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EAN : 9782844184597
180 pages
La Part Commune (07/09/2023)
4.1/5   10 notes
Résumé :
Un jeune Suédois mélomane devenu majordome par affinités électives, un président de la République qui disparaît dans la forêt un dimanche de second tour, quelques heures avant la proclamation des résultats...

'Musique française', sous-titré 'Fantaisie pour la pluie', déploie une partition minutieusement huilée, aussi facétieuse que grinçante, en écho aux vicissitudes de la vie démocratique contemporaine.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La musique et les mots ont un pouvoir sur nous : celui de vie et de mort sur notre âme.

Dans le contexte Masse Critique j'ai eu le plaisir de découvrir ce roman de Meredith le Dez des Editions La Part Commune. Je ne connaissais ni l'autrice, ni la maison d'édition. La découverte fut ainsi entière.

Mérédith le Dez est française et vit en Haute-Saône. Son écriture alterne entre poésie et prose,. Elle a été primé pour plusieurs ouvrages entre 2015 en 2018 aussi bien pour de la poésie avec « Journal de guerre » ou un roman « Le coeur mendiant ». Son esprit d'ouverture est palpable dans ce livre-ci.
Elle a été courtement éditrice et libraire : le versant libraire s'arrêtant net après le suicide de cet ami libraire qui lui avait mis le pied à l'étrier et réveillé sa passion de la librairie (au détriment de ses envies d'écriture). Cela aussi se remarque dans ce roman qui s'efforce de drainer plusieurs thèmes afin d'attirer le lecteur. C'est d'ailleurs ainsi que
Les personnages sont assez loufoques pour nous faire passer un bon moment.
Il y a tout d'abord Gunnar Gunnarsson, ce jeune suédois génialement mélomane mais qui préfère se convertir en majordome afin de s'approcher davantage d'une autre forme culturelle, celle de la politique.
Le second personnage est Monsieur, homme politique redoutable. Il ne lorgne rien de moins que d'être réélu à la présidence du pays. Après avoir fait campagne, nous arrivons au second tour des élections présidentielles. A quelques heures du dépouillement des urnes, Monsieur s'amuse à disparaitre en lisière d'une forêt, histoire de prendre un dernier bol d'air frais avant de rejoindre son QG à Paris.

L'ambiance tourne dès les premières lignes autour d'un manoir, le Belvédère, ayant appartenu à Maurice Ravel. On y trouve encore le piano à demi-queue sur lequel il a composé le Boléro et d'autres merveilleuses oeuvres. le lieu est décrit en y instillant toute la finesse, la fantaisie et la féérie du compositeur. Et, très vite, nous palperons ce que la quatrième de couverture sous-entend en parlant d'affinité élective, ce processus par lequel deux formes culturelles – religieuses, intellectuelles, politiques ou économiques – entrent, à partir de certaines analogies significatives en affinités de sens et en renforcement mutuel.
Effectivement, lorsque Gunnar notre sympathique guide stagiaire, étudiant en littérature française et musicologie, fait visiter les lieux à Monsieur et Madame, ces derniers voient en lui Tadzio, l'ange blond de Visconti dans « Mort à Venise ». Ils acquièrent le manoir en embauchant notre joli suédois comme majordome de leur nouvelle propriété secondaire.

Puis nous arrivons à ce fameux dimanche d'avril. Nous sommes en rase campagne non loin de ce manoir, aux côtés de Gunnar, qui fait le pied de grue. Il s'est vu obligé de jouer les chauffeurs et de raccompagner Monsieur au QG à Paris avant la fin du dépouillement des urnes du second tour des élections. le trench et le téléphone sont restés dans la voiture mais Monsieur ne revient pas. Gunnar sent bien que la catastrophe est imminente, la migraine s'installe et la suite est facile à deviner.

