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The Big Sky tome 1 sur 4
EAN : 9782330064525
576 pages
Actes Sud (02/06/2016)
4/5   167 notes
Résumé :
Boone Caudill et ses amis trappeurs rejoignent une expédition vers le Haut-Missouri, vaste région sauvage où vivent les Indiens Black Foot. Teal Eye, une jeune Indienne, fait partie du voyage.

La vie des trappeurs, des chasseurs de castors et des aventuriers, de 1830 à 1843. Howard Hawks tira de ce roman magnifique un de ses chefs-d'oeuvre (1952) et un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma.
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Je n'avais encore jamais lu jusqu'ici de roman western. Et bien je peux dire que La Captive aux Yeux Clairs a été une sacré belle découverte!
On y suit la fuite de Boone, 17 ans, fuyant son père violent et quittant le Kentucky pour suivre les traces de son oncle Zeb, trappeur dans l'Ouest, en territoire peaux-rouges. En cours de route, il fait la rencontre de Jim, partant lui aussi pour l'aventure et la liberté. Petit-à-petit, accompagné de Summers, trappeur aguerri, ils parcourront le fleuve Missouri sur un bateau de contrebande dans lequel Jourdonnais, le patron, cache Teal Eye, jeune Indienne blackfoot qu'il compte rendre à son père pour qu'il lui ouvre des routes toujours plus vers l'ouest. Ils s'enfonceront dans les terres encore sauvages, chassant castors et bisons pour les échanges de fourrure. Ils rencontreront les Blackfeet, fuiront les Sioux, sauront tout des différentes tribus indiennes dont ils partageront le territoire.
Même si elle est finalement peu présente dans le livre, Teal Eye sera celle qui guidera les pas de Boone - garçon puis homme rustre, renfermé, tenant à sa virilité mais aussi compagnon fidèle - à travers plaines et montagnes, car il passera des années à tenter de la retrouver, n'ayant jamais pu l'oublier. C'est elle aussi qui sera à l'origine du drame que vivra Boone.
Les descriptions de cet Ouest sauvage sont grandioses et ont, dit Bertrand Tavernier responsable de cette collection au sein d'Actes Sud, beaucoup influencé le cinéma western des années 50 et 60. Ce n'est pas surprenant: l'évocation des paysages, la description du comportement de ces trappeurs devenus à moitié sauvages, l'atmosphère, les bruits, le silence, et les rencontres avec les Indiens, tout ça est d'un visuel extraordinaire.
Boone, attaché à ces territoires indiens et sauvages, refusera de comprendre qu'on veuille les envahir, les exploiter, y faire venir les chemins de fer et l'agriculture; c'est pourtant la fin d'une ère qui s'annonce, et le début de l'Amérique moderne, exploitée et bientôt surexploitée.
J'ai hâte de lire les deux suivants de cette trilogie Big Sky qui abordent cette longue chevauchée vers l'Ouest, les premiers "settlement" et cette transformation irréversible du paysage américain.
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The Big Sky
Titre français : The Big Sky - Volume 1 : La Captive Aux Yeux Clairs
Traduction : Jean Esch
Préface : James Lee Burke
Postface : Bertrand Tavernier

ISBN : 9782330064525

Né dans l'Indiana, le 13 janvier 1901, Alfred Bertram Guthrie, mieux connu sous le nom de A. B. Guthrie, demeure à ce jour l'un des maîtres de ce que l'on nomme le western. En 1949, il devait d'ailleurs recevoir le Prix Pulitzer pour le second tome de "The Big Sky", publié en anglo-américain sous le titre de "The Way West" (et que vous pourrez retrouver aussi bien chez Denoël sous le titre "Oregon Express" que chez Babel-Actes Sud sous celui de "The Big Sky - Volume II : La Route Vers L'Ouest"). Vint ensuite un troisième volume, "Three Thousand Hills / The Big Sky - Volume III : Dans Un Si Beau Pays", qu'Actes Sud a également réédité. Ajoutons à ce trio très connu le genre mi-western, mi-policier qu'imagina Guthrie avec sa série "Chick Charleston."

