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EAN : 9782868535016
109 pages
Le Temps qu'il fait (17/04/2008)
4.14/5   11 notes
Résumé :

Un officier de la Grande Guerre retrouve, le temps d'une brève permission, son appartement parisien et les traces d'un bonheur révolu. Une jeune femme et son fils attendent son retour au fond d'une province. Mais la mort est en embuscade et va bientôt frapper, à plusieurs reprises. De cette histoire tragique demeurent des lettres, des photographies, des documents officiels, longtemps enfouis dans un placard humide. Leur découverte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous sommes en 1917
Le livre s'ouvre sur le passage à Paris lors d'une permission de Jean qui retourne, Place Monge «déserte ce dimanche matin, comme un théâtre fermé» , dans l'appartement qui «s'est replié sur lui-même dans l'attente», attente de son retour et de celui de sa femme et leurs enfants qui sont allés vivre provisoirement, en espérant proche la fin de la guerre, dans leur famille en Corrèze.
La couverture du livre qui reproduit un tableau du peintre Vilhelm Hammershoï «Intérieur, avec femme vue de dos» traduit bien l'impression que donne cette visite dans un lieu que la vie a déserté. L'auteur sait rendre admirablement le vide et l'angoisse qui ressort de ce lieu qui n'est qu'absence. Tout est fantomatique, irréel dans cet appartement où Jean se sent comme étranger et où il écrit à Gabrielle, qui y vivait avec lui il n'y a pas si longtemps, pour tenter de redonner une réalité à leur bonheur enfui et un peu de vie aux objets dont il est encore garni. Et Jean s'éloigne, rejoint son régiment basé non loin de Paris. Il ne reviendra pas.
Un beau petit livre qui touche par sa simplicité et son accent de vérité, qui sait faire passer toute l'émotion et la douleur de la perte de l'être aimé.
Par des mots simples, en nous donnant à partager des extraits de lettres retrouvées par le petit fils de Jean L, lettres à sa femme mais aussi courriers officiels l'auteur nous permet de partager leur destin et celui d'un grand nombre de familles brisées par cette guerre de 14-18.
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4 mars 1917, place Monge,un homme pénètre dans un appartement déserté.
Un cambrioleur ? sûrement pas ,il a les clefs.Non, un officier en permission qui revient du front pour une permission espérée , méritée et qui trouve la maison vide,tout le monde est parti en Corrèze, femme , enfants , parents...
Toute la tristesse du monde s'abat sur les épaules de cet homme fatigué, fourbu.Il va passer 24 heures dans cet appartement , cherchant par tous les moyens à retrouver une bribe de son bonheur perdu.Ah cette lettre qu'il écrit à sa chère épouse , sur le coin du secrétaire !quelle beauté, quel amour!
Gabrielle , elle , est partie à la campagne dans la maison familiale et se languit
Avec quel tact, chacun écrit à l'autre!Cette épouvantable boucherie que nous redécouvrons à travers les lettres de Jean à Gabrielle,à mots couverts , à force de non dits ne peut que faire crier à l'horreur si longtemps après.
Jean Yves Laurichesse, dont c'est le premier roman , nous livre là un petit bijou ,l'écriture en est belle , épurée mais riche, la palette des sentiments toute en douceur.
Bref un très, très beau texte que je vous engage à découvrir
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Un très beau roman écrit simplement mais avec une certaine recherche. le lecteur se trouve au coeur d'une atmosphère familiale quelque peu déconcertante. Celui-ci va avoir l'impression d'être parti dans le grenier et d'avoir retrouvé des souvenirs par de vieilles photos ou des documents. Atmosphère familiale certes, mais atmosphère où règne une certaine oppression : la première guerre mondiale, la mort à chaque coin, la famille dispersée....

Si l'écrivain se veut en retrait ici, on ne peut s'empêcher cependant de voir en Jean L. un membre de sa famille. de ce fait, les personnages en deviennent d'autant plus attachants.

Un premier roman qui est un coup de maître. A lire absolument pour les amateurs de belle prose.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Jean-Yves Laurichesse est né à Guéret en 1956. Actuellement professeur de littérature française contemporaine à Toulouse, il a écrit de nombreux livres critiques sur ses domaines de prédilection, l'intertextualité et l'imaginaire, notamment chez Giono et Claude Simon.
Également romancier, sa première oeuvre, Place Monge (2008), a été récompensée par le prix littéraire de la ville de Balma en 2009.

La suite sur mon blog...
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Lors d'une courte permission pendant la Grande Guerre, un homme visite l'appartement de la Place Monge où il a vécu des heures heureuses avec son épouse et leurs jeunes enfants, avant le début du conflit.

Mais l'appartement est vide et les meubles sont recouverts de draps : signe que l'absence sera longue. Gabrielle est partie chez ses parents avec les enfants dans un village du coeur de la France. Là, elle attend le retour de son mari. Elle espère.

