AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Mario Carelli (Traducteur)
EAN : 9782864245391
511 pages
Editions Métailié (08/04/2005)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Roman polyphonique, 'La chronique d'une maison assassinée' est un huis clos étouffant et vénéneux. Au fin fond du Minas, Nina, fraîchement débarquée de Rio, se confronte violemment à la famille Meneses. C'est une lutte à mort qui se construit autour de deux épisodes distincts : les amours de Nina avec le jardinier et celles avec le fils né de cette union scandaleuse. Composé de lettres, de confessions, de témoignages et rapports de médecin ou de prêtre, ce feuilleto... >Voir plus
Que lire après Chronique de la Maison assassinéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Oeuvre majeure de l'écrivain brésilien Lúcio Cardoso (1912-1968), cité souvent par la critique spécialisée parmi les textes en prose les plus importants de la littérature brésilienne, à côté de «Mémoires Posthumes de Bras Cubas », de Machado de Assis, ou du «Diadorim» de Graciliano Ramos, Chronique de la Maison Assassinée ("Crônica da Casa Assassinada" – lu en V.O.) fut pourtant accusé d'immoralité au moment de sa parution, qualifié entre autres par un critique de l'époque de «fait appartenant plutôt au registre scatologique que littéraire»!
Porté par une langue soutenue, subtilement ouvragée, baignant dans une atmosphère à la fois lyrique et dégénérescente, le roman paraît en effet extraire de l'ambiguïté cultivée entre son style recherché et esthétisant et un propos transgressif et dérangeant, en même temps qu'un cachet et une signature littéraires propres, une aura sulfureuse et scandaleuse qui le poursuivrait durant longtemps. L'on peut en tout cas, à sa lecture, comprendre les raisons du choc qu'a pu occasionner chez certains lecteurs et critiques, en 1959, au moment de sa publication au Brésil, le récit détaillé d'un amour incestueux entre une mère et son fils, amour partagé, décrit ici du point de vue strictement subjectif de ses protagonistes et placé au centre de l'intrigue.
Roman-feuilleton, Chronique de la Maison Assassinée dresse tout d'abord deux magnifiques portraits de femmes à l'épicentre d'une narration aux accents mélodramatiques qui, au besoin, ne reculera pas devant le risque de verser dans un certain pathos. Deux portraits complexes et fascinants, en premier lieu celui, inoubliable, de Nina, personnage principal du roman, femme-enfant à la beauté envoûtante, instable et énigmatique, fragile et impulsive, mère incestueuse, personnage « pasolinien» par excellence qui, à l'image de l'Ange exterminateur, fait irruption dans l'univers intime de la famille Meneses pour accélérer une ruine déjà prévisible ; celui d'Ana ensuite, à la personnalité effacée, femme de l'ombre soumise aux apparences sociales et aux injonctions patriarcales des Meneses et qui, au fur et à mesure, prise en étau par la frustration et par la fascination incontrôlable exercée par la féminité épanouie de sa belle-soeur, ainsi que par la jalousie mortifère qui en résulte, finit par se laisser entraîner dans une spirale malsaine où ressentiment et haine deviendront progressivement indissociables d'une forme de jouissance exaltée et morbide.
Sur fond d'une chronique de moeurs d'une petite ville de province, conservatrice, aristocratique et passéiste, située dans l'un des états les plus attachés à la tradition au Brésil, le «Minas Gerais» (et d'où l'auteur était également originaire, ayant lui aussi subi les ravages subjectifs provoqués par la morale catholique stricte y sévissant à l'époque, du fait notamment d'une homosexualité qu'il finirait par assumer, néanmoins dans la tourmente, Lúcio Cardoso étant lui-même croyant - éléments d'un conflit intime très présents dans la genèse de son oeuvre littéraire), Chronique de la Maison Assassinée se révélera en même temps fin roman psychologique, dans lequel le thème classique de la tension entre la violence des passions et l'affirmation de soi d'un côté, la faute et le besoin d'expiation et l'assujettissement aux rôles assignés par la société et la famille de l'autre, occupe une place prépondérante, lui conférant y compris des accents quelquefois bibliques et «claudéliens».
