Classique!
Val Mc DERMID, auteure écossaise mondialement reconnue et régulièrement primée, doit avoir écrit plus de 30 romans policiers. Je pense pouvoir dire qu'elle est une « faiseuse » de polars…
Sa grande pratique lui permet d'en maîtriser tous les codes dans un style classique impeccable.
Mais… mais l'expérience n'est pas tout. «
Ombres et lumière » le démontre. (NB : « Still life » le titre anglais est tout de même moins banal que le titre français).
Nous avons deux enquêtes menées de front par la commandante Karen Pirie affectée au département des enquêtes historiques.
- Un squelette de femme retrouvé dans un van, donc un cold case relevant de ses attributions.
- Un corps noyé fraîchement repêché, peut être en lien avec une vieille affaire, qui lui est attribué d'autorité.
Deux enquêtes mais sans rapport entre elles. Quel intérêt ? A priori, aucun. Sauf, si l'on considère qu'aucune d'entre elle n'est assez dense pour donner toute sa matière au roman. Un peu à la façon des plus maigres séries policières US qui ont toujours deux intrigues parallèles.
Deux enquêtes et deux adjoints: l'indéracinable Jason et la nouvelle venue Daisy, presque deux copies conformes, naïfs parfois jusqu'à la bêtise, travailleurs acharnés, le petit doigt sur la baguette du pantalon, à peu près incapables d'initiative et adorateurs invétérés de la chef Karen.
Il faut bien les deux premiers tiers du roman pour poser les deux enquêtes, dessiner le profil et le vécu des principaux personnages, le dernier tiers ayant vocation à donner les clefs mais les explications peuvent facilement être déduites avant.
Par touches sont abordés des sujets d'actualité comme le Brexit, le rapport de l'Ecosse avec le pouvoir anglais, la déliquescence de la politique, le marché de l'art, le covid (très bien évoqué, perçu d'abord avec curiosité puis devenant une menace de moins en moins lointaine jusqu'au couperet du confinement !).
Nous avons avec «
Ombres et lumière » un roman bien écrit, bien cadré mais ronronnant, se laissant lire, malgré tout, sans déplaisir.
Cependant on n'y trouve pas cette petite étincelle, ce feu sacré qui vous aspire, vous embarque dans un univers autre où l'on dérive de questionnement en questionnement, de surprise en surprise, un univers qui captive votre esprit, capture votre énergie, dérange, trouble… le charme envoûtant des polars que j'aime.
Alors, avec ces chaleurs ? A conseiller pour la plage ? pour le repos pré- sieste ?