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EAN : 9782707330147
60 pages
Editions de Minuit (02/01/1983)
3.93/5   174 notes
Résumé :
Vous devriez ne pas la connaître, l’avoir trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi, au hasard de ton sexe dressé dans la nuit qui appelle où se mettre, où se débarrasser des pleurs qui le remplissent.

Vous pourriez l’avoir payée.

Vous auriez dit : Il faudrait venir chaque nuit pendant plusieurs jours.

Elle vous aurait reg... >Voir plus
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N°806 – Septembre 2014.

LA MALADIE DE LA MORT - Marguerite DURAS - Les éditions de Minuit.

C'est une sorte de drame intime qui se déroule dans une chambre d'hôtel au bord de la mer entre une femme apparemment payée pour être là, pour se soumettre et un homme, incapable d'aimer et qui lui dicte ses volontés. Dans cette relation à la fois simple et compliquée il y a des rites. Tous les soirs, la femme arrive, se couche nue dans le lit de l'homme et elle s'endort. L'homme la regarde dormir. Ils parlent peu et cette absence de dialogue semble être aussi une règle édictée par l'homme à moins qu'il n'aime que le silence. Il lui arrive de lui faire l'amour mais apparemment c'est sans joie, un peu par hasard et quand la jouissance est au rendez-vous pour elle, il ne veut pas qu'elle le montre ni même qu'elle y fasse allusion. Ils ne savent rien l'un de l'autre et veulent continuer ainsi et l'absence de nom souligne cette notion impersonnelle. Il arrive à cet homme de ne pas la toucher, de la laisser dormir, de la regarder de loin et de pleurer. Il pleure sur lui, sur son incapacité à aimer les autres et les femmes en particulier. Apparemment cette femme n'est pas une prostituée, ou alors nous avons affaire à quelqu'un d'intellectuellement supérieur, mais cette relation est cependant tarifée ce qui ne manque pas d'ambiguïté. Je peux imaginer que cet homme invite cette femme à venir le rejoindre pour assouvir une passion autre que charnelle qui peut parfaitement être de nature fantasmatique ou purement intellectuelle. Quant à elle, l'auteur semble lui conférer un rôle « thérapeutique ». Elle aurait un diagnostique naturel : non seulement elle lui révèle qu'il est atteint de la maladie de la mort parce qu'il lui est impossible d'aimer mais aussi qu'elle a accepté de venir auprès de lui pour l'en délivrer. Cette maladie est mortelle « en ceci que celui qui en est atteint ne sait pas qu'il est porteur d'elle, de la mort. Et en ceci aussi qu'il serait mort sans vie au préalable à la quelle mourir, sans connaissance aucune de mourir à aucune vie » ».  Veut-elle nous dire que la vie est une maladie mortelle ? Nous le savions déjà !

L'homme semble en effet être dans un état psychologique catastrophique et tente sans doute de s'en sortir par cette expérience qui paraît promise à l'échec mais qui est assurément la dernière avant sa mort qu'on peut entrevoir. Il me semble d'ailleurs que les draps dans lesquels repose la femme peuvent signifier une sorte de linceul, le sommeil peut-être regardé comme l'antichambre de la mort, les pleurs répétés de l'homme, évoquer le chagrin inspiré par une perte irrémédiable, la lumière à l'intérieur de la chambre évoquer pourquoi pas la lueur d'un tombeau. J'observe que la mer est noire mais sans majuscule, ce qui peut signifier qu'on est au bord de n'importe quel océan mais surtout que la couleur choisie veut rappeler le deuil. L'élément liquide quant à lui peut évoquer le passage vers autre chose, vers un autre monde que les mythologies ont souvent repris à leur compte. Ainsi l'idée de la mort est-elle incarnée alternativement par l'homme et par la femme mais à un certain moment il désire la tuer parce qu'elle incarne la vie, une vie qu'il ne peut atteindre ou qui se refuse obstinément à lui ! Les indications scéniques de la fin du roman peuvent être ainsi interprétées.

Une partie du texte est écrit au conditionnel surtout quand il s'agit de la femme, de sa conduite face à l'homme. L'auteur y mêle également le présent et interpelle son lecteur, le mettant à la place de l'homme. J'ai eu beaucoup de mal à sentir ce rôle. Quant à la rédaction, elle est hachée, difficilement lisible et ne procure pas, à mon avis une lecture agréable.

