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EAN : 9782253001294
192 pages
Le Livre de Poche (01/11/1967)
3.67/5   873 notes
Résumé :
Jean Girandoux
Électre


Agamemnon, le Roi des Rois, a sacrifié sa fille aux dieux. Son épouse, Clytemnestre, l'assassine à son retour de la guerre de Troie, aidée de son amant, Égisthe. Oreste, le fils unique, est banni. Reste Électre, la seconde fille. «Elle ne fait rien. Elle ne dit rien. Mais elle est là. Aussi Égisthe veut-il la marier pour détourner sur « la famille des Théocathoclès tout ce qui risque de jeter quelque jour un lustr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 873 notes
Une heureux hasard -ou destin- a mis sur ma route le théâtre de Giraudoux. Ayant pu admirer une dynamique troupe lyonnaise jouant Electre, puis Laetitia Casta en Ondine, je ne pouvais que m'intéresser à cette réécriture des mythes dans ce théâtre contemporain. Habituellement prudent lorsque je lis "contemporain", j'ai adoré ces réécritures de Giraudoux !

Giraudoux met de la magie moderne dans la tragédie, et y transpose son regard critique sur la bourgeoisie et la femme du XXème siècle.

J'aime ses images marines, mêlant le burlesque à une certaine préciosité ; Giraudoux est un travesti, glissant ses mots joueurs tour à tour dans le personnage du mendiant, des Euménides, ou d'Agathe.

Epoussetant ce cher vieil Homère, bravant Sophocle et Euripide, et tournant presque à l'Agatha Christie, il glisse entre deux actes ce magnifique lamento du jardinier : "moi je ne suis pas dans le jeu. C'est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire"... mais qu'il nous dit quand même...

L'analyse des personnages, luttant pour le pouvoir, enferrés dans leurs névroses familiales freudiennes, le personnage d'Egisthe, véritable héros nietzchéen, rappellent au lecteur ou spectateur l'année de publication d'Electre : 1937.

Oui, décidément j'aime beaucoup le théâtre de Giraudoux, cette façon de respecter outrageusement les régles de la tragédie antique, tout en y glissant incongruités, anachronismes, fantaisie et jeu parodique. Ce faisant, il exorcise le tragique, exorcisme dont avait tant besoin l'année 1937, et sûrement aussi l'année 2019... et c'est au jardinier qu'échoit le dernier mot, philosophie des bisounours certes, mais ô combien précieuse : "Joie et amour, oui. Je viens vous dire que c'est préférable à aigreur et haine."

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On est là dans la tragédie antique : Agamemnon, le Roi, a sacrifié sa fille Iphigénie aux Dieux. de retour de la guerre de Troie, il est assassiné à son tour, par son épouse, Clytemnestre aidée de son amant, Égisthe.
Oreste, le fils unique banni, il ne reste plus qu'Électre. Aussi Égisthe veut-il la marier… Bon débarras !
C'est sans compter avec le retour d'Oreste… Dès lors Electre n'est plus que haine et désir de vengeance dans le conflit qui l'oppose à sa mère. Ni l'un ni l'autre des deux frère et soeur, ne savent comment leur père est mort. La pièce tourne à l'enquête policière en même temps qu'elle évoque la condition de la femme dans notre monde contemporain ; et c'est là toute la modernité de Giraudoux.

Une pièce qui fut donnée pour la première fois le 13 mai 1937 au Théâtre de l'Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet. Une réécriture d'un mythe antique qui ne manque pas de nous questionner.
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Quel magnifique remaniement de la pièce de Sophocle et d'Euripide (entre autres, pour ne citer que les poètes de l'Antiquité grecque) ! Dans la mythologie grecque, Electre est une femme de la famille des Atrides et est de sang royal puisque fille du roi de Mycènes, Agamemnon et de Clytemnestre.