Aux Etats-Unis, pour autant que nous le sachions et Bill DeBlasio n'ayant pas encore annoncé, au jour où nous tapons ce texte, d'autodafé pour tous les livres traitant de la Conquête de l'Ouest par les colons anglo-saxons, "The Big Sky" et les romans dans lesquels on retrouve certains personnages du premier volume, sont tenus, et à juste titre, pour un hommage poignant et authentique aux pionniers certes mais avant tout au pays qu'ils conquirent et aux différentes tribus indiennes qui en furent les premiers maîtres.

Blancs ou Indiens, Français ou Anglo-saxons, tous sont représentés aussi bien avec leurs qualités que leurs défauts dans cette "Captive aux Yeux Clairs", qui n'a pas grand chose à voir avec le film éponyme (et par ailleurs excellent) de Hawks. Mais le lecteur sera avant tout ébloui par les magnifiques descriptions de cet Ouest américain encore libre de tout "progrès" (le roman débute en 1830, à l'époque où les fusils à silex l'emportaient encore sur les toutes nouvelles armes à barillet), par le naturel avec lequel Guthrie nous y fait pénétrer ainsi qu'on entrerait dans quelque Paradis perdu, sans anges mais aussi sans démons, et par la majesté avec laquelle se déroulent ces pages, magnifiées par leur simplicité, à l'image de quelque fleuve puissant, mais paisible lorsqu'il n'est pas en crue, cruel et sans pitié lorsque la fureur le saisit.

Bon, c'est sûr : certains trouveront cela bien lent. D'abord, où sont les cow-boys ? Et puis, les Indiens ? Et enfin la Cavalerie ? ...
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Les Indiens, toujours aussi habiles à se fondre dans le paysage, sont évidemment présents. Les Big-Bellies (les Gros-Ventres) attaquent sauvagement l'expédition fluviale du marchand de fourrures Jourdonnais, un Français au demeurant très sympathique, qui a découvert, on ne sait trop ni où, ni comment, une adolescente de douze ans, Teal Eye, ainsi nommée en raison de la couleur de ses yeux, semblable au bleu du plumage de certaines sarcelles, fille d'un chef Blackfoot (Pied-Noir), dont il prend grand soin d'abord, comme je l'ai dit, parce que ce n'est vraiment pas le mauvais homme, ensuite parce qu'il espère ainsi, en la ramenant à son père, s'attirer la sympathie des Pieds-Noirs et pouvoir chasser en toute tranquillité sur leurs terres. Puis, on les revoit, tout d'abord en la personne d'une sorte d'errant un peu simplet, rebaptisé "Pauvre-Diable" par les trappeurs qui le recueillent, et ensuite avec Red Horn (Corne Rouge), lequel n'est autre que le frère de Teal Eye - notons d'ailleurs que tous deux sont en fait des Piegans, subdivision des Pieds-Noirs. de temps à autre, si mes souvenirs sont bons, des Sioux - très redoutés par tous - se pointent à l'horizon pour en découdre mais, pour l'instant, on s'en tient là.

Les cow-boys (le mot, si exotique à nos yeux, signifie littéralement "vachers") ne sont pas encore là attendu que l'Ouest est encore vide de tout Blanc, à l'exception des trappeurs et chasseurs.

Quant à la célèbre Cavalerie, eh ! bien, l'armée des Etats-Unis commençant à peine à construire ses forts, il est clair qu'elle brille par son absence.

L'intrigue fait entrer en scène un jeune homme de dix-sept ans, Boone Caudill, un brun nerveux et encore ignorant de cette prairie où ce taciturne au caractère entier, qui en a plus qu'assez de son ivrogne de père et gardera toute sa vie une haine profonde de toute forme d'autorité, que nous voyons s'enfuir à pied de la ferme familiale, en pleine nuit, dans le but d'atteindre Saint-Louis et d'y trouver du travail, rêve de faire sa vie. Sur la route, il se lie d'amitié avec un joyeux rouquin, qui a bien dix ans de plus que lui et aime d'autant plus à parler que, au moment où on le rencontre, il a accepté d'amener un cercueil à Saint Louis afin qu'on puisse inhumer le mort auprès des membres de sa belle-famille. Ce rouquin, qui, on le découvre assez vite, sait aussi bien réfléchir avant d'agir (ce qui sera toujours très difficile à Boone, caractère introverti, certes mais impulsif) que parler et plaisanter pour mettre à l'aise, se nomme Jim Deakins. Avec ses yeux clairs et son sourire étincelant, il est l'un des personnages les plus sympathiques du roman.

