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EAN : 9782379100970
400 pages
Livr's Editions (01/06/2022)
4.08/5   19 notes
Résumé :
Quand Herbert Russell, directeur de prison, prend sa retraite, il achète Allhallows Hall, un manoir Tudor délabré situé à Dartmoor. Il y vécut toute sa vie avec sa famille, au bord de la lande, entouré de ses brumes, ses hivers sombres et son sentiment d'isolement accablant.
Aujourd'hui, il est mort et sa famille se tient prête à hériter de ses biens. Mais lorsque cette dernière se déplace au manoir pour découvrir le testament excentrique de Russell, l'atmos... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
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Et là vous vous dites, mais qu'est-ce qu'elle vient nous empapaouter avec ses retours pour un bouquin en anglais, mais une surprise vous attend à la fin de ma bafouille... ce qui n'est pas une raison pour vous précipiter à la fin sans lire le reste, je vous vois, hein.
L'histoire se passe dans un manoir Tudor qui porte le nom délicieux de Allhallows Hall, vers Dartmore. Mais si, vous connaissez. Vous voyez l'arbre là-bas au fond ? Ben c'est la première à droite et vous y êtes.
Son propriétaire était l'ancien directeur de la prison de la ville et à son décès, ses enfants en ont hérité. Bien entendu, à peine sont-il arrivés que l'un de leurs gamins, Timmy, 5 ans, disparaît.
Et là on se dit : ah tiens, une histoire de maison hantée, aucune surprise à l'horizon... et puis on se trompe évidemment, puisque Graham Masterton s'oriente plus vers une histoire de possesion que d'esprits malins qui hanteraient la demeure. de plus, avant de sombrer dans l'horreur, nous avons de belles tranches de rire grâce aux personnages atypiques décrits par l'auteur et aux dialogues savoureux. du moins moi j'ai largement souri, voire souvent ri. Vous l'aurez compris, ce livre sort de l'ordinaire.Même les chiens policiers appelés en renfort sont décrits avec un humour qui décoiffe.
Contrairement à d'habitude, le récit est écrit à la troisième personne du singulier, le narrateur étant donc observateur. Ça nuit un peu à l'immersion, parce que ça donne une impression de détachement, et la famille de Timmy semble peu préoccupée par son sort. C'est simple, à un moment on l'oublie carrément, ce pauvre gamin. Mais bon, ce n'est pas la première fois qu'un auteur nous embarque dans des histoires parallèles au point qu'on en perd l'enquête principale de vue. Et là, leurs préoccupations sont plutôt de laver leur linge sale. Mais bon, ça reste très sympa quand même et j'ai beaucoup aimé, parce qu'en fait la disparition du gamin a plutôt servi de prétexte pour garder toute la famille à l'intérieur du manoir. Et le comportement des protagonistes est plus qu'étrange. Par exemple l'un d'eux refuse de rester à l'intérieur lors de la pleine lune, quant à une autre, elle est condamnée à demeurer cloitrée dans une pièce pour l'éternité en compagnie d'autres fantômes pas forcément super sympas...
L'histoire est si riche en rebondissement que je ne peux conter par le détail ce qui arrive à chacun, mais on plonge allègrement dans l'horreur et l'angoisse nous étreint. Fini de rigoler, au bout d'un moment, hein. On n'est pas dans un filgoude.
Je n'ai pu arrêter de tourner les pages, entre le sanguinolent teinté d'humour noir, l'ambiance pesante, les personnages au comportement mystérieux, je n'en ai pas perdu une miette. Il y a des scènes assez violentes, en particulier celle d'un viol qui n'a pas fait l'unanimté parmi les lecteurs, certains l'ayant trouvée inutile, mais bon, elle est là. Et vous connaissez l'auteur, il n'est jamais avare de détails.
On allait de l'un à l'autre des personnages au début sans trop trop creuser, mais ensuite l'auteur y revient individuellement et l'immersion se fait naturellement. On les aime, on les déteste, peu importe, on se sent concerné. Ce mélange de réalité, de fantastique, de mythes, de croyances, de démons et de voyage dans le temps est une réussite.
Pour la "surprise" que je vous annonce en début de ce retour, j'ai appris récemment que The House of a Hundred Whispers allait sortir dans le courant de l'année en français, sous le titre La maison aux cent murmures. J'en ai vu la couverture, elle est juste magnifique... et terrifiante. Ce sera donc bientôt au tour des fans ne lisant pas l'anglais de pouvoir déguster ce petit chef d'oeuvre.
Edit : Sortie le 1er juin, lancement des précommandes le 5 avril.
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Dans la vie, certains jours sont bien plus marquants que d'autres. Ils peuvent même aller jusqu'à tout balayer sur leur passage.
Il y aura un avant et un après.
Un mariage, une naissance, lire votre premier Graham Masterton, un décès, une amputation, lire votre second Masterton.
Tomber amoureux, chuter d'une falaise, dévorer votre dixième Masterton, votre vingtième, votre trentième-deuxième, avoir votre baccalauréat, votre premier boulot, votre premier chômage, vous délecter de votre quarante-cinquième Masterton.
La fin du monde, mon anniversaire, mon demi-anniversaire, mon quart d'anniversaire, lire enfin mon cinquante-huitième Masterton ( intitulé la maison aux cent murmures ), faire baptiser vos enfants.

