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EAN : 9782374913704
250 pages
Quidam (05/04/2024)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Un jour, quelqu’un est foudroyé par la cueillaison d’une rose.Pour raconter cette histoire, il faut partir de zéro : la rose, bien sûr, mais aussi, aussitôt, l’amour, la mort, l’enfance, les livres, les séries policières.Simon Crubel est amoureux. Amoureux et bibliothécaire.Attendons-nous au pire.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il fait froid dehors, en cette fin avril, alors on s'installe confortablement au salon, plaid serré contre soi, face à « La lecture douillette : j'aime », sérigraphie encadrée de Riad Sattouf, et on se réchauffe au charme malicieux et réconfortant du nouveau livre de Luc Blanvillain, un livre tissé de réalisme magique, autant que d'humour délicat et de satire sociale, tous ingrédients qui nous avaient déjà séduit dans le Répondeur, son précédent récit. Une comédie pleine de rebondissements et d'ironique sagesse, un roman formidable, et puis, d'ailleurs, pourquoi un seul roman et pas, plutôt, tout un noeud d'histoires, ici mêlées, se nourrissant les unes les autres, puisque chaque personnage semble vivre sa propre existence comme sa quête personnelle, puisque le sens même de cette narration hésite, empruntant des chemins de traverse, puisque, comme Adèle, la prof de français, pourtant avertie, le découvre à la page 117, « les livres ont la propriété de se métamorphoser sans prévenir. de dire, tout à coup, autre chose »…
Tout commence dans la bibliothèque d'une petite ville, « à la laideur compassée » et où la poésie s'étiole « au second, dans une soupente romantique ». Simon Crubel, le bibliothécaire titulaire, y reçoit des classes de primaire à qui il raconte des histoires, essentiellement celle de la belle et la Bête (et le lecteur comprendra très vite qu'il y a dans ce conte comme une métaphore de ce qu'il expérimente dans sa propre vie !), terrorisant les élèves plus qu'il ne les enchante, avec son jeu de marionnettes et ses répliques parfois maladroites. Simon est assisté dans son travail par une bénévole, Odile, une retraitée qui est aussi sa confidente, avec qui il évoque l'amour fou qu'il éprouve pour Adèle, une professeur de lettres qui fréquente les lieux avec son fils Antoine. Et puis, tout autour d'eux, d'autres personnages surgissent et interviennent dans leurs conversations, Joëlle, la lectrice compulsive, coupable de quelques clichés dans ses appréciations sur les livres (Luc Blanvillain prend un malin plaisir à égrainer les « écrit à l'os », les « l'autrice a trouvé une langue » et autres « émoticônes » verbaux, et on frémit d'imaginer sa propre prose disséquée par le scalpel de sa raillerie…), Michel, un vieux bougon aux allures de clochard, empruntant (sans toujours les faire enregistrer, sous le regard résigné de Simon) tout ce que la modeste bibliothèque peut receler d'écrits médiévaux, surtout quand il s'agit d'amour courtois…
Chacun semble, d'ailleurs, dans le roman, occupé par l'amour, un sentiment décrit dans ses diverses modalités. Si Simon connaît pour Adèle un amour d'autant plus fou qu'il est à sens unique, celle-ci vit dans le souvenir de sa liaison harmonieuse avec un Charles, une relation qu'elle a rompue après avoir découvert une infidélité passagère, mais qu'elle voudrait bien renouer. Odile, quant à elle, entretient avec Christian, son mari une idylle de vieux couple, deux amoureux toujours complices à chaque instant de leur existence. Et l'amour, c'est aussi celui des parents pour leurs enfants, l'amour plein d'attentions et d'exigences d'Adèle pour Antoine, l'amour contrarié et déçu d'Odile et Christian, pour leur fils Pierre et leur fille Sylvie, dont ils subissent avec amertume leur triste tempérament d'adultes. Métaphore de cette exploration de l'amour, la rose, présente dès le titre, et qui se rencontre à chaque coin du roman, fleur naturelle ou motif de décoration, lieu commun de la littérature chérie par Michel ou cliché sentimental. C'est une rose, d'ailleurs, une rose mal cueillie, qui fera basculer l'histoire vers une intrigue policière…
