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Velta Skujina (Traducteur)
EAN : 9782940701254
358 pages
Editions des Syrtes (22/04/2022)
4.21/5   34 notes
Résumé :

«Je suis née au goulag le 22 décembre 1952 au village de Togour, district de Kolpacbevo, région de Tomsk. Deux fois par mois, mes parents devaient obligatoirement se rendre à la komendatoura pour pointer.

Ainsi, les instances de surveillance soviétiques s'assuraient que les déportés n avaient pas quitté arbitrairement le lieu de relégation qui leur était assigné. Mes parents n ont pas voulu offrir d'autres esclaves au pouvoir soviétique, ... >Voir plus
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A part les historiens, qui sait encore aujourd'hui qu'au début du 20e siècle, la Lettonie était sur un pied d'égalité économique avec la Finlande? Qui se souvient que la Lettonie était un des pays européens où l'on retrouvait le plus d'intellectuels?
Par le choix de son gouvernement qui a cédé aux bolchéviques là où la Finlande a résisté, c'est tout un peuple qui a basculé dans la souffrance pour des décennies, engageant avec lui les futures générations.

Sandra Kalniete n'est pas encore ministre des affaires étrangères de Lettonie ou députée européenne au moment où elle décide de retracer le parcours de ses (arrières-grands)-parents. S'appuyant sur les souvenirs des survivants et sur les archives officielles qu'elle a pu dénicher, l'autrice déroule l'histoire de la Lettonie au 20e siècle en y intégrant sa famille.

De notre côté de l'Europe, nous n'avons pas une connaissance très pointue de ce qu'il s'est passé dans les pays baltes au moment de la montée du fascisme en Europe. Parce que, comme le dit l'autrice, au moment où Pétain posait les armes en France, "Le destin des petits états baltes était insignifiant comparé à la tragédie qui ébranlait l'Europe et le Monde". Et c'est un peu ce sentiment d'être les oubliés des hommes qui sourd à travers tout le récit. Personne pour arrêter les déportations vers la Sibérie, personne pour délivrer les lettons du IIIe Reich, personne pour arrêter les horreurs commises dans les camps de travail, personne pour s'opposer à Staline....

L'autrice documente chaque chiffre avancé, chaque fait historique... Vu qu'elle regrette que certains historiens, encore au début du 21e siècle, continuent de soutenir que les lettons étaient favorables à Hitler (alors que finalement ils étaient dans la même situation que la France de Pétain), je pense qu'elle a voulu à tout prix ne pas être prise en défaut, sur le moindre petit détail. Ce qui était intéressant pour le lecteur, c'est qu'elle a fait le choix d'insérer certaines explications plus politiques ou techniques dans des notes en bas de page, permettant ainsi le poursuite d'une lecture fluide dans le texte.

Même si le prétexte est de rendre hommage aux membres de sa famille qui ont beaucoup souffert, à qui on a enlevé de nombreuses années de bonheur quand ce n'était pas la vie tout court, l'autrice participe également à une certaine réhabilitation du peuple letton à la face du monde. En effet, son récit est bien plus vaste que celui de sa famille, ne fut-ce que parce que beaucoup d'événements n'ont pu lui être racontés de première main, faute de témoin direct vivant. Sandra Kalniete a donc reconstituté minutieusement des parcours, des époques, des lieux... On peut imaginer le travail de fourmi qu'il y a derrière ces pages, et les larmes aussi certainement.
Un de ces livres à lire pour ne pas que l'histoire se répète...

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Cet ouvrage, très émouvant, retrace l'histoire familiale de Sandra Kalniete, née en 1953 en déportation en Sibérie, de parents lettons déportés respectivement en 1941 et 1949 alors qu'innocents et victimes de la machine à broyer soviétique. Sandra Kalniete en fait un ouvrage plus général sur l'histoire récente de la Lettonie, depuis l'indépendance de la Lettonie le 18 novembre 1918 et surtout à travers les péripéties de la seconde guerre mondiale, le traité de Brest-Livotsk qui donne lieu à la première occupation soviétique de “protection mutuelle” de 1940, la libération par l'Allemagne nazie de 1941 et la seconde occupation soviétique qui commencera en 1942.

