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EAN : 9782265097360
408 pages
Fleuve Editions (10/11/2016)
3.68/5   22 notes
Résumé :
Bretagne, sous le règne du Roi-Soleil. L’Oiseau des tempêtes, c’est le navire rêvé d’Artus de Bregannog. Pour l’heure, le baron contemple l’épave qu’il a acquise dans l’espoir de la transformer en une embarcation mythique, et refuse d’entendre les avertissements de ses hommes. Le navire est maudit, habité par ses fantômes d’esclaves, et tout laisse à penser que le chantier ne sera qu’une accumulation de grands malheurs, si l’on n’abandonne pas.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un très bon roman d'aventures, mais aussi un roman historique qui met en lumière des aspects particulièrement sinistres de la France du roi-soleil, des aspects que nous avons un peu tendance à oublier, éblouis que nous sommes par les fastes de Versailles et de sa cour.
La jeune Marion grandit dans un village de Bretagne dont les habitants ont les plus grandes difficultés à vivre de leurs pêches. Aussi, quand la misère se fait trop pressante, ils provoquent des naufrages pour s'emparer des marchandises transportées dans les bateaux. Evidemment on ne peut laisser survivre les quelques marins rescapés…
Mais cela finit par se savoir, les dragons du roi se rendent sur place, leur chef constate que les villageois sont « en trop bonne santé pour de simples pêcheurs » (!) et ils exercent une répression impitoyable sur tous les habitants, y compris les innocents dont la malheureuse Marion.
Les tribulations qu'elle subit nous font découvrir le triste sort de ceux qui sont tombés entre les griffes de la « justice » du roi, notamment la condition épouvantable des galériens et celle des femmes déportées pour épouser des inconnus partis coloniser de lointaines et inhospitalières contrées…
Un roman édifiant et captivant.
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"Selon le vieil adage de la marine anglaise : le pire est toujours certain."

Ainsi s'achève mon cent seizième Serge Brussolo, auteur découvert en 1994 avec Cauchemar à louer.
L'oiseau des tempêtes pourrait se classer en roman d'aventures historique puisqu'après ses thrillers se déroulant au moyen - âge, au temps des vikings ou encore de l'Egypte antique, c'est à la marine sous Louis XIV que s'intéresse cette fois l'auteur.
Mais Brussolo fait avant tout du Brussolo. Je rejoins totalement les critiques qui le définissent comme un genre littéraire à lui seul. Qu'il s'agisse de science - fiction, de fantasy, de fantastique, de littérature générale, de policier, de romans jeunesse, de thrillers modernes ou historiques un roman de Serge Brussolo ne ressemble à aucun autre, si ce n'est à un autre roman du même auteur et ce quel que soit le genre auquel on le rattache.
Idées uniques poussées à leur paroxysme, rebondissements imprévisibles, écriture reconnaissable en quelques lignes : L'oiseau des tempêtes ne fait pas exception à la règle.

Dès les premières pages, le lecteur fait connaissance de différents protagonistes.
Artus de Bregannog est de retour des Amériques, que la France s'efforçait alors de coloniser. Baron en disgrâce, il s'est rendu jusqu'en Floride pour mâter les rebellions indiennes afin de retrouver les faveurs du roi. Pendant le conflit, il a été blessé par une flèche empoisonné.("Une mauvaise fièvre ramenée de là bas, et qui lui démantèle le cerveau" ) Depuis, il est en proie à de nombreuses visions, et croit notamment distinguer la figure de proue qui s'est détachée de son navire ( "Le lion qui s'est détaché de l'étrave du navire pour s'en aller chasser ... Il est là, le talonnant, monstre sculpté d'un ciseau naïf par quelque imagier espagnol." ).
Son médecin attitré - qui est en réalité vétérinaire - se prénomme Alexandre. de retour en Bretagne, ce dernier va prendre pour épouse la folle Marie - Laurence qui est obsédée par l'amour que lui a porté le roi par le passé. ( "J'étais la plus belle (...) le roi me l'a dit... Il s'est incliné vers moi et m'a tendu la main pour m'aider à prendre pied sur la berge, au sortir de la gondole. J'ai senti la chaleur de ses doigts sur ma peau. J'ai touché le roi et le roi m'a touchée..." ). Et cette ancienne comédienne revêt régulièrement ses atours de sirène pour rejoindre les canaux de Versailles, provoquant la superstition chez les différents témoins.
Sa fille - et héroïne du roman - se prénomme Marion. Elle a quatorze ans.
Quand Artus de Bregannog construira un bateau ( L'oiseau des tempêtes, surnom de l'albatros ) pour s'improviser pirate, son garde - chasse profitera de ses accès de folie pour lui faire croire qu'une proue à l'image de la jolie Marion permettrait de déjouer tous les dangers. Cependant, cela exige le sacrifice sanglant de la jeune héroïne.