Dans cette pièce en deux actes de Jean Giraudoux, Electre , qui a beaucoup pleuré la mort de son père, accepte le sort qui lui est réservé, à savoir celui d'épouser un simple jardinier. Ainsi, Egisthe, le régent de Mycènes, se voit ainsi assuré sa place légitime sur le trône ayant pris soin au préalable d'exiler Oreste et si Electre venait à avoir des enfants, ces deniers ne pourraient pas prétendre à la place qui leur est dû étant donné que leur père lui-même ne sera pas de haute lignée. Quel plan admirablement bien préparé et machiavélique conçu par Egisthe, qui n'est autre que l'amant de la reine en personne.
Cela aurait pu admirablement bien fonctionner si Electre ne haïssait pas sa mère depuis toujours et n'avait pas ressenti chez elle quelque chose de malsain et de perfide mais sans le retour de son frère, elle n'aurait jamais eu le courage d'agir et de faire éclater la vérité sur la mort de son père !

Une tragédie qui a fait couler beaucoup d'encre et qui est admirablement bien remaniée ici sous la plume de Jean Giraudoux ! Un mythe incontournable de la Grèce antique qu'il est toujours agréable de (re)découvrir, même au XXIe siècle ! A lire !
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de pièce de théâtre. Celle-ci m'intriguait énormément car j'aime beaucoup les réécritures du XXème des pièces antiques.
J'ai vraiment adoré cette oeuvre. L'auteur a su préserver toute la magie, la profondeur et la gravité du mythe tout en le rendant très moderne et original. J'ai aimé l'absurdité de certains dialogues, les petites touches d'humour tout en légèreté. On est vraiment pris dans l'histoire, les pages se tournent d'elles-mêmes. J'ai parfois un peu de mal à accrocher aux pièces de théâtre : j'oublie les relations entre les différents personnages... Là il n'en a rien été, j'ai été irrémédiablement plongée dans la tragédie.
Le personnage d'Electre est très particulier, elle m'a fait penser à Antigone. Elle refuse le petit bonheur facile, les compromissions. Electre c'est la pureté, l'entièreté de l'être. Elle est prête à mettre en péril la cité, à accabler sa propre mère pour que la vérité éclate et que la mémoire de son père soit réhabilitée. Elle défend bec et ongles un père qu'elle a si peu connu. Il y a énormément de ressentiment et de haine dans cette famille des Atrides. La pièce est un crescendo qui finit en apothéose. Il y a aussi cette mère détestable mais qui cache sa vérité à elle depuis si longtemps...
Les personnages s'attachent quelques fois à de petits détails qui semblent sans importance, comme la barbe d'Agamemnon pour Clytemnestre. Cela illustre le caractère très fin et subtil de cette tragédie.
Certains personnages apportent vraiment un plus à l'histoire, un côté décalé et plus métaphysique qui m'a bien plus : le Mendiant, les Petites Euménides... Ils offrent à la pièce une perspective plus large, un aspect un peu absurde, voire comique.
Je ne peux que vous conseiller cette oeuvre qui est un véritable coup de coeur pour moi. Je pense que c'est l'une des meilleures réécritures qu'il m'ait été donné de lire (avec Antigone, bien évidemment)
Je vais sans doute me pencher plus avant sur les réécritures du XXème car ce sont des pièces qui me plaisent énormément. Auriez vous des recommandations ?

Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Pièce en deux actes, elle est une transcription moderne des tragédies de Sophocle, d'Eschyle, d'Euripide ... Légende revisitée par Giraudoux, elle présente un bon nombre d'anachronismes. On y trouve haine, meurtres, adultères... Giraudoux introduit une attaque de la ville d'Argos par les Corinthiens... et aussi la présence d'un couple (Président - Agathe) qui aurait sa place dans un vaudeville.
Les tirades, surtout au début de l'oeuvre, m'ont paru longues et confuses, tout s'éclaire heureusement par la suite...
Note moyenne pour cette pièce devenue un classique du 20 ème siècle.
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Le lamento du jardinier.