Un bon premier tiers du livre m'est apparu très travaillé, trop cadré façon atelier d'écriture d'une école trop stylé et avec pas mal de situations trop « platounes » à mon goût. de fait, le doute s'est installé.
Mal m'en a pris car d'un coup, d'un seul, Mérédith le Dez réveille son lecteur et nous entrons enfin dans le concret, dans la présentation des faits et de possibles explications. Son analyse humaine du monde politique est judicieuse. Son observation de la sphère économico-médiatico-politique est tranchante. Différents personnages entrent dans la danse, ça va grincer de partout et ce ne sera pas joli, joli.
Et Mérédith le Dez s'est enfin lâchée comme si elle s'était enfin retrouvée libre, certainement comme lorsqu'elle écrivait ses livres de poésie.

J'ai eu peur que « Musique Française » ne soit qu'une Xème satire de la vie démocratique contemporaine, mais je dois concéder que je n'ai plus lâché ce petit livre finalement lu d'une traite.
Je remercie les Editions "La Part Commune" de m'avoir permis de découvrir cette autrice et son dernier roman.

Citation : « Mais tu l'entends, la musique ? Où est le musicien ? Où est l'âme ? Et quelle est cette musique ?… Tu ne maitrises rien… Prends le temps de penser ».
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Musique française, fantaisie pour la pluie, Mérédith le Dez, La Part commune, septembre 2023, 17. 90 euros

Voici un roman jubilatoire ! C'est le mot. Me suis bien amusée en le lisant ! On n'en pas tant l'occasion en ce moment. L'histoire est très habilement racontée : il s'agit du récit chronologique, quasiment heure par heure, comme sur une chaîne de « pseudo-info » en continu, de la disparition, un soir de réélection (à l'arrache !), de « Monsieur », à savoir le Président de la République lui-même. En pleine nuit, sans personne, sans réseau, la tuile ! En plus, il pleut sans discontinuer, on patauge dans la boue sous toutes ses formes.

"Mais où est donc Ornicar ?" Quelle lubie a pris le Président de s'éloigner tout à coup du droit chemin ? Et même de s'éloigner tout court ? On imagine l'angoisse du chauffeur une fois réveillé de son petit somme automobile, le désordre dans le staff de campagne alors que tout était prévu pour rouler, c'est le cas de le dire : les solutions à inventer dans l'urgence, les pions à jouer pour que… avant que… D'autant que le rythme du Boléro de Ravel accompagne l'emballement, pour ne pas dire la cavalcade qui s'ensuit. le lieu choisi, la maison du célèbre compositeur à l'orée de la forêt de Rambouillet comme point de départ à cette rocambolesque nuit électorale, a son mot à dire. Et quel mot ! La ligne de basse des métaphores musicales rythment le roman depuis son titre, tel un running gag.

Le style de Mérédith le Dez à l'humour bien dosé fait mouche. La satire est sentie, celle d'un monde politique et médiatique où se joue la comédie du pouvoir, avec son lot de basses oeuvres, manigances, faux-semblants, jalousies, rancoeurs, haines recuites, retournements de vestes, le tout raconté sur le mode décalé de la satire plus ou moins mordante. Les fake-news vont bon train, la rumeur aussi. À absurde, absurde et demi : est-on sûr que le président ne soit pas un sosie du vrai ? Vous avez vu ses yeux ? Et si… et si… ? Les hypothèses et autres supputations font le buzz. Et, finalement, n'est-ce pas le principal ?

On sourit en reconnaissant les traits de personnalité d'untel, d'unetelle, les propos, les situations, les événements. Même si l'histoire est ancrée en 2022, « Monsieur » est un savant patchwork des présidents qu'on a connus ces dernières années sous la Ve République (Charles de Gaulle n'avait-il pas disparu lui aussi pendant six heures cruciales en pleine crise de mai 68 ?). La plupart des noms sont détournés, mais on reconnaîtra facilement les événements récents comme les manifestations des Gilets jaunes. Seul le président actuel Emmanuel Macron est cité à la fin du roman mais comme ancien ministre de l'Économie.

Les protagonistes de ce microcosme bien gardé, hommes et femmes, sont excellemment campés, avec relief et cocasserie, chacun ayant ses failles, ses écarts, ses territoires secrets aussi. On les entend, voix et langage, on les voit officier ici et là, plus vrais que nature malgré (à cause de !) la caricature, l'un servant de faire-valoir à l'autre comme dans les films comiques. À certains passages, on se croit d'ailleurs dans une BD drolatique à la Pétillon ou un film burlesque. Les Tontons flingueurs ne sont pas loin, soirée bien arrosée et gouaille forestière au rendez-vous.