Et ce ne sont que les premières pages de toute une succession d'évènements où il sera question entre autres d'une chasse au trésor totalement inédite sous un volcan à grand renfort de boyaux de porc, de faux - monnayeurs, de mariage par tirage au sort à des colons français, de dragons ( les soldats ), de scalps, d'araignées et de multiples autres sujets se succédant sans cesse au rythme du long périple de Marion ( qui traversera la France puis l'Atlantique ) et de l'imagination enfiévrée de l'auteur.

Il ne s'agit cependant pas d'un roman sur la piraterie à proprement parler, même si la marine de l'époque sert effectivement de toile de fond.
Aucune date n'est indiquée, mais au vu des éléments historiques l'histoire semble se dérouler autour de 1670. Brussolo évoque les célèbres Lully, Racine, Molière ou Colbert et nous fait partager sans prétention sa culture historique comme pour ancrer davantage son récit délirant dans la réalité de l'époque. On y apprend par exemple que le café avait du mal à s'implanter en France au XVIIème siècle, que deux mille cinq cents arbres étaient nécessaires à la construction d'un trois-mâts, que dès douze ans les hommes pouvaient être condamnés à ramer sur des galères à vie ( souvent courte ), ou encore pourquoi les médecin étaient parfois représentés à cette époque avec un masque en forme de bec d'oiseau.

Si le roman a le mérite de nous faire vivre quantité de scènes inédites et d'évènements déments, il souffre pourtant d'un manque de psychologie. C'est souvent le cas avec cet auteur. Les caractères sont grossièrement esquissés et mis à part Marion à laquelle on peut s'attacher, le lecteur reste indifférent aux sorts souvent funestes des différents personnages, presque interchangeables. Les hommes sont des bêtes et l'empathie est quasiment impossible. En outre il s'agit ici vraiment d'une succession d'évènements étranges sans qu'ils ne convergent - à une ou deux exceptions près - vers un final grandiose où le moindre élément prendrait son sens. On est à la limite davantage dans un recueil de nouvelles des aventures de Marion avec quelques traits d'union les reliant parfois.

Un tome 2 verra probablement le jour mais le prolifique Brussolo publiera d'abord l'inédit "Les geôliers" en février 2017 ( Folio SF ) puis "Cheval rouge" en mai aux éditions du masque.

"J'ai connu un vieux matelot qui avait survécu à un naufrage en s'accrochant à un radeau, avec trois de ses amis. Il m'a raconté qu'ils avaient dérivé comme ça pendant des semaines. Et comme ils n'avaient rien à se mettre sous la dent, ils ont fini par manger l'un d'eux qui s'était ouvert les veines par désespoir. Eh bien il affirmait que, par la suite, de toute sa vie, il n'a plus jamais goûté de viande aussi savoureuse... Ca lui restait comme une espèce de nostalgie, tu vois ?"





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Aux alentours de 1670 sur les côtes de Bretagne - tandis que le Roi-Soleil dance et exerce sa tyrannie - Artus de Bregannog, un baron désoeuvré et devenu fou sous l'emprise de fièvres contractées aux Amériques devient naufrageur avec la complicité des villageois et de son dangereux maître-chien ; ils sont des pilleurs d'épaves qu'ils attirent sur les côtes par quelques diaboliques machinations.
Son rêve ultime est de rafistoler l'une d'elles et de reprendre la mer pour écumer les flots.
Marion, la belle fille de son vétérinaire herboriste liée malgré elle à ces crimes, est arrêtée puis incarcérée. Ballottée de prisons en prisons, elle risque la déportation sur de lointaines possessions françaises dans le but d'être mariée de force à des émigrants en mal d'épouses.

