif. Thomas Bernhard poursuit avec La cave son récit autobiographique d'après-guerre. La cave s'insère dans ces péripéties où Bernhard connaîtra la fin de la guerre et le lycée, le magasin d'alimentation, la musique, le sanatorium. La lecture des autres volets de ce récit ne m'avait pas permis de distinguer le fil, et surtout l'importance de cet épisode dans la construction intellectuelle de Thomas Bernhard. La cave est le déclic. Celui qui permet de comprendre comment ces événements - entre vrai choix et circonstances - lui ont permis d'emprunter ce chemin. Dans La cave, Thomas Bernhard raconte comment il en est arrivé à travailler comme commis dans un magasin d'alimentation d'un quartier mal famé de Salzburg. Souvent, il revient sur le jour où il décida, non pas d'aller au lycée comme d'habitude, mais de partir à l'opposé, vers l'office de l'emploi, pour trouver un travail utile. La voionté de s'extraire du lycée et du formatage qu'il induit, la volonté d'aller à l'opposé de ce qui semblait évident et naturel. Voilà comment s'engage dès la jeunesse la vie de Thomas Bernhard. Ce livre est admirable en tant qu'expérience consciente, qui va au devant de la vie.
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A Salzbourg, peu de temps après la seconde guerre mondiale, Thomas Bernhard, quinze ans, décide de quitter le lycée, qu'il estime être une machine à décérébrer les gens, pour entrer en apprentissage dans l'épicerie de Monsieur Podlaha. Il devra nettoyer la cave qui sert d'entrepôt, se coltiner des sacs de farine, semoule ou pommes de terre de quatre vingt dix kilos et servir les clients en gardant toujours le sourire. Il accepte toutes les tâches de bon coeur. Rien ne le rebute car il se sent utile et il rencontre des gens, mais quels gens... tous les plus miséreux, le rebut de la société perdu dans l'alcoolisme, le suicide, la violence et le crime.
Un livre de souvenirs d'un période fort sombre de l'histoire autrichienne. le pays est occupé par les vainqueurs, la nourriture est rationnée, les filles se prostituent pour des chewing-gums, des bas et des plaques de chocolat, la famille de l'auteur s'entasse à neuf dans trois pièces autour d'un chef de famille suicidaire qui veut mener à bien l'oeuvre de sa vie : écrire un bouquin de 1500 pages et Thomas se réalise dans son boulot de commis-épicier. Un témoignage intéressant mais rendu difficile d'accès par un style ampoulé, filandreux qui se développe en longues périodes tournant en boucles. Les phrases d'une page et demi ne sont pas rares, les répétitions sont si nombreuses que cela tourne à l'obsessionnel. Cela peut finir par agacer.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J’ai tout écouté et je n’ai rien suivi. J’expérimente encore aujourd’hui, ne pas savoir comment cela finira, cela fascine l’homme seul que je recommence à être. Depuis longtemps je ne me suis plus interrogé sur le sens des mots qui ne font que tout rendre de plus en plus incompréhensible. La vie en soi, l’existence en soi, tout est lieu commun. Lorsque, comme je le fais à présent, nous nous remémorons le passé, tout se règle peu à peu de soi-même. A perpétuité nous sommes en compagnie d’êtres qui ne savent pas la plus petite chose sur nous, mais prétendent continuellement tout savoir sur nous ; nos parents et nos amis les plus proches ne savent rien parce que nous-mêmes, nous ne savons pas grand chose à ce sujet. Toute notre vie, nous sommes en train de nous explorer, nous allons sans cesse à la limite de nos moyens intellectuels et nous renonçons. Nos efforts finissent dans l’inconscience totale et dans une dépression fatale, sans cesse mortelle. Ce que nous-même nous ne nous risquons jamais à prétendre, parce que nous sommes nous-mêmes effectivement incompétents, d’autres se risquent à nous le reprocher en négligeant à dessein ou non de voir tout de notre personne physique et morale. Nous sommes constamment des êtres rejetés par les autres qui, chaque nouvelle journée, doivent se retrouver, trier, assembler leur morceaux, se reconstituer. Nous portons nous-mêmes, à mesure que nous progressons en âge, un jugement de plus en plus sévère et il nous faut accepter, du côté opposé, un jugement deux fois plus sévère.
