Le roman avait été un coup de coeur, une déflagration totale, j'avais terminé ma lecture avec le coeur en vrac devant tant d'injustice, devant ce racisme honteux, cette ségrégation intolérable et sur la parodie de justice que je venais de lire…
Hélas, au fil du temps, si je me souvenais du plus important, j'avais oublié les petits détails. Je l'avais lu en septembre 2015…
L'adaptation en bédé était donc le moyen le plus simple de me remémorer l'intégralité de ce roman qui me semble important et que, pourtant, on veut interdire aux États-Unis.
Alors oui, le N-Word est présent, il est écrit en toutes lettres, comme il l'était dans le roman original. Est-ce que ça choque ? Oui et non…
C'est un morceau de l'Histoire des États-Unis qu'on lit, une page du grand livre de la ségrégation raciale, du racisme, des injustices, de la haine, du suprémacisme, alors, il ne faut pas s'attendre à des mots doux. Donc oui, il est inscrit très souvent le mot "nègre". Je déteste ce terme insultant, mais nous sommes en 1930, en Alabama, une terre sur laquelle la ségrégation raciale a toujours lieu.
D'ailleurs, si dans un livre qui traite d'un tel sujet, à une telle époque, les protagonistes utilisaient un langage policé et à ne pas utiliser ce terme insultant, ce serait tout simplement un anachronisme ! Je pense que je serais plus choquée qu'un auteur se censure et ne travestisse l'Histoire. L'Histoire est sale, sanglante, mais la cacher sous les tapis ne la rendra pas moins atroce.
Les dessins de ce roman graphique sont tout simplement magnifiques, détaillés, avec des tons chauds et le dessinateur a pris soin de reprendre tout ce qui était important dans le roman d'
Harper Lee, sans en trahir l'histoire, le récit.
C'est avec délice que je me suis rendue à Maycomb cette petite ville de l'Alabama, retrouvant avec plaisir la jeune Scout et son frère aîné, Jem, ainsi que leur père, Atticus Finch. Je me suis laissé porter par leurs jeux d'enfants, par leurs bêtises et leur apprentissage de la vie.
Cette adaptation, tout comme le roman, est aussi une vitrine de l'Amérique des années 30 et croyez-moi, tout n'y est pas joli, joli. L'autrice décrivait très bien cette ruralité, les enfants qui n'allaient pas à l'école, la misère crasse dans laquelle certaines familles vivaient, dépendant toute entière des chèques de l'assistance, nous montrant les séparations qu'il y avait entre les classes sociales et ce que l'on attendait des femmes et des jeunes filles.
N'ayant jamais oublié le final du roman, mon coeur s'est serré quand a commencé le procès du jeune homme, Noir, accusé d'un crime grave, par une jeune fille de 19 ans, Blanche. Une parodie de justice, où l'on se moque des preuves, où l'on ne tient pas compte d'une incohérence, d'un fait, d'une preuve… Non, le Noir doit payer, les Blancs sont tout-puissants et ils ont toujours raison.
Comme pour le roman, j'ai terminé cette adaptation bédé avec le coeur serré, les tripes nouées, les larmes aux bords des yeux. Certes, ce n'est qu'une histoire, mais on sait bien que cette histoire, cette fiction, n'est jamais que le récit d'Histoires vraies, qui ont eu lieu, dans cette Amérique, où les Noirs étaient toujours coupables et où les Blancs voyaient leurs paroles crues.
Une adaptation à lire, pour ne pas oublier ce qui a eu lieu, ce qui a encore lieu, chez eux, chez nous, toutes ces injustices qui nous plombent et qui envoient des innocents à la casse, tant ils sont de parfaits boucs émissaires, de parfaits coupables…
Un coup de coeur pour cette adaptation, tout comme le roman original, qu'il faut lire et faire lire à d'autres.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..