Au-delà du plaisir ressenti à suivre les tribulations, gloires et déboires, des uns et des autres, le texte de Luc Blanvillain nous réjouit aussi par les multiples « autres choses » qui en nourrissent les pages et suscitent l'intérêt du lecteur. Ce sont les conversations truculentes et incessantes autour des livres, entre Michel et Simon ou Joëlle, ou bien davantage encore entre Simon et Antoine, quand le garçon malicieux oblige le bibliothécaire à lui commenter sa lecture de Jude l'obscur de Thomas Hardy (pour qui n'a jamais lu ce classique, le roman de Luc Blanvillain le poussera inévitablement à courir chez son libraire ou à la médiathèque pour se le procurer, tant ce qu'il en dit fait envie !). Ce sont les nombreuses références littéraires, apparaissant comme des clins d'oeil aux tournants du récit, ici à Madame Bovary, là à Paul Celan, ailleurs à Camus… C'est le regard mi-tendre, mi-moqueur, que l'auteur porte sur notre époque et ses moeurs, montrant comment le goût des séries télévisées finit par modifier notre appréciation de la réalité, mais révélant également le fossé des générations, désormais impossible à combler, quand Odile organise une sorte de match culturel, très drôle, entre une vieille bibliothèque verte d'Alice et le site d'influenceuse de sa petite-fille Cléophée (sic !) sur Tik-Tok. C'est, enfin, parfois, l'attention portée aux charmes d'un décor, à la douceur d'un objet, quand la même Odile s'attarde à caresser « une vieille bonbonnière ovoïde en porcelaine de Limoges », aussi chargée d'émotions et de souvenirs que la madeleine de Proust !
Alors « ce sera un coup de coeur… J'ai hésité avec pépite, mais ce sera coup de coeur », comme dit Joëlle, la lectrice aux émoticônes (p.15), ce roman de Luc Blanvillain ? Ou bien, simplement, un texte qui se dévore avec un plaisir sans mesure, de la première à la dernière page… Vous hésitez encore ?
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Une bibliothèque de quartier serait donc un endroit privilégié pour observer la société humaine ? C'est en tout cas un point de départ alléchant lorsque le regard est celui de Luc Blanvillain, affûté, caustique mais non dénué de tendresse. Malgré le rose de la couverture, et l'omniprésence de la fleur au fil des pages l'auteur nous offre une variation sur l'amour qui n'a rien d'un roman à l'eau de rose et tout d'un chemin tapissé d'épines. Drôle et savoureux.

Simon Crubel est bibliothécaire, célibataire et plus à l'aise avec ses livres que dans sa vie sociale. Son quotidien est rythmé par les habitués du prêt et par ses discussions avec Odile, jeune retraitée bénévole qui l'aide régulièrement. Jusqu'à ce qu'il croise le regard d'Adèle, professeure au collège et mère d'un attachant Antoine De dix ans. Foudroyé, Simon. Et bien que ses sentiments semblent à sens unique, le petit monde de la bibliothèque se fait fort de l'encourager à tenter la conquête de sa belle. Sauf que la vraie vie n'a rien à voir avec celle des histoires du temps jadis, dans un 21ème siècle qui empile les solitudes et où la mort peut se trouver derrière un magnifique rosier.

Première réussite de ce roman, sa galerie de personnages pittoresques, piquants, truculents. Depuis Joëlle, lectrice exigeante, insatiable et sans pitié dans sa distribution d'étoiles à Michel, lecteur à l'ancienne amoureux des textes enfouis sous la poussière de l'oubli jusqu'à ce qu'il en retire des leçons de vie, en passant par Antoine, gamin bien plus futé que les adultes qui l'entourent. L'auteur offre une revue de tous les types de cellule familiale, depuis le couple fusionnel formé par Odile et Christian au point que leurs enfants adultes n'y ont toujours pas trouvé leur place jusqu'à la famille monoparentale d'Adèle et le célibat de Simon. Il y a les aspirations et la réalité, l'amour vrai qui se planque sous une banalité sans paillettes, les familles fantasmées, les frustrations et les amours bancales. le coeur, la raison et la peau. le psy, réceptacle des confidences de tout ce petit monde, comme un nouveau confessionnal. le psy et l'inspecteur Jameson, héros d'une série policière scandinave, les deux piliers qui maintiennent la société d'équerre.