Je concède qu'il y a parfois des moments poétiques, surtout quand l'homme regarde avec crainte la nudité de la femme [« Vous regardez cette forme, vous en découvrez en même temps la puissance infernale, l'abominable fragilité, la faiblesse, la force invincible de la faiblesse sans égale »] mais son regard se fait obsessionnel quand il pose avec insistance ses yeux son son sexe et sur ses seins, ce qui trahit une sorte de refoulement. Cela se transforme évidemment en images érotiques mais avec une notion d'impossibilité. D'ailleurs il lui avoue qu'il n'a jamais regardé, désiré ni possédé ni bien sûr aimé une femme avant elle. Elle est en quelque sorte en elle-même une prise de conscience du mal que l'homme porte en lui et quand cela est formulé par elle, la chambre s'éclaire. A partir de ce moment, il y a entre eux une sorte d'échange, d'explication autour du concept de l'amour [« Vous demandez comment le sentiment d'aimer pourrait subvenir. Elle vous répond : peut-être d'une faille soudaine dans la logique de l'univers. Elle dit : par exemple d'une erreur. Elle dit : jamais d'un vouloir »]. Cela étant dit, elle disparaît sans espoir de retour, ne laissant qu'une empreinte froide dans les draps, mais le ciel pour l'homme s'éclaircit comme si le passage de cette femme dans sa vie, y compris dans sa dimension sensuelle et érotique, avait été une révélation et même une libération, une sorte de retour à la vie.

J'avoue que je n'ai jamais beaucoup aimé Marguerite Duras. J'ai toujours refusé de lui trouver du talent au seul motif que la presse spécialisée avait été soudain laudative, surtout après son prix Goncourt. Les romans successifs que j'ai lus d'elle m'ont laissé indifférent, tout comme celui-ci. Je n'ai peut-être rien compris, je suis peut-être passé à côté d'un chef-d'oeuvre mais, même s'il peut m'arriver à moi aussi d'être dans un état un peu second, j'avoue qu'une lecture attentive de ce roman ne m'a pas procuré la moindre émotion. Était-ce une étude sur le fantasme masculin, le désir inassouvi, l'impossibilité de conquérir une femme, de la posséder autrement qu'en la payant, un rappel de la supériorité sensuelle et esthétique voire intellectuelle de la femme ? Peut-être ! Si c'était pour nous rappeler que nous sommes mortels, ce n'était pas la peine d'en faire tant. Si c'est pour nous dire qu'elle sentait sur elle l'ombre de la Camarde, là c'est parfaitement respectable, mais ce roman m'a laissé, un peu comme à chaque fois, un goût d'inachevé, de vide, de malaise. C'était sans doute son but ?


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D'abord, il y a la mer. Toujours la mer dans les romans de Duras. Elle est là. présente: les vagues, les marées.
Puis il y a les humains. Témoins d'une inévitable absence. Oui, c'est ça. L'absence. Il y a le corps de la femme offert, il y ce corps que l'homme cherche, ne fût-ce que le voir, approcher la sensualité qu'il peut dispenser.
Ce corps qu'il ne rejoint jamais.
Il y aurait aussi l'amour, la possibilité de l'amour, la pensée de l'amour, juste le vocable...
Il y a le sommeil, réparateur, insouciant.
Il y a les mots que l'on attend, le dialogue qui n'en est jamais un, les questions sans réponses, les paroles en trop.
Mais il y a la violence, contenue, à fleur de peau, comme un possible ailleurs.
Il y a surtout la mort, celle que l'on porte en soi depuis toujours, celle que l'on attrape. Celle que l'on peut donner. La Maladie de la mort.

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C 'est l'été. Je suis au Cap d'Agde où je travaille comme serveur dans un bar. Ma famille est en vacances dans la petite maison que nous louons là-bas depuis longtemps, bien avant que n'existe la station balnéaire que l'on connaît aujourd'hui pour de très mauvaises raisons.
Je fais l'ouverture du bar, le matin, et j'ai donc mes après-midi libres.
Alors je vais à la plage, me reposer en prévision du coup de feu du soir.
Je ne sais pas comment ce livre est là, un jour, entre mes mains.
J'aime Duras. J'ai été littéralement soufflé par le Marin de Gibraltar. J'aime cette tristesse sourde qui baigne chacune des pages de ses grands romans, ceux du début.
La Maladie de la Mort me cueille comme un coup de poing. Cette "mer noire" est là, devant moi, tandis que je tourne les pages. La peau de cette femme est blanche et je vois l'homme comme un squelette torturé, noueux, inatteignable dans sa douleur. Je suis à la fois cet homme et cette femme, la plage n'existe plus, ni ses bruits ni ses conversations anodines. Il n'y a que moi et ce livre. Moi et mes doutes. Ce livre et sa mélancolie profonde.
C'est mon livre préféré de Duras. Un long cri totalement désespéré. Superbe.
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« Vous devriez ne pas la connaître, l'avoir trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi, au hasard de ton sexe dressé dans la nuit qui appelle où se mettre, où se débarrasser des pleurs qui le remplissent. Vous pourriez l'avoir payée. Vous auriez dit : Il faudrait venir chaque nuit pendant plusieurs jours. »
-

Un homme paie une femme pour soulager ses nuits d'angoisse.
Plusieurs nuits durant, ils se retrouvent dans une chambre clair-obscur.
Située en bord de mer, on y entend le bruit des vagues.