L'ouvrage ferait penser, en définitive, à un patchwork minutieusement tissé à partir de fragments et d'échantillons de tessitures littéraires de premier choix que l'auteur aurait assemblées ici d'une manière tout à fait remarquable. Selon les passages et suivant ses lecteurs, le style de narration de Lúcio Cardoso pourrait ainsi faire penser à ces textes empreints d'un élan romantique, irréfrénable et contrarié, teintés d'une certaine tonalité gothique, propres au XIXe, ou alors évoquer ces sommets atteints par le roman psychologique du début du XXe, portés par un art consommé de la suspension faisant constamment vaciller l'appréciation du lecteur vis-à-vis des motivations profondes qui animent leurs personnages (et dont les maîtres absolus se nommeraient Henry James et Marcel Proust…), ou bien encore la peinture haute en couleurs d'atmosphères familiales délétères, oppressantes et cauchemardesques, faites de frustration, de violence à peine déguisée, de déchéance morale et de perversions inavouables, concoctées par la palette magistrale d'un Tennessee Williams.
Bien que s'inscrivant sous un ton et sur des registres somme toute classiques, avec une approche fondamentalement réaliste et un scénario en apparence tiré au cordeau, l'oeuvre ne se laissera cependant pas facilement apprivoiser par son lecteur. L'intrigue, développée sous forme de flash-backs, sorte de puzzle à reconstruire par ce dernier, est sous-tendue exclusivement par une narration indirecte et polyphonique fabriquée à partir d'extraits divers de journaux intimes, de lettres personnelles et de témoignages écrits provenant non seulement des membres de la famille Meneses, mais également d'une domestique de la maisonnée, du médecin ou du prêtre-confesseur de la famille, d'amis proches, ainsi que d'autres personnages secondaires qui les avaient par moment côtoyés -, le tout ayant été visiblement rassemblé par un narrateur qui semblerait en train de mener une enquête sur les secrets de famille, les évènements dramatiques à l'origine de la déchéance des Meneses et de la ruine de l'imposante propriété rurale de la famille, mais dont le lecteur, en fin de compte, ne peut qu'imaginer l'identité (qui ? pourquoi ?). Cardoso met ainsi en oeuvre un dispositif littéraire efficace, astucieux, comportant des zones d'ombre qui induiront quelques tâtonnements subtiles à la capacité de jugement et de discernement du lecteur, ce jusqu'à à un dénouement quelque peu spectaculaire mais, paradoxalement, à examiner de près, toujours énigmatique et suspensif.
Soumis à des impressions et à des sentiments contradictoires, entre vérité et mensonge (ainsi le style d'écriture, par exemple, très soutenu, littéraire parfois à la limite du «précieux», restera invariablement inchangé, ce indépendamment du support - journal intime, témoignage ou lettre -, ou, ce qui est encore plus étrange, du niveau de langue ou d'instruction supposés à chacun des scribes, qu'ils soient prêtre ou domestique - ?-), le lecteur se voit aussi par moments partagé entre des sentiments d'aversion provoqués par des descriptions détaillées empreintes d'une symbolique de déchéance morale et physique quelquefois à la limite du supportable, quasiment surréalistes lors de certains passages, et en même temps de compassion envers des personnages tour à tour victimes et bourreaux des autres et d'eux-mêmes, l'amenant à relativiser le rôle de chacun des acteurs impliqués et éventuellement à soulever, une fois encore, cette question plus générale, si délicate à poser, et controversée, d'un possible part d'innocence intrinsèque à la condition de tout être humain...
Bénéficiant d'une traduction en français réputée d'une qualité exceptionnelle (réalisée par le regretté Mario Carelli, l'un des plus grands spécialistes français de la culture brésilienne -franco-brésilien pour être plus exact -, auteur également d'une biographie de Lúcio Cardoso considérée comme une référence), Chronique de la Maison Assassinée reste une lecture incontournable pour ceux qui s'intéressent plus particulièrement à la littérature brésilienne, mais qui pourrait séduire également les amateurs de romans psychologiques dans lesquels le flux de conscience des personnages et les atmosphères aux parfums captieux et déliquescents priment largement sur l'action elle-même, dont après tout, chacun aura à la fin sa propre version…
Commenter  J’apprécie          338
Crónica de casa assasinada
Traduction : Mário Carelli

