AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266071819
327 pages
Pocket (10/04/1997)
4/5   19 notes
Résumé :
" Ce soir, il fera jour ", c'est ce que se disent les mineurs, lorsque, à l'aube, les bennes les entraînent dans la nuit à six cents mètres sous terre ; c'est ce que leur cœur crie, les jours de catastrophe : éboulement ou coup de grisou.

On est à Saint-Etienne, en 1933-1934, dans cette ville industrieuse qui bat au rythme de la mine et de Manufrance, ses sources de vie.

Entre les puits et les crassiers, sous les fumées, tout est gris.... >Voir plus
Que lire après Ce soir, il fera jourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un regain de nostalgie m'a poussée à relire ce titre de Gilbert Bordes qui était l'auteur fétiche de ma période "romans du terroir", il y a déjà pas mal d'années. J'ai eu envie de me replonger dans le passé minier de la ville voisine de St Étienne.

1933, la famille Chaumiet vit petitement de la passementerie sur les hauteurs de St Jean Bonnefonds. Si cela ne paie pas beaucoup, c'est pour le moins une activité reconnue comme noble. Mais voilà que Damien, le père, quitte un beau matin le domicile sans explication. Ne pouvant faire face à leurs dettes, Marie, la mère, et ses quatre enfants, n'ont pas d'autre solution que d'aller se faire embaucher à la mine voisine. Atteinte de tuberculose, elle retrouve ainsi les lieux gris et poussiéreux de son enfance. Employée comme clapeuse, elle souffre du départ inexpliqué de son mari. A 20 ans, Henri va découvrir le travail difficile dans la galerie, où seules, la solidarité et l'entraide permettent de faire face aux coups durs. Les deux jumelles, Pierrette et Jeanne, aspirent à un autre avenir et vont tenter d'échapper à ce triste destin, contre l'avis de leur mère. Quant à Marceau, le plus jeune, il va être pris sous la protection de Jean, un cousin qui parcourt la région en tant que marchant ambulant.

Cette lecture a été un vrai bonheur pour moi. Quel plaisir de retrouver la talentueuse écriture de Gilbert Bordes, savant mélange de réalisme à la Zola et de poésie, qui décrit aussi bien les beautés de la nature que les affres de la misère humaine. J'ai beaucoup aimé parcourir avec lui les quartiers que je connais bien. Il nous fait revivre le St Étienne des années 30 avec le monde à part qu'est celui de la mine, mais aussi celui de Manufrance, l'entreprise au célèbre catalogue. On fait également une incursion chez ceux qui ont les moyens et vivent dans les beaux quartiers qui attirent également quelques artistes en mal de reconnaissance. Malgré quelques acquis sociaux (la Caisse en cas de maladie ou d'accident), la pauvreté reste de mise chez les mineurs mais les maîtres-mots de cette vie de labeur demeurent honnêteté et honneur.

