Ce livre est un essai historique sur la pension Belhomme :
La pension Belhomme était un ensemble de bâtiments situé au 157-163, rue de Charonne, d'abord utilisé à la fin du XVIIIe siècle comme maison de santé puis, à la Révolution, comme prison. Ces bâtiments ont été malheureusement détruits en 1972.
Vers 1765, le menuisier Jacques Belhomme accepte d'élever contre rétribution le fils d'un noble du voisinage, qui est idiot de naissance. S'apercevant que cette activité est plus lucrative que la menuiserie, il ouvre une pension pour les déments, les vieillards et tous ceux que des familles fortunées souhaitent lui confier.
Philippe Pinel, précurseur de la psychiatrie, y fera ses premières armes dans le traitement des malades mentaux, pendant dix années, avant d'être nommé médecin-chef de Bicêtre
Belhomme s'entend avec les policiers (en 1793) pour se faire envoyer de riches prisonniers qui paieront une forte pension pour vivre cette épreuve aussi confortablement que possible.
Dès lors se bousculent chez lui, au milieu des fous, marquises, banquiers, journalistes, comédiennes célèbres, vieux nobles, officiers, et une foule d'anonymes en disgrâce qui soudoient médecins et policiers pour s'y faire transférer sous prétexte de maladie.
La première partie de l'ouvrage décrit l'historique des bâtiments et la biographie de Belhomme.
On peut apprendre que le sieur Belhomme, partit à l'assaut de la Bastille le 14 juillet 1789 et distribua aux insurgés des victuailles et même de l'argent. Puis il devint capitaine de la compagnie de Popincourt, milice bourgeoise crée dans chaque district de Paris le 13 juillet 1789. Placée sous les ordres
De La Fayette, cette milice fut rebaptisée garde nationale.
Il géra une clinique pour aliénés dont la plus ancienne pensionnaire était entrée en 1774. Désirant accroître son activité, Belhomme tenta d'élargir sa clientèle et reçut dès l'été 1787 son premier vieillard infirme, puis il parvint à augmenter le nombre des "pensionnaires de bonne volonté", veuves ou vieilles filles.
Dès le 1er juillet 1790, Belhomme, s'étant mis en cheville avec un médecin, se fit envoyer de l'Hôtel-Dieu des fous jugés incurables.
La clinique fut une maison de sûreté du 5 août 1793 au 7 février 1795 ; où étaient hébergés (en échange d'un loyer de 600 livres par mois) principalement des nobles qui désiraient échapper aux prisons parisiennes : le séjour était aussi doux que possible, les visites faciles, le courrier autorisé.
Cette affaire juteuse fut surveillée à partir de décembre 1793 et le directeur arrêté une première fois par le Comité de sûreté générale fin décembre 1793, pour malversations.
Son procès se tint le 23 avril 1794 devant le tribunal criminel de Paris : Belhomme écopa de 6 ans de fers. Il fit appel et fut libéré deux semaines après le 9 thermidor an II : il reprit la direction de sa pension jusqu'en février 1795 où la Commission des prisons décida la fermeture de sa maison suite à un arrêté du Comité de Sûreté Générale.
La deuxième partie de cet essai recense, à partir des registres sauvés de l'incendie en 1870, les différents pensionnaires :
Par ordre d'arrivée à la pension, des biographies inégales d'illustres inconnus, de célèbres actrices (Melle Lange), un ancien prévôt des marchands, des Anglais, des Nantais, un futur membre de la société du Directoire, un conscrit en vadrouille, l'oncle et le témoin de Talleyrand, un aventurier de salons, un rédacteur du code civil (Portalis), la mère de Louis-Philippe, une tenancière de maison de jeu, une cartomancienne…
Deux étoiles pour cet essai car je n'ai pas apprécie le ton cynique de l'auteur qui n'est pas digne d'un essai historique sérieux, et sa vison dépassée de
la Révolution française inspirée par les travaux de
François Furet.