A ce niveau-là, j'ai appris plein de choses, Sandra Kalniete s'étant aussi donné pour objectif de démentir les soupçons de fascisme et de soutien de l'Allemagne nazie qui pèse sur le peuple letton, expliquant que les allemands avaient été accueillis en libérateur car les soviétique avaient déjà commencé à mettre en place un système de terreur (la mère de 14 ans de l'auteur a été déportée avec ses parents pendant la première année d'occupation car “ennemie de classe”). le joug allemand n'a pas été plus tendre pour les lettons et pris entre l'enclume et le marteau, ceux-ci auraient aimé redevenir indépendants à la fin de la guerre et être soutenus par les alliés qui les ont abandonnés.

Ce livre m'a beaucoup émue et je crois que je l'ai lu du début à la fin avec une boule dans la gorge, sans que Sandra Kalniete ne cherche à tomber dans le mélodramatique. J'ai été émue par le courage des déportés face à leurs conditions de vie, la solidarité, l'amitié qui peut éclore dans les situations les plus difficiles; par le basculement des vies du jour au lendemain; par le silence par lequel les parents de Sandra Kalniete l'ont protégé, enfant, lorsqu'elle rentrait de l'école imprégnée de propagande soviétique ; par le choix des parents de Sandra de ne plus “offrir d'esclaves à l'empire soviétique” ; par l'amour inconditionnel des grands-mères de Sandra Kalniete.

J'ai ensuite été glacée par la description de la machine bureaucratique soviétique et par les interrogations de l'auteur qui parsème le texte : pourquoi les soviétiques ont tenu à avoir des parodies de justice auxquelles personne ne croyait (fabrication de preuves, signature d'interrogatoire dans des langues que ne comprenaient pas les détenus, faux témoignages de personnes décédés…)? Comment la propagande soviétique pouvait fonctionner aussi efficacement même chez les enfants des déportés koulaks? Quels effets post-traumatiques les déportations ont pu avoir sur ses parents et sur le peuple letton ? Et je pense aussi à tous les autres peuples qui ont subi ces déportations de masse, presque génocidaires (tchétchènes, ingouches, baltes…). le livre est très bien documenté, même si l'auteur déplore que certaines archives ne soient pas encore accessibles aux historiens et aux chercheurs.

Une lecture nécessaire qui m'a énormément émue. le travail effectué est remarquable, exorcisant les démons familiaux en les rattachant à la grande histoire et montrant l'infamie de ces déportations en les ramenant au niveau de vies humaines.
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Je ne m'attendais pas à être aussi happée par le récit en partie autobiographique de Sandra Kalniete, qui nous narre les tourments de ses arrières-grands-parents, de ses grands-parents et de ses parents, qui eurent la malchance de naître dans un petit État balte considéré au mieux comme une épine dans le pied des grandes puissances, au pire comme une province disputée, voire comme un "Lebensraum" qui reviendrait de droit à un peuple supérieur.

En escarpins dans les neiges de Sibérie permet d'ailleurs de briser certains mythes ou méconnaissances liées à la Lettonie ; on y découvre par exemple que le niveau de vie y était supérieur à celui de la Finlande au début du 21e siècle, et de retracer l'histoire de sa population, bringuebalée entre un Empire sur le déclin et la mainmise d'une bourgeoisie prusse sur les terres, puis entre un voisin (envahisseur) soviétique prompt à considérer tout individu comme suspect de n'importe quel crime et une puissance fasciste persuadée de son bon droit sur tout territoire qui viendrait servir la croissance de son peuple élu parmi tant d'autres...