Mon seul regret est d'abandonner là, la famille Chaumiet, sans connaître l'avenir des enfants. J'ai tant aimé partager le quotidien difficile de ces gens simples. J'ajouterai que ce titre "Ce soir, il fera jour" est tellement beau et plein d'espoir (c'était ce que les mineurs se disaient le matin en s'enfonçant dans les profondeurs de la galerie). Un 19/20 pour ce poignant retour dans le passé.
Commenter  J’apprécie          232
Certes, d'après moi, ce roman mérite un prix : je lui accorde bien volontiers le Premier Prix de l'Invraisemblable ! Dans une autre critique, on peut lire qu'il y a du Zola dans Bordes. Pauvre Zola, il a dû se retourner dans sa tombe ! Il y a 2 points communs :
- la mine, mais ici, en dehors du titre bien accrocheur sur ce thème, les chapitres concernant la mine ne sont vraiment pas majoritaires
- une galerie de portraits, qu'on retrouve dans Zola, c'est vrai, mais savoir animer une galerie de portraits, ça demande du talent ! Ici par exemple, on abandonne, à la fin d'un chapitre, le fils aîné, Henri, emmuré à 650 m de fond, par un éboulement dès ses débuts à la mine ( c'est tellement normal, c'est ce qui devait arriver à tous les jeunes mineurs, n'est-ce pas ! ) pour passer à un chapitre sur le jeune Marceau, chapitre qui se termine par "il ne savait pas ce qui l'attendait" ( il faut bien tenter par tous les moyens de maintenir le lecteur en haleine ) et à ce moment-là seulement, on lit le sauvetage du mineur Henri ! Quant à "ce qui attendait" Marceau, on n'apprendra que plusieurs chapitres après, ce qui l'attendait pourtant le jour-même, et, franchement, il n'y avait pas de quoi casser 3 pattes à un canard, cette expression nous ramenant aussi à la campagne !
J'ai eu déjà l'occasion de dénoncer, sur BABELIO, un certain nombre de ces romans où l'auteur veut nous faire vivre la réalité du vécu de nos proches parents, avec des descriptions, on ne peut, plus précises. Ici, c'est la ville de Saint Etienne, qu'on doit connaître, après cette lecture, encore mieux qu'en allant la visiter, oui mais voilà, des descriptions, c'est à la portée de presque tout le monde, mais de là à avoir le talent pour bâtir autour, un roman qui tienne la route, là ça devient plus difficile !
Quand j'ai constaté que la mine n'était vraiment pas prioritaire dans ce roman, je me suis demandé, alors, pourquoi ce titre ? J'espérais que, au moins, cette expression des mineurs serait employée là comme une image : le soir à venir, donc la suite, en l'occurrence, la suite de la vie après la fin du roman pour chacun des personnages, deviendrait plus lumineuse, que la noirceur ( comme le charbon ) dans laquelle les plonge l'auteur au cours de son roman. Ö déception ! Non franchement, on ne va pas décrire la fin, mais ça n'est vraiment pas le cas ! Je ne vois donc qu'une seule justification à ce titre : que chacun fasse comme moi, lise ce livre, parce que le thème de la mine intéresse !
Bien sûr, la mine, c'est l'occasion d'aligner des drames qui sont bien connus. En moins d'un an que dure le roman, on assiste à un éboulement, un coup de grisou, suivi d'une émanation d'oxyde de carbone. Bien sûr, c'est plus facile d'insérer dans un roman, des drames survenus à la mine, plutôt qu'à Manufrance ! Oui mais voilà, l'émanation d'oxyde de carbone, elle se produit pendant le sauvetage d'une victime du coup de grisou ! Ainsi donc, cet oxyde de carbone, capable de tuer un homme en quelques minutes, aurait tué tous les sauveteurs s'ils n'avaient pas pris immédiatement toutes les dispositions, en ne revenant qu'après la ventilation du puits, mais... n'a pas tué le mineur blessé, qui restait à sauver ! Décidément, les choses se passent de façon bizarre, dans la mine façon Bordes ! Sa motivation devait être plutôt, de retarder d'une page ou 2, le sauvetage de ce mineur, croyant maintenir un peu plus longtemps le lecteur en haleine "ah, vont-ils le sauver ?" Pas de chance, l'effet est complètement raté !
Quant à "l'intrigue" que, par ailleurs, on nous dit vraisemblable, j'attends qu'on me présente des faits similaires dans la vie ! Pour un livre qui veut coller à la réalité ! A la fin, l'auteur donne la liste des personnes qu'il remercie pour leur aide. Gageons que, parmi eux, il n'y avait pas de neurologue ! J'attends qu'on m'explique comment cet homme, le héros dont on parle toujours et qu'on ne voit jamais, bon passementier reconnu pour son travail, bon époux et bon père, peut, 15 ans après la guerre, subitement à la première page du livre, se comporter comme l'auteur nous débute son récit, en ne nous amenant son explication vraiment très personnelle, qu'à l'avant-dernier chapitre seulement, avec de curieuses conséquences d'une amnésie, des pertes ou des retours de mémoire, juste nécessaires pour bâtir son roman !
Bien sûr, il fallait que, en cours de route, le lecteur sache que "l'intrigue" allait venir, alors on apprend que le Cousin Jean savait la "vérité" selon Gilbert Bordes, que Marceau aurait croisé ce père, et tout ça devrait faire un bon roman. Et bien, non, ça ne suffit pas, il aurait fallu le talent en plus !
Commenter  J’apprécie          20
