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Yannick Resch (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080703903
189 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.79/5   216 notes
Résumé :
"Tout est foutu ! J'ai trente ans ! " J'ai simplement voulu dire que lorsqu'une femme d'un certain âge a une liaison avec un très jeune homme, elle risque moins que lui d'en demeurer marquée ineffaçablement.
Lui, il a beau faire, à travers toutes les liaisons qui suivront, il ne pourra manquer d'évoquer le souvenir de la vieille maîtresse. Colette.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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La fin de Chéri (suite de Chéri) de Sidonie Gabrielle Colette - lu en novembre 2018.
J'avais quitté Chéri au moment où il quittait Léa, peu avant la guerre 14-18.
Je le retrouve six ans plus tard à la fin de cette guerre.
Chéri ne va pas bien, une guerre, ça laisse des traces.
Il est devenu amer, il ne trouve plus goût à grand chose et pensait bien avoir oublié sa maîtresse Léa. Il approche de la trentaine, sa femme Edmée ne l'intéresse plus, elle ne l'a d'ailleurs jamais fort intéressé. Edmée, elle, s'occupe de blessés de guerre dans un hôpital. Ils n'ont plus du couple que le nom.
Sa mère aussi est moins présente. Il faut dire que Chéri a vécu toute sa vie entouré de femmes qui l'adulaient.
Un jour autour d'un thé, il entend parler de Léa, il va la revoir.
Une seule fois. leur rencontre est un désastre, elle a vieilli, pensez-vous, plus de 60 ans ! Il peine à la reconnaître. Il ne la reverra plus. Il décide de vivre seul et s'installe chez la Copine espérant trouver de l'apaisement à ses tourments mais il y a sur un mur une grande photographie de Léa au temps de sa splendeur. Chéri va de plus en plus mal, il n'a plus rien ni personne à qui se raccrocher et décide alors d'en finir avec cette vie qui n'a plus de sens pour lui.
Finalement, Léa aura été la seule femme pour qui Chéri a éprouvé de l'amour.
Colette nous fait dans ce roman une belle analyse des caractères des principaux personnages, de leurs défauts, de leur apparence mais toujours avec finesse.
En quelque sorte, une étude sur le temps qui passe et la nature humaine.
Elle s'envole dans ses descriptions. C'est magnifique.
J'ai passé un bon moment avec vous Madame Colette,
vous m'avez transporté dans un monde que je n'ai pas connu, celui du début du 20ème siècle.




