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EAN : 9782070329434
480 pages
Gallimard (24/11/2005)
3.89/5   35 notes
Résumé :

Il est des ouvrages qui, très vite, s'imposent comme des classique: contemporains. Depuis sa parution en 1985, cette Histoire politique de la religion est tenue pour telle. L'ouvrage comble, il est vrai, une grande lacune, depuis les travaux pionniers de Durkheim, Max Weber et Rudolf Otto, en rendant au sujet la place qu'il mérite. Car le religieux a modelé activement, et plus profondément qu'il n'y paraît, la réalité co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Retracer les thèses fécondes de Marcel Gauchet n'est pas une tâche facile, tant son discours, auquel on finit par adhérer, se dérobe sous un style savant. Très compliqué et peut-être très simple. Une histoire politique de la religion, donc, mais aussi, une histoire religieuse de la politique.

Au commencement était la religion, le monde était coupé radicalement de son origine tout en en conservant les marques partout. Tout faisait sens, tout était magie. le religieux était partout. Chacun était à sa place, à son rang. C'était comme ça. Dieu avait institué le monde à son idée, les hommes n'avaient qu'à suivre. (Ce que je raconte est d'une platitude invraisemblable, je résume et j'aplatis des idées bien plus élaborées, mais voilà, je fais ce que je peux, je traduis mal mais de manière à ce que peut-être j'en retienne quelque chose). Tout aurait très bien pu rester comme ça. Sauf que s'est développée une religion pas comme les autres, la religion qui a permis la sortie de la religion, qui la contenait structurellement en elle, le christianisme.

Gauchet insiste sur les effets de structure, sur une certaine logique du changement, sur ce qui rend possible une évolution que L Histoire, dans son indétermination, effectuera ou pas. Tout aurait très bien pu se passer autrement, mais pas n'importe comment. Qu'est-ce qui se passe avec le christianisme ? Encore une fois, simplifions à outrance en espérant ne pas déformer. Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, s'est fait chair pour nous sauver. Qu'est-ce que ça veut dire ? Que le tout autre, le Dieu qui, dans les religions d'avant, avait créé un monde au commencement pour nous l'avait laissé avec ses signifiances établies, devient le même, l'humain ici et maintenant. Dieu se rapproche. Il devient un autre en nous. Nous sommes Jésus, homme et Dieu, quand nous sommes chrétiens. Ce qui était extérieur devient intérieur. le transcendant devient immanent. (Gauchet est beaucoup plus logique, cohérent que moi, il me semble que je résume en sautant des étapes et qu'il me manque quelque chose pour comprendre vraiment le processus de désenchantement du monde).