Oui, oui, baptisez-les, enduisez-les d'eau bénite sans plus attendre si ça n'est pas encore fait !
"Il y a encore des gens qui pensent que Old Dewer part en chasse au milieu de la nuit. Il recherche des bébés non baptisés."
Et Old Dewer, c'est pas un gars très sympathique. Ce vieux de la vieille, c'est même le diable en écailles et en os. En outre il est accompagné de sa meute de molosses qui dévorent les poumons de ces chérubins qui ne vivent pas encore dans l'amour de Dieu.
Et ce sont ces mêmes bêtes assoiffées de nourrissons qui donneront vie au célèbre chien des Baskerville d'Arthur Conan Doyle.

Graham Masterton s'est aventuré dans toutes les légendes du monde et de Navarre pour en faire revivre les mythologies les plus méconnues et les plus abjectes, les plus cruelles et originales, rédigeant autant de romans variés, amusants et horribles ( non, non, ça n'est pas antinomique, bien au contraire ! ).
Cette fois, c'est le folklore plus proche du comté de Devon, au Sud-Ouest de l'Angleterre, qui sera mis à l'honneur.
"Il y a tellement de légendes et d'histoires fantastiques à propos de fées, de fantômes, de démons et de sorcières."
Il y sera notamment question des pixies, de petites fées, qui, quand elles sont mal lunées, égarent les voyageurs et attirent les enfants en prenant l'apparence d'une poupée de chiffon.
Et l'auteur n'est jamais à court d'exemples bien réels pour donner une consistance à ces mythes, et nous laisser envisager qu'ils sont authentiques. Shakespeare et William Blake par exemple légitimeront ici les croyances les plus improbables.

Si la première mort a lieu dès la seconde page ( "Avant qu'il ait eu le temps de se retourner, il reçut un coup en plein centre de sa calvitie, avec ce qui ressemblait à un marteau." ), La maison des cent murmures se distingue cependant d'une grande majorité de la bibliographie de l'auteur écossais. En effet, si vous vous attendez à un déferlement d'hémoglobine et à des tripes répandues partout en des descriptions très visuelles, à une plongée en apnée dans une horreur absolue et toujours renouvelée, vous n'allez pas rentrer dans vos frais.
Enfin pas tout de suite.
Cette fois Masterton prend son temps. Les mystères et l'inquiétude montent crescendo. On est happé immédiatement dans cette histoire aux ramifications multiples - secrets de famille, enquêtes policières et bien sûr évènements irrationnels. Mais comparé à Ghost Virus ou Les anges oubliés précédemment parus chez Livr's éditions, l'auteur privilégie ici une ambiance glaciale, angoissante, oppressante.
"La couleur avait quitté ses joues et ses dents claquaient comme les touches d'une vieille machine à écrire."

Il faut dire que le décor s'y prête particulièrement.
A la mort de leur père, la famille Russell au grand complet ( six adultes et un petit garçon ) rejoignent le manoir d'Hallallows Hall afin de découvrir les dernières volontés du défunt.
Cette bâtisse Tudor du seizième siècle est totalement isolée si on excepte une vieille église et un cimetière à proximité.
"Cette maison me terrifie et me glace et j'aimerais ne jamais remettre les pieds ici."
Et puis il y a ce feu qui prend l'apparence d'un visage cauchemardesque une fraction de seconde, ce vent, ces coups de tonnerre, et tous ces grincements et craquements.
Comme si la maison était une entité à part entière, capable de gémir ou de se mettre en colère.
Ou ces murmures seraient-ils des chuchotements humains ?
"C'était si étouffé et indistinct qu'il aurait pu s'agir d'un renard hurlant quelque part à l'extérieur, ou d'une porte grinçant dans un courant d'air."
"Le bruit de leur conversation ressemblait à une bande d'enfants tristes se frayant un chemin à travers des tas de feuilles d'automne."