Leur séparation est une immense correspondance rendue bien difficile par les déplacements incessants des troupes et bien limitée du fait des interventions de la censure. Alors, là, dans cet appartement bien vide et bien silencieux, Jean s'installe à un petit bureau et, encore une fois, tente de recréer ce lien qui l'unit à Gabrielle.
Lien : http://www.actualitte.com/do..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Des nuages ont caché la lune et la place est noire à présent. Les réverbères sont éteints. De toutes les fenêtres de l’immeuble, celles qui tout à l’heure étaient obscures laissent seules filtrer un peu de lumière. Des pas pressés s’éloignent dans la nuit. La ville se rétracte, mais les noctambules vont à leurs fêtes par les rues désertées. Une cloche sonne onze coups dans le silence, sans doute à l’église Saint-Médard. Puis on n’entend plus que le murmure distrait de la fontaine aux figures de bronze. Les dernières fenêtres s’éteignent et l’immeuble est à présent un bloc noir dont le toit se dessine vaguement sur le ciel moins sombre.
Dans la vallée la nuit est tombée aussi, plus noire, plus ancienne. Il pleut doucement sur les bois, les prés, les vignes. Les lumières sont éteintes aux fenêtres du village. Une maison est au bord de la grand-route qui dans toute sa longueur le traverse : maison bourgeoise à portail de fer entre deux piliers de granit. Par les volets de l’une des fenêtres de l’étage glissent des lames de lumière jaune. Il est tard et quelqu’un ne dort pas. Parfois un chien aboie dans une cour, une chouette appelle du fond des bois. La pluie piétine légèrement le lourd toit de schistes, les massifs et les allées du jardin obscur, coule sur toutes les petites feuilles des bordures de buis. Onze heures sonnent à l’horloge de la mairie-école, puis à l’horloge de l’église. Très tard la lumière finit par s’éteindre. La nuit est entièrement noire à présent.
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Paris, 3 mars 1917. À la nuit tombée, un homme traverse la place Monge une mallette de cuir à la main. Il fait froid. La lune éclaire d’une lumière blême la place déserte, les branches figées des platanes, la monumentale caserne de la Garde Républicaine. De haute taille, l’homme est vêtu d’un manteau d’officier au col relevé, coiffé d’un képi. Il s’arrête à l’un des angles de la place et lève les yeux vers les étages d’un immeuble bourgeois. Tous les volets sont clos, mais une faible lumière filtre ici et là par les fentes. Cependant, les fenêtres qu’il regarde, au troisième étage, sont entièrement obscures. L’homme reste là un moment, puis il traverse la rue et se dirige vers la haute porte de bois verni, à croisillons de fer forgé, qu’il pousse. Il disparaît dans l’obscurité et la porte se referme sur lui.
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Un bruit, en bas, puis un rai de lumière apparaît sous la porte. Quelqu’un monte l’escalier d’un pas lourd. On suspend son souffle, très loin dans l’avenir. Les pas s’arrêtent sur le palier. Le cliquetis d’un trousseau, la clé qui tourne dans la serrure. La porte s’ouvre et une haute silhouette s’y encadre, se fige sur le seuil. Plusieurs secondes passent. Puis la main trouve sans hésiter le compteur électrique, l’enclenche, et la lumière coule soudain du plafond, éclairant le lieu étrangement familier. L’homme referme la porte derrière lui, se défait de son lourd manteau et l’accroche à l’une des patères de cuivre depuis longtemps dépouillées. Il ignore son reflet dans la glace et entre dans le salon, y fait la lumière, s’immobilise à nouveau, regardant autour de lui. Quelque chose frémit imperceptiblement sous la poussière déposée. Puis il soulève le drap blanc qui recouvre un fauteuil et y laisse tomber son corps fourbu.
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il a dormi tout habillé, enroulé dans une couverture sur le lit sans draps.Plusieurs fois il s'est réveillé, et, les yeux grands ouverts dans le noir a douté du lieu et du temps, guetté les bruits familiers de l'abri nocturne, le crépitement de la pluie sur le toit de tôle, l'éboulement de la terre dans une flaque, l'appel au loin d'une sentinelle.Puis il replongeait dans de mauvais rêves déchirés de fusées multicolores, de visages hagards, de cris, et se retournait violemment sur son lit de paille.
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Devant une corbeille d'osier posée à même le parquet, il reste à genoux tout un moment, comme en prière. L'appartement n'a pas été laissé en ordre pour une longue absence, mais quitté simplement pour les vacances. (...) Il n'en finit pas d'inventorier les débris de son bonheur.
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Videos de Jean-Yves Laurichesse (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Yves Laurichesse
La matinée avec Jean-Yves Laurichesse sera partagée autour de sa dernière publication, Les réalités premières (éditions La Guêpine), et de la livraison du Numéro89 de la revue Littératures (Presses Universitaires du Midi).


Consacré à Jean-Yves Laurichesse, ce numéro est composé de contributions des universitaires qui ont dialogué avec Jean-Yves Laurichesse tout au long de sa carrière de chercheur et de professeur de littérature. L'ensemble est dirigé par Sylvie Vignes (Université Jean-Jaurès).


Jean-Yves Laurichesse. de front avec une carrière universitaire riche, Jean-Yves Laurichesse a su mener une étincelante trajectoire d'écriture personnelle, avec à ce jour une dizaine de publications, couronnées par de nombreux prix, allant des récits de filiation à des romans à composante onirique et poétique en passant par des études de tableaux de Bruegel pollinisés par son imaginaire.


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14/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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