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Attention, on a 3 tomes et c'est une seule et même histoire, donc je mets ici ma critique générale des 3, même s'il y a un paragraphe par tome.
A vous de voir ce que vous piochez dedans, sachant que c'est garanti sans spoiler ma bonne dame... :-)

Pour moi le premier tome est brillant.
Il est bon du début à la fin. Cette société lunaire où tout est contrat, où vous devez payer pour accéder aux 4 fondamentaux que sont l'air, l'eau, le carbone et les données est magnifiquement décrite, extrêmement réaliste.
Les intrigues entre les 5 familles qui dirigent ce monde (Hélium, Electricité, Agriculture, Vol spatial et Minerai) sont de haut niveau et les 100 dernières pages sont telles que vous ne pourrez pas lâcher votre bouquin.
Limite, même si vous ne liriez pas les 2 autres tomes, celui là mérite une lecture, même si l'intrigue ne se termine pas.

Le tome 2 est aussi très bon, un peu moins selon moi, mais nous revenons sur cette Lune pour suivre la continuité des intrigues, et aussi nous descendons sur Terre, pour une description bien faite d'une société visiblement en déliquescence.
L'auteur s'attache à de très nombreux personnages, qui tous nous permettent d'avoir une vision d'ensemble de la situation et de la vie sur la Lune.
J'ai trouvé quelques longueurs à ce tome, on a l'impression que l'auteur a voulu un peu tirer à la ligne.
Par la violence de ce monde et le nombre important de personnages, dont certains meurent, on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle (même s'il est facile) avec le Trône de Fer.

J'étais un peu réservé sur le 3ème tome. Allait il être à la hauteur du premier où la baisse allait elle continuer ?
Finalement c'est hélas la baisse qui a gagnée. Ce tome est pour moi le moins bon des 3.
L'auteur tire franchement à la ligne, là ça se voit vraiment. Certains personnages sont développés alors qu'ils servent peu ou pas du tout à l'histoire.
Les descriptions faites par l'auteur de la musique, des vêtements, des cocktails deviennent pesantes après 3 tomes, comme s'il n'avait pas su s'adapter à son lectorat qui commence, après plus de 1000 pages, à bien connaitre "sa" Lune.
Il m'est arrivé de passer des paragraphes entiers en diagonale et c'est dommage.
Mais Ian McDonald est quand même très fort et les 150 dernières pages sont très bonnes, au niveau du premier tome.

Bien sûr, on peut reprocher certaines facilités scénaristiques et certains comportements à la limite de la logique, on peut trouver que l'auteur fait un peu trop référence à Dune, mais au final la lecture des 3 tomes est très positive et je ne regrette pas de l'avoir commencé sans savoir où j'allais.
Je pense quand même que la trilogie doit être plus simple à lire à la suite, sans attendre comme moi plusieurs mois entre les sorties de chaque tome. le ressenti peu vraiment être différent et le bilan encore plus positif.

Ian McDonald est au auteur complexe pour moi. Il est capable d'écrire un chef d'oeuvre comme le Fleuve des Dieux (si vous n'en lisez qu'un de lui, lisez celui là, et sinon lisez le quand même, c'est selon moi un incontournable, ne pas le lire c'est vraiment louper qqchose) et un Brasyl que je n'ai pas réussi à finir tellement je l'ai trouvé mauvais. Ou un Roi du matin, reine du jour dont je me dis qu'il peut être bien, qui est dans ma PAL depuis de nombreuses années, et que je n'ai jamais réussi à commencer...
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Depuis la sortie de la maison des Derviches, Ian McDonald se trouve sur ma liste (très fournie) d'auteurs à lire, avec Luna son dernier roman, j'ai pris enfin le temps de le découvrir.
Alors que je referme ce livre, la seule question qui me vient à l'esprit, c'est : pourquoi ai-je attendu aussi longtemps avant de lire un de ses ouvrages ? Car oui Luna, premier tome d'une trilogie vaut vraiment le détour.

Luna, c'est un livre dont l'intrigue se déroule sur la Lune, dans un futur proche où l'exploitation des ressources minières est la base de toute la société. La société et la vie de ses habitants sont dépendantes des 5 "Dragons" qui possèdent chacun le monopole dans un domaine bien particulier. Ces familles s'affrontent de manière plus ou moins directe (et subtile) pour les ressources et le pouvoir qu'elles apportent. L'équilibre est fragile et n'est maintenu que par des mariages arrangés entre les familles des Dragons.
On découvre ici dès les premières pages, un monde qui fourmille d'idées : les dragons qui façonnent la société en caste qui ressemble au moyen-âge, les intelligences artificielles omniprésentes, l'idée que tout se monnaie même l'air que l'on respire, les modes de vie de habitants... Tous les aspects ont été réfléchis pour donner naissance à une vrai société.
Une véritable immersion !
Je ne crois pas m'être ennuyée une seule seconde en tournant les pages.