Alors vous allez me dire qu'à tous les coups la maison est hantée et qu'il vaut mieux déguerpir avant que les fantômes soient très fâchés, ce à quoi je vous répondrais deux choses :
- Il est en effet possible que des forces surnaturelles soient à l'oeuvre mais si vous pensez à des créatures diaphanes, ce serait mésestimer l'imagination sans limite de cet écrivain. Si vous avez lu Démences vous savez déjà de quoi je parle.
- le petit Timmy, cinq ans, disparaît à peine arrivé et il faut bien fouiller la maison et les alentours pour avoir une chance de le retrouver. Quitte à trouver d'abord la foi.
"- Tu vas prier qui ? Tu ne crois pas en Dieu.
- Je viens de me convertir. Au moins jusqu'à ce qu'on retrouve Timmy."

On ne le dit pas assez mais il est assez traumatisant de perdre un enfant. Et aussi pour un gosse de perdre ses parents.
Nous étions en vacances ma soeur et moi, âgés peut-être de sept et quatre ans, et nous regardions les cartes postales exposées à l'extérieur d'une boutique de souvenirs. Deux minutes à peine s'étaient écoulées quand nous avons constaté que nos parents avaient disparu. Avaient-ils décidé de nous abandonner ? Avaient-ils été enlevés par Old Dewer ? Une Pixie les avait-elle égarés ? Aucune autre solution n'étant rationnelle, ma petite soeur s'est mise à pleurer à gros sanglots et moi, plus âgé, je tentais de rester courageux mais je n'en menais pas large. Quand une dame a vu notre détresse nous avons oublié toutes les leçons inculquées ( ne jamais parler aux inconnus, rester à l'endroit où on s'est perdu et ne plus bouger ) et, lui faisant une confiance aveugle, nous l'avons accompagné au syndicat d'initiative, un refuge pour les enfants perdus où nos parents sauraient nous retrouver.
En réalité nos parents s'étaient juste introduits dans l'échoppe sans qu'on les voit entrer et nous avions disparu de leur champ de vision quand ils sont sortis. Une fraction de seconde durant laquelle leur monde à eux s'est également écroulé ( ma soeur c'était pas grave, mais me perdre moi vous imaginez la panique ? ). Aller au syndicat d'initiative ne les avait même pas effleurés mais notre sauveuse, encore sur place, a réuni finalement notre tribu.
Tout ça pour dire que je n'ai pas compris pourquoi la famille Russell cherchait Timmy dans les moindres recoins de la demeure ou en faisant des battues dans la lande alors qu'il leur aurait suffi de se rendre au syndicat d'initiative le plus proche, à Tavistock peut-être.
Hasard ou coïncidence, au dix-huitième siècle le marquis de Tavistock - commune du Devon - s'appelait Francis Russell.
Même nom de famille que nos protagonistes qui, s'ils avaient lu plus de romans de Masterton, se seraient carapatés vite fait de cette demeure, avec ou sans leur fils !

La maison aux cent murmures est peut-être moins incisive et plus perfide que d'autres romans de l'auteur de Manitou, mais son style est toujours aussi reconnaissable.
Depuis le recueil de nouvelles Dark Gates of madness, publié aux éditions Selma ( autre éditeur belge ) c'est Christophe Corhouts qui a repris les rennes d'une traduction longtemps menée en France par François Truchaud.
Mais quelle que soit la personne qui retransmette l'écriture de Masterton, elle est de toute façon inimitable.
Son humour grinçant en toutes circonstances fait toujours mouche.
"Je ne comprends pas pourquoi les chemins de fer ne prévoient pas une ligne spéciale pour ceux qui veulent se foutre en l'air, histoire de ne pas déranger les utilisateurs."
Et puis il a ce don unique de jouer avec les cinq sens du lecteurs. Les évènements prennent d'autant plus vie qu'il ne se contente pas de nous les décrire : Il nous les fait toucher, sentir, écouter. Il leur donne cette dimension supplémentaire comme pour nous faire participer de façon plus concrète à ce que vivent ses personnages, même s'ils sont au coeur d'une situation insensée.
"Une sensation d'air froid soufflant d'un sèche-main, plutôt que le contact d'une main chaude."
"Cigarettes, vieille sueur, et une autre odeur aussi, étrangement métallique, comme de la viande de poulet abandonnée trop longtemps dans le fond d'un frigo."