A travers l'histoire de sa famille, l'auteur nous laisse deviner la société lettone: la fierté envers leur capitale, l'impression d'être bien élevé par rapport aux rustres de leur grand voisin, l'ouverture au monde et les nombreux voyages lorsque cela leur était permis, et de mesurer ce qu'ils ont perdu lors des annexions successives de l'URSS et du Reich, qui se sont tous deux évertués à déporter en masse et à imposer le travail forcé aux Lettons. Les séparations des familles, les déportations dans les confins sibériens, la difficulté de la vie sur place, les espoirs déçus et incompris envers une justice mise en scène malgré son absurdité profonde sont autant d'épreuves que durent affronter la famille de l'auteur, qui nous les restitue factuellement, avec un style presque mécanique.

Les transgressions concernant le travail d'historienne de Sandra Kalniete s'imbriquent de manière cohérente dans le récit, et permettent de souligner l'incroyable obsession de tout consigner par écrit de l'URSS, sans souci aucun de l'absurdité des décisions prises ou de l'absence totale de rationalité derrière cette machine à déporter. le récit de l'aller-retour subi par la mère de l'auteur m'a particulièrement marquée, et m'a éclairée sur un pan de l'histoire que je ne connaissais pas du tout : une partie des enfants lettons déportés en Sibérie ont eu le droit de revenir en Lettonie, lavés de leurs péchés...Qui leur ont été à nouveau reprochés quelques années plus tard, et punis d'une solution toute simple : la déportation, une seconde fois!

Un vrai coup de coeur que j'ai lu d'une traite, et qui m'a beaucoup fait penser aux romans Quand les colombes disparurent de Sofi Oksanen, Éducation européenne de Romain Gary, ou encore à la poésie d'Akhmatova dans Requiem : Poème sans héros et autres poèmes.

A lire d'urgence pour toute personne qui demeurerait encore perplexe face aux réactions des pays baltes lors de l'invasion russe de l'Ukraine : les souvenirs de ce qu'ils ont subi ces 70 dernières années sont toujours présents, et inscrits dans leur généalogie.
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La lecture de Purge de Sofi Oksanen m'a bien sûr énormément plu, par delà ce roman j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette histoire des Pays Baltes, le livre de Sandra Kalniete" En escarpins dans les neiges de Sibérie" est venu m'éclairer et du même coup apporter un complément bienvenu au livre de Sofi Oksanen.

Deux petits pays qui ont vécu des tourments identiques et ont retrouvé leur liberté au début des années 90. Ce que Sofi Oksanen a si bien su rendre dans son roman qui se déroule en Estonie trouve un écho très fort dans le récit familial de Sandra Kalniete qui lui vient de Lettonie.
Pour mieux comprendre ce qui s'est passé dans ces pays une carte des années 20 qui montre les deux pays pris en étau entre l'Allemagne belliqueuse et expansionniste et la Russie soviétique prête à faire main basse sur la Pologne, la Finlande et les Pays Baltes

La Lettonie connaît quelques années d'indépendance pendant lesquelles le niveau de vie croît, la vie est douce, la jeunesse studieuse (le plus fort taux d'étudiants de l'Europe de cette période).
La signature du Pacte Germano-Soviétique va marquer la fin de cette indépendance et pendant 50 ans les Pays Baltes vont connaître invasions barbares et oppression politique sous le joug communiste.
Ce sont trois vagues qui vont se succéder : L'URSS occupe les territoires sitôt le Pacte signé, la population subit une première vague d'arrestations, exécutions, déportations. Les familles, les individus sont convoyés vers la Sibérie, vers des camps de travail ou des Kolkhozes.

Dans son livre Sandra Kalniete décrit le martyr de son grand-père maternel qui mourra en captivité, de sa grand-mère et de sa mère déportées toutes deux. Elles vont devoir survivre aux maladies, au travail forcé, à l'absence de nouvelles du reste de la famille, et surtout à la terrible famine qui va les accompagner les 10 premières années de cet exil forcé.
Elle décrit la joie qui nous parait stupéfiante, lors de l'occupation allemande car pour les Lettons tout valait mieux que les communistes. Une partie de la population collaborera comme dans tous les pays envahis et une partie de la population masculine sera contrainte de rejoindre les rangs de l'armée allemande pour combattre sur le front russe.
C'est lors de la déroute allemande et de la nouvelle invasion soviétique que la famille de son père est arrêtée et déportée.
La mère de l'auteur Ligita et son père Aivars se rencontrent en Sibérie,
Elle n'aura ni frère ni soeur « Nous n'enfanterons plus d'esclaves » décidèrent ses parents lorsque la police leur demanda d'inscrire leur fille bébé sur la liste des déportés.
La mort de Staline apporte quelques améliorations à la vie des prisonniers mais il faut attendre 1957 pour que la famille soit autorisée à rentrer en Lettonie.
Sandra Kalniete s'engage dans le combat politique et la lutte pour l'indépendance de la Lettonie dans les années 80. Ce n'est qu'en 1994 que tous les membres de sa famille seront définitivement réhabilités.

