Les Fausses Confidences est une pièce considérée par beaucoup comme l'une des toutes meilleures de Pierre de
Marivaux. Et il est vrai qu'elle possède un côté alerte et plaisant.
On y sent un peu de ruse du personnage principal, Dorante, mais pour la bonne cause, ce qu'on est tout de suite prêt à lui pardonner. La ruse en question vient du fait qu'il est certes issu d'une très bonne famille, mais qu'il se retrouve tout à fait désargenté, donc, un parti peu avantageux aux yeux des gens de la sphère à laquelle il appartient. (Est-ce que cela a beaucoup changé de nos jours, surtout en temps de crise ?)
Pourtant Dorante a quelques arguments à faire valoir auprès des dames : il est beau comme un prince, délicat comme un ange, noble comme un chevalier (bon, ça fait beaucoup, je vous l'accorde, dans la vraie vie, c'est louche). Aussi, délicatesse oblige, lorsqu'il tombe fou amoureux d'une très, très riche veuve, a-t-il grand peur que l'on croie qu'il la convoite uniquement pour sa fortune.
Aïe, aïe, aïe… Il est là le hic ! Il va falloir s'introduire habilement auprès d'Araminte (la belle veuve), elle-même convoitée par un riche et noble comte, qui a, lui, les faveurs de la vieille et acariâtre mère d'Araminte qui ne rêve, elle, que d'unir deux belles fortunes.
Mais ce n'est pas tout, Dorante va devoir composer avec son oncle, Monsieur Rémy, qui, très honnêtement, essaie de lui arranger le coup avec la suivante d'Araminte, Marton, elle-même qui, pas folle la guêpe, voit bien que Dorante est un parti très engageant.
Bref, ça s'annonce compliqué, aussi Dorante mise-t-il l'essentiel du paquet sur un coup de pouce de son ancien domestique, Dubois, qui est entré au service d'Araminte depuis quelque temps. Peut-être échappera-t-il au valet quelques fausses confidences ? Peut-être lesdites fausses confidences n'auront-elles pas toutes l'effet escompté ? Je n'en sais rien, moi, c'est à vous de lire ou de voir la pièce si vous désirez en connaître le fin mot.
Selon moi, une pièce plaisante mais à laquelle j'ai tendance à préférer grandement les comédies sociales comme
L'Île des Esclaves, La Colonie, etc. car, on l'oublie souvent,
Marivaux était beaucoup plus fin et engagé et tenant des Lumières que ce que le ravalement au théâtre léger et au terme " marivaudage " pourraient laisser supposer.
Eh oui, c'était un esprit, ce
Marivaux, mais que, malheureusement, l'on était pas prêt, en son temps, à écouter comme il se doit, à écouter là où il avait les choses les plus intéressantes à dire. Et, bien entendu, s'il voulait vivre de sa plume, il était bien obligé de faire ce qui plaisait et ce pour quoi l'on acceptait de le payer. C'est bien dommage.
Car, à bien des égards, c'est presque lui le premier représentant des Lumières en France, et même, littérairement parlant, son Paysan parvenu, qui annonce Les Liaisons dangereuses et le Rouge et le noir, ou encore, certaines de ses pièces dont l'agencement est quasiment de la science-fiction avant l'heure, méritent vraiment le détour. Mais ce ne sont là que
les fausses confidences d'un avis doublement inconstant, c'est-à-dire, fort peu de chose.
P. S. : j'ai toujours mieux aimé les vrais confits denses que
les fausses confidences…