Beau et cruel comme un crocodile émergeant des marais brumeux, "Chronique de la Maison Assassinée" a tout de ces plantes singulières et vénéneuses qui poussent dans la jungle amazonienne. Une plante énorme, monstrueuse, s'élançant vers le ciel dans le seul but de faire la peau aux anges, aux bienheureux et à Dieu par dessus le marché, un tronc souple et massif, gorgé de sèves mystérieuses et de sang torturé, prêt à digérer quiconque s'oppose à ses volontés dévastatrices.

Le style de Cardoso est à l'image de sa création : ample, avec des replis curieux et compliqués, une somptuosité rare dans la description du Domaine des Meneses et une virtuosité sans pareille lorsque vient le moment d'analyser les secrets de l'âme humaine, pesée à l'aune d'un catholicisme omniprésent, source de trop d'inhibitions, de trop de tabous et de trop de convenances.

Alambiqué, pourrait-on dire aussi : c'est que, même à un lecteur passionné, il faut beaucoup de temps pour s'immerger intégralement dans cet océan de phrases qui brasse tant d'émotions : amour, haine, passion, désespoir, inceste, mensonge, sexe et absence de sexe, désir, dégoût, homosexualité, rejet, décadence, fascination pour la Mort et ses plus charnelles manifestations.

Il vient même une minute où le lecteur hésite : "Je continue ? J'arrête ? ..." Et puis, soudain, le déclic se fait et l'intrigue prend sa volée. le livre-plante étend ses lianes et ses feuilles dans toutes les directions, résolu à porter son lecteur jusqu'au bout (et peut-être même au-delà) d'une expérience que, jusqu'ici, il n'a pas encore vécue. Car le roman de Cardoso est absolument hors-normes : ses personnages flirtent longtemps avec le mélodrame avant de se révéler dans une tragédie que les Anciens Grecs auraient appréciée, leurs pensées, leurs émotions s'étalent et serpentent sans retenue dans des paragraphes aussi touffus qu'une jungle baroque et l'ensemble mêle la poésie la plus pure à la sensualité la plus large et la plus outrancière.

Outrancier, oui, serait un mot parfait pour qualifier ce roman atypique et fascinant, qui hypnotise lentement son lecteur sans que celui-ci en prenne conscience à temps. Mais j'écris "serait" parce que, en dépit des doutes que peut concevoir le lecteur au premier tiers de l'ouvrage, l'intrigue imaginée par Cardoso est menée de main de maître. Bien que le traducteur parle dans sa postface de certaines "incohérences", tout - y compris la chute finale - se tient dans "Chronique de la Maison Assassinée."

Un livre étonnant, aussi énigmatique que ses deux héroïnes - Nina et Ana - un livre qui, si vous lui faites confiance jusqu'au bout, ne vous décevra pas. ;o)
Commenter  J’apprécie          80
Un invraisemblable imbroglio dans lequel s'enchevêtrent les passions les trahisons, l'amour, la jalousie, la maladie, la mort dans l'atmosphère délétère, oppressante parfois même de la demeure des Menese, notables aristocratiques brésiliens.
Nina personnage central coquette épouse de Valdo va entrainer tous les membres de cette famille dans une aventure dramatique qui se déroulera dans une sorte de huis-clos dans lequel le style d'écriture de Lucio Cardoso y enferme aussi le lecteur, dès le début pour ma part et jusqu'à la fin tant on est pris par le suspens régnant.