Bref, où en sommes-nous aujourd'hui ? Dans un monde qui n'a plus la religion comme fondement, dans un monde où tout est dans l'homme, le même et l'autre, dans un monde dynamique alors que le monde religieux était posé comme établi une fois pour toute. Nous vivions avant dans le passé qui se réitérait dans le présent, nous vivons désormais dans la construction d'un futur qui nous échappe, tendus vers ce qu'il est possible que demain soit mais à jamais dans l'ignorance de ce futur. Nous sommes condamnés sans fin à agir plutôt qu'à être, à ne plus savoir qui nous sommes mais à nous créer hommes, sujets libres, sans Dieu ni maîtres autre que nous-mêmes et donc d'autant plus soumis à des forces qui ont le défaut d'être cachées alors qu'elle sont nous. Bref, Rimbaud a dit en quatre mots ce que Gauchet dit en quatre-cent pages, je est un autre.
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Bien que philosophe de formation, puis enseignant un certain temps, j'ai trouvé ce livre aride, ardu et très souvent abscons, planant à haute altitude dans le ciel pur des idées.Elles s'y réfrigèrent et s'y dessèchent. "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement"; ce n'est pas le cas ici...Sans doute une concession à la mode intello jargonnante de l'époque permettant de se distinguer à peu de frais du "vulgum pecus"! A vrai dire, et sur le fond, je n' ai pas retenu grand chose de ce livre qui demande beaucoup d'effort pour peu de résultats.Une enquête sociologique ou historique documentée nous en dirait beaucoup plus, je pense. Beaucoup de théorisation dans l'abstraction la plus éthérée. Quasiment pas d'illustrations ni d'exemples pour appuyer sa thèse; une théorie des relations entre politique et religion dont on ne comprend pas vraiment la base concrète. Il faut souvent s'y reprendre à 3 ou 4 fois pour saisir un paragraphe. Et quand on l'a enfin saisi, on se dit: "Ah bon!..c'est tout..." On aimerait savoir ce qui, dans le réel, étaye sa théorie.On a envie de dire; des preuves!! Rien n'est contestable, puisque rien n'est prouvé... Donc c'est un livre incontestable! Formidable... Ma déception provient sans doute aussi du fait que j'ai lu ce livre -réputé- en 2018, alors qu'il a été écrit en 1985, dans un autre contexte (même s'il a servi de base à toute la réflexion ultérieure de Marcel Gauchet sur politique et démocratie.) Je peux me tromper, mais on n'y trouve pas à mon point de vue, la réflexion stimulante qu'on pourrait attendre aujourd'hui pour réfléchir sur la place du religieux à notre époque. Ça ne m'incite pas à lire sa production ultérieure sur la démocratie! En même temps, c'est un peu le défaut des "philosophes" de tourner en circuit fermé.! A mon avis, c'est le type de livre pour lequel un bon résumé devrait suffire.(Quelque-uns s'y sont essayé ici, je vois. Je les remercie.Pour moi, c'est au-dessus de mes forces...) Je retourne à mon Régis Debray.
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A ma première lecture de cet essai lors sa parution en 1985, l'abstraction du sujet et la complexité de la langue m'avaient contraint à l'abandon assez rapidement . Je prends donc la lecture achevée ce jour comme une preuve de maturation intellectuelle ( c'est flatteur) ,de patience acquise et surtout comme résultat du temps libéré par la retraite . le projet de l'auteur (« une histoire politique de la religion ») m'apparaît plus clairement même si je ne prétends pas en avoir saisi la totalité et j'en saisis mieux l'aspect original , une bonne partie étant tout à fait contre-intuitive. J'en retiens des analyses intéressantes sur notre époque ( même si je ne les partage pas toutes) . Si vous aimez les vues « aériennes » de l'histoire humaine et ne craignez pas d'affronter un langage un peu jargonnant par volonté de rigueur , ce livre vaut d'être lu.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Entre l'amour de soi jusqu'à l'éviction du reste (narcissisme) et la volonté d'abolition de soi dans ses expressions les plus variées, entre l'absolu de l'être et l'être rien, peut-être n'aurons-nous plus jamais fini de balancer. Voilà en tout cas la douleur lancinante, journalière, que nul objet sacral ne nous permettra d'oublier: l'inexpiable contradiction du désir inhérente au désir même d'être sujet.
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Autant il est indispensable par conséquent de comprendre la relation nouée avec l'avenir au sein de nos sociétés dans la ligne et comme l'équivalent structurel de ce que furent la relation au passé mythique et la relation au présent de la raison divine, autant il est nécessaire de marquer les différences qui en font le contraire d'une relation religieuse. Formellement, la fonction reste la même : c'est toujours d'institution de l'identité collective au travers de la séparation d'avec un pôle invisible de devoir-être qu'il s'agit, de lecture de soi depuis le dehors de soi. Cela n'autorise pas à conclure qu'on se trouve devant un nouveau visage de la religion éternelle devenue simplement une religion de l'avenir. Car en fait de dehors de soi, l'avenir en fournit un d'une ambiguïté très remarquable, en lequel l'autre et le même s'allient inextricablement. Le non-soi y est en même temps virtuellement soi, la transcendance perpétuelle ne s'y sépare pas de l'immanence potentielle. De sorte que, sous couvert d'homologie de fonction, le mode de fonctionnement, le mode de relation à soi par l'autre que soi s'inversent. La différence temporelle était l'instrument d'une relation privative et interdictrice (nous n'avons pas fait, nous n'avons pas à toucher) à un ordre reçu comme objectif, puisqu'une fois pour toutes décrété par une subjectivité extérieure, pour s'arrêter à ce seul cas de figure. Elle devient, quand l'invisible législateur prend couleur d'avenir, l'élément même d'une reconnaissance du caractère générateur de l'activité humaine, et l'axe d'une permanente ressaisie identificatoire du collectif en son changement même (demain sera foncièrement différent d'aujourd'hui, nous y seront cependant toujours nous-mêmes, et c'est nous qui l'avons fait). C'est-à-dire l'opposé exact, sur tous les points, de ce qui fut l'entente du monde et du lien entre les êtres des religions constituées. Comment maintenir le mot, dans ces conditions, sans introduire une confusion majeure?
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La société moderne, ce n'est pas une société sans religion, c'est une société qui s'est constituée dans ses articulations principales par la métabolisation de la fonction religieuse.
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Vidéo de Marcel Gauchet
Non, le populisme ne saurait être réduit ni à l'icône de ses sectateurs, ni à la caricature de ses détracteurs. Par-delà les espérances et les insurrections, les craintes et les répressions qu'il a suscitées, alors que ce mouvement hier planétaire semble aujourd'hui retomber, c'est le propos de cet essai novateur que de le réinstaurer à sa juste place dans l'histoire. En décryptant sa gestation à la lumière de l'anthropologie. En scrutant sa construction à l'aune des théories politiques et des imaginaires culturels. Et si le populisme était le signe d'une crise de civilisation ? D'une fracture majeure dans l'idéologie du progrès ? Et s'il était né d'un refus de la neutralisation de la Cité ? D'une nostalgie des passions, des aventures, des utopies ? Mais aussi d'un retour du sens commun, du sacré, de la souveraineté ? Et si les peuples étaient simplement partis à l'assaut du ciel pour se recréer un horizon ?
Ce livre d'histoire immédiate, qui offre un panorama mondial des mutations en cours, s'attache aussi à en éclairer les soubassements symboliques. Il fait dialoguer Régis Debray et Marcel Gauchet avec Jeff Bezos. Ou encore Antonio Gramsci et Norbert Elias avec Daenerys Targaryen. Mais aussi les aristocrates paupérisés du Grand Siècle avec les occupants rebelles de Wall Street. Et les esthétiques des avant-gardes avec les révoltes émeutières des masses. Pour mieux appeler au sursaut.
Diplômé de Sciences Po, fondateur du média en ligne Le Vent Se Lève, membre des conseils scientifiques de l'Institut Rousseau et de la Fondation Res Publica, Antoine Cargoet a dirigé l'ouvrage collectif L'Histoire recommence. Il est aujourd'hui éditeur et signe ici, à 25 ans, son premier livre.
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