Les personnages les plus touchants par leur authenticité sont le jeune Suédois Gunnar Gunnarsson amoureux de Ravel, devenu par les circonstances et le fait du prince majordome du Président dans sa maison de campagne, et l'épouse de ce dernier, en instance de divorce. La lucidité de Surya Sainte-Rose contrebalance l'esprit barbouze des gardes du corps. Que sortirait-il de son stylo-plume si elle s'avisait de « conduire l'orchestre à son tour » ?

Au dernier chapitre, langue de bois oblige, on se dit qu'on serait capable d'écrire mot pour mot le discours du Président de la République ! Finalement on connaît la musique.

Moralité : "Zig et zig et zig", il faut se méfier de la pluie qui joue sa partition dans une tête de Président, elle peut lui tambouriner ses quatre vérités.

Marilyse Leroux, jeudi 28 septembre 2023
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Le nouveau roman de Mérédith le Dez, Musique française, paraît aujourd'hui, aux éditions La Part Commune. Et c'est un régal…
L'idée de départ, en quelques mots : un soir d'élection, à quelques heures de la proclamation des résultats, Monsieur, président en exercice, en passe d'être réélu de justesse, fausse compagnie à son chauffeur – qui le ramenait de sa maison de campagne à Paris – pour disparaître en forêt.
On peut aisément imaginer le séisme provoqué, tout comme l'onde de choc qui se propage alors et gagne, en cercles concentriques, toutes les sphères du pouvoir. L'inquiétude gagne les rangs. On s'active. On envisage. À mesure que la nuit avance, la tension monte et les masques tombent.

Mérédith le Dez nous livre ici une satire politique de haute tenue – écrite dans cette langue épurée dont elle a le secret, variant à merveille les registres et les tons. C'est un petit bijou de férocité, mêlant l'ironie à l'amertume. Elle y déploie une galerie de personnages tous plus vrais que nature, à commencer par Monsieur – qui n'est pas Emmanuel Macron – mais la parfaite synthèse, cynique et creuse, de tous ceux qui se sont succédé à l'Élysée, ces quarante dernières années. Autour de lui, entrent en piste des personnages fouillés, habilement passés au crible. Citons Martin et La Diva, ombres damnées de Monsieur ; Louarn et Lelièvre, dans le rôle des barbouzes ; Feuvrier, l'ami de jeunesse ; et sans oublier celle qu'on surnomme La Seconde, Surya Sainte-Rose, un temps ministre et candidate malheureuse de la primaire, épouse du président.
En fouillant ces âmes, en les mettant à nu, Mérédith le Dez lève le voile sur un univers dont elle maîtrise parfaitement les rouages. Tout est absolument crédible. Et pour cause : elle excelle à explorer la petite chose humaine. Sous sa plume, puissamment évocatrice et d'une constante élégance – même lorsqu'elle s'avère crue – se dessine peu à peu un monde de manigances et de frustrations, d'échecs et d'abandons, un territoire aussi dérisoire que clinquant, où chacun a perdu le nord. Dans ce roman d'une incroyable richesse – où sont convoqués, entre autres, Proust, Baden-Powell, Visconti, Verlaine, Nougaro et les tontons flingueurs – Mérédith le Dez ouvre grand les portes d'un bestiaire d'esprits fantasques et d'âmes musiciennes.