Bien que le thème soit excellent… et l'histoire fourmillant de mille détails (sans doute trop), l'écriture manque de profondeur. Les raccourcis sont trop nombreux, l'histoire manque de cohérence et de véracité. Les personnages sont insuffisamment décrits et leurs traits de caractère à peine esquissés. Il manque une réelle approche psychologique qui aurait permis l'écriture d'un roman fabuleux.
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Dès les premiers chapitres, le décor est planté et on fait la connaissance des protagonistes majeurs de l'aventure. Artus de Bregannog est un noble sans fortune, le train de vie pour avoir sa place à la cour du roi soleil n'est plus à sa portée, aussi s'est-il réfugié sur ses terres en Bretagne. Là, à sa demande, Alexandre, l'un de ses hommes, vétérinaire de son état, prend pour épouse une ancienne prostituée, ex-comédienne ayant eue son heure de gloire à la cour, et devient le tuteur de sa fille Marion. Lorsque sa mère, devenue folle, disparait dans les flots, Marion devra rester et accepter la vie au village.
Mais en ces années de faste royal à la cour de Versailles, la terre est inhospitalière et la misère profonde dans les provinces reculées. Les villageois se transforment en naufrageurs, ces paysans qui allumaient de feux pour attirer et échouer les bateaux vers les côtes déchiquetées, afin de piller les épaves. Jusqu'au jour où, par malheur, leur subterfuge criminel est découvert. Bientôt la police du Roi est là pour emporter tout ce monde vers les geôles de Saint-Malo. Vont alors s'ensuivre des années bien difficiles et sombres pour une Marion encore un peu trop honnête et innocente.
Mais les évènements et la vie vont se charger de faire son éducation. Après bien des péripéties, la voilà embarquée en compagnie de quelques prostituées qui s'en vont peupler le nouveau monde, vers des iles où sévissent les pirates. Les éléments vont se déchainer pour lui rendre la vie dure. Parfois bien trop crédule, peu bagarreuse et trop soumise, Marion se révèle et apprend à lutter contre le mauvais sort qui s'acharne.
L'auteur nous emporte, avec un style bien à lui, dans une intrigue romanesque à souhait, portée par une fine connaissance historique, instillée au fil des pages, qui donne au lecteur une vision assez réaliste de la vie sous le règne du Roi-Soleil. Que l'on soit dans les campagnes pauvres, au bordel, ou dans les provinces où les traditions, les superstitions et les peurs des marins sont prégnantes, dans les geôles du Roi ou sur les bateaux face aux pirates, on espère, on s'amuse et on s'énerve parfois de tant de naïveté, mais on vibre avec Marion, pour un bon moment de lecture délassant et dépaysant.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Cela fait des années que j'ai lu mon premier livre de Serge Brussolo, Peggy Sue, offert par ma mère. Une série que j'avais beaucoup aimé, même si je ne l'ai jamais fini. Dans un tout autre genre, L'Oiseau des tempêtes a été une bonne lecture, sombre et plutôt dramatique.

En Bretagne, Marion est une jeune fille qui a été élevée par une mère ancienne comédienne et prostituée, remariée à Alexandre, un vétérinaire couard et indifférent dans le château d'Artus de Bregannog, un baron avide d'argent et de combat. Elle vit dans un village de naufrageurs, des paysans qui forcent les bateaux à s'écraser sur les rochers près du rivage, tuent l'équipage qui parvient à remonter sur la plage et revendent les cargaisons. La jeune fille a dû faire preuve très tôt d'indépendance et d'autonomie car il s'avère que sa mère est complètement et divague régulièrement sans que personne ne s'en inquiète. de plus les années faisant, Marion devient une jeune femme attirante, un peu frivole, qui attire l'oeil des hommes qui se retiennent car elle est sous la coupe du baron lui aussi un peu fou. Au fil de l'histoire, Marion va de malchance en mésaventure et même la fin ne laisse rien de présager de bon.

