Si la pauvreté est définie aujourd'hui comme un seuil économique, elle apparaît dans les sociétés préindustrielles comme un risque, celui par exemple de ne pas travailler. «Un homme n'est pas pauvre parce qu'il n'a rien, explique
Montesquieu, mais parce qu'il ne travaille pas.» Dans cette somme consacrée à la pauvreté dans l'Europe du XVIIIe siècle,
Laurence Fontaine s'efforce d'approcher la pauvreté en étudiant non pas le groupe social des pauvres ou des mendiants mais en partant des individus et de leur capacité d'action, faisant ainsi sienne une approche proposée par des économistes comme
Amartya Sen. Elle s'appuie ainsi sur de nombreuses biographies d'individus et de familles, accordant une place particulière aux femmes, afin de reconstituer leur parcours de vie et leur capacité à faire des choix, souvent sous contrainte. Ces expériences lui permettent d'approcher les multiples stratégies mobilisées pour survivre : la pluriactivité indispensable pour compenser un salariat précaire, les déplacements fréquents pour trouver des secours mais aussi pour fuir les éventuelles poursuites policières, le recours à la prostitution.
Extrait de ,Libération