Après diverses mésaventures (le père de Boone a envoyé des gens à sa recherche car il est encore mineur), Jim parvient à le faire évader de la prison où on l'avait enfermé et tous deux éperonnent leurs chevaux (je crois bien que Jim en a volé un, c'est vrai) pour fuir Saint-Louis et voyager de compagnie.

Vous décrire leurs multiples aventures et l'amitié profonde qui se lie entre eux (amitié qui atteint à son sommet lors d'une expédition où, prisonniers d'un hiver trop froid, ils risquent bien de mourir de faim) n'est pas mon propos. Mais une chose indispensable doit être mentionnée : lors de leur expédition fluviale aux côtés du Français Jourdonnais et de son équipage, Boone est fasciné par la toute jeune Teal Eye et n'aura de cesse, après la fuite (ou l'enlèvement de celle-ci, l'explication n'est jamais donnée), de la retrouver là-bas, tout au loin, dans l'Ouest. Il l'épousera selon les rites piegans et en aura un fils, malheureusement aveugle.

Les Anciens disaient déjà que le Temps fuyait et, même si les Anciens ne sont plus là pour nous le répéter doctement en latin, le Temps n'a pas renoncé à fuir. Lorsque s'achève le roman, en 1843, Boone, à nouveau seul pour des raisons que vous découvrirez par vous-même si cela vous chante, retourne à la ferme qui l'a vu naître et que son père a quittée pour le Grand Voyage dont nul ne revient. Mais, malgré l'accueil chaleureux que lui font sa mère, bien vieillie, son frère, Dan et ses neveux, Punk et Andy - Cora, sa belle-soeur, ne peut pas le souffrir "parce qu'il ressemble à un Indien"), Boone reste un homme de l'Ouest, un trappeur, un chasseur. Si l'Ere des Trappeurs s'achève bien que, obstiné comme toujours, il se refuse à l'admettre, si une nuée de colons est prête à s'abattre, grouillante de ses milliers de sauterelles, sur l'Ouest lointain, si les forts tant réclamés ne cessent plus de pousser comme des champignons, si l'Industrie pointe enfin le bout de son terrible nez pointu, Boone le Taciturne ne peut échapper à ce qu'il est : il a toujours voulu vivre libre et il veut mourir libre. Toutefois, avant de quitter la région, il lui reste à rendre visite à Dick Summers, trappeur d'expérience qui avait longuement vécu avec Bonne et Jim et leur avait appris tout ce qu'ils devaient savoir pour devenir de bons chasseurs et se maintenir en vie en territoire indien. Quelques années plus tôt, Dick, sensiblement plus âgé qu'eux, avait jugé plus raisonnable de repartir vers la "civilisation" parce qu'il sentait l'âge s'emparer de lui. Il s'est marié et sa femme attend d'ailleurs un bébé.

Lorsque Boone arrive chez Dick, les retrouvailles sont semblables à ce que l'on connaît du caractère des deux hommes. Mais Dick le Sage comprend d'instinct que Boone en a gros sur le coeur ...

Ici s'achève ce premier tome qui ne donne qu'une envie : lire ceux qui suivent.

Au-delà de l'intrigue, on peut dire sans exagération que "The Big Sky" est un hymne fastueux à la Nature en général et au continent américain en particulier, un hymne aussi à la Liberté à condition toutefois de ne pas en faire n'importe quoi. Si nos gaucho-bobos osaient le faire sans tenir compte de leur haine habituelle de la civilisation américaine, ils parleraient même d'écologie. Ils en auraient même plein la bouche. Pourtant, à bien y regarder, notre trio de chasseurs respecte-t-il tant que cela la Nature ? Oui et non.

