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William McGuire (Éditeur scientifique)Ruth Fivaz-Silbermann (Traducteur)
EAN : 9782070721597
784 pages
Gallimard (01/04/1992)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Des correspondances étonnnantes et très corsées sur tous sujets de psychanalyse profonde via les maladies psychosomatiques entre autres la dementia precotia ou démence précoce nommée aujourd'hui schizophrénie ...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La relation épistolaire entre Freud et Jung n'est pas particulièrement consacrée aux échanges d'idées qui se produisaient plutôt lors de leurs rencontres. Nous lirons leur correspondance moins pour y observer des joutes intellectuelles que pour constater les progressions et régressions d'une relation pour le moins houleuse.


Dès les premières lettres, les signes annonciateurs de la future discorde apparaissent assez clairement. Jung essaie de faire revenir Freud sur sa manière de concevoir la libido du point de vue de la sexualité, jouant sur la mauvaise presse que suscite une telle conception dans le milieu de la psychiatrie. Par ailleurs, l'investissement épistolaire n'est pas équivalent, Freud répondant presque immédiatement aux lettres de Jung tandis que Jung le fait parfois attendre un mois, mettant sa lenteur sur le compte de son « complexe d'autoconservation ». Les échanges restent cependant amicaux, chacun s'efforçant de faire preuve du plus grand esprit de conciliation et d'autocritique.


Cette correspondance nous prouve, si besoin était, que les rencontres entre les deux hommes furent également intenses – en témoigne l'enthousiasme de Freud qui écrit à Jung, après leur première rencontre : « votre personne m'a rempli de confiance en l'avenir, je sais à présent que je suis remplaçable comme tout autre, et je ne souhaite pas d'autre et de meilleur continuateur que vous pour achever mon travail, tel que j'ai fait votre connaissance. » Ces rencontres, sans doute, furent également propices à des échanges plus profonds que ce dont témoignent ces lettres, surtout consacrées à la stratégie de déploiement de la psychanalyse sur le territoire européen, à l'information sur la publication des derniers textes consacrés à la psychanalyse, et à divers ajustements théoriques et pratiques.


Dès la fin de l'année 1909, Jung se consacre de plus en plus amplement à l'étude de la mythologie, espérant éclaircir par ces matériaux les recoins les plus hermétiques de la psychologie. Freud l'encourage mais tempère aussi son enthousiasme : ce qu'il nous reste des mythologies antiques doit souvent être reconstitué, le temps agissant sur eux comme les processus de l'inconscientsur le rêve (condensation, déplacement, etc.).


Freud se montre d'ailleurs assez peu empressé à lire les premières ébauches de l'oeuvre essentielle à laquelle se consacre Jung en ces années (Métamorphoses de l'âme et ses symboles). Et pour cause puisque, à travers cet ouvrage, Jung remet radicalement en question la nature sexuelle de la libido telle que la conçoit Freud. Autrement dit, Jung cherche à refluer vers l'unité lorsque Freud pose comme principe de la psychanalyse la sexuation (la division subjective). Il faudra quelques lettres catastrophées d'Emma Jung pour que Freud se décide enfin à adresser à C.G. quelques encouragements formels.


Les lettres se font plus courtes, plus espacées. C. G. est atteint d'une bougeotte frénétique qui le pousse à élargir son cercle de connaissances dans le monde de la psychiatrie/psychanalyse d'un coin à l'autre du monde et jusqu'en Amérique, comme s'il s'agissait de prouver la validité de ses idées naissantes en dépit de la trahison faite à une voie d'orthodoxie freudienne. Les lettres de rupture témoignent de la part de Jung d'un certain orgueil, de l'envie peut-être de maintenir la relation sous le mode de la perversion (« Je me tiendrai publiquement de votre côté, en gardant mes opinions, et je me mettrai en secret à vous dire toujours dans mes lettres ce que je pense de vous. Je tiens cette voie pour la voie honnête »). Il estimait n'être plus du tout névrosé, c'est-à-dire qu'il s'estimait plein, sans faille, sans manque, et il l'était d'une certaine manière puisqu'il avait rejeté le discours de la psychanalyse, navigant en eaux troubles dans cette voie de dissolution qui dérive du discours du maître au discours capitaliste.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Comme vous l’observez, il est possible que ma retenue à l’égard de vos vues qui vont si loin repose sur une expérience insuffisante. Mais ne pensez-vous pas que l’on puisse peut-être considérer une série de points-frontière plutôt sous l’aspect de l’autre pulsion fondamentale, la faim ? Par exemple manger, téter (prépondérance de la faim), donner un baiser (prépondérance de la sexualité). Deux complexes qui existent simultanément ne doivent-ils pas toujours se fondre psychologiquement, de sorte que l’un contient toujours les constellations de l’autre ?

