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EAN : 9782373850413
160 pages
Les éditions du Sonneur (20/10/2016)
3.5/5   13 notes
Résumé :
Un village ordinaire. Jusqu'à ce matin où de paisibles villageois découvrent, noué à l'échelle d'un canal, un sac rempli d'ossements humains : à qui appartiennent-ils ? Qui a voulu cette mise en scène ? Pourquoi ? Au comptoir, devant le Picon bière, on raisonne, on soupçonne, toutes les générations s'en mêlent. Les souvenirs remontent, des histoires d'amours honteuses, des jalousies de bastringue. On se souvient d'un soldat allemand qui s'est attardé après la guerre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous sommes en plein été, il fait chaud, très chaud, Phlox sort de chez lui. « En ouvrant la porte –il louait l'ancien logement de l'écluse-, Phlox trouva le canal vide et gras de boue luisantes, bouteilles, plastiques, bottes molles, tubes crevés, tous objets englués que trois hommes au torse moite jetaient sur la berge. » Les ouvriers curent, nettoie la boue et… trouvent un sac plastique avec un tournesol bleu quasiment neuf (très important). Hilaire n'a pas l'air d'avoir envie de l'ouvrir, ce sont ses collègues Polycarpe et Clovis qui en sortent un objet oblong « Je crois que c'est un crâne, Monsieur le Maire, un crâne humain. de toute évidence. ». Les gendarmes arrivent, etc.… Cela pourrait être l'entame d'un polar, mais ce n'est pas l'angle pris par l'auteur.
A qui appartient la broche bleue, les ossements ? Qui est ce monsieur Phlox trouvé à sa naissance dans un train. Pourquoi vient-il s'installer ici, justement ici ? Parlons également de la mort d'Emma Bold, réfugiée dans le village pendant la guerre et enterrée dans le cimetière. N'oublions pas le soldat allemand qui jouait avec Basilide enfant, parti sans jamais lui écrire malgré la promessse, la noyade d'Athanase. Il y a si longtemps, ils étaient des gamins,
Les souvenirs remontent à la surface, poissent encore plus l'air surchauffé. Cette nuit, où personne ne dort, est propice aux confidences. Leur histoire est comme le squelette, incomplète. A eux de curer leurs souvenirs, de nettoyer leurs propres canaux du souvenir. Rappelez-vous, les ossements sont déposés dans un sac de facture très, très, récente, « l'épicière les avait reçus hier. » donc c'est bien pour faire ressortir cette histoire que la personne l'a déposé dans le canal, sachant qu'il serait curé. « Il fallait juste qu'on le trouve aujourd'hui. Mais pourquoi spécialement aujourd'hui ? »
Judith Masson joue avec le ruisseau sinueux, le canal droit, boueux, sale, puis vidé, récuré et le désir de quelqu'un, de savoir, de nettoyer le passé du village, que l'eau de la petite rivière torse nettoie les ruelles des souvenirs, le passé des habitants, celui de Phlox, les méandres de leurs souvenirs. « Ces choses-là, c'est comme les carpes, on croit que c'est fini, qu'on n'en parlera plus, et ça revient toujours. On les oublie. Puis voilà que quelqu'un en attrape une. »
Le squelette parlera-t-il ? Les villageois se souviennent, s'expliquent « On devrait se parler, plutôt que de tout garder comme ça. » pour retrouver une cohésion. « Il faut que les choses aient un sens, n'importe lequel. Qu'il y ait une histoire autour de ces os, de toi, de Prisque, de chacun de nous, et qu'elle tienne debout. Qu'elle ait un début, une fin. Qu'on la croit vraie. Qu'au besoin on la fabrique. »
« Sortir un poisson étourdi de ces eaux, enfin, le tenir à pleines mains, affolé dans le ciel rose, avec ses yeux ronds, sa bouche orange, ses écailles irisées, poisseuses, luisantes, le laisser tourner en rond, un moment dans le vivier, puis le rendre à la rivière, le regarder plonger dans le silence, au bout d'une courbe gracieuse et miroitante qu'il faut bien appeler le bonheur. » Ce dernier paragraphe est un parfait résumé du livre, du cheminement des villageois et de Phlox
J'aime les ricochets entre mes lectures. Les villageois, la nuit venue, osent se raconter, comme dans le livre de Gaël Faye, Petit Pays, les hommes dans les estaminets de quartiers. L'importance des origines de Crépuscule du tourment de Leonora Miano trouve un écho ici. « C'est important les origines, C'est passionnant aussi, parfois, comme ces énigmes dans les films qu'il faut résoudre. La réponse se trouve quelque part, il faut savoir la chercher. Ce n'est pas toujours celle qu'on imagine…. Les familles ont leurs petits secrets, n'est-ce pas ? Qui n'en a pas ? car tout ce que l'on ne sait pas « tourne dans nos mémoires comme des carpes dans l'eau profonde ? ».
Avec Des carpes et des muets, je suis les méandres de la rivière, je sens les odeurs prégnantes du canal « Par la porte d'entrée restée ouverte, l'odeur du canal montait, plus forte dans la fraicheur de la nuit. », je regarde la vie qui l'entoure. Les dialogues de Judith Masson sont à la fois introspectifs, vifs, courts, les personnages bien campés. La métaphore est belle. Les phrases, très photogéniques, côtoient la poésie.
Je comprends pourquoi Lionel-Edouard Martin a aimé des carpes et des muets, c'est un très beau premier roman