Le petit bémol que j'aurais à émettre est typique de l'auteur également. Ca n'est pas systématique mais très souvent il a recours aux médiums, aux rituels, aux invocations. Même si leur rôle ou leur nature diffère de romans en romans, je les ressens un peu comme un passage obligatoire. A l'inverse de l'idée de dingue qui a germé dans son esprit et qui a servi de support pour l'écriture d'un livre contenant toujours des scènes d'anthologies, on retombe dans de l'ultra-classique.
La maison aux cent murmures n'y échappe pas et ce ne sont pas les moments que j'ai préférés.

Moins sanglant, plus terrifiant, toujours aussi démentiel, l'auteur confirme une nouvelle fois qu'il a beaucoup d'imitateurs mais aucun égal.
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Un ex-directeur de prison qui vivait seul dans un immense manoir lugubre vient de décéder de façon brutale, et ses enfants se réunissent donc pour prendre connaissance du testament.
Mais le petit garçon d'un des fils du défunt va disparaître mystérieusement et c'est le début d'une histoire terrifiante.
Entre bruits inquiétants, fantômes, légendes locales, rumeur sur la personnalité du défunt, démons, sorcellerie, occultisme, secrets de famille etc...on sera servis !
Bien entendu, l'intrigue se déroule à une époque de l'année où les conditions météo sont mauvaises, on aura aussi une histoire de pleine lune, des secrets liées à la famille, des faits divers anciens, du mystère à tous les étages, de la violence et du sexe sans oublier une forte composante religieuse.
J'ai beaucoup aimé ce roman, que j'ai dévoré d'une traite, même si la fin m'a bien fait rire.
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S'il y a bien un auteur dont je me délecte à chaque nouvel écrit, il s'agit bien de Monsieur Graham Masterton. J'adore ces auteurs qui sont capables de mettre à mal le lecteur lors de passages bien dégueulasse, excusez-moi du peu cette expression. Mais, le Britannique n'a pas cette reconnaissance du public, qui lui préfère les deux “K” américains. La faute à la malchance de n'avoir pas eu ses oeuvres adaptées au cinéma, si on excepte son tout premier roman « Manitou ».

C'est grâce à nos Amis Belges (Livr's Éditions, que je remercie), depuis 3 ans, qui nous proposent ses derniers écrits. On se souvient de « Ghost Virus », ainsi que l'excellent « Les anges oubliés » davantage orienté vers le polar. Quand j'ai vu qu'en précommandant « La maison aux cent murmures », Graham Masterton déciderait une belle carte illustrée par Geoffrey Claustriaux, je n'ai pas hésité à prendre deux exemplaires, un pour moi et le second pour mon frère. Il ne restait plus qu'à patienter.

À la lecture des premières pages, je n'ai pu m'empêcher de penser au chef-d'oeuvre « Démences » (dont il a beaucoup de similitudes), ainsi qu'à « Apparition ». Je suis très content de constater, qu'avec « La maison aux cent murmures », l'auteur renoue vers le récit surnaturel, là où il excelle. Je me suis régalé avec ces légendes de nos voisins d'outre-Manche, ces rites païens, ces incantations druidiques.

Les personnages sont bien réussis. Bien que les protagonistes principaux, les nouveaux propriétaires, soient un peu effacés, Graham Masterton soigne les seconds rôles. Ainsi nous aurons un Druide éphémère, mais très intéressant, un prêtre dépassé par les événements, une jolie sorcière attachante et un prisonnier brillant. Je regrette que les chapitres sur ce monde parallèle soient bien peu nombreux. La narration à la troisième personne rend l'histoire dynamique.

Après un début assez poussif, le récit s'emballe et il m'est difficile de lâcher le livre. Je me suis senti embarqué dans une magnifique aventure à la fois similaire, mais aussi, différente de « Démences ». Malgré une fin expéditive (ressemblance avec « Le démon d es morts »?) et une quasi-absence d'hémoglobine (de viscères, de tripes…), j'ai beaucoup aimé ce roman. Il a tant à dire sur ce roman, mais le mieux est de se faire plaisir et de le lire.

