C'est un beau roman que cette version féminine du transsibérien, version trempée à la plume de la poésie de
Cendrars, cette musique ardente qui revient comme le refrain” Car mon adolescence était si ardente et si folle”.
Michèle Lesbre, a su trouver le rythme ferrovière, avec ses rencontres insolites et Clémence sur son canapé rouge, porte la beauté et l'exubérance de Clémence , “ c'était un chant de cristal, quelque chose d'enfantin et de joyeux…L'amour ! répétait-elle en fermant les yeux, puis en murmurant qu'avec Paul elle aurait fait une ribambelle d'enfants.”
En filigrane c'est Jeanne de France qui revit sur cette plume si légère et si fine qui clame plus que tout le plus beau, c'est “faire l'Amour”. Ce voyage n'était-il pas fait pour cela aimer et retrouver Gyl,
“ J'étais portée par le désir, un désir que mon inquiétude à propos de Gyl attisait de jour en jour. » (p. 21) Sur les bords du lac Baïkal, c'est une rencontre manquée, Gyl est introuvable. Cette longue quête est par contre l'occasion de rencontres littéraires, en compagnie de
Jankélévitch, puis de Tolstoï ou Tarkovski.
Avec la complicité de Clémence Barrot, superbe sur son canapé rouge, qui lui confiera ses secrets amoureux elle évoque de belles voix féminines qui ont touché
Michèle Lesbre,
Olympe de Gouges ou de Marion du Faouët "Elle me plaisait beaucoup cette petite femme qui résistait si bien à la vieillesse et à tout ce qui peut en faire un désastre permanent."p. 85
le retour sera à la hauteur de l'amitié qui relie Anne et Clémence, dans une langue sensuelle et poétique. Il restera au départ de Clémence ce canapé rouge, qui se fera sur les mots de
Michèle Lesbre plus doux et plus léger au souvenir de cette belle âme.« Je savais que le véritable voyage se fait au retour, quand il inonde les jours d'après au point de donner cette sensation prolongée d'égarement d'un temps à l'autre, d'un espace à l'autre. » p. 16
Une prose que je lis aussi pour le seul plaisir de sa musique