Le second point fort, ce sont les personnages. La famille Corta est principalement mise en avant. On découvre sa doyenne Adrianna figure de proue de Corta-Hélio dont l'histoire se déroule en filigrane du roman, et ses 5 enfants, héritiers du monopole de l'Hélium-3. Ian McDonald prend le temps de bien construire chacun d'entre eux, avec leurs caractères, leurs rêves et autour de chacun se trouve enjeu et intrigue. En plus des Corta, quelques personnages secondaires prennent de plus en plus de place dans l'histoire au fur et à mesure, comme Marina qui a rejoint récemment la Lune et qui a une place non négligeable dans le récit.

Enfin vient le scénario habilement construit. Dans les trois-quarts du récit, l'auteur s'attache à montrer la société lunaire, les Corta, leurs relations compliquées aux autres familles de Dragons. Cette partie n'est en réalité, qu'un prélude pour la dernière partie où la tension croissante entre Dragons trouve son paroxysme et où tout bascule.
Le dernier quart du roman plonge dans l'action et laisse le lecteur avide d'en savoir plus une fois la dernière page tournée.

Luna est donc un titre qui m'a très fortement enthousiasmé (et même plus), et pour lequel j'attends avec la plus grande impatience la suite. Je ne peux que grandement le conseiller ! Je ne regrette absolument pas ma lecture, et je souhaite que les autres livres d'Ian McDonald soient aussi intéressants.
Merci à Babélio et aux éditions Denoël pour cette masse critique.
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Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas lancée dans un cycle de SF (à part bien sûr mes relectures régulières du cycle de Dune de Frank Herbert et des Cantos d'Hypérion de Dan Simmons). Ce roman, Nouvelle Lune, est le premier tome de la trilogie Luna écrite par l'auteur nord-irlandais Ian McDonald. Je lorgnais dessus depuis sa parution en français chez Denoël l'an dernier. Et bingo, à la troisième page, j'étais déjà accrochée. Tout au long de ses 450 pages, je me suis absolument régalée.

Nous sommes en 2110, la Terre est exsangue. Sur la Lune, un nouveau far-west ultra technologique, nombreux sont ceux qui tentent leur chance. Marina est de ceux-là. Elle débarque, une Moonbeam parmi tant d'autres, sans un sou. Sur la Lune, les bas-fonds sont en fait au plus proche de la surface : à cause des radiations, plus tu es riche, plus tu vis profond. Tout s'achète et tout se vend. Tu paies ton air, tu vends les sels minéraux de ton urine. Au bord de l'asphyxie, Marina réussit à se faire embaucher comme extra à une soirée organisée par une des cinq familles qui détiennent le pouvoir sur la Lune, les Cinq « Dragons ». Ce soir-là, sa vie va changer, et nous, on va plonger véritablement au coeur du maelström politique qui secoue continuellement la Lune. Comme la Mafia, les Dragons sans cesse complotent et se battent, et le dernier des Dragons, les Corta – dont Adrianna la fondatrice originaire du Brésil a créé Corta-Hélio, les mineurs d'Helium-3, voici cinquante ans – n'est pas au bout de ses peines.

« Il n'y a pas de lois sur la Lune, rien que le consensus, et le consensus proscrit les armes à projectiles. Les balles sont incompatibles avec les environnements pressurisés et les mécanismes complexes. Couteaux, gourdins, garrots, machines subtiles et poisons lents, petits assassins biologiques comme les affectionnent les Asamoah : tels sont les instruments de la violence. Les conflits sont modestes et se livrent nez à nez. »

L'écriture de Ian McDonald est puissante et fluide, et quelle imagination ! le monde qu'il a créé est original, dur et fascinant, hyper crédible et travaillé. A la fois proche du nôtre et si lointain. Des intrigues imbriquées, des luttes de pouvoir, un background passionnant, une montée en puissance, un rythme de plus en plus haletant, des personnages attachants et d'autres ignobles… Une fin en apothéose, qui ouvre magnifiquement l'histoire. Je crois bien que je n'ai absolument aucun bémol à relever. Deux ou trois petits clins d'oeil au cycle de Dune m'ont fait chaud au coeur. Ma seule consolation de l'avoir terminé, c'est que Lune du Loup, le deuxième tome, est déjà traduit. Gros coup de coeur, donc, pour ce roman ambitieux qui tient ses promesses. J'ai été enchantée de bout en bout !

« On a toujours crû que l'apocalypse des robots prendrait la forme de flottes de drones tueurs, de mechas de guerre gros comme des pâtés de maison et de terminators aux yeux rouges. Pas d'une rangée de caisses enregistreuses automatiques à l'Extra ou à la station Alco du coin, pas de la banque en ligne, des taxis automatiques, du système automatique de triage médical à l'hôpital. Un par un, les robots sont venus nous remplacer.
Et nous voilà maintenant dans la société la plus dépendante aux machines jamais crée par l'humanité. Je suis devenue riche, j'ai bâti une dynastie basée sur sur ces même robots qui ont réduit la Terre à la mendicité. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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J'ai d'abord été déstabilisée par l'écriture que j'ai trouvé par moment très crue. Puis déstabilisée par la profusion de personnages, je m'y perdais. Enfin déstabilisée par tout le jeu politique, je vous avoue qu'à un moment j'ai eu envie d'abandonner le livre – ce qui est vraiment très rare pour moi. Mais finalement je me suis accrochée et je ne regrette pas car j'ai plutôt apprécié la dernière partie du livre.