[Jung]
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La pulsion sexuelle est à l’origine auto-érotique, plus tard elle attribue aux représentations mnésiques des objets un investissement d’affect, l’amour d’objet. Un fantasme de désir comme celui que nous avons admis au début doit être considéré comme un investissement libidinal d’objet ; qu’il puisse, à présent, subir le refoulement avant de devenir conscient, cela peut se produire de diverses façons (caractéristiques principales des différentes psychonévroses). […]
Ce que la représentation d’objet a perdu en investissement, lui est tout d’abord rendu sous forme de croyance. L’hostilité envers l’objet qui se manifeste dans la paranoïa indique où est allée la libido. Cette hostilité est la perception endogène du désinvestissement libidinal. Vu la relation de compensation qui existe entre investissement d’objet et investissements du moi, il devient probable que l’investissement retiré à l’objet est ainsi retourné dans le moi, c’est-à-dire est devenu auto-érotique. Aussi le moi paranoïde est-il surinvesti – égoïste, mégalomane.
[…] Dans l’hystérie d’angoisse se produit le contraire de ce que nous avons supposé pour la paranoïa. Des stimulations externes, des P[erceptions] donc, sont traitées comme des processus internes, investis d’affect ; la simple représentation verbale agit comme un vécu interne ; la facilité à être effrayé.
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Il ne vous aura pas échappé que nos guérisons se produisent grâce à la fixation d’une libido régnant dans l’inconscient (transfert), que l’on rencontre le plus sûrement dans l’hystérie. C’est elle qui fournit la force pulsionnelle nécessaire à la saisie et à la production de l’inconscient ; là où elle se refuse, le patient ne prend pas cette peine et n’écoute pas quand nous lui proposons la traduction que nous avons trouvée. C’est en fait une guérison par l’amour. Il y a donc aussi dans le transfert la preuve la plus forte, la seule inattaquable, que les névroses dépendent de la vie amoureuse.

[Freud]
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L’hystérie se meut de préférence dans le domaine de la « conservation de l’espèce », et la paranoïa (dem.pr) dans le domaine de l’auto-conservation, c’est-à-dire de l’auto-érotisme. Une malade m’a dit une fois : « tous les événements ont quelque chose de si saisissant pour moi ». C’est contre cela que l’auto-érotisme sert de protection appropriée. Les psychoses (les inguérissables) doivent sans doute être comprises comme des isolements protecteurs qui ont échoué, ou plutôt qui se sont développés outre mesure.

Jung
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Je suis, dans le problème du choix de la névrose, sur la voie suivante, partant de la névrose obsessionnelle : les cas de névrose obsessionnelle se laissent percer à jour et se montrent dépendants de seulement trois (éventuellement deux) pulsions fondamentales, la pulsion de regarder et de savoir, et la pulsion d’emprise (sadique). De là son organisation en manie de ruminer et penser obsessionnel, et en impulsions obsessionnelles (actes obsessionnels). Il est à remarquer que ce sont là les seules composantes de la pulsion sexuelle qui ne soient pas auto-érotiques, mais dirigées d’emblée vers un objet. L’hystérie en revanche est attachée aux zones érogènes, et elle est généralement refoulement génital direct. Selon mon idée de faire remonter les névroses à des troubles dans le développement des destins de la libido, l’hystérie est donc due à des troubles (fixations et refoulements) dans le domaine des composantes érogènes, et les névroses obsessionnelles à ces mêmes troubles dans le domaine des composantes d’objet […].

Freud
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