En effet, dès les quelques premières pages engagées pourtant sans en attendre grand-chose, j'en ai tout laissé tomber pendant deux jours ! Plus de ménage, plus de télé, plus de courses, plus de repas, plus de mari, rien ! Et surtout que l'on ne me dérange pas ! Et c'est mon mari qui a fait le « boulot » !
Tout ça pour un « bouquin » récupéré dans ma petite bibliothèque municipale sans aucune recommandation particulière voire même plutôt une moue de bibliothécaire pas convaincante du tout!
Je suis passée outre la moue et bien m'en a pris, je ne suis effectivement pas prête d'oublier cette saga écrite avec une plume qui ne m'a pas lâchée une seconde.
Commenter  J’apprécie          91
La famille Meneses n'est plus que l'ombre d'elle même. le domaine autrefois faste et envié est sur son déclin. Valdo, Demétrio et Timotéo derniers descendants de la famille vivent dans la demeure familiale. La maison est sombre dans tous les sens du terme, il semble y planer un voile de mystère et de secrets, un décor parfait pour une tragédie familiale.

Au travers de lettres, témoignages et confessions Lùcio Cardoso va nous emporter dans un tourbillon de voix qui à la fois s'accusent, se dérobent, se confient .

C'est un roman construit comme un puzzle, il faut donc un peu de patience et de recul pour s'approprier cette lecture et se rendre compte de la dimension métaphysique dont est imprégnée le roman. Les personnages de ce huis clos sont antipathiques mais terriblement vrais, Lùcio Cardoso explore leurs âmes avec cruauté mais aussi avec justesse.

L'atmosphère est trouble, pesante. C'est extrêmement bien écrit ( et traduit ), c'est une véritable délectation que cette prose où les métaphores et les descriptions s'enchainent en cascades, prenant souvent le pas sur l'intrigue qui met du temps à se mettre en place . 

J'ai adoré, l'écriture de Lùcio Cardoso qui m'a portée tout le long du roman , on pourrait presque parler« des hauts de Hurlevent au Brésil » et je ne pense pas exagérer. Ce roman est un drame poétique qui me laissera un trace malgré toute la noirceur qui en découle.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce fut alors, après avoir longtemps contemplé le corps sans proprement comprendre ce que je me représentais, que j’ai réalisé qu’elle était véritablement en train de mourir, car sa présence, ainsi qu’un fluide s’étant entièrement consumé, avait commencé aussi à s’éloigner des choses, à déserter les objets comme aspirée par une bouche énorme et invisible. Tout ce qui avait eu trait à la chaleur de son corps refluait des objets qu’elle avait touchés en vie et qui avaient jusque-là gardé la marque de son passage. Comme sous l’effet d’une drogue, je regardais dans tous les sens et je voyais se dévider cette présence des meubles, du lit, des fenêtres, des rideaux, s’écoulant en filets sur le sol et formant de légers ruisseaux d’endeuillement, puis se transformant en fontaines ascendantes et solennelles, s’enchevêtrant tout autour des rideaux, s’unissant à tous les liquides en présence, composant enfin le torrent réuni des souvenirs et des sentiments qui irait désormais se déverser dans l’immense estuaire du néant.

(traduction libre)
Commenter  J’apprécie          159
[...] ... - "Mon père, est-ce que moi non plus, je ne serai pas sauvée, puisque j'ai péché, comme les autres ?"

Que dire, que répondre à ce moment crucial ? Je regrettais presque ma vocation sacerdotale, j'ai poussé un soupir de tristesse face à l'aveuglement des hommes et à leur désarroi. Pourquoi s'adressait-elle à moi, un pauvre prêtre, vieux, sans lumières spéciales, dont le seul objectif était de servir et de craindre Dieu et non de résoudre ces problèmes de l'homme ? Que croit-on que nous sommes, nous, curés de campagne, sinon de tristes bêtes corvéables à merci, des hommes aveugles comme les autres mais qui désirons avec anxiété ne jamais sortir du droit chemin ? Comment définir le droit chemin devant les multiples chemins existants ? Comment attirer l'attention de Dieu ? Je me suis éloigné, mais elle implorait mon secours avec un mélange de paroles incohérentes et de larmes. Je me suis approché des grilles [de la propriété] et j'ai regardé le ciel qui s'obscurcissait. Un vide immense s'est fait dans mon âme, comme si rien ne subsistait en elle, ni la crainte, ni le souvenir de Dieu. Un goût amer et lancinant est monté d'un seul coup à ma bouche.