Nuit après nuit, la femme se soumet aux volontés de l'homme.
Lui, est assis sur une chaise. Caché par l'obscurité.
Elle, est allongée nue sur le lit. Éclairée par la lune.

-
« Vous écoutez le bruit de la mer qui commence à monter. Cette étrangère est là dans le lit, à sa place, dans la flaque blanche des draps blancs. Cette blancheur fait sa forme plus sombre, plus évidente que ne le serait une évidence animale brusquement délaissée par la vie, que ne le serait celle de la mort. Vous regardez cette forme, vous en découvrez en même temps la puissance infernale, l'abominable fragilité, la faiblesse, la force invincible de la faiblesse sans égale. »
-

Ces nuits, ils les passent « seuls l'un avec l'autre ».
Elle, dort beaucoup pendant que lui, la regarde.
Parfois, il s'approche du lit et la caresse ; lui fait l'amour.
Souvent, il pleure sur elle. Sur lui.

Ils se parlent peu. Jamais très longtemps.
Lui veut comprendre. Comprendre ce qu'il a.

-
« Elle vous demande de le lui dire clairement.
Vous le lui dites : Je n'aime pas.
Elle dit : Jamais?
Vous dites : Jamais.
Elle dit : L'envie d'être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
Vous dites : Jamais.
Elle vous regarde, elle répète : C'est curieux un mort. »
-

Elle lui révèle qu'il est atteint de « la maladie de la mort ».
Cette maladie, c'est l'absence de désir et l'incapacité d'aimer.
A quoi sert-il de vivre si l'on n'a pas au moins cela ?

-
Elle sourit, elle dit que c'est la première fois, qu'elle ne savait pas avant de vous rencontrer que la mort pouvait se vivre.
-

Je me suis laissée emporter dans ce huis clos intimiste.
Les nuits y sont courtes. Ou longues. Peu importe.
La notion du temps disparait dans ce récit où pas grand-chose ne se passe mais où l'on ne s'ennuie jamais.

L'écriture contient la voix de l'auteur.
Et, Marguerite Duras sait avec justesse narrer l'amour, le non-amour, le désir et son absence.
Elle sait, aussi, faire parler les silences.


Il est dit que le récit de « La maladie de la mort » renvoie à la liaison de l'écrivaine avec Yann Andréa, son dernier compagnon. Homosexuel, celui-ci était incapable de la désirer. Incapable de l'aimer.

C'est lui qui a tapé ce roman à la machine. Souvent sous l'emprise de l'alcool, Marguerite Duras ne pouvait pas le faire et se contenter de dicter son texte, souvent brouillon.
L'écriture de ce roman a - par ailleurs - été interrompu par la cure de désintoxication de l'auteure.
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Une voix dans la nuit

Dans ce livre, il y a une part pour le vide, une part pour l'abîme, une autre pour le vertige.
Et la dernière, pour quiconque le feuillette !
Et moi, a chaque fois que je termine un livre de Duras, il y a tout mon coeur qui se coince, toujours au même endroit !

Chez Duras la mort peut être vécue plusieurs fois & de différentes manières, c'est un état de fait, une condition temporaire de l'être humain. Elle se caractérise par une absence d'amour, cette lacune plus au moins grave dans la vie quotidienne qui entraîne une mort sociale, une mort des sentiments !
Ainsi est le personnage central du livre, un type dans cet état de mort recherchant un souffle d'air bénéfique, auprès d'une femme qui semble être une prostituée, mais qui n'en est pas une, qui est beaucoup plus que ça. Tout se déroule dans une chambre où l'existence du monde réel n'est rappelé que par le bruit des vagues qui emmènent avec elle l'homme & la vie au fil des pages.

Un époustouflant huis-clos, une danse claustrophobe entre deux personnages en quête d'authenticité, de communication humaine impossible, jeux de pouvoir entre deux êtres qui ne font presque rien, qui ne bougent qu'au conditionnel !

La nuit, la mer & le silence. Encore, toujours, j'y ai retrouvé un peu "Les yeux bleus cheveux noirs" qui fait assurément écho à sa relation avec Yann Andréa, cet amour improbable, sulfureux & atypique.
Ou, encore le "Marin de Gilbraltar" seulement ici, c'est l'homme qui va chercher la femme partout en ville, dans les rues sans jamais réussir ni à la retrouver ni a atteindre le désir tel que MD l'entend, seulement à l'inverse de la femme, il cesse de chercher !