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J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. La Belle-Epoque, la der de Der, puis Les Années Folles : je m'imagine bien Sidonie-Gabrielle Colette dans cette ambiance mondaine de scandales, tout comme Sarah Bernhardt, Mistinguett ou Joséphine Baker.
C'est en tous cas dans ce monde huppé qu'en 1919, navigue Chéri, 30 ans, beau gosse de riche, dandy marié à Edmée dans une relation malsaine où elle le méprise alors qu'il l'ignore. C'est un peu "Le mépris", d'Alberto Moravia. Les relations entre les amis sont floues, le travail de chacun aussi. On découvre progressivement l'entourage de Fred ( Chéri ).
Sa jeune femme aux cheveux crêpés que j'imagine habillée en Paul Poiret, est indépendante, plus ou moins infirmière, admire ( hum ) le docteur Arnaud ;
sa mère, Charlotte, une mama autoritaire, "dévoratrice, calculatrice", conductrice, sanglée de cuir, cheveux rouges, magouille des millions dans le cuir et le sucre ;
son ex, Léa, 60 ans, peut-être un ancien mannequin, qui a arrêté de lutter contre les ans et le poids, avec "son double menton irrémédiable" ;
la baronne de la Berche, 60 ans, qui, d'après la fine description de l'auteure, me fait tout-à-fait penser à la secrétaire de la baronne Kessler, que Corso ( Johnny Depp dans La neuvième porte ) évite, tellement elle est baraquée, hommasse, avec "une longue veste impersonnelle et des drus cheveux gris" ;
il y a aussi La Copine, 60 ans également, "visage ruiné de reine banale", avec laquelle, enfin, Chéri trouve une certaine complicité.
.
Le style de Colette est particulier. L'auteure fait de toute scène une belle peinture, grâce à une fine analyse psychologique. Ce style, riche en adjectifs, est très beau, mais alambiqué : le peu d'actions importantes n'est pas souligné. Par exemple, Chéri jacote avec sa femme, et tout d'un coup, on le retrouve qui appelle un taxi... "Ah, tiens, me dis-je, il est descendu de l'appartement ? ", d'où des retours en arrière qui coupent la lecture.
.
Chéri, un "adulescent", m'a particulièrement intéressé, car, de retour de la guerre dont on ne parle pratiquement pas, il est perdu entre toutes ces femmes qui ont pris de l'assurance, ont conduit des camions pendant la guerre, fument le cigare, se sont libérées, mais ont aussi vieilli, sans remède possible : c'est un peu "La métamorphose"... D'ailleurs, a-t-on trouvé, à ce jour, un truc contre la ménopause ?
Colette fait une belle analyse de la lutte perdue d'avance contre les ans, du délabrement de la chair, mais aussi du snobisme superficiel.
Elle fait également un superbe constat de la conduite plus virile de la femme grâce à la guerre, femme qui conduit, est indépendante, fume le cigare, a un travail ou magouille des combines pour gagner du fric, s'assume : elles n'ont pas attendu 1970 !
Dans ce monde en évolution, les femmes progressent ; Fred fait du sur place. Il est paumé, un peu comme les papas-poules actuels.
.
Hum ! Tiens :
"Femme des années 80
Mais femme jusqu'au bout des seins
Ayant réussi l'amalgame
De l'autorité et du charme" ( M.S )
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Comme on peut s'en douter, « La fin de Chéri » est la suite de « Chéri ».
On avait quitté Fred Peloux alors qu'il venait de rompre avec Léa pour se marier avec la jeune Edmée. Nous le retrouvons sept ans plus tard, après la première guerre, dans un monde qui a changé. Edmée, sa mère Charlotte et ses rares amis se sont adaptés mais Chéri se remet difficilement de la guerre et ne semble pas trouver sa place, ni dans cette société mouvante, ni auprès d'Edmée.
Il repense alors à Léa… Mais c'est le choc quand il la revoit. Il ne retrouve pas sa Nounoune, mais une femme qui a vieilli et accepté de vieillir sans lui…

Je trouve toujours aussi agréable la plume de Colette, elle a une écriture fine et subtile pour décrire les émotions humaines.

L'auteure se centre davantage cette fois-ci sur ce pauvre Chéri.

Il est devenu une âme perdue qui voudrait se raccrocher à ses repères d'avant, sa jeunesse insouciante, ses moeurs légères et « un amour qui n'existe plus ».
Alors qu'on voyait Léa accepter la vieillesse et ses conséquences avec résignation dans « Chéri », ici, la vieillesse est traitée avec dureté à travers les yeux du beau Fred. Elle lui a pris définitivement sa maîtresse, c'est la prise de conscience du temps qui passe qui lui enlève toute chance de revivre le passé. Il réalise malheureusement un peu tard les moments précieux perdus auprès de la seule femme pour qui il ait ressenti de l'amour.
Difficile alors d'avancer vers l'avenir lorsqu'on se réfugie dans les souvenirs et se raccroche à de vieilles photos…

Il m'a fait bien de la peine ce pauvre Chéri dans sa détresse et sa solitude. Il paye cher pour s'être finalement conformé aux moeurs et conventions sociales, et ne pas avoir suivi l'élan de son coeur.

Un récit tout en finesse et sensibilité, merci Madame Colette.
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C'est toujours avec plaisir que je retrouve la belle plume de Colette. La fin de chéri est un livre qui relate l'insouciante vie des années folles, les années comprises entre les deux grandes guerres, des années où Paris est une ville enfievree de la mode, des étrangers affluent de toute part essayant de noyer toute trace de la grande guerre. Mais chéri, lui est écoeuré, il va mal, il a du mal à supporter la vie plus qu'active de sa femme, elle, qui rencontre pas mal d'étrangers. Chéri voudrait que tout s'arrête et que l'on cède la place à la réflexion...mais quelle reflexion? Chéri n'en sait rien mais ça bouillonne au dedans de lui...puis un nom est prononcé: Léa...et c'est une goutte d'eau qui faire déborder le vase des souvenirs...
Un tout petit moment agréable!
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Ce commentaire concerne les deux romans "Chéri" et sa suite "La fin de chéri".