Voici une histoire qui a pour toile de fond une mine de charbon de la région de Saint-Etienne dans les années 30 . L'auteur nous décrit , en ne tombant pas dans le misérabilisme , la dureté de la vie pour les petites gens , les humbles . le héros revient de la guerre de 14 avec un éclat d'obus dans la tête ce qui l'a rendu plus ou moins amnésique . Avec sa femme et ses quatre enfants , ils survivent en faisant de la passementerie à domicile . Malheureusement , le père disparait . La mère n'arrive plus à faire tourner toute seule son petit atelier familial . Elle est obligée de quitter la colline du Pilat et une vie encore rurale pour descendre sur le carreau de la mine . Elle travaille au triage du minerai . le fils aîné devient mineur , le plus jeune travaille avec son oncle sur les marché , la fille aîné devient dame de compagnie . Seule la cadette poursuivra des études pour devenir institutrice . Leur vie est ponctuée par tous les drames de la mine : effondrement de galeries , explosions , coups de grisou . La misère est partout , la tristesse aussi .
Les péripéties et rebondissements sont nombreux et passionnants , l'intrigue compliquée mais vraisemblable . le style est agréable et très facile à lire .
Le malheur de cette première guerre mondiale avec ses conséquences à court et long terme pour le petit peuple est fort bien montré de même que le terrible tribut que prélève la mine , sorte de noir Moloch qui sacrifie les hommes tout au long du récit .
Finalement , un bon roman qui laisse une forte impression , une sorte de nostalgie de la vie à la campagne avant 14 , un bonheur laborieux qui n'a été que passager . La mine et la vie urbaine et industrielle ont tout saccagé , dans le bruit , la poussière et la saleté . Il y a du Zola chez Bordes ...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          30
J'ai adoré ce roman comme tous les romans que j'ai pu lire de cet auteur. Dans le même style de l'auteur Marie-Paule ARMAND "La poussière des corons".
Commenter  J’apprécie          20
Merveilleux livre plein d'émotions, qui nous ramène les pieds sur terre...
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au bout d'un silence, Boutineau posa sa main anormalement blanche sur l'épaule d'Henri, cette main qui avait taillé tant de charbon, dont la couleur naturelle était le noir.
- Rappelle-toi, tu fais le plus beau métier du monde. Tu prends à la terre ce que le bon Dieu a caché pour les hommes, pour qu'ils fabriquent de l'acier, pour que les enfants n'aient pas froid l'hiver.
(...)
- C'est vrai, il y a du risque. Si tu veux vivre pépère, faut pas descendre.
Il se tut, baissa la tête et soupira très fort. (...) La mine avait été sa vie. Depuis l'âge de seize ans, il descendait tous les jours dans cet autre monde qui était devenu le sien. A quarante ans, de constitution robuste, il avait jusque-là échappé à la silicose et aux dangers de chaque jour pour devenir un retraité trop jeune à la jambe de bois.
Commenter  J’apprécie          90
Il travaillait l'après-midi. Le matin, il s'occupa au jardin puis fit chauffer les haricots blancs que sa mère avait préparés la veille au soir. Il rangea son assiette dans l'évier, prit son gandot et sortit. Un orage avait nettoyé l'air. Le ciel était clair, très haut, comme à Plancheforte. Les cheminées noires des aciéries crachaient leur fumée que le soleil allumait de couleurs rares, ocre et violet qui s'entremêlaient, pourpre, bouquets de taches jaunes piquées d'étincelles.
Commenter  J’apprécie          110
Le village sombrait dans son silence nocturne. Les lampadaires de Saint-Étienne scintillaient à travers la brume comme des étoiles posées sur les collines. Là-bas, il n'y avait pas d'aubes lumineuses. La grisaille ne se dissipait que quelques instants après les averses et les orages d'été. Alors, le ciel apparaissait, lavé, propre, avec des nuages neufs. Au bout d'une heure ou deux, la poussière des crassiers reprenait sa place. Le jour était maudit chez les hommes du charbon, les hommes du ventre de la terre.
Commenter  J’apprécie          70
Comme la mer, on disait que la mine ne relâchait jamais les siens. Elle les prenait au soleil, aux saisons pour son domaine feutré de l'ombre, son ventre chaud où les secondes comptaient plus que partout ailleurs, où la mort se cachait derrière chaque morceau de charbon. Mineur, ce n'était pas un métier comme les autres, c'était un état.
Commenter  J’apprécie          110
- Si tu veux être un homme libre, garde-toi de juger les autres.
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Gilbert Bordes (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilbert Bordes
La dernière nuit de Pompéi - Gilbert Bordes
autres livres classés : mineursVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (72) Voir plus



Quiz Voir plus

Marseille, son soleil, sa mer, ses écrivains connus

Né à Corfou, cet écrivain évoque son enfance marseillaise dans Le Livre de ma mère. Son nom ?

Elie Cohen
Albert Cohen
Leonard Cohen

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thèmes : provence , littérature régionale , marseilleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..