Lecture erronée, peut-être. Mais qu'à cela ne tienne, Duras a fini d'écrire, maintenant c'est moi qui lis. C'est mon livre, n'interprète comme je veux !
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Vous devriez ne pas la connaître, l'avoir trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi, au hasard de ton sexe dressé dans la nuit qui appelle où se mettre, où se débarrasser des pleurs qui le remplissent.
Vous pourriez l'avoir payée.
Vous auriez dit : Il faudrait venir chaque nuit pendant plusieurs jours.
Elle vous aurait regardé longtemps, et puis elle vous aurait dit que dans ce cas c'était cher.
Et puis elle demande : Vous voulez quoi ?
Vous dites que vous voulez essayer, tenter la chose, tenter connaître ça, vous habituer à ça, à ce corps, à ces seins, à ce parfum, à la beauté, à ce danger de mise au monde d'enfants que représente ce corps, à cette forme imberbe sans accidents musculaires ni de force, à ce visage, à cette peau nue, à cette coïncidence entre cette peau et la vie qu'elle recouvre.
Vous lui dites que vous voulez essayer, essayer plusieurs jours peut-être.
Peut-être plusieurs semaines.
Peut-être même pendant toute votre vie.
Elle demande : Essayer quoi ?
Vous dites D'aimer.
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De la bouche entrouverte une respiration sort, revient, se retire, revient encore. La machine de chair est prodigieusement exacte. Penché sur elle, immobile, vous la regardez. Vous savez que vous pourriez disposer d'elle de la façon dont vous voulez, la plus dangereuse. Vous ne le faites pas. Au contraire vous caressez le corps avec autant de douceur que s'il encourait le danger du bonheur. Votre main est sur le dessus du sexe, entre les lèvres qui se fendent, c'est là qu'elle caresse. Vous regardez la fente des lèvres et ce qui l'entoure, le corps entier. Vous ne voyez rien.
Vous voudriez tout voir d'une femme, cela autant que puisse se faire. Vous ne voyez pas que cela vous est impossible.
Vous regardez la forme close.
Vous voyez d'abord les légers frémissements s'inscrire sur la peau, comme ceux justement de la souffrance. Et puis ensuite les paupières trembler tout comme si les yeux voulaient voir. Et puis ensuite la bouche s'ouvrir comme si la bouche voulait dire. Et puis ensuite vous percevez que sous vos caresses les lèvres du sexe se gonflent et que de leur velours sort une eau gluante et chaude comme serait le sang. Alors vous faites vos caresses plus rapides. Vous percevez que les cuisses s'écartent pour laisser votre main plus à l'aise, pour que vous le fassiez mieux encore.

Et tout d'un coup, dans une plainte, vous voyez la jouissance arriver sur elle, la prendre tout entière, la faire se soulever du lit. Vous regardez très fort ce que vous venez d'accomplir sur le corps. Vous le voyez ensuite retomber, inerte, sur la blancheur du lit. Il respire vite dans des soubresauts de plus en plus espacés. Et puis les yeux se ferment encore plus, et puis ils se scellent plus encore au visage. Et puis ils s'ouvrent, et puis ils se ferment.
Ils se ferment.
Vous avez tout regardé. À votre tour enfin vous fermez les yeux. Vous restez ainsi longtemps les yeux fermés, comme elle.
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Elle vous demande la couleur de la mer.
Vous dîtes : Noire.
Elle répond que la mer n'est jamais noire que vous devez vous trompez.
Vous lui demandez si elle croit que l'on peut vous aimer.
Elle dit qu'en aucun cas on ne le peut. Vous lui demandez : A cause de la mort ? Elle dit : Oui, à cause de cette fadeur, de cette immobilité de votre sentiment, à cause de ce mensonge de dire que la mer est noire.
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Elle vous demande de le lui dire clairement. Vous le lui dites : Je n'aime pas.
Elle dit : Jamais?
Vous dites : Jamais.
Elle dit : L'envie d'être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
Vous dites : Jamais.
Elle vous regarde, elle répète : C'est curieux un mort. p.44
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Et puis elle demande : Vous voulez quoi ? Vous dites que vous voulez essayer, tenter la chose, tenter connaître ça, vous habituer à ça, à ce corps, à ces seins, à ce parfum, à la beauté, à ce danger de mise au monde d'enfants que représente ce corps, à cette forme imberbe sans accidents musculaires ni de force, à ce visage, à cette peau nue, à cette coïncidence entre cette peau et la vie qu'elle recouvre. Vous lui dites que vous voulez essayer, essayer plusieurs jours peut-être. Peut-être plusieurs semaines. Peut-être même pendant toute votre vie. Elle demande : Essayer quoi ? Vous dites : D'aimer.
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