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Jean-Pierre Naugrette (Traducteur)
EAN : 9782080706225
193 pages
Flammarion (02/01/1997)
4.09/5   86 notes
Résumé :
Dans un port d’Extrême-Orient, alors qu’il vient de quitter son navire et qu’il n’aspire qu’à regagner l’Europe, un jeune marin, sur un coup de tête, accepte de prendre le commandement d’un trois-mâts en partance pour Singapour. Mal accueilli par son second – lequel est hanté par le souvenir du précédent capitaine, mort dans des circonstances troubles –, il doit bientôt faire face à une redoutable absence de vent qui immobilise le navire. Pris au piège d’une mer tro... >Voir plus
Que lire après La Ligne d'ombre (une confession)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce court roman de Joseph Conrad écrit fin 1916, au coeur de la première guerre mondiale, est le récit d'une initiation, du passage à l'âge d'homme d'un jeune marin à l'occasion de son premier commandement d'un navire dans la région lointaine des mers d'Orient.
Rédigé à la première personne, et sous-titré Confession, il ne fait aucun doute qu'il est largement autobiographique, ce qui lui confère toute sa valeur, tant le témoignage est fort et évident à la fois, imprégné de l'expérience personnelle de l'auteur, ses forces mais aussi et surtout ses doutes et angoisses.

S'il n'était question dans ce roman que de péripéties maritimes, je suis certaine que je ne lui aurais pas attribué sans hésitation cinq étoiles. Bien sûr, un bateau et un jeune capitaine sont les points d'ancrage du récit, mais la ligne d'ombre, indécise et insaisissable en est paradoxalement le gouvernail, le fil rouge en quelque sorte, et c'est elle qui symbolise pour moi tout le talent narratif de Conrad, son originalité.
"Oui, on va de l'avant. Et le temps, lui aussi, va de l'avant — jusqu'au jour où l'on aperçoit devant soi une ligne d'ombre annonçant qu'il va falloir aussi laisser en arrière la région de la prime jeunesse."
Cette ligne virtuelle donc forme une frontière entre jeunesse et âge adulte, entre réalité et imaginaire aussi - Conrad flirte souvent avec le surnaturel mais sans s'y laisser aller vraiment.

Il règne à bord de ce court roman, une atmosphère singulière de confidence, d'émotion simple qui m'a touchée. Si j'ajoute que l'écriture est magnifique, vous aurez compris qu'il porte, pour moi, la marque du roman qui sort de l'ordinaire, de l'authentique chef d'oeuvre.

"Un navire arrivant du large et qui replie ses ailes blanches pour prendre du repos a quelque chose d'émouvant."
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Finalement, lire aussi PEU de livres, c'est parfois - ou souvent ? - éviter d'ingurgiter de la m... et risquer de voir s'encrasser ainsi - définitivement ? - nos précieuses petites papilles esthétiques... [Heum, comme ce "papier" commence fort peu élégamment et... si "élitistement" ! Bon... "de la m..." signifiant ces "machins insignifiants au débit de publication torrentiel", phénoménologie épuisante suivie de suivisme lectoral moutonnier... voyez ? Non ? Tous ces tristes machins dont nous sommes littéralement gavés "sur injonctions", chacun de nos 365 jours de l'année... Pitié, de l'air !!! Fin du long préambule].

Bref, "La ligne d'ombre" est un court chef d'oeuvre (court roman publié en feuilleton pour la première fois en 1916) de Joseph Conrad, plus achevé et plus dense - à mon goût - que sa longue nouvelle "Typhon" ("Typhoon", 1902)... "The Shadow Line" est du même niveau artistique que son plus célèbre court roman "Au coeur des ténèbres" ("In the Heart of Darkness", 1899)... en jugeant depuis le territoire de ces quelques oeuvres de J. C. que je "connaîtrai" désormais... Récit d'un dur apprentissage... avec tutorat spirituel heureux.... Brave capitaine Giles, sorte de Haddock mutique guidant le novice tout en finesse, en humour et en subtil détachement... et le novice prendra la mer... la mer de Chine... s'immobilisera avec son grand voilier... entre choléra et fantôme du capitaine précédent (son corps immergé en un point fatal)... malgré son Second (ce sinistre Burns, malade comme un chien, mais gardant toute sa langue et sa triste sinistrose existentielle...) "porteur de malheur, de funestes souvenirs et de superstitions"...