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Avec ce premier roman, l'auteure restitue parfaitement l'ambiance d'un village de province dans lequel tout le monde se côtoie, se connait depuis l'enfance sans pourtant vraiment savoir qui est vraiment son voisin.
Elle installe petit à petit un petit parfum de mystère, amplifié par le côté intemporel de cette fable aux personnages dotés de prénoms désuets, voire improbables. le point de départ est la découverte d'un sac rempli d'ossements humains lors du nettoyage du canal ; attaché à une échelle des bords du canal, il semble avoir été placé là volontairement. Quelqu'un cherche visiblement à libérer la parole dans ce village où tout le monde suppute, envisage, imagine mais personne ne parle. Des secrets demeurent qui impliquent toutes les familles. Et peut-être aussi Phlox, le seul "étranger", ancien parisien venu s'installer au village un an auparavant. Par hasard ?
L'auteure a su capter mon attention et me garder jusqu'à la fin en menant sa barque de façon subtile. Sous couvert d'une fable légère, elle dit beaucoup de choses sur nos rapports à l'autre, et elle le dit bien.
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J'ai bien aimé l'atmosphère de ce village ou tous les personnages se côtoient, échangent ou restent silencieux tout en partageant leur quotidien. Un village de campagne dans lequel chacun connaît son voisin et sa façon de vivre, les gens qu'il fréquente et ceux qu'il évite. du voyeurisme, non seulement un espace-temps qui semble figé à une certaine époque, celle ou on prenait le temps de partager la vie et ses tourments.

Mais dans ce petit village donc, où tout semble paisible, on découvre un sac rempli d'ossements humains, au moment où l'on vide le canal pour un curetage. A qui donc peuvent-ils appartenir...
Le village s'émeut, s'ébroue, sort de sa léthargie et peu à peu on s'aperçoit que nombre d'habitants ont quelque secret bien gardé et des squelettes dans le placard...

Ce n'est pas un roman policier. Vous ne trouverez pas de réponse à la question (enfin si peut-être), mais par contre vous découvrirez des habitants aux vies fragilisées par l'amour, le deuil, le regret, la malveillance... mais aussi des habitants unis (muets) devant l'adversité.
C'est un roman d'atmosphère, de climat, de tension, de regard sur la vie qui s'écoule, d'odeur nauséabonde parfois. Les âmes, comme le canal, doivent être nettoyées.

C'est beau. C'est poétique et mélancolique. L'écriture est d'une extrême douceur (même dans les coups de gueule, comme si la chaleur ambiante empêchait tout débordement) et les personnages ont tous des noms et prénoms (Phlox, Irmine, Basillide, Clovis, Hilaire...) qui vous emmènent loin, ailleurs. Et pourtant, c'est là tout proche...