Espérons que les Éditions Livr's continueront longtemps à nous traduire les écrits du Maître de l'horreur. Et j'espère que l'immense Robert McCammon puisse lui aussi voir ses oeuvres transcritent en français.
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La maison aux cent murmures est un roman d'horreur fantastique qui se déroule en Angleterre. Très vite, il m'a fait penser au film Les autres avec Nicole Kidman en raison des fameux murmures et de la coexistence entre des humains et des présences invisibles. le parallèle s'arrête à mesure que l'on entre dans les explications touchant à l'histoire et au folklore.

Herbet Russel n'aurait jamais dû revenir. Il savait, pourtant, qu'il devait éviter Allhallows Hall les nuits de pleine lune. Livres de compte en main, il est assassiné d'un coup sur la tête. Ses enfants, Rob, Grâce et Martin, se rejoignent dans le manoir familial pour entendre les mentions testamentaires. Croyant pouvoir se débarrasser de la demeure rapidement, ils apprennent qu'elle est remise à un fiduciaire pendant treize ans, soit jusqu'à la majorité de Timmy le gamin de cinq ans de Rob et Vicky. Atterrés, les parents ne sont pas au bout de leur peine, car Timmy disparait mystérieusement. Les recherches dans la maison, dans le village de Sampford Spiney et les landes ne donnent rien. Les Chuchoteurs d'Allhallows Hall semblent savoir ce qu'il se passe. Toutefois, le mal qui dort les terrifie bien trop pour les aider. Quel démon rôde derrière les lambris de la maison ? Et pourquoi les premiers propriétaires ont-ils érigé un vitrail en l'honneur d'Old Dewer, le diable aux chiens ?

Au départ, le récit ressemble à de nombreuses histoires d'horreur basées sur la maison hantée. L'ensemble des ingrédients y sont : un meurtre violent, une disparition soudaine et mystérieuse, des murmures angoissants, des monstres sous les lits, un chien qui sent le danger et ne veut pas entrer dans un manoir obscur…le tout dans une atmosphère des campagnes anglaises où le brouillard et le mauvais temps confèrent une ambiance sombre et anxiogène. le roman devient intéressant dans la seconde moitié, lorsque les explications commencent à étayer ce que cachent les murs d'Allhallows Hall.

L'univers de Graham Masterton est construit sur le folklore local et des éléments historiques. Les légendes émaillent le texte allant du chasseur maudit, à la dame blanche en passant par les Piskies. Ainsi, nous plongeons dans les méfaits d'Old Dewer, le diable des landes qui emportent les enfants perdus et non baptisés. D'abord incrédules, Rob, Vicky et les autres se tournent vers l'historien amateur John Kipling, la charmeuse Ada Grey et le glaneur Francis Coade pour retrouver Timmy. Ces trois allient leurs connaissances et leurs savoirs-faires pour contrer l'entité malfaisante de la maison. J'ai adoré découvrir les lois de la sorcellerie et du druidisme élaboré par l'auteur. La magie et les éléments historiques (dont je vais taire la nature) sont les points forts de ce roman.

Les personnages principaux (j'entends par-là les enfants Russel) se sont révélés insipides. Dans les premiers chapitres, ils sont décrits de façon sommaire avec des caractéristiques détestables qui ne sont même pas exploitées par la suite. Par exemple, Rob lâche des propos sexistes à la limite de l'homophobie, mais on ne revient pas du tout sur ça par après. Martin est le stéréotype de l'employé de la City et sa femme Katharine celui de la petite bourgeoise et épouse parfaite. Ce côté caricatural se retrouve également dans les méchants chuchoteurs. Ada et Francis sauvent le panier des personnages des oubliettes, même si à un moment donné, j'ai été un peu exaspérée par le caractère prolixe de Francis. Son érudition et sa passion sont indubitables. Toutefois, on finit par sentir que l'étalage de ses connaissances sert à faire avancer l'histoire. On voit les ficelles scénaristiques en somme.

Outre l'esquisse dérangeante des personnages, une scène en particulier m'a rebutée, car elle n'apporte rien au récit. Ce passage se situant assez loin dans le roman, vous pouvez sauter ce paragraphe si vous le souhaitez. Il s'agit du viol d'un personnage féminin, qui sert uniquement de gadget terrifiant pour faire monter la tension du lecteur. Je ne peux le percevoir autrement parce qu'il n'impacte aucunement le déroulement de l'histoire et l'évolution psychologique de la victime. Je ne lis pas beaucoup de textes d'horreur, mais j'ai souvent l'impression que le viol est une solution de facilité qui devrait être bannie si elle ne sert pas à la construction et à la cohérence du roman.