Oui parce qu'ils tuent avant tout pour manger. Non parce qu'ils le font aussi pour se procurer des ressources et aussi parce que, à certains moments, ils donnent l'impression de penser que cette pléthore d'animaux à abattre (à commencer par les bisons) n'aura jamais de fin. Contrairement à une légende tenace, ce n'est pas Buffalo Bill qui inventa la chasse sans fin des bisons. Sans doute organisa-t-il des "safaris" meurtriers mais la pratique existait avant lui, sans l'aspect "safari." Songez en effet que William Cody naquit en 1846, c'est-à-dire un an avant que ne s'achève ce premier tome de "The Big Sky."

Ce qui étonne, par contre, c'est que Guthrie ne fait guère s'inquiéter les Indiens de ce carnage. Encore moins tenter de s'y opposer. Là aussi, y a-t-il idée reçue, acceptation trop facile de la Fatalité ou, tout simplement, parti pris ? Pourtant, Guthrie est également décrit comme un historien.

Néanmoins, tel quel, "The Big Sky" reste une oeuvre à lire et à faire lire car, sans conteste, elle rend justice à la splendeur du continent américain. Et Boone, malgré ses défauts (qui sont nombreux) symbolise l'Homme libre (sans aucune pointe de rousseauisme, ouf ! nous voilà soulagés !), amoureux de la Liberté mais qui, à force de n'en faire qu'à sa tête, court le risque de faire perdre cette liberté tant respectée à un pays tout entier. Guthrie pose d'ailleurs la question dans le dernier tiers de cette fresque puissante dédiée à son pays et à tous ceux qui participèrent à le faire ce qu'il est, Indiens compris. Bonne lecture ! Gens pressés s'abstenir ! ;o)
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Premier volet publié en 1947 de la saga "The Big Sky" , dont les cinq volumes ont été traduits en français dans la collection L'Ouest,le vrai chez Actes Sud, orchestrée par Bertrand Tavernier.

Avant de s'y plonger, jeter un oeil à quelques cartes des Etats-Unis faisant état de « la conquête de l'ouest » permet de se remettre en mémoire et de mesurer l'ampleur, le gigantisme et la violence de cette expansion territoriale menée à un rythme stupéfiant, portée par l'espoir et baignée de sang.

Les trois figures tutélaires de cette conquête : la Terre, le Pionnier, et l'Indien, sont bien au coeur de « La captive aux yeux clairs », dont l'action se déroule entre 1830 et 1843.

Le territoire nord-américain est déjà « civilisé » en gros jusqu'au fleuve Mississipi. Boone Caudill quitte à 17 ans son Kentucky natal vers le Missouri pour fuir un père violent et vivre la vie rugueuse et libre des trappeurs. Quand il y reviendra 13 ans plus tard, appelé par sa mère, il aura compris que la vie aventureuse de chasseurs de castors qu'il a menée en territoire indien avec Jim Deavins et Dick Summers est amenée à disparaître, sous la pression démographique et commerciale des immigrants arrivés en masse, prêts à prendre « la route de l'Ouest » (le tome 2).

Pas de trame narrative pleine de rebondissements dans cette « captive aux yeux clairs », mais plutôt une succession de scènes fortes de chevauchées, de combats, de lutte pour la survie, de fraternité autour de personnages très incarnés, Summers le trappeur expérimenté que la maturité amènera à poser le fusil, Caudill le taiseux sans Dieu, Teal Eye la douce indienne chère à son coeur…

Et surtout une nature grandiose, omniprésente, sauvage, féroce, galvanisante qui prend vie sous la plume magistrale et incisive de A.B. Guthrie qui rend compte avec force et mélancolie d'un monde révolu.

Une lecture très marquante, qui donne envie de lire la suite (« la route de l'Ouest », entamée sitôt refermée « la captive » !), et pourquoi pas de voir le film qu'Howard Hawks en a tiré en 1952.
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"The big sky" est celui qui déploie sa voûte au-dessus des territoires de l'ouest, celui qui enveloppe les hommes et leur rappelle leur finitude.