C'est le premier roman de cette auteure. Décidément, la rentrée littéraire 2016 est vraiment un bon cru.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Une histoire en vase clos qui se déroule sur une journée et une nuit.
Dans un petit village, lors du curage du canal un sac contenant des ossements est découvert.
Tous les habitants sont en émoi et les supputations et les souvenirs fusent.
Avec une belle écriture, l'auteur nous fait vivre ce moment où chacun se sent concerné.
Il faut cependant reconnaître que l'emploi de noms étranges pour les personnages ne facilite pas la lecture et qu'on se demande souvent qui est qui.
L'ambiance est un peu étouffante mais parfaitement rendue..
C'est un beau roman mélancolique où l'ambivalence des rapports humains prend toute son ampleur.
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Un fort beau roman, qui se lit d'une traite !

Tellement prégnant et difficile à définir...
Faux polar, vraie peinture sociale et humaine, le portrait sensible d'un "écosystème " villageois, peint par petites touches impressionnistes, vibrantes, denses.
Un sorte de "Cluedo façon Virginia Woolf", qui entremêle le dedans, le dehors, l'intrigue "policière", l'exploration de la mémoire et de l'intime des protagonistes, et du monde qui est le leur.

Des "indices" qui n'en sont pas vraiment, plutôt des bribes d'histoires, vraies ou peut-être pas, distillés au fil du récit comme remonteraient à la surface des bulles de passé - pièces d'un puzzle dont chacun des personnages posséderait un morceau...

Cette plongée dans les méandres de l'âme de ces "gens de peu", entre passions inavouées, renoncements et petits arrangements,
exhume, littéralement, des pans d'histoire collective et individuelle. Elle s'attache sans concessions à dire ce qui est caché - parce qu'il faut dire - mais sans prétendre faire toute la lumière ou détenir aucune vérité ; et sans se départir d'une grande tendresse envers les personnages.

Charnelle, très évocatrice, l'écriture d'Edith Masson donne à voir et à sentir les gens, les lieux, la nature, les choses du quotidien avec une belle intensité : la vie, dans toute sa complexité, servie par une langue aussi simple en apparence qu'imagée.
Un roman profondément humain,
dont il reste in fine, malgré la tension dramatique entretenue tout au long du récit, quelque chose de paisible, qui dit : "Laisse couler, ça passera. Ça finit toujours par passer"


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elle s'était tue, tout à coup absorbée, comme égarée dans un rêve. Sur ce visage qu'il ne lui avait jamais connu, il vit glisser des émotions insoupçonnées comme des poissons à fleur d'eau, sitôt entrevus, sitôt disparus, des pensées fugaces qu'il aurait voulu retenir. Toute une profondeur de vie courait sous ce visage d'ordinaire éteint, et tout le feuilleté d'une conscience dont il ne soupçonnait rien l'instant d'avant s'ouvrait à lui, ravissant son imagination. Quand elle leva la tête, il rougit.
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On fait tous semblant, plus ou moins, on s'accroche. On s'accroche le plus longtemps possible à l'idée que les choses pourraient être ce qu'il faudrait qu'elles soient, ce qu'on voulait qu'elles soient quand on y rêvait. Alors on se contente qu'elles en aient l'air. Ca suffit au début, ça suffit longtemps, toute une vie parfois. C'est tellement dur de renoncer.
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Sans que tu saches comment, une histoire a poussé autour de toi. On te regarde comme ça et, peu à peu, si tu n'es pas assez fort, tu seras réellement ce raté, ce héros, ce sale caractère, ce malhonnête, ce personnage qu'ils auront inventé. Quand tu te regarderas dans la glace, tu ne verras plus que ça.
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Ces choses-là, c'est comme les carpes, on croit que c'est fini, qu'on n'en parlera plus, et ça revient toujours. On les oublie. Puis voilà que quelqu'un en attrape une.
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Les gens, ce n' est pas la vérité qui les intéresse, c'est que ça fasse des histoires, et de sales histoires.
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Vidéo de Edith Masson
Edith Masson - Des carpes et des muets .Edith Masson vous présente son ouvrage "Des carpes et des muets" aux éditions du Sonneur. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/78464/edith-masson-des-carpes-et-des-muets Notes de Musique : Polar Stratospheric Clouds. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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