C'est toujours un bonheur pour moi de découvrir un nouveau roman de Philippa gregory et je ne résiste pas au plaisir de chroniquer le dernier paru ! Il s'agit cette fois de «
La fille du faiseur de rois », qui fait directement suite à «
La reine clandestine » dans la série « The cousins'war ». le récit couvre la même période historique que le livre précédent mais est relaté ici du point de vue d'Anne Neville, ce qui est très intéressant car cela permet d'en apprendre davantage sur certains personnages qui n'étaient alors qu'entre-aperçurent et découvrir certaines intrigues sous un autre angle.
On peut diviser ce livre en quatre parties, de longueur totalement inégale :
1. L'enfance d'Anne Neville, qui prend fin lors des fiançailles au Prince Edouard de Lancaster (environ 120 pages)
2. Sa bref vie maritale, où elle passe son temps en compagne de guerre avec sa belle-mère Marguerite d'Anjou. Période qui prend fin lors de la mort de son époux. Anne se retrouve alors à la charge de sa soeur Isabelle Neville, jusqu'à l'arrivé de son Prince Charmant (environ 74 pages)
3. Sa vie avec son nouvel époux, Richard III, Duc de Gloucester, frère du Roi Edouard, et frère de son beau-frère George marié à Isabelle. (environ 200 pages)
4. Sa vie de Reine d'Angleterre. (environ 74 pages)
Ce sont l'enfance d'Anne Neville et sa vie en tant qu'épouse de Richard III qui m'auront le plus intéressé. Ce livre m'aura fait voir la petite Anne d'un oeil totalement différent. Ici j'ai découverte une Anne qui cherche juste à faire plaisir à son père, et qui est prête à tout pour cela. Pour elle son père est un héros qui mérite le respect et qui mérite d'être suivi. Anne est juste une innocente petite fille, qui cherche l'approbation et l'amour des siens.
Elle a grandi en ayant peur de la Reine Marguerite d'Anjou et du Roi Henri (qu'elle appelle La Méchante Reine et le Roi Endormi), tout deux détrônés par son père qui à ensuite mis Edouard d'York sur le trône, mais rêve de suivre la volonté de son père, en accédant elle-même au trône d'Angleterre.
Suite à son mariage au Prince Edouard de Lancastre, elle se rend finalement compte qu'elle n'est qu'un pion sur l'échiquier géant de son père « le faiseur de rois », tout comme sa soeur Isabelle. Que ni sa voix, ni ses souhaits ne signifient rien pour personne, elle décide donc de prendre son destin en main, et accepte d'épouser Richard d'York.
Certes, elle se retrouve une fois de plus sous le joug d'un homme, mais cette fois-ci d'un homme qui l'aime et prend réellement ses intérêts à coeur, et grâce à qui elle accédera enfin au trône d'Angleterre. Un des aspects du livre qui m'aura d'ailleurs le plus étonné et marqué est que l'auteure trace du futur Richard III un portrait plutôt attachant, très éloigné de la caricature shakespearienne qui prévaut traditionnellement.
Anne devient plus forte, plus indépendante et sûre d'elle, mais elle passera cependant sa vie à avoir une peur bleu de la Reine Elizabeth.
Mon seul regret concerne la dernière partie du livre. En effet, son couronnement et sa vie de Reine sont assez vite expédiés, comme si l'auteure était pressée de finir le livre, et prenait ainsi pas mal de raccourcie. La relation entre son mari et la Princesse Elizabeth est elle aussi très vite mis à la trappe. C'est vraiment dommage, d'autant plus que l'on en apprend pas plus sur ce point dans le livre «
La Princesse Blanche » qui raconte la vie de la d'Elizabeth, fille du Roi Edouard et de la Reine Elizabeth Woodville, à la suite du décès d'Anne Neville et de Richard d'York.
Autre personnage dont on entend justement parler tout au long de ce livre, et qui se trouve être l'ennemi mortel de la famille Neville : La Reine Elizabeth Woodville. Si dans «
La Reine Clandestine », elle apparaît comme étant une femme d'une beauté exceptionnelle, généreuse, chaleureuse, aimante, et qui surtout ferait tous pour protéger sa famille. Ici, elle vire davantage du côté obscure de la force. Elle apparaît plutôt manipulatrice. Toujours aussi belle, mais qu'une beauté froide. Toujours comploter avec les siens, afin d'assouvir ses envies de grandeur.Bref j'ai été étonné du génie par lequel l'auteure parvient à nous faire haïr un personnage que l'ont a d'abord suivit avec admiration.
«
La Fille du Faiseur de Rois » est un livre qui se lit très vite. le côté historique peut en rebuter certain, mais une fois la généalogie en tête, tout le reste défile très vite. La plume de l'auteur est en effet très fluide, les pages défilent donc d'elles même. Le fait d'entendre Anne raconter sa propre histoire renforce cette impression de fluidité.
Philippa Gregory arrive merveilleusement, une fois de plus, à donner une âme à chacun de ses personnages, certains haïssables certes, mais aucun ne paraît fade et sans personnalités.Il y a cependant certaines longueurs, et des moments où au contraire j'aurais aimé approfondir certains sujets (notamment sur la dernière partie). Et des points qui resterons en suspens, mais qui je pense ont fait l'objet d'un autre livre encore non traduit, ou non encore écrit.
Ce fut, comme d'habitude, un plaisir de me plonger dans un livre de cette auteure, et n'hésiterais pas à me précipiter sur le prochain livre à paraître.