J'ai aimé ce témoignage qui éclaire une période très sombre dans ces pays, on sent dans le récit l'incompréhension devant l'inertie des alliés à la fin de la guerre face à l'URSS toute puissante, les peuples de ces pays se sentent les oubliés de l'histoire.
Sur certains sites j'ai trouvé des réactions sévères à ce livre et Sandra Kalniete est accusée comme le gouvernement Letton de faire silence sur le sort des juifs de Lettonie et sur une adhésion au fascisme des habitants.
On sait que le sort des juifs dans les Pays Baltes fut terrible et Sandra Kalniete y fait quelques brèves allusions mais défend le peuple Letton sur ce sujet. Ceci n'enlève rien à la réalité du sort de sa famille tant paternelle que maternelle.
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Le destin de la famille de l'auteure est terrible !
Plus qu'une biographie, cette oeuvre de Sandra Kalniete est une mine d'or d'informations sur l'occupation de la Lettonie par l'URSS et la tragédie vécue par les Lettons. L'auteure s'appuie sur une bibliographie solide qu'elle cite en bas de pages pour étayer ses propos, donnant ainsi également à son ouvrage une valeur historique.
Ce livre est donc très intéressant pour en découvrir plus sur ce pays que je connaissais très peu et sur les horreurs ayant eu lieu là-bas, notamment avec les pertes de liberté, les abus de pouvoir, les massacres et les déportations abusives d'innocents, dont des enfants et des vieillards, les envoyant à une mort certaine. Sandra Kalniete insiste sur l'hypocrisie du communisme et des décisions mises en place, notamment sur l'importance de remplir les quotas pour être bien vus, quitte à déporter des personnes n'ayant rien fait. Elle souligne également le côté inhumain à envoyer des gens loin de chez eux, avec très peu pour survivre,
Une chose m'a également marquée : l'auteure est attristée de voir les Lettons traités de fascistes par des personnes ne cherchant pas plus loin les raisons du comportement des gens : ils ont acclamé l'arrivée des Allemands, pensant ainsi être libérés du joug russe, après avoir vécu une année très difficile d'occupation. Avec l'arrivée des Nazis, le peuple pensait reprendre leur indépendance, et ont donc manifesté leur joie. Mais ils ont vite déchanté par la suite, puisque les Allemands n'étaient pas mieux que les Russes... et idem, à la fin de la guerre, ils ont de nouveau étaient occupés. Quelle tragédie !

J'ai donc trouvé ce récit très instructif et assez touchant. L'auteure a beaucoup de tendresse pour sa famille et nous le ressentons dans son écriture. Comment ont-ils pu survivre à tour cela ? J'ai beaucoup aimé les lettres écrites par les membres de sa famille que Sandra Kalniete a inséré dans sa narration.
J'ai eu un tout petit peu de difficultés à me repérer dans les noms et les liens familiaux au début, mais je me suis habituée.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le plus triste, Ligita l’avait gardé pour la fin. C’était l’annonce de la mort de son père. Elle avait appris son décès à Tomsk, par un Letton qui avait été interné dans le même camp. Janis Dreifelds était déjà mort à la fin de l’année 1941. Emilija n’arrivait pas à y croire. A la kommendatoura, chaque fois qu’elle s’était inquiétée du sort de son mari, la réponse avait toujours été la même : “Janis Kristapovics Dreifelds a été condamné à dix ans de camp spécial et privé du droit de correspondance.1” Emilija ne pouvait imaginer que la mort de son mari ait été un secret d’Etat, conformément aux lois régissant le Goulag, au point de la taire à ses proches.

