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EAN : 9782742752812
157 pages
Actes Sud (29/12/2004)
3.2/5   15 notes
Résumé :

Irène vit en étroite dépendance avec le mensonge. Toute à sa fascination pour ses constructions imaginaires, elle se fait passer pour une autre et vole ainsi une presque enfant : une adolescente mentalement handicapée pour laquelle elle éprouve une tendresse extraordinaire. Mais si ces deux femmes semblent totalement inséparables, si la grâce enfantine qui les unit n'est autre que l'incapacité à supporter ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A ce jour, j'ai lu tous les romans « pour adultes » de Guillaume le Touze, et quelques-unes de ses oeuvres pour la jeunesse. le dernier roman « adulte », « Attraction », date de 2005. Huit années bien longues pour moi (je confesse avoir même contacté dernièrement les Editions Actes Sud pour savoir si une nouveauté allait bientôt paraître…), car je me suis attachée à la voix si singulière de cet auteur français qui ne ressemble à aucun autre, ni dans son écriture, ni dans son personnage d'auteur, car il est sans doute l'un des écrivains les moins médiatiques qui soit. Si vous voulez connaître Guillaume le Touze, lisez ses livres. Point.
J'ai choisi de parler d'« Attraction », car, outre le fait d'être le dernier opus de l'écrivain, il prolonge le fil de soie débuté avec « Comme tu as changé » en 1992. Comme tous les auteurs précieux et talentueux, Guillaume le Touze construit une oeuvre sous la forme de « Thème et variations ». Les intrigues, les personnages, les époques, sont différentes, mais une mystérieuse familiarité dessine une sorte d'arbre généalogique dont les racines sont visibles et dont chaque livre est une branche qui ne demande qu'à engendrer d'autres branches.
Ce que j'aime par-dessus tout, dans cette oeuvre particulière, est le fait qu'elle m'entraîne dans des mondes qui me sont souvent étrangers. En effet, comme dans « Attraction », les personnages engendrés par l'auteur sont souvent des marginaux. Ils portent en eux un monde qui n'obéit pas aux lois policées de la société. Lâchons le mot : ils sont différents. Cette sentence a été décrétée par leurs pairs, les condamnant à un exil intérieur dont ils ne peuvent s'échapper qu'au travers de miracles : miracle de rencontres, humaines, artistiques. Un tel est orphelin en mal de père, un autre homosexuel rejeté, celle-ci est une attardée mentale, celle-là une femme en mal d'enfant. Des maux assez banals, ou pour le moins courants, si ce n'est que chez Guillaume le Touze chaque être porte en lui une soif d'absolu qui le rend ombrageux, rétif, indiscipliné, exigeant… On a envie de les aimer ces êtres blessés, on les aime, mais on ne sait comment les apprivoiser. Ils ne sont pas sympathiques au premier abord, et j'aime ce refus de racolage facile auprès du lecteur. J'ai toujours peiné à la lecture d'un roman de l'auteur, parce que je ne comprends jamais tout à fait ce qu'il me raconte, que les personnages m'échappent. Mais c'est précisément parce que je ne comprends pas mais que je sais qu'arrivant au bout de ma lecture j'aurai fait un chemin dans l'inconnu et que mon horizon se sera élargi, que je m'accroche aux pages et que je tiens à rester du voyage. La route tracée par l'auteur est constituée de phrases à la beauté âpre, sensuelles, captives, une beauté adolescente et insolente qui se refuse tout en vous allumant… On se surprend à fermer les yeux, suspendre son souffle, laisser la musique s'écouler et le suave poison se diffuser dans ses artères. C'est une littérature organique, mouvante, presque accessible mais qui se dérobe toujours un peu…
Guillaume le Touze écrit beaucoup pour les enfants. Il y a chez lui quelque chose de pur, d'intact, que l'on retrouve au coeur et au corps de ses personnages cabossés. Les dialogues sont abrupts, violents quelquefois. Au moment où l'on s'y attend le moins, un trait d'humour vous cueille et vous rend le sourire. L'auteur aime ses personnages, il les défend, prend fait et cause pour eux.
La nature a un rôle important. La mer, un paysage de montagne, un sentier escarpé reflètent le paysage intérieur des protagonistes. Tout se gagne, exige un effort, un dépassement de soi. le désir surprend les corps par la vision volée d'un espace de peau dans l'abandon du sommeil, un parfum de sueur âcre qui vous prend aux tripes. Rien n'est familier à ses êtres à la mémoire morcelée, tout est neuf et premier.
Si vous aimez une fin confortable aux histoires, vous ressentirez une frustration. Mais, au fond, le thème de l'apprentissage de la frustration est sans doute le thème fédérateur chez Guillaume le Touze. Qui dit frustration, dit choix, qui dit choix, dit renoncement.
Grandir, semble nous dire l'auteur, est laisser en permanence une porte ouverte à l'inconnu qui peut bouleverser et emporter tout sur son passage. Vivre, c'est laisser la fenêtre ouverte même en plein hiver, pour renouveler l'oxygène. Ecrire, c'est porter un rêve comme un cerf-volant au-dessus de sa tête, dans le ciel aussi bleu que celui de la couverture d' « Attraction », cette part de nous-même insoumise aux lois de la gravité, sauvage et rebelle, notre plus beau trésor.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Un court roman surprenant, poétique ou cru selon les moments, étonnant et dérangeant, dramatique et enfantin, bouleversant et un peu fou.
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Le résumé du quatrième de couverture ne rend pas justice au livre. On s'attend à une histoire assez sage et on se retrouve spectateur de scènes crues où l'indécence des corps frôle la spontanéité amorale.