Il fallait tout de même un peu d'innocence et de beauté. Aussi a-t-elle plongé dans ce marigot un jeune et beau Suédois, sosie du Tadzio de Mort à Venise, débarqué en France par amour pour Ravel, dont la musique française nous suit d'un bout à l'autre du livre, comme la pluie – qui, elle, n'est pas innocente, puisqu'elle joue de tous ses registres, soulignant la colère et la mélancolie. Avec une insolence réjouissante et le talent qu'on lui connaît, Mérédith le Dez brosse pour nous autres – qui ne sommes rien – le portrait d'une société dont on ne sait, au bout du compte, si elle prête à rire ou à pleurer.
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J'ai lu avec un plaisir jubilatoire Musique Française.
Quel sens du récit et du portrait ! C'est mordant, cruel, drôle et très juste. Une belle galerie de personnages entoure un président de la République disparu dans la forêt quelques heures avant l'annonce des résultats un dimanche de second tour. Suspens garanti et coulisses peu reluisantes...
Un mélodie grinçante sur le pouvoir et les médias. Mérédith le Dez est une mélomane des mots très talentueuse.
Une fiction politique qui pourrait inspirer un magnifique film...
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Le Président de la République, le jour du second tour de sa probable réélection, disparaît alors qu'il voulait « respirer une dernière fois l'air de la forêt ». Autour de cet événement, son entourage, le monde politique et les médias s'agitent.
Il ne faut pas tenter de lire dans ce nouveau roman de Meredith le Dez un roman à clés tant le personnage du Président, qui est nommé « Monsieur » ou « Monsieur Monsieur », emprunte – au moins – à nos trois derniers Chefs de l'Etat.
"Musique française" ne nous sert pas une sérénade dans l'air du temps, ni un menuet bien codifié. Ce roman prend les accents de Maurice Ravel, ceux du « Boléro » qui semble rythmer cette fable politique, ceux des « Miroirs » quand la pluie sur la forêt vient rappeler à tous ces personnages leur petitesse, « Ô le chant de la pluie ! » ...
C'est le livre du désenchantement politique que Mérédith le Dez nous fait toucher du doigt à travers le personnage de celle que l'entourage du Président appelle « La Seconde », femme du Président à la ville et concurrente dans son parti politique qui, désabusée, égratignée, va quitter dignement les lumières du pouvoir.
Tout le long de ce roman enlevé, la narration est maîtrisée quand le langage évolue avec chacun des personnages qui se lâchent les uns après les autres, entre langue de bois sous les ors de la république ou grossièreté, vulgarité jalouse dans le secret des apartés.
C'est un des tours de force de Mérédith le Dez dont on connaît le grand talent et la délicatesse de sa poésie. Poésie que l'on retrouve à la fois dans la nature (forêt inextricable, boue, tempête...), dans le personnage du majordome-chauffeur-improvisé du Président dépassé par les évènements (un jeune suédois pris en amitié par le couple présidentiel), ainsi que dans les pensées du Président quand il évoque son enfance.
Très documenté sur le fonctionnement de l'état, le texte touche par sa justesse et sa crédibilité. On sent la colère de l'autrice contre le système politique dit démocratique, tel qu'il nous est proposé depuis tant d'années. Cette colère sourd au fil des pages mais elle reste contenue derrière le grand sourire de Mérédith le Dez.
Heureusement, il nous reste Ravel et sa musique !
Admirons donc toute la palette du talent que Mérédith le Dez nous offre avec ce livre enlevé, drôle, cynique et triste.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les mots de Baden-Powell le fondateur du scoutisme, retiré au Kenya. « Soyez toujours fidèles à votre Promesse scoute même quand vous aurez cessé d’être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir ». « …J’ai eu une vie très heureuse et je souhaite à chacun de pouvoir en dire autant. … Ce n’est ni la richesse ni le succès ni le laisser-aller qui créent le bonheur…. Contentez vous de ce que vous avez et faites-en le meilleur usage possible. Essayez de laisser ce monde un peu meilleur que ce qu’il ne l’était lorsque vous y êtes venus et quand l’heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous avez fait de votre mieux. Soyez toujours fidèles à votre promesse, même lorsque vous serez adultes. »
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« Ses partisans et ses adversaires saluaient le courage de ses déclarations. Des postures, en vérité. Du vent tout cela. Du vent, de la pluies, une grande nuit. Elle savait au fond d’elle-même que cette reconnaissance ne valait rien. La méprise était totale. Elle connaissait sa voix de l’intérieur. Depuis près de dix ans elle n’était plus qu’un instrument désaccordé. »
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« La musique avec ses oiseaux tristes, ses noctuelles et ses jets d’eau, la musique et la littérature l’attendraient toujours. » 
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