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Les perfidies qui me font trébucher, désespérer, qui me font chaque jour devenir à moitié fou, perdent leur effet sur moi quand je les éclaircis en moi complètement, tout de même que plus aucune chose ne m ‘affecte et même ne me tue à petit feu quand je l’éclaircis en moi. Eclaircir l’existence, non seulement la percer à jour mais quotidiennement l’éclaircir jusqu’au suprême degré possible, c’est la seule possibilité d’en venir à bout. Autrefois je n’ai pas eu cette possibilité d’intervenir dans le jeu mortel, quotidien, de l’existence, pour le faire je n’en avais ni l’intelligence ni la force, aujourd’hui le mécanisme se met en marche de lui-même. C’est un processus de rangement qui a lieu, jour après jour, dans ma tête le ménage se fait, chaque jour les choses se mettent à leur place. Ce qui est inutilisable est rejeté et tout simplement éjecté de ma tête. La brutalité est aussi un signe auquel on reconnaît la vieillesse. Pour surmonter les modes, l’isolement et un esprit qui ne se laisse pas égarer sont l’unique moyen d’être sauvé.
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Je savais pourquoi j'avais fait tirer à la fonctionnaire de l'Office du travail des douzaines de fiches de son fichier, je voulais aller dans le sens opposé. Cette notion: aller dans le sens opposé, je l'avais sans cesse énoncée en moi-même sur le chemin de l'Office du travail, sans cesse: dans le sens opposé, la fonctionnaire ne comprenait pas quand je disais: dans le sens opposé car je lui avais dit une une fois: je veux aller dans le sens opposé, elle me jugeait vraisemblablement fou car je lui avais effectivement dit plusieurs fois: dans le sens opposé, comment, pensais-je, pouvait-elle d'ailleurs me comprendre alors qu'elle ne savait absolument rien de moi, pas la moindre chose? Désespérant déjà complètement de moi et de son fichier, elle m'avait proposé une série de places d'apprenti mais ces places, en totalité, n'étaient pas dans le sens opposé et il me fallait refuser ses offres, je ne voulais pas aller dans un autre sens, je voulais aller dans le sens opposé, un compromis était devenu impossible; c'était pourquoi la fonctionnaire avait dû sans cesse recommencer à extraire une fiche du fichier et j'avais dû refuser cette adresse du fichier, parce que je voulais aller sans compromis dans le sens opposé, non dans un autre sens, seulement dans le sens opposé.
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Aujourd'hui, même si je sais que tout est d'une extrême incertitude, j'ai en moi-même la quasi-certitude que je n'ai rien dans la main, que tout, en tant qu'existence demeurée, n'est qu'une fascination, bien qu'elle s'exerce perpétuellement et, il est vrai, sans interruption, aujourd'hui tout m'est passablement indifférent; dans cette mesure, au cours de cette partie toujours perdue, j'ai, dans tous les cas, gagné la dernière manche.
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La plupart des hommes sont habitués à leur travail, leur occupation, à quelque occupation, quelque travail réguliers, si ce travail, cette occupation s’arrêtent ils perdent instantanément leur contenu et leur conscience et ne sont plus autre chose qu’un état de désespoir morbide.
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Videos de Thomas Bernhard (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Bernhard
Le 17 mars 2021 a disparu le comédien Jacques Frantz.
Sa voix de basse, puissante, vibrante et expressive, était particulièrement appréciée dans l'art du doublage. C'est tout naturellement que, en 2007, il a rejoint les grandes voix de « La Bibliothèque des voix » pour immortaliser dans un livre audio l'ancien acteur shakespearien désabusé dans la pièce de Thomas Bernhard « Simplement compliqué ».
Nous partageons cet extrait pour lui rendre un dernier hommage et adressons nos pensées émues à sa famille.
- - - Le texte imprimé de « Simplement compliqué » de Thomas Bernhard a paru chez L'Arche Éditeur, en 1988. Direction artistique : Michelle Muller.
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie des écrivains (238)
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