"Les plaines se déroulaient à leurs pieds, des kilomètres et des kilomètres de plaines qui partaient rejoindre le ciel au bout du monde, dans un air si pur et si beau que le regard était pris de vertige." p. 393

En 1832, Boone Caudill quitte sa maison pour fuir un père violent et surtout pour éprouver sa liberté. Il rejoint un groupe de trappeurs en route vers le Haut-Missouri, région habitée par les Indiens Blackfeets. le chef de l'expédition, Dick Summers espère commercer avec eux, et pour se préserver d'un accueil sanglant, il ramène à bon port une jeune indienne, Teal Eye, la fille d'un chef Blackfoot. Boone s'aguerrit jour après jour et devient un véritable trappeur, amoureux du grand ouest et de la liberté qu'il lui procure.

"La rivière était large et encore haute, mais plus calme maintenant le long de la rive dégagée et presque débarassée de tout objet flottant. Les marins se remirent à chanter, tandis que le soleil descendait derrière les collines et une rognure de lune apparut, aussi pâle que la voile. Des bécassines marchaient sur les rives, certaines gris perle comme le manteau de Bedwell, d'autres avec le ventre rouge. Des engoulevents gémissaient dans le ciel et, provenant des collines qui formaient une crête mouvante à l'ouest, Boone entendait les cris d'un animal, faible, tremblotant et solitaire. Un petit frisson le parcourut, du bas jusqu'en haut du dos, agitant les poils de sa nuque. Tout cela faisait que la vie valait la peine d'être vécue." p. 136

Le grand ouest n'est pas exempt de dangers, entre les indiens, le froid, et surtout la recontre avec soi-même dans une prise de conscience vertigineuse de ses propres limites.

"Une terre brute, vaste et solitaire, trop grande, trop vide. Elle rapetissait l'esprit, le coeur se serrait, le ventre se nouait, sauvage et perdu sous une étendue de ciel si gigantesque que le paradis faisait peur." p. 202

Porté par un souffle épique incomparable, les aventures de Boone et de ses amis brillent d'une richesse incroyable. Chacun devra assumer ses choix de vie, ses sentiments, son vécu mâtiné d'un passé torturé, et son avenir, incertain sous l'immensité du Big Sky. Par la profondeur des personnages et des thèmes rencontrés, Guthrie nous prouve admirablement que le genre du western ne se résume pas à un simple combat entre cow-boy et indien. Il s'interroge également sur cette époque qui meurt jour après jour : c'était le temps où les castors et les bisons pullulaient dans les grandes plaines, mais années après années, les trappeurs constatent une modification de leur habitat. Les colons s'aventurent là où ils s'imaginent rencontrer des espaces vierges et prospères, les bisons se font rares, les grands espaces évoluent irrémédiablement. Par ces thématiques, Guthrie a pu être considéré comme le fondateur de ce que l'on nomme "L'école du Montana", ces écrivains qui témoignent de l'amour des grands espaces et des rapports avec l'environnement.
Une pépite que laquelle il faut se ruer !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Lors de chroniques précédentes, nous avons eu l'occasion d'aborder (un peu) la littérature "western", c'est ainsi que nous avons pu découvrir (ou redécouvrir") deux chefs-d'oeuvre du genre 1000 femmes blanches et Mémoires d'un visage pâle. Voici aujourd'hui un autre roman, tout aussi passionnant, La Captive aux yeux clairs, par A.B. Guthrie.
A.B. Guthrie (1901-1991) est un écrivain américain, scénariste et historien, auteur de nombreux romans dont une série "western" intitulée The big sky, nom générique issu du premier roman The big sky (en français La Captive aux yeux clairs)
La série comprend six volumes, dont quatre traduits en français : La Captive aux yeux clairs (The big sky - 1947), La Route de l'Ouest (The way West - 1949), L'irrésistible ascension de Lat Evans (These thousand hills - 1956) et Dans un si beau pays (Fair land, fair land - 1982). Restent encore inédits en France Arfive (1971) et The last valley (1975).
Le nom ne doit pas vous induire en erreur. le film éponyme (1952) d'Howard Hawks (un des monuments du western, au demeurant), s'il est bien tiré du roman, n'en utilise qu'une partie, et escamote certains personnages-clé du livre, à commencer par Dick Summers, l'un des héros.
Boone Cauhill, un adolescent de 17 ans qui fuit un père violent et borné, Jim Deakins, un aventurier, et Dick Summers, un trappeur pour qui les routes et forêts de l'Ouest n'ont pas de secret, remontent le fleuve Missouri vers la région où habitent les indiens Blackfeet (Pieds-Noirs). Ils amènent avec eux une jeune indienne, Teal Eye, qu'ils comptent échanger contre l'accès à de nouveaux territoires.
Tel est le point de départ de la Captive aux yeux clairs. C'est une extraordinaire épopée qui commence. Nature hostile, rivalités entre Blancs et Indiens, entre Indiens de diverses tribus (Blackfeet et Sioux, entre autres), paysages inoubliables, le roman tout entier est un poème à la célébration d'un monde - paradis perdu - qui est en train de disparaître. Les héros, qu'ils soient blancs ou Indiens en ont conscience, parce qu'ils vivent en osmose avec cette nature sauvage, et certains d'entre eux (Boone, par exemple), feront le choix de rester avec les Indiens pour préserver, le plus longtemps possible, un certain mode d'existence, une certaine conception de la vie, dans la liberté et la dignité.
La fin d'une Amérique, et le début d'une autre, tel est le prix du progrès. Mais c'est la Nature qui en fait les frais, tout comme toute une civilisation d'Amérindiens. Ce roman pose aussi quelque part le problème de la conscience des Américains - et de leur responsabilité - face à leur passé.