Un récit fantastique... C'est bien ce qu'a compris le grand artiste polonais Andrzej Wajda qui l'a adapté au cinéma - en fait, pour la télévision polonaise - en couvrant l'intrigue de belles ellipses et d'écharpes de brume blanche "de haute mer" fort romantique... le navire arrivera à bon port, après être passé par les Territoires du cauchemar, du rêve doré immobile et de l'humain qui "tient bon"... Ransome le cuisinier aux coronaires fragiles, toujours là et "veillant à la vie"...

Authentique chef d'oeuvre dans la magnifique traduction (de l'anglais au français) de Jean-Pierre Naugrette (1996).
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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La mémoire est un beau sujet d'étude. Elle contribue à l'imagination et c'est grâce à elle que nous pouvons goûter pleinement aux plaisirs de la lecture. Patrick Modiano a construit son oeuvre sur un principe qu'il a clairement identifié :

“Je crois que pour en faire une oeuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie — un rêve où la mémoire et l'imagination se confondent”.

Cette citation s'applique tout à fait à Joseph Conrad, écrivain Polonais de langue anglaise (1857-1924) dont la vocation littéraire tardive a été nourrie par sa carrière de marin, d'abord en qualité de mousse, de stewards, puis matelot, ensuite lieutenant, second et enfin capitaine au long cours. C'est lors d'une traversée (1893) qu'il rencontre John Galsworthy, qui l'encourage sérieusement dans la carrière d'écrivain. Deux ans plus tard, à l'âge de 38 ans il publie son premier livre “La folie Almayer” après avoir parcouru le monde pour le compte diverses sociétés de la marine marchande britannique. Il est l'auteur d'une vingtaine de romans, mais aussi de recueils de nouvelles et de récits de voyage. Toute son oeuvre est basée sur les rencontres et les évènements vécus au cours de sa vie de marin.

 “La ligne d'ombre” est un roman très représentatif de son style. Il a été rédigé en 1915/1916 et publié en 1917 chez Dent à Londres. L'histoire est inspirée par les péripéties rencontrées par l'auteur relatant sa première mission en qualité de capitaine de navire. L'action débute en 1887 dans le port de Singapour. le narrateur décide de mettre un terme à son contrat de second sur un navire de la marine marchande pour retourner en Angleterre. En attendant le bateau qui le ramènera à Londres, il loue une chambre au foyer des marins et fait la connaissance des pensionnaires et du gérant. Une compagnie lui propose le commandement d'un trois-mâts basé à Bangkok pour remplacer le capitaine décédé dans des circonstances troubles. Il accepte avec enthousiasme cette promotion et se trouve rapidement confronté à un second au comportement étrange, M. Burns, qui semble tourmenté par le décès de son commandant et face à un équipage bientôt gagné par les fièvres tropicales. Rien ne va dans le bon sens et le nouveau capitaine va devoir démontrer son sang froid et sa compétence pour surmonter l'adversité. Tous les personnages du roman sont dotés de personnalités très originales, parfaitement dépeintes par l'auteur. Celui-ci nous entraîne dans un univers à la fois réaliste et fantastique ou convergent les légendes racontées par les vieux loups de mer au fond des ports brumeux. le talent unique de Conrad s'explique en partie par l'art de combiner parfaitement le vécue et l'imaginaire. Beaucoup de ses oeuvres comportent une part importante d'autobiographie, mais l'auteur s'attache surtout à retranscrire les impressions reçues que l'exactitude des faits. Il réussit ainsi à nous immerger dans un monde bien à lui ou l'imaginaire côtoie le réel. La connaissance précise qu'à l'auteur du domaine de la mer est prégnante à chaque page et donne beaucoup de crédibilité à son histoire, même si finalement l'imagination l'emporte et exalte les situations et les personnages au point de transformer le récit en allégorie ou en conte. Conrad a affirmé que la ligne d'ombre était un récit véridique, mais il précisera ensuite :

“Non. Je ne veux pas vraiment que ce court morceau soit formellement reconnu comme autobiographique. Il ne l'est pas sur le ton. Mais pour ce qui est du sentiment sous-jacent je crois qu'on ne peut s'y méprendre.”