On réussit chez les rois les expériences qui ne réussissent jamais chez les humbles, la haine pure, la colère pure. C’est toujours de la pureté. C’est cela que c’est, la Tragédie, avec ses incestes, ses parricides : de la pureté, c’est à dire en somme de l’innocence. Je ne sais si vous êtes comme moi ; mais moi, dans la Tragédie, la pharaonne qui se suicide me dit espoir, le maréchal qui trahit me dit foi, le duc qui assassine me dit tendresse. C’est une entreprise d’amour, la cruauté... pardon je veux dire la Tragédie. Voilà pourquoi je suis sûr, ce matin, que si je le demandais, le ciel m’approuverait, ferait un signe, qu’un miracle est tout prêt, qui vous montrerait inscrite sur le ciel et vous ferait répéter par l’écho ma devise de délaissé et de solitaire : joie et amour. Si vous voulez, je le lui demande. Je suis sûr comme je suis là qu’une voix d’en haut me répondrait, que résonateurs et amplificateurs et tonnerre de Dieu, Dieu, si je le réclame, les tient tout préparés, pour crier à mon commandement : joie et amour. Mais je vous conseille plutôt de ne pas le demander. D’abord par bienséance. Ce n’est pas dans le rôle d’un jardinier de réclamer de Dieu un orage, même de tendresse. Et puis, c’est tellement inutile. On sent tellement qu’en ce moment, et hier, et demain, et toujours, ils sont tous là-haut, autant qu’ils sont, et même s’il n’y en a qu’un et même si cet un est absent, prêt à crier joie et amour. C’est tellement plus digne d’un homme de croire les dieux sur parole, –sur parole est un euphémisme,– sans les obliger à accentuer, à s’engager, à créer entre les uns et les autres des obligations de créancier à débiteur. Moi, ç’a toujours été les silences qui me convainquent... Oui, je leur demande de ne pas crier joie et amour, n’est-ce pas ? S’ils y tiennent absolument, qu’ils crient. Mais je les conjure plutôt, je vous conjure, Dieu, comme preuve de votre affection, de votre voix, de vos cris, de faire un silence, une seconde de votre silence... C’est tellement plus probant. Ecoutez... Merci.
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Sur nos fautes, nos manques, nos crimes, sur la vérité, s'amasse journellement une triple couche de terre, qui étouffe leur pire virulence : l'oubli, la mort, et la justice des hommes. Il est fou de ne pas s'en remettre à eux. C'est horrible, un pays où, par la faute du redresseur de torts solitaire, on sent les fantômes, les tués en demi sommeil, où il n'y a jamais remise pour les défaillances et les parjures, où imminent toujours le revenant et le vengeur. Quand le sommeil des coupables continue, après la prescription légale, à être plus agité que le sommeil des innocents, une société est bien compromise.
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- Comment cela s'appelle t-il, lorsque le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, et que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
- Cela a un très beau nom, femme Narsès : cela s'appelle Aurore.
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Un étranger (Oreste) entre escorté de trois petites filles, au moment où, de l'autre côté, arrivent le jardinier, en costume de fête, et les invités villageois.

PREMIERE PETITE FILLE
Ce qu'il est beau, le jardinier!

DEUXIEME PETITE FILLE
Tu penses! C'est le jour de son mariage.

TROISIEME PETITE FILLE
Le voilà, monsieur, votre palais d'Agamemnon!

L'ETRANGER
Curieuse façade!... Elle est d'aplomb?

PREMIERE PETITE FILLE
Non. Le côté droit n'existe pas. On croit le voir, mais c'est un mirage. C'est comme le jardinier qui vient là, qui veut vous parler. Il ne vient pas. Il ne va pas pouvoir dire un mot.

DEUXIEME PETITE FILLE
Ou il va braire. Ou miauler.

LE JARDINIER
La façade est bien d'aplomb, étranger; n'écoutez pas ces menteuses. Ce qui vous trompe, c'est que le corps de droite est construit en pierres gauloises qui suintent à certaines époques de l'année. Les habitants de la ville disent alors que le palais pleure. Et que le corps de gauche est en marbre d'Argos, lequel, sans qu'on ait jamais su pourquoi, s'ensoleille soudain, même la nuit. On dit alors que le palais rit. Ce qui se passe, c'est qu'en ce moment le palais rit et pleure à la fois.
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Moi je ne suis plus dans le jeu. C’est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire. Dans de pareilles histoires, ils ne vont pas s’interrompre de se tuer et de se mordre pour venir vous raconter que la vie n’a qu’un but, aimer. Ce serait même disgracieux de voir le parricide s’arrêter, le poignard levé, et vous faire l’éloge de l’amour. Cela paraîtrait artificiel. Beaucoup ne le croiraient pas. Mais moi qui suis là, dans cet abandon, cette désolation, je ne vois vraiment pas ce que j’ai d’autre à faire !
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Videos de Jean Giraudoux (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Giraudoux
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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