Il émane du style de Colette un arôme de nostalgie subtile et désespérée, un tendre relent de rose surie, une légère senteur de putréfaction : c'est une vraie fabrique de parfums.

Les années passeront et détruiront peu à peu la charmante apparence de ceux qui servaient de support à notre irrépressible besoin d'amour. Comme Chéri, nous consacrerons notre vie à poursuivre l'illusion créée par cette vulnérabilité fondamentale, ce trou en nous qui appelle l'amour sans contrepartie, presque sans réciprocité, celui que seule pourrait nous apporter une mère qui, bien entendu ne serait pas notre mère, mais une amante ; une amante qui, plus qu'une personne, serait un lieu, un espace protecteur qui ne disparaitrait jamais ; où nous pourrions nous lover en toute sécurité mais que nous resterions libres de quitter à tout moment puisque jamais il ne se refermera derrière nous.

Bien sûr ce lieu n'existe pas.

Notre quête sera vaine.

Et à la fin il ne nous restera que de vieilles photographies que nos yeux useront, et nous demeurerons à jamais inconsolables.

Tel est l'amour au masculin selon Colette.



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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
C’était un très grand portrait photographique, rehaussé de couleurs d’aquarelle presque éteintes. Des yeux bleus, une bouche riante, un chignon blond, un air de paisible triomphe armé. La taille haute dans... un corselet premier-empire, et des jambes visibles sous la gaze, des jambes à n’en plus finir, renflées aux cuisses, minces au genou, des jambes... Et un chapeau de gommeuse, un chapeau qui n’avait qu’une seule aile relevée, tendue comme une seule voile au vent...
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Edmée ajouta : "C'est ça, leur Chéri..." en s'excitant à mépriser l'homme renversé. Elle rassembla en sa mémoire des nuits conjugales, des matins tout languissants de plaisir et de soleil, et n'en fit, à ce mort somptueux sous la soie fleurie et l'aile rafraîchissante des rideaux, qu'un froid hommage vindicatif, car il la dédaignait progressivement.
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Mais ce n'est qu'un air qu'elles ont, je le sais bien. Qu'est-ce que tu comptais donc me laisser après toi, ma Nounoune, quand tu m'as renvoyé ? Tu as fait de la grandeur d'âme à bon compte, tu savais ce que c'était qu'un Chéri, tu ne risquais pas grand chose. Mais, toi de naître si longtemps avant moi, moi de t'aimer au-dessus des autres femmes, nous en avons été bien punis : te voilà finie et consolée que c'en est une honte, et moi... Moi, tandis que les gens disent : il y a eu la guerre, je peux dire : il y a eu Léa, la guerre... Je croyais que je ne songeais pas plus à l'une qu'à l'autre, c'est l'une et l'autre pourtant qui m'ont poussé hors de ce temps-ci. Désormais, je n'occuperai partout que la moitié d'une place...
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-- Trois mille trois cent quatre-vingt-deux mon petit.
Et sais-tu combien ça me laisse en poche ?
-- Non, interrompit Chéri. Et je m'en fous. Assez. j'ai ma mère pour ça. Et d'ailleurs...
Il se leva, et ajouta, d'une voix hésitante :
--D'ailleurs, l'argent... ne m'intéresse pas.
-- Drôle, dit Desmond, blessé. Drôle. Amusant.
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Je peux tout lui faire, pensait-il en suivant Edmée des yeux. Elle ne se plaindra pas, elle ne divorcera pas, je n'ai rien à craindre d'elle, même pas l'amour. Il ne tiendrait vraiment qu'à moi d'être bien tranquille." [...] Et comme il marchait aux côtés d'Edmée vers la chambre qui n'entendrait ni reproches ni baisers, il se sentit pénétré de honte, et il rougit de leur bonne entente monstrueuse.
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« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio
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