 Sur le fond, l'auteur a voulu traiter du passage de l'enfance à la vie adulte. le thème est donné dès le début du premier chapitre :

“On referme derrière soi la petite porte de la simple enfance — et l'on pénètre dans un jardin enchanté. Ses ombres mêmes brillent de promesses. Chaque détour du sentier a son attrait. Et ce n'est pas qu'il s'agisse d'un pays encore inexploré. L'on sait fort bien que tout le genre humain a défilé par ce chemin… Oui, on va de l'avant. Et le temps, lui aussi, va de l'avant – jusqu'au jour où l'on aperçoit devant soi une ligne d'ombre annonçant qu'il va falloir aussi laisser en arrière la région de la prime jeunesse.” (page 35 et 37).

 Ce court roman est admirablement écrit et est considéré comme un chef-d'oeuvre, il est bien sûr recommandé à tous ceux qui rêvent d'aventures maritimes, mais aussi à tous ceux qui souhaitent être touchés, émus, secoués par des personnages d'une grande richesse psychologique et transportés par des histoires fortes où à chaque page on est bercé par le roulis, mouillé par les embruns et poussé par des vents de tempêtes.

 Après “Typhon” et “Jeunesse”, c'est le troisième livre que j'ai lu de cet auteur et je ne suis pas déçu, au contraire, mon intérêt pour son oeuvre est décuplé.

Bibliographie :

— “La ligne d'ombre”, Joseph Conrad, Folio Classique (2015), 247 pages, Préface d'Alain Jaubert, Notices de Sylvère Monod, chronologie et notes.

— “Histoire de la littérature anglaise”, François Laroque, Alain Morvan, Frédéric Regard, PUF (1997), 828 pages. Article Joseph Conrad pages 581 à 584.

Vocabulaire :

 Un vocabulaire très riche ou les termes de marine abondent (les définitions de la plupart d'entre eux sont données en fin d'ouvrage). La lecture de ce roman pourrait être utile à ceux qui préparent le brevet de capitaine au long court !

Lisse de garde-corps : On appelle lisse une rambarde, et garde-corps (ou garde-fous) des lisses en bois placées sur le bord des navires pour empêcher les hommes de tomber à la mer.

Espar : Sur un bateau, un espar est un élément de gréement long et rigide : mâts, bômes, vergues, bouts-dehors, queues de malet, livardes, wishbones.

Apparaux : Matériel d'équipement de navire permettant d'assurer des manoeuvres de mouillage, d'amarrage, de remorquage, de levage ou de pêche.

Écubier : Trous pratiqués à l'avant du navire pour le passage des câbles ou des chaînes d'ancre.
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Dans la note d'auteur de son chef-d'oeuvre tardif, Conrad s'insurge : "il n'était pas dans mon intention de toucher au surnaturel. Cependant plus d'un critique eut tendance à le considérer de cette façon." Les éléments étranges de ce récit maritime sont en effet nombreux : le précédent commandant d'un brick, atteint de folie, est mort dans des conditions troubles et revient hanter les esprits ; son jeune remplaçant doit faire face aux superstitions de l'équipage et à l'absence totale de vent dans le golfe du Siam ; les visions hallucinées des hommes qui subissent tous une fièvre des tropiques ; l'absence de quinine à bord en raison d'un terrible coup du sort. Alors pourquoi une telle réaction de Conrad adressée à ses commentateurs ? Sans doute parce que ces éléments proches du fantastique font partie intégrante de l'expérience humaine, que le conteur souhaite absolument retranscrire avec sincérité et justesse. D'ailleurs, il s'agit du récit très autobiographique de son premier commandement, sous-titré "Confession", malgré quelques ajouts. L'atmosphère étouffante sur le navire immobile, ravagé par la maladie et peuplé de spectres, est digne d'un grand roman d'épouvante. Cette oeuvre a influencé ma propre conception du fantastique en littérature, plus large que celle communément admise : l'étrange et l'imaginaire ne s'opposent pas au réalisme et à L Histoire ; au contraire, ils se complètent.
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Longue nouvelle ou court roman, peu importe reelement. Cette ligne d'ombre est un grand recit, a cractere autobiographique, que Joseph Conrad (Jozef Konrad) a ecrit sur la fin de sa vie. Il raconte, dans une ecriture elegante et precise, comment il a ete nomme quasi innopinement, capitaine d'un bateau qu'il est ammene a conduire de Bangkok a Singapour. C'est sans aucun doute un roman de marin (il est petri du vocabulaire de la marine a voile de debut du siecle, avec de nombreuses notes pour guider le lecteur dans ce jargon), mais pas uniquement ! Il debute sur « l'innocence de la jeunesse », Conrad quittant le bateau sur lequel il etait employe pour quelque chose de mal defini et cette « capitainerie » qui se met sur son chemin et qu'il accueille avec orgueil ! Conrad, fort imbu de sa personne et plutot antipathique, va alors rejoindre « son bateau », sans capitaine a la suite de la mort du capitaine precedent.
Une fois pris le commandement du bateau, les joies laissent places aux tracas, aux inquietudes et a la confrontation avec « le second » (bras droit du capitaine) qui aurait voulu etre capitaine apres le defunt et qui est hante par le souvenir et la mechancete de ce dernier. le recit se poursuit sur l'attente interminable de l'arrivee du vent, sur la maladie qui grignote l'equipage, sur la « folie » qui vient petit a petit en chacun. le regard se porte sur l'horizon attendant la ligne d'ombre … c'est a dire ces nuages qui amenent aussi le vent !