« La réalité est une question de point de vue. » (149)

Effectivement… et il y a du flottement !

Irène entre dans une relation dans laquelle on ne peut « compter sur aucune forme de convenance », ce qui lui permet d'errer à sa guise entre fantasme et modelage de la réalité, jusqu'à entraîner avec elle son compagnon. La frontière s'efface. On ne sait plus ce qui est du récit et ce qui est de l'extrapolation.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Encore un très bon roman de cet auteur. J'ai beaucoup aimé ce roman qui se lit vite et bien. C'est très bien écrit. Un roman qui nous parle de vérité, de mensonge et des petits arrangements que l'on fait avec l'un et l'autre...
Lien : https://lesperluette.blog/20..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Irène lui prend la main et la serre fort, mais dans son dos, elle entend des sanglots. Martine s'est effondrée dans un fauteuil et elle s'excuse déjà de se laisser aller comme ça. Irène se place derrière Sidonie et la serre dans ses bras. Elles ne font plus qu'un seul corps sans qu'un seul mot soit échangé entre elles. Depuis qu'Irène est entrée dans la pièce, tout est revenu, la moindre nuance dans le regard de Sidonie a un sens qu'elle seule peut percevoir. La jeune fille a enfin trouvé quelque chose qui lui donne indéniablement un ascendant sur sa mère. Elle peut triompher, sa victoire est éclatante. Ses yeux recèlent une violence tranquille et déterminée, elle est enfin légitime dans cette maison.
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Léopold a toujours été comme une évidence devant moi, et je n'ai jamais pris la peine de chercher à savoir d'où il venait, qui il était. Notre rencontre était écrite. Pour la première fois de ma vie j'ai trouvé un homme qui sait vivre avec mes silences et mes secrets, ma vérité et ses aménagements.
Alors je ne veux pas connaître le long chemin qui l'a mené ici.
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Ce soir il m’apparaît que sa route a pu être longue et tortueuse mais je ne veux pas savoir quelles étapes l’ont jalonnée. Qu’avant de me trouver il ait été moine ou assassin, mercenaire ou évangéliste n’a pas d’importance. Que notre parcours commun soit la dernière ligne droite de son trajet ou simplement un diverticule avant un grand virage, je ne peux le prévoir, aussi me faut-il accepter la fragilité de ma condition et vivre avec la menace que tout soit de nouveau saccagé.
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Mon monde intérieur est la scène d'un théâtre où les acteurs sont un peu trop fardés, leur jeu mélodramatique est certes outré, mais je les aime parce qu'ils font preuve de conviction. Au rythme des entrées et des sorties, des deus ex machina, ils se démènent pour donner corps à leurs personnages et les rendre plus vrais que nature. (136)
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Très vite, la jeune-fille découvre avec ravissement, au contact de ce couple de vieux et de leurs voisins du même âge, la liberté de ne rien faire, de regarder s'égrainer le temps avec la jubilation propre à ceux qui savent capter toutes les nuances d'enchaînements d'un instant à l'autre. (106)
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Videos de Guillaume Le Touze (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Le Touze
« Ce qui m'intéressait dans la gémellité, c'était ce rapport de dépendance entre les deux frères, cette idée qu'on est toujours là pour l'autre. Benoît a besoin de Xavier parce qu'il est porteur de troubles autistiques, et depuis l'enfance, Xavier est celui qui le pousse vers le monde. C'est vraiment le point de départ du roman. Et puis après, il y a ce personnage de la mère disparue avec, pour chacun des deux frères, la question de ce qu'elle leur a transmis. » Guillaume le Touze
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**Moi en plus beau** de Guillaume le Touze
Un archéologue ferroviaire marche dans la nature sur les traces de lignes disparues, de ces voies de chemin de fer arrachées par souci de rentabilité mais dont les empreintes révèlent la présence de communautés humaines depuis dispersées. Un frère au regard d'une acuité très particulière, une amie qui recherche les écrivains reconnus qui soudain n'écrivent plus, une mère magnifiquement réinventée. Tels sont les points de départ de ce livre aux contours d'enquête située dans les parages de ces endroits lointains, de ces ruines blotties dans les forêts, imaginaires ou bien réelles.
https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/moi-en-plus-beau
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#rentréelittéraire #rl2022
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