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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... C'était une vie agréable, la vie des Piegans. Il y avait la chasse au bison et parfois des escarmouches avec les Crows et les Sioux, ou les Nez-Percies, les Nez-Percés, qui traversaient les montagnes pour chasser les bisons des Blackfeet car il n'y en avait pas chez eux. L'été, le sommeil réchauffait un homme et l'hiver lui glaçait les os. Alors il restait près du feu, il mangeait de la viande séchée et du pemmican en cas de besoin, et il regardait souvent le ciel à l'Ouest pour guetter les bancs de nuages bas indiquant l'arrivée du vent chaud. La vie s'écoulait, jour après jour, depuis cinq saisons maintenant, et les journées s'enchaînaient, se fondaient les unes dans les autres. Quand on regardait en arrière, c'était comme si le temps se mordait la queue et continuait à aller de l'avant en venant du passé et à revenir en arrière, si bien que la veille ressemblait au lendemain. Ou peut-être que le temps n'avançait pas du tout et qu'il demeurait au contraire immobile pendant que le corps s'y déplaçait. Un homme chassait ou se battait, puis il s'asseyait pour fumer et parler le soir, et au bout d'un moment le silence s'abattait sur le campement, à l'exception des chiens qui se mettaient en tête de répondre aux loups, alors il rentrait dans sa hutte pour se coucher auprès de sa femme, et il ne pouvait rien demander de plus. Il était heureux de vivre ainsi, le ventre plein, libre, l'esprit en paix, avec une femme qui lui convenait.

Bonne ne croyait pas que Jim pourrait cesser de se ronger les sangs comme lui, car il n'avait jamais trouvé une squaw qui était bonne avec lui. Jim voulait toujours partir pour aller quelque part, à Union, à Pierre ou Saint-Louis. Boone avait énormément voyagé, mais pas pour aller dans des endroits où il y avait beaucoup de gens, il allait dans les montagnes ou il traversait le territoire britannique pour atteindre le Canada, où vivaient les Gros-Ventres quand ils étaient sédentaires. Il aimait les régions inhabitées, avec juste quelques Indiens et sa squaw.

Quand Jim revenait d'un voyage, il avait la bouche pleine de ces nouveaux forts qui se construisaient le long de la rivière, des nouveaux colons et des fermiers du Missouri qui vantaient les mérites de l'Oregon et de la Californie, comme si les montagnes étaient un endroit idéal pour les charrues, les cochons ou le maïs. Quand Jim se lançait dans ses tirades, Boone l'interrompait, il ne voulait pas perdre son temps avec ces idioties qui vous excitaient intérieurement.