NB: La ligne d'ombre est en fait l'ombre portee par le « baton » sur un cadran solaire, c'est-a-dire la ligne qui separe le passe du futur, metaphore utilisee pour souligner comment Conrad a quitte la jeunesse suite a cette experience de Capitainerie.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- La vérité, c'est qu'il ne faut jamais donner trop d'importance à quoi que ce soit dans la vie, en bien ou en mal.
- Vivre à petite vitesse, murmurai-je avec perversité. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
- Vous ne tarderez pas à vous sentir bien heureux de pouvoir seulement continuer à marcher, même à cette vitesse-là, rétorqua-t-il de son air de vertu consciente. Et il y a autre chose : un homme doit savoir tenir tête à sa malchance, à ses erreurs, à sa conscience, et à tout ce qui s'ensuit. Enfin - contre quoi d'autre voudriez-vous vous battre ?
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L'impénétrable obscurité enserrait le navire de si près qu'il semblait qu'en allongeant la main par-dessus bord on pourrait toucher quelque substance surnaturelle. Cela produisait un effet de terreur inconcevable et de mystère inexprimable. Les rares étoiles au ciel jetaient une lumière indistincte sur le navire seul, sans le moindre miroitement sur l'eau, sous forme de rais séparés perçant une atmosphère transformée en suie. C'était une chose que je n'avais jamais vue auparavant, et qui ne donnait aucune indication sur la direction d'où viendrait n'importe quel changement, comme une menace se refermant sur nous de toutes parts.
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L'effet du recul sur la mémoire est de donner aux choses des contours énormes parce que l'essentiel se détache, isolé de l'environnement de faits quotidiens insignifiants qui se sont naturellement effacés de l'esprit.

Note de l'auteur
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Il n'y avait toujours pas d'homme à la barre. L'immobilité de toute chose était parfaite. Si l'air avait viré au noir, la mer, me semble-t-il, se serait solidifiée. Il ne servait à rien de regarder dans telle ou telle direction, d'épier le moindre signe, de spéculer sur l'arrivée du moment. Le temps venu, les ténèbres engloutiraient silencieusement le peu de lueur d'étoiles tombant sur le navire, et la fin de toute chose viendrait sans un soupir, sans un bruit, sans un murmure, et tous nos coeurs cesseraient de battre telles des horloges fourbues.
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Vous ne savez pas vous y prendre, capitaine. Le contraire m'eut étonné. Il faut dire, avec toutes vos messes basses et votre manie de marcher sur la pointe des pieds ! Comment espérer finasser avec un filou, un malin, une brute épaisse de son espèce ? Vous ne l'avez jamais entendu s'exprimer. De quoi vous dresser les cheveux sur la tête. Non ! Non ! Il n'était pas fou à lier. Il n'était pas plus fou que votre serviteur. Il était simplement, et carrément, mal intentionné. Au point d'effrayer la galerie. Vous voulez savoir qui c'était ? Au fond, rien de moins qu'un malfrat doublé d'un assassin. 
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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