C'est un livre dense avec l'histoire de cinq dynasties qui se battent pour le pouvoir et la richesse sur la lune. Un peu un Dallas sur la lune – ou l'image que je me fais de Dallas car en vérité je n'ai jamais regardé cette série. C'est une lutte de pouvoir de haut niveau où argent, famille, sexe et pouvoir sont en jeu. Les premiers chapitres m'ont au départ perturbé car on a des personnages qui arrivent de partout, on ne sait pas qui on suit vraiment et j'ai finalement commencé à vraiment apprécié ma lecture que lorsque j'ai réussi à situer les personnages et les actions. C'était en tout cas très dense mais très détaillé. Un peu violent par moment. Quel univers une fois que l'on rentre dedans!

Je n'ai par contre pas aimé l'écriture de l'auteur que j'ai trouvé un peu trop crue à mon goût par moment voire limite vulgaire. du côté des personnages, j'ai eu du mal à m'attacher à eux tellement il y en a. J'ai fini par me rendre compte que c'était la famille Corta qui était au coeur de l'histoire et ils ont tous leurs défauts et qualités. C'est impressionnant de voir ce qui a été imaginé par l'auteur sur ces générations qui se côtoient: celle d'Adriana Corta qui a émigré directement de la Terre, puis celle de ses enfants et petits-enfants qui sont nés sur la lune. Un vrai univers de science-fiction très visuel qui pour moi serait digne d'un film.

Ce n'est pas un roman que je recommanderais à tout le monde mais plutôt aux fans de science-fiction qui sauront apprécier à leur juste valeur cette lutte de pouvoir et ce monde décalé, débridé et futuriste.
Lien : https://latetedansleslivres...
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Quand je vous disais....


Quand je vous disais il y'a quelques chroniques qu'en matière de littérature de l'Imaginaire, et là, je parle plus spécifiquement de la Science Fiction qu'on pouvait se considérer gâté en France car les Editeurs sont là pour nous enrichir. J'ai envie de vous faire mon air, mais en matière de traduction de Science Fiction. Et pas de la petite SF, de la grosse Science Fiction qui tache, qui vous fait réfléchir et qui vous fait penser que vous devez absolument tout réapprendre. Et bien vous allez chez les Editions Denoël.

Je pensais qu'avec les derniers titres, j'avais touché le haut du panier. Mais ici, je retrouve absolument tout ce que j'aime et je dois dire (et je pèse mes mots) que je ne me suis pas autant creusé la tête depuis Illium et Olympos de Dan Simmons. C'est vous dire. Alors, je vous donne mon avis final sans préambule et avec les remerciements pour la Maison d'Edition Denoël : Si vous voulez du caviar de la Science Fiction. Et bien vous lisez Luna et vite fait. Parce qu'il y a deux autres tomes qui vont débarquer je ne sais quand d'ailleurs et il serait plutôt de bon ton de nous lire tout ça.


De la Science Fiction sociologique

Je vous vois venir avec vos petits nez musqués. C'est comme Fondation ? (de Asimov). Non messieurs, on ne regarde pas une civilisation à travers des millénaires, on regarde la situation sur la Lune, nouvelle terre conquise, au travers de sa société. Qui dit nouvelle terre conquise dit mentalité du Far West. Mais en plus moderne, on ne flingue pas à tout va. On achète et on vend absolument tout. Son corps, son air, son eau, sa bouffe, son Intelligence artificielle qui te permettra d'avoir du boulot. Si tu n'as pas les relations sociales qu'il faut, la société te recyclera et sans état d'âme.

Et comme la société est dure, on voit apparaître 5 grandes familles toute puissantes. Or, au début du roman, il y a un attentat contre une des 5 familles. Je vous laisse imagine juste un peu les intrigues qui vont en découler, et je vous laissera là pour que vous puissiez absolument tout découvrir par vous même.

Encore un mot toutefois : l'auteur a réussi à créer son univers. C'est un fait. Mais son vocabulaire, son mode de pensée. Absolument tout et tout ceci dans une écriture qui est loin d'être lourde. Cela se lit tout seule, on n'ajoute pas certaines lourdeurs dans le récit en plus de l'intrigue inextricable.

Alors qu'attendez vous ? Allez moi lire tout ça ;)

Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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« Luna » est un roman de Ian McDonald, publié le 16 mars 2017 en France, dans la collection lunes d'encre des éditions DENOEL. Traduction de l'anglais par Gilles Goullet et illustration de couverture de Manchu. il s'agit du premier tome d'une série qui en comportera trois. Celui-ci s'intitule « Nouvelle Lune ».

Concernant l'auteur, Ian McDonald est né en 1960 