1. “Condamné à dix ans de camp spécial sans droit de correspondance”, c’était la réponse standard donnée aux proches, dans le cas où le condamné avait été exécuté ou s’il était décédé. A l’époque, le NKGB considérait que la dissimulation de la mort permettait de fabriquer d’autres affaires et de découvrir les complices du condamné dont on pouvait démontrer la culpabilité grâce au “témoignage” du défunt.
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Les opinions des soviétiques et des nazis divergent uniquement sur « la solution
finale ». La plus grande préoccupation du Reich était de savoir de quels moyens se doter pour
accroître l’efficacité de la machine à tuer, afin d’exterminer le plus de personnes possible dans un
délai très court. Les tchékistes soviétiques, eux, pouvaient se permettre le luxe d’expérimenter
combien de temps un ennemi de classe arrivait à survivre dans des conditions extrêmes ! Et quelle
aubaine, un tel essai ne coûtait pratiquement pas un sou à l’État ! Au contraire ! Car tant que
le « contingent » était vivant, il travaillait. Les uns étaient donc occupés à vider une Europe
« surpeuplée », tandis que les autres pouvaient opportunément, sans entraves et en catimini,
investir les immensités infinies de la Sibérie. Seul problème pour le pouvoir soviétique : en dépit
des conditions inhumaines qu’ils avaient imaginées avec tant de « générosité », une partie des
relégués spéciaux réussissaient quand même à survivre. Il fallait donc reléguer à vie.
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La Finlande paya d'un lourd tribut la sauvegarde de son indépendance: 23 000 Finlandais moururent au combat et 10% du territoire dut être cédé à l'Union soviétique. Le grand nombre de victimes et l'issue de cette guerre confortèrent d'autant plus la Lettonie dans sa conviction qu'elle avait fait le bon choix en acceptant les exigences soviétiques, et qu'elle pourrait ainsi sauver la nation de l'anéantissement. Cette consolation était un leurre, mais à l'époque personne ne pouvait imaginer qu'il faudrait survivre à trois occupations consécutives - soviétique, allemande, puis à nouveau soviétique -, et qu'inexorablement la rançon de sang exigée devrait être payée. Avant la guerre, la Finlande et la Lettonie étaient assez comparables, avec néanmoins un niveau de vie plus élevé en Lettonie. En 1991, quand la Lettonie réintégra l'Europe après la restauration de son indépendance, la croissance de la Finlande correspondait aux cinquante années d'occupation que nous avions subies.
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La cour martiale siégeait à huis clos, comme il se doit pour un tribunal soviétique, avec des juges, un procureur et, à ma grande surprise, un avocat. En tout, trente et un témoins avaient fait des dépositions. Le procès se déroulait en russe, alors que la plupart des accusés étaient incapables de le comprendre. Les serviteurs de Thémis -  le major Ragoulov, le lieutenant Oleinikov et le lieutenant Levan - devaient certainement s'ennuyer ferme. Ce n'était pas la première fois qu'ils devaient incarner des juges intègres. Les rôles étaient distribués à l'avance, il n'y aurait donc aucune surprise. 
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Mes parents se sont rencontrés en Sibérie et se sont mariés le 25 mai 1951. Je suis née le 22 décembre 1952 au village de Togour, district de Kolpachevo, région de Tomsk. Deux fois par mois, mes parents devaient obligatoirement se rendre à la "komendatoura" pour pointer. Les instances de surveillance soviétiques s'assuraient ainsi que les déportés n'avaient pas quitté arbitrairement le lieu de résidence qui leur était assigné. Un mois après ma naissance, mon père dut m'enregistrer pour la première fois _ j étais destinée à la captivité, moi aussi. Mes parents n'ont pas souhaité offrir d'autres esclaves au pouvoir soviétique. Je n'ai eu ni frère ni soeur. Nous sommes rentrés en Lettonie le 30 mai 1957.
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