On sent chez Luc Blanvillain, comme d'habitude, une fine observation de ses contemporains - écrivains inclus - qu'il prend un malin plaisir à enfermer dans des livres pour mieux en extraire le jus, avec un sens remarquable de la mise en scène et des dialogues. Sur les roses se lit le sourire aux lèvres, avec parfois un éclat de rire (les discussions littéraires entre Simon et Antoine sont irrésistibles) même si les larmes ne sont jamais loin, et comme une envie d'aller plus souvent observer l'écosystème d'une bibliothèque. Par les temps qui courent, c'est un antidépresseur qui ne se refuse pas.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Plus tard, en collant un post-it sur la bonbonnière ovoïde en porcelaine de Limoges, ornée de motifs floraux, des roses, oui des roses, Odile se répéta qu'elle s'était trompée. Elle aimait ces objets. Tous. Cette bonbonnière, par exemple, Christian adorait la prendre délicatement dans ses deux mains, comme ça, et la masser tel un crâne frêle, endolori. Avec cette bonbonnière, lorsque Pierre était petit, Christian avait improvisé pour lui tout un spectacle. il lui faisait jouer plusieurs rôles, en lui attribuant des voix différentes. Il s'agissait de distraire le petit garçon des lancinements d'une piqûre. Un vaccin, se rappela-t-elle. La bonbonnière aimantait les images passées, les restituait avec une extraordinaire finesse de grain, et pas seulement les images, les sons, les couleurs, le parfum sucré de l'orage couvant au jardin, la stridence du téléphone, les copines téléphonaient beaucoup en ce temps-là, les escaliers étaient dévalés, grimpés quatre à quatre par des jambes sans varices, dociles, impatientes. odile s'était trompée aussi sur la qualité de ces moments avec les enfants. La douleur et la mort l'avaient fourvoyée. Les plis du temps conservaient de riches poussières, de glorieux débris, dorés, des pétales séchés mais encore magnifiques, dévoilant leur transparence. Les reflets, dans la bonbonnière, étaient bien ceux du bonheur. Elle comprit qu'il lui avait été plus facile de le nier, ce bonheur, de le forclore, que d'accepter l'abominable transmutation des enfants. Non, les objets n'étaient pas coupables.
(pp.251-252)
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Un soleil débonnaire lutinait les nuages. Mains dans les poches, l'estomac relâché saillant un peu sous sa chemise épinard jonchée de paquerettes, savourant le léger péril que constituait l'abandon de son poste, il musarda dans leur direction, s'efforçant de saisir ce qui, dans cette filature, lui procurait tant de plaisir. Au long de sa jeunesse, il avait arpenté sa ville natale, rêvant à des filles, à des films, jouissant d'être lui-même. Peut-être retrouvait-il, en suivant Adèle, la saveur de ces instants, peut-être les lignes invisibles tracées sur le pavé par les pas de sa belle vibraient-elles d'une énergie lustrale, roborative, abolissant la mort et la médiocrité. Tout le monde avait l'air vachement sympa, intéressant, malicieux, complice. Il comprenait Odile, alors, son goût pour l'humanité et parvenait presque à ne plus regretter que Sapiens ait supplanté Néandertal, en qui Simon, pour des raisons qu'il démêlait mal, voyait un être plus sensible, plus doux, plus rêveur, un perdant, un frère exterminé.
(pp.44-45)
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Vidéo de Luc Blanvillain
------ Luc Blanvillain • le répondeur • éditions Quidam
Coup de d'Alison au rayon Littérature en poche
Baptiste sait l'art subtil de l'imitation. Il contrefait à la perfection certaines voix, en restitue l'âme, ressuscite celles qui se sont tues. Mais voilà, cela ne paie guère. Maigrement appointé par un théâtre associatif, il gâche son talent pour un quarteron de spectateurs distraits. Jusqu'au jour où l'aborde un homme assoiffé de silence. Pas n'importe quel homme. Jean Chozène. Un romancier célèbre et discret, mais assiégé par les importuns, les solliciteurs, les mondains, les fâcheux. Chozène a besoin de calme et de temps pour achever son texte le plus ambitieux, le plus intime. Aussi propose-t-il à Baptiste de devenir sa voix au téléphone. Pour ce faire, il lui confie sa vie, se défausse enfin de ses misérables secrets, se libère du réel pour se perdre à loisir dans l'écriture. C'est ainsi que Baptiste devient son répondeur. À leurs risques et périls.
Disponible sur le site https://www.ombres-blanches.fr/product/28850/luc-blanvillain-le-repondeur ------ OMBRES BLANCHES 50 rue Gambetta & 3 rue Mirepoix, Toulouse Site : https://www.ombres-blanches.fr Instagram : https://www.instagram.com/ombresblanches/?hl=fr ------ #litterature #lucblanvillain #lerepondeur #editionsquidam
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