Non, je ne pouvais rien lui dire. Un jour, je lui avais dit quelque chose à ce sujet, mais il y avait si longtemps de cela. Et c'était justement ce qu'elle devait avoir sur le coeur. A quoi bon répéter maintenant les mots qui avaient un vrai sens à l'époque et qui me semblaient maintenant tellement étranges et paradoxaux, comme si d'autres les avaient prononcés à ma place ? La Maison des Meneses n'existait déjà plus. Ce dernier réduit, cette chambre de cave qui avait abrité autrefois l'amour et l'espérance, était prêt à s'écrouler aussi, et c'était cet abri qu'Ana avait élu comme refuge. A cet instant, la Maison des Meneses disparaissait pour toujours. Je voyais sa dernière clarté sur ce grabat d'agonisante. Ah ! Sans doute aurais-je pu lui dire : "Ma fille, ce que j'ai dit est toujours valable. Nous n'en sommes pas responsables, mais c'est valable. Nous sommes si nombreux à confondre Dieu avec l'idée du bien ... Si nombreux à Le réduire à une notion de mal, à éviter ... Et pourtant, le bien est une mesure des hommes. Comment mesurer avec lui l'Infini qu'est Dieu ?" Ce sont les mots qui ne me venaient pas à la bouche parce qu'elle ne les comprendrait pas et qu'elle continuerait à me prendre à partie, non pas au nom de Dieu, qu'elle ne connaissait pas, mais au nom de ce péché qui l'avait tourmentée sa vie durant. Ainsi, solitaire, cette âme devait souffrir? jusqu'au bout? des conséquences de ses erreurs. Je me trompe peut-être, peu importe. ... [...]
Commenter  J’apprécie          40
[...] ... A présent, suppose un instant que j'ai écrit cette lettre, que j'ai posé un verre devant moi et que j'y ai versé tout le tube de somnifères en attendant d'avoir le courage de le boire. Je mens, Valdo, ce n'était pas cette lettre que j'ai écrite à ce moment-là, le verre devant moi. Je voulais en faire ma somme, mon testament. Pour remplir de l'écho de mes cris ta vaste maison, pour traquer les coupables dans leur cachette. J'ai accusé Demétrio pour ce qu'il a fait, en affirmant que jamais je ne le lui pardonnerais, ni dans ce monde, ni dans l'autre. Je prévoyais les raisons qu'il saurait trouver à ma mort. Que d'adultères, que de péchés ne supposerait-il pas que je serais en train de commettre de l'autre côté ? Je ne peux te dire le plaisir avec lequel j'écrivais en imaginant mon propre corps entre quatre cierges allumés, livré à la curiosité des autres. Les morts ont leur langage et ils transmettent un message qui est à la fois un avertissement et une condamnation de ce que nous vivons. J'ai écrit des pages et des pages, et je ne sais pas combien au juste. Quels sanglots, quels appels et quelles malédictions ai-je jetés sur le papier ! Je suis seulement sûre que c'était un amoncellement confus que tu n'aurais eu ni la patience, ni l'intérêt de déchiffrer. Ainsi, je ne me souviens plus du temps que j'ai passé à écrire cette lettre, je me souviens seulement qu'il était tard et que la plume m'était tombée des mains lorsque j'ai entendu la porte s'ouvrir et la voix du colonel Gonçalvez résonner à mes côtés. .... [...]
Commenter  J’apprécie          50
Que représentent les faits dont nous nous souvenons, sinon la conscience d'une lumière fugitive planant dissimulée au-dessus de la vérité des choses?

(traduction libre)
Commenter  J’apprécie          110

Dans la catégorie : Littérature portugaiseVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Littérature portugaise (227)
autres livres classés : littérature bresilienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Lucio Cardoso (1) Voir plus

Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}