Le thème principal de la maison aux cent murmures est la disparition d'un enfant et la manière de gérer les émotions qui y sont liées. Comment peut-on survivre à ça ? Et si l'enfant n'est pas retrouvé, comment peut-on renoncer ? Les réponses à ces questions découlent des actions de Rob et Vicky qui sont déterminés à rester sur place malgré l'angoisse que la maison intensifie. Ils n'hésitent pas à explorer les chemins surnaturels, à utiliser tous les moyens pour retrouver Timmy. le second sujet concerne la notion du temps et de ses impacts. Je ne vais pas m'éterniser sur la question pour éviter d'en divulguer trop. C'est une part importante de l'intrigue.

Cette histoire de disparition, de magie noire et de maison hantée est servie par une plume fluide et simple. Les descriptions de l'auteur remplissent leur job pour brosser l'aspect angoissant et maussade d'Allhallows Hall et de ses environs, comme on peut s'y attendre de ce type de livre. Dans les passages violents, il n'use d'aucun filtre. Il ne surdose pas la couche d'hémoglobine et d'os qui craquent pour le plaisir. Ces scènes sont, crues, courtes et efficaces.

En bref, La maison aux cent murmures fut une lecture en demi-teinte. Débutant comme tout classique du genre du manoir hanté, le roman s'en détache par l'univers fantastique dans lequel il nous plonge progressivement. J'ai adoré l'exploitation des légendes locales et de la mythologie celtique qui sauve le récit à mes yeux. Dommage que les personnages principaux manquaient autant de substances et tiraient sur la caricature pour certains.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
‘There’s no way he could have got himself up there,’ said Rob. ‘What did he do – fly? And then shut the door behind him?’ ‘Of course he couldn’t,’ Martin agreed. ‘But you know what they say about leaving no stone unturned. You wouldn’t want to go up there in ten years’ time and find his skeleton.’ ‘Martin, for Christ’s sake.’ ‘I know. Sorry. But you know what I’m trying to say. Better to be sure now than sorry later.’
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He had often wondered how he would react when his father died. Sometimes he thought that he would be relieved, even elated. Herbert Russell had been selfish and short-tempered, and a harsh disciplinarian. To give him his due, he had occasionally been capable of unexpected acts of generosity – giving out hampers to his wardens at Christmas or donating money to local charities. But Rob had always suspected that he had been trying to convince both his family and his prison staff that his bullying was beneficial for them, and that one day they would thank him for it. Either that, or he had been trying to make sure he didn’t compromise his chances of being admitted to heaven.
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He opened up another suitcase, and another. They were all filled with men’s clothes. One of them had two pairs of good-quality leather shoes in it, wrapped in tissue paper. ‘I don’t get this at all. It looks like these prisoners were all packed up to go away somewhere. But if they didn’t go away, where did they go? Back to the prison? But if that’s where they went, why did they leave their suitcases here?’ ‘We can easily check with the prison,’ said Martin. ‘If they did go back, maybe some of them are still banged up there, and they can throw some light on why Dad kept their stuff.’
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Rob looked around. The same paintings still hung on the walls – dreary landscapes with overcast skies, mostly of Dartmoor and the Walkham Valley. One of these paintings Rob had always found deeply unsettling. In the middle of a dark grove of trees twenty or thirty figures were gathered, all wearing white robes with pointed hoods, as if they had assembled for some pagan mass, and were waiting for Satan to put in an appearance.
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‘I’m thirsty,’ said Timmy. ‘Timmy, for God’s sake, you’re always something! If you’re not thirsty you’re hungry and if you’re not hungry you’re tired and if you’re not tired you’re bored.’ ‘Oh, leave the poor boy alone,’ said Vicky. ‘It’s all right, darling, we’ll find you something in a minute. Your grandpa must have left something in the house that you can drink.’ ‘Apart from Scotch?’ said Rob. ‘I very much doubt it.’
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Catherine Dufour, l'autrice du Goût de l'immortalité (Prix Rosny aîné 2006, Grand Prix de l'Imaginaire 2007), d'Entends la nuit (Prix Masterton 2019) et, plus récemment, de Danse avec les lutins (Prix Imaginales 2020) nous explique en quoi l'ordre des Bene Gesserit est… une… plantade. En gros. Si, si.
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