L'Oiseau des tempêtes est un roman historique plutôt sombre. Vous n'y trouverez pas beaucoup de bonne humeur, mais plutôt des moments durs et violents sur la condition de la femme à l'époque du Roi Soleil. A travers Marion, on (re)découvre la place de femme, peu enviable, sans réel droit à part d'être belle et de se taire, pas trop belle non plus parce qu'après les commères du village et les pervers s'en donnent à coeur joie. On ne parle de pas de ce qui leur arrive lorsqu'elles sont jetées en prison pour diverses raisons. Être oubliées dans la fosse ou envoyées aux colonies pour repeupler les nouvelles conquêtes et satisfaire les hommes en manque.

J'avoue avoir été prise de dégout régulièrement au cours de ma lecture. Marion enchaîne les déboires, mise en prison à cause des méfaits de son village et du baron, lâchée à Marseille par des fossoyeurs, envoyée dans une colonie où il n'y a qu'une trentaine de femmes comme elle pour une centaine d'hommes en rut. La vie de Marion est une grande pièce tragique. Pourtant, elle ne baisse pas les bras, elle fait preuve de jugeote ayant eu la chance d'avoir une bonne éducation, mais elle reste assez naïve et manipulable.

Avec L'Oiseau des tempêtes, Serge Brussolo attaque une série avec force. Un univers dur et violent qui laisse peu de place à la sensiblerie. L'écriture est direct et puissante, on s'attache à la pauvre Marion, on est écoeuré par les difficultés de la vie de l'époque. Je ne sais pas où il nous entraîne, mais la série me semble prometteuse.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(Les naufrageurs, s’ils sont pris, seront pendus ou envoyés aux galères ; quant à leurs femmes…)

Marion ne nourrit aucune illusion. La justice sera expéditive (…) On a besoin de femmes blanches dans les colonies proches ou lointaines (…) Si la France veut s’implanter dans ces contrées du bout du monde,il lui faut coûte que coûte fournir des compagnes aux défricheurs de savanes (…) Les rafles organisées permettent de ramener dans leurs filets bon nombre de pauvresses et de vagabondes (…) Les prêtres, complices de ces exactions, ferment les yeux sur les conditions de recrutement. Après tout, les femmes - éternelles enfants aux yeux de la religion - ne sont pas en capacité de choisir ce qui leur conviendra le mieux. Seuls les hommes peuvent en décider.
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(Chavral, l’un des naufrageurs, s’oppose à ce que les cadavres soient inhumés)

- Cela peut nous accuser, a-t-il souvent répété. Il n’y a qu’à procéder comme à l’armée. Les cadavres des officiers, on les fait bouillir dans une cuve jusqu’à ce que la viande s’en détache. Ensuite, on récupère les os, on les met en caisse et on les expédie à la veuve. La chair, on en fait ce qu’on veut... Parfois on la donne aux chiens. En temps de famine, quand le ravitaillement ne venait pas, j’ai connu des gars qui la mangeaient. Vous pourriez en nourrir vos cochons, de cette manière, il ne resterait nulle trace du méfait.
Marion ignore s'il parle sérieusement. Venant de sa part, rien ne l'étonne.
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Marseille ne lui apparaît pas comme une ville, plutôt comme une infinité de pays en réduction. Une ville arlequin, dont chaque losange aurait été prélevé au hasard d'une mappemonde.
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Vidéo de Serge Brussolo
ATG#94 : le Retour de Brussolo
Serge Brussolo fut l’un des premiers invités de l’ATG ! Pratiquement 7 ans plus tard, Serge écrit toujours d’excellents romans mais c’est pour une plongée dans un passé plus lointain qu’il est de retour : la Rome antique !
Misteur D, encadré par L.U.D.M.I. et Lord Ton Père, ont écouté religieusement le professeur Serge Brussolo qui nous a emporter vers les rives du Tibre.
J’espère que vous serez aussi passionnés que nous le fûmes et merci encore à Serge pour ce moment de pur bonheur !
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