Jim semblait toujours content de revenir, même s'il repartait toujours. ... [...]
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— Je ne m'intéresse pas aux castors. Je vous l'ai dit. Ce qui m'intéresse, c'est le développement, l'avenir. Vous semblez penser, parce que les Indiens n'ont pas su tirer profit de ces immenses territoires de l'Ouest, que personne ne peut y arriver.
— Ils vivent dans ce pays. Ils en vivent et ils s'amusent, répondit Boone. Alors, qu'est-ce que vous voulez, nom de Dieu ?
Peabody prit une profonde inspiration, comme s'il voulait être sûr d'avoir assez de souffle pour soutenir son argument :
— Quand un pays qui pourrait subvenir aux besoins d'un grand nombre de personnes subvient aux besoins d'un si petit nombre, bon sang, c'est que ses habitants n'ont pas bien utilisé ses ressources naturelles.
Ses yeux écarquillés se posèrent sur Boone, enthousiastes et polis, mais nullement effrayés.
— Cet échec, reprit-il, justifie une invasion, pacifique si possible, brutale si nécessaire, par des gens qui peuvent et sauront mettre à profit cette opportunité.
— Et moi, je dis que c'est des foutaises.
— Si vous vivez assez longtemps, vous découvrirez que vous avez tort. Vous ne le voyez donc pas ? Nous nous développons. Cette nation grandit. De nouvelles occasions vont se présenter, sans commune mesure avec tout ce qui a pu exister dans le commerce des fourrures. Le transport, le commerce, l'agriculture, l'exploitation forestière, la pêche, la terre ! Je ne peux même pas tout imaginer.
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Le fusil se cabra contre l'épaule de Boon, lézardant le silence. La balle produisit un bruit sourd et un petit nuage de poussière s'échappa du bison comme s'il avait été frappé par un caillou. Pendant un instant, il resta immobile, inactif et triste, et on aurait pu croire qu'il ne s'était rien passé, puis il partit vers la sortie du ravin, dans un galop pataud. Boone l'observait. Il entendit un autre claquement à côté de lui et vit l'animal plier les genoux et tomber en avant, sur le museau. Il bascula sur le côté en agitant les pattes, son souffle ressemblait à un ronflement.
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— Encore cinq ans et y aura plus que des peaux grossières, et ça va vite. Toi, Boone, et toi, Deakins, si vous restez ici, vous vous retrouverez dans la prairie à chasser, à tuer des bisons et à les dépecer, mais de ça aussi vous en verrez la fin.
— Pas dans cinq ans, répondit Summers. Plutôt cinquante.
— Ah ! Y a presque plus de castors déjà. Ce sera le tour des bisons ensuite. Dans cinquante ans, il restera même plus un pauvre bison. Vous verrez arriver les charrues dans les plaines et des gens s'installer pour cultiver la terre. (Il se pencha en avant, mains levées.) Ils se moquent de moi, mais ça empêche pas que j'ai raison. Ça peut pas être autrement. La Compagnie à elle seule expédie vingt-cinq mille peaux de castor par an, et quarante mille peaux de bêtes, au moins. Sans parler de tous les bisons qui sont tués par des chasseurs et jamais dépouillés, plus toutes les peaux utilisées par les Peaux-Rouges, et tous ceux qui se noient à chaque printemps. Ah !
— Il y a encore plein de castors, dit Summers. Il faut les chercher. On les attrape pas à l'intérieur d'un fort ou en allant chasser.
— Amen et va en enfer, Dick ! Pas facile de trouver du whisky à la chasse. Passez-moi ta bouteille. J'ai le gosier sec.
Boone fut surpris d'entendre sa propre voix, tendue et blanche :
— Pour moi, ce pays est toujours aussi neuf, neuf et beau.
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[...] ... Qu'il pose des pièges ou qu'il voyage, Jim Deakins observait le paysage pour guetter la poussière et les bisons, pour percevoir des mouvements, comme n'importe quel trappeur. En hiver et en été, les Blackfeet se déplaçaient vers le Sud, en partant des Three Forks, pour faire la guerre aux Crows, et continuaient leur chemin, bien loin de chez eux, pour éliminer les Blancs qui chassaient sur les cours d'eau et franchissaient les cols. Pourtant, ce n'était pas un signe indien qu'il voulait voir : les hommes de Bridger devraient apparaître au Nord d'un moment à l'autre maintenant, pour aller au rassemblement. Allen serait avec eux, peut-être, et aussi Lanter, Hornsbeck et tous les autres avec qui il avait passé du temps autrefois.

