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Myriem Bouzaher (Traducteur)
EAN : 9782253084532
512 pages
Le Livre de Poche (03/03/2010)
4.07/5   42 notes
Résumé :
" Supposons que dans un roman anglais, un personnage dise it's raining cats and dogs. Le traducteur qui, pensant dire la même chose, traduirait littéralement par il pleut des chats et des chiens serait stupide. On le traduira par il pleut à torrents ou il pleut des cordes. "
Dire presque la même chose n'est pas un essai théorique sur la traduction, mais une illustration des problèmes que pose la traduction à travers des exemples qu'Umberto Eco a vécus : en t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Partageant l'opinion de Malivriotheque, j'ajoute pour ma part que cette lecture "imposée" pour moi (formation à l'ITIRI de Strasbourg) a également été marquée par un certain scepticisme lié à la maîtrise réelle de trop de langues à la fois. Par delà l'aspect utilitaire (comme pour les véhicules), cette lecture me prouve au final que le mieux c'est de traduire (parfois même en justice) quitte à ne pas savoir comment on le fait exactement, mais avec la conscience de servir l'oeuvre (et rien d'autre) car "elle le vaut bien". Je salue donc la traductrice de Eco pour son admirable travail !
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Umberto Eco se propose, dans cet ouvrage assez vaste, de réfléchir sur de nombreux problèmes que se posent les traducteurs d'une langue à l'autre. Il part d'une expérience avec le traducteur d'Alta Vista en ligne, traduit dans un sens puis dans l'autre et voit comment la signification fléchit, devient parfois incompréhensible voire obscure. Car un même mot, bien sûr, possède des polysémies différentes selon les langues et c'est justement celle-ci que le traducteur électronique ne reconnaît pas. La traduction –mais on le savait déjà – ne saurait être le placage d'un dictionnaire à un autre. Eco, fort de son expérience de traducteur en italien De Nerval notamment, montre comment le traducteur peut compenser la perte d'un jeu de mots, d'un rythme particulier, d'un système de sonorités. Pour ce faire – et c'est là que cela devient intéressant – il offre de nombreux exemples du français à l'italien en passant par l'anglais, l'allemand et l'espagnol.
Evidemment, un lecteur qui comme moi ne lit pas toutes ces langues pourrait être désorienté si la démonstration n'était si limpide. Tous ceux qui s'intéressent aux langues y trouvent leur compte. le professionnel de la traduction, à mon sens, retrouvera tout ce qui fait son pain quotidien et, vieil angliciste que je suis devenu, la lecture de cet ouvrage révèle bien sûr ce que l'on sent instinctivement lorsque l'on traduit un texte. La tâche d'un traducteur n'est jamais aisée, il doit être sensible à la langue qu'il traduit et en même temps se référer aux lecteurs potentiels, de culture différente, aux références propres à leur peuple mais en même temps il faut garder l'esprit du texte. Ainsi le renvoi à un proverbe, à une maxime populaire doit être adapté ; mais si une scène se passe à Paris, sur le Boulevard Saint-Germain, on ne peut bien sûr la transposer à Rome. Tout est question de bon sens et d'intuition.
Mais l'auteur ne s'arrête pas uniquement sur le passage d'une langue à l'autre. Il en appelle aussi aux adaptions de romans en films, de musiques en ballet pour bien montrer ce qu'il se passe lorsqu'on change radicalement de système sémiotique. Il reste une vision propre de tel auteur ou scénariste, la création d'une autre oeuvre qui n'est forcément une copie conforme de l'original. Il faut démontrer que « interpréter n'est pas traduire. »
Eco passe en revue les traductions de ses propres livres, en fait la critique, observe comment s'y sont pris les traducteurs pour rendre ce qu'il avait en tête. Eco cite aussi d'autres ouvrages qu'il a écrits sur la traduction et la sémiologie, étant universitaire en cette spécialité. Bref, Eco se la joue « je » et, comme disent les jeunes « se la pète un peu… ». Bien sûr il s'agit de parler de ses propres expériences mais parfois le propos se noie parfois dans ses références bibliographiques dont moult ouvrages comme il l'écrit si modestement en notes de bas de page, « sont dirigés par moi.»
Hormis cette propension de l'auteur à s'auto citer, l'ouvrage se lit avec un grand intérêt et les exemples offerts sont passionnants et posent de vraies réflexions. Eco bien sûr renvoie aussi aux fondateurs de la sémiotique dont Jakobson. Cependant, quelques passages, un peu ardus, requièrent souvent une bonne concentration de lecture. Sachant qu'il n'existe pas de « langue parfaite » qui traduirait tous les sentiments ou les impressions, comme il n'existe pas de système chromatique exact pour traduire les couleurs, la traduction finit par faire fi de l'exactitude pour rester le plus fidèle possible au texte et à l'esprit de son auteur original selon une interprétation propre à son traducteur.
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Umberto Eco se lance dans la comparaison de traductions, dans l'analyse du procédé même...

Oui, je ne suis pas trop inspirée pour le résumé. Normal, y en a partout. Dans le cadre précis de la traduction, ça part dans tous les sens.
Disons que j'ai trouvé ça bien long. Surtout qu'Eco s'évertue à comparer les traductions allemande, anglaise, française, catalane et j'en passe de ses propres écrits et ceux d'autres grands qu'il a lui-même traduits. le problème, c'est que, même si, grâce à ma formation linguistique, je suis capable de comprendre le minimum dans plusieurs langues européennes, je suis loin d'en ressentir les nuances nécessaires à une bonne traduction. Ce qui fait qu'on s'ennuie ferme dans tous les passages où le maître montre que lui sait ces distinctions, et qu'il est capable de dire si son traducteur portugais a fait le bon choix à un problème posé ou pas.
Ce qui me dérange, c'est qu'Eco dit que tout bon traducteur devrait être capable de lire et comprendre la langue originelle d'un livre traduit qu'il doit à son tour traduire. Il donne en cela l'exemple à suivre du traducteur japonais qui doit traduire la version anglaise d'un écrit français (ou autres langues, mais c'est de toute façon le même principe). Parce qu'on sait que traduire des traductions c'est pas top, ledit traducteur japonais s'est référé au texte français pour vérifier si l'anglais correspondait ou s'il y avait des divergences. Excusez-moi si j'ai oublié d'apprendre le suédois ou le tamoul quand j'étais plus jeune, mea culpa. Franchement, tout traducteur ne peut pas maîtriser plusieurs langues au point d'en percevoir TOUTES les subtilités !! Ou alors Umberto Eco s'y croit trop.
Néanmoins, on trouve dans cet ouvrage des choses intéressantes, même si le début inventorie toutes les règles de base qu'un traducteur digne de ce nom sait déjà.
Enfin, on trouve des choses amusantes, entre dix-douze citations de nos copains linguistes "relous" Benjamin, Sappir et Cie.
Brrr, je suis contente d'avoir fini !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Comme souvent dans les textes d'Eco, il manque à celui-ci un peu de passion, un peu d'envolée fantaisiste qui le rendre pleinement séduisant. Mais la très grande érudition d'Eco et la subtilité de ses lectures parvient à nous donner l'impression de faire l'expérience d'une réalité constituée dans d'innombrables langues, bien que l'on sache qu'il ne s'agit que d'une illusion et que ce n'est que le travail de lecture et de collection qui mène le sémiologue à ce résultat. On se demande d'ailleurs où il a trouvé le temps de rassembler tous ces exemples.
Eco pêche peut-être, pour une fois, par une méthode un peu défaillante : la succession des thèmes paraît un peu confuse. Reste la subtilité de ses lectures et l'amusement de la prise de conscience d'une réalité mondialisée, car l'auteur s'est amusé manifestement dans ses textes à poser des problèmes aux lecteurs non immédiatement visés par ses romans, c'est-à-dire italophones... et il s'est aussi amusé dans ce texte-ci à insérer des renvois intertextuels. Un gros travailleur tout de même cet Eco.
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Un livre pour les amoureux de la lecture, et qui ouvre aussi des réflexions sur tout langage...Pourquoi les traductions vieillissent-elles? Comment une traduction peut elle-être ridicule ? Comment passe-t-on d'un livre a un film ? Qu'est ce que l'herméneutique? Autant de questions et mille autres qui trouvent leur réponse de façon passionnante ...et souvent drôle!
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La "fidélité" manifeste des traductions n'est pas le critère qui garantit l'acceptabilité de la traduction (si bien qu'il faut revoir l'arrogance de la condescendance "belles mais infidèles"). La fidélité est plutôt la conviction que la traduction est toujours possible si le texte source a été interprété avec une complicité passionnée, c'est l'engagement à identifier ce qu'est pour nous le sens profond du texte, et l'aptitude à négocier à chaque instant la solution qui nous semble la plus juste.
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D'aucuns pourront observer que, tout en s'adressant à un public non strictement spécialisé, ces pages semblent trop demander au lecteur, car elles sont constellées d'exemples en au moins six langues. Mais, d'une part, je donne d'abondants exemples, justement pour que celui qui n'est pas familier d'une langue puisse vérifier dans une autre langue – et puis le lecteur pourra sauter les exemples qu'il se réussit pas à déchiffrer. D'autre part, il s'agit là d'un livre sur la traduction et donc on suppose que celui qui l'ouvre sait à quoi s'attendre.
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Il arrive parfois que le terme d'une langue renvoie à une unité de contenu que d'autres langues ignorent, et cela pose de sérieux problèmes aux traducteurs. Mon dialecte natal a une très belle expression, "scarnebiè", pour indiquer un phénomène atmosphérique qui n'est pas tout à fait du brouillard ou du givre, n'est pas encore de la pluie, mais une sorte de crachin épais, qui opacifie un peu la vision et cingle le visage du passant, surtout s'il roule à bicyclette. Il n'existe aucun mot italien qui traduise efficacement ce concept, si bien qu'on pourrait dire avec le poète que « nul ne l'entend s'il ne l'éprouve ».
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Dans "L'Île du jour d'avant", les chapitres ont un titre qui suggère vaguement ce qu'il s'y produit. En réalité, je me suis amusé à donner à chacun le titre d'un livre du XVIIe siècle. Cela fut un tour de force, très peu rentable, car le jeu n'a été compris que par les spécialistes de cette période (et encore, pas par tous), et surtout par des libraires antiquaires et bibliophiles. Moi, cela me suffisait et j'étais content malgré tout : parfois, je me demande si je n'écris pas des romans uniquement pour me permettre ces références compréhensibles de moi seul, mais je me sens comme un peintre qui représenterait un tissu damassé et qui, entre les volutes, les fleurs et les corymbes, tracerait – presque invisibles – les initiales de son aimée. Peu importe si même elle ne les identifie pas, les actes d'amour sont gratuits.
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Au cours de mes expériences d'auteur traduit, j'étais sans cesse déchiré entre le besoin que la version soit "fidèle" à ce que j'avais écrit et la découverte excitante de la façon dont mon texte pouvait (et même parfois devait) se transformer au moment où il était redit dans une autre langue.
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>Langues>Linguistique>Usage. Linguistique appliquée (13)
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