Chasser, c'était très bien, et hiverner de la façon dont l'avaient fait Boone, Summers et lui aussi mais un homme finissait par se sentir seul, il avait envie de voir des gens, de s'amuser. C'était bon parfois de raconter des histoires et d'en écouter, de fanfaronner, de rire pour un rien et de s'amuser sous l'effet du whisky, avec dans un coin de votre esprit la délicieuse certitude qu'après avoir parlé, parié, bu et chahuté, une jeune Indienne vous attendait, et ensuite, couché tranquillement avec elle, vous écouteriez les coyotes chanter et la rivière couler, vous verriez les étoiles briller et sentiriez sa chaleur, alors le sentiment de solitude aurait disparu, comme si le monde lui-même vous avait envoûté.

Prenez Boone, par exemple, on aurait dit qu'il ne se sentait jamais seul et n'avait jamais envie de voir des gens, sauf de temps en temps une squaw avec laquelle il en avait terminé presque aussitôt après avoir commencé. Il ressemblait à un animal, un jeune bison qui voyageait seul, se contentant de la terre, de l'eau, des arbres et du ciel au-dessus de sa tête. A croire qu'il parlait au paysage pour avoir de la compagnie, que le paysage lui répondait, et ça suffisait. Il était vite rassasié des gens et encore plus vite du whisky, qu'il ingurgitait comme un Indien ; il était déja saoul alors que n'importe qui d'autre se mettait juste en train. Et puis, un matin, avant même qu'on soit arrivé à la moitié du rassemblement, il se réveillait avec l'envie de partir dans des endroits où on ne voyait pas un Blanc pendant une éternité.

Summers était comme ça, d'une certaine façon, mais différent également car il semblait vivre dans sa tête la plupart du temps ; comme si c'était le passé qui lui tenait compagnie. Il s'asseyait devant le feu de camp et il fumait, ou bien il s'occupait des chevaux ou des peaux, et on sentait qu'il était loin, à l'intérieur de sa tête, il revoyait des choses anciennes, des choses qui s'étaient produites il y a longtemps, avant que le Mandan quitte Saint-Louis, il se revoyait enfant peut-être, dans le Missouri, ou jeune homme sur La Platte. Summers aimait la compagnie, certes, il aimait boire et s'amuser comme n'importe qui, mais de manière mesurée, comme si tout ce qui arrivait maintenant était moins important que le passé. Le poids de l'âge, certainement : heureux celui qui ne vivait pas trop vieux, sans être obligé de se dire qu'il avait vécu les meilleurs moments de sa vie. Dieu était cruel à certains égards en laissant un homme arriver au stade où il avait toujours envie de revenir en arrière, en lui montrant qu'il n'était plus l'homme qu'il avait été, l'obligeant à coucher dans un lit froid, sans lui permettre d'oublier le temps où il ne l'était pas. C'était comme si on le poussait à reculons au bas d'une colline et qu'il voyait le sommet s'éloigner un peu plus chaque jour, mais il l'apercevait toujours et il avait toujours envie d'y retourner. Parfois, Dieu paraissait vraiment mesquin. ... [...]
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Les personnages de Lucky Luke

Je suis le personnage secondaire "réel" le plus présent dans la série et je fais ma première apparition dans l'album "Hors-la-loi". Dès ma deuxième apparition, dans "Lucky Luke contre Joss Jamon", je prends les traits d'un jeune bandit coléreux, petit, nez retroussé, taches de rousseurs et incisives en avant, je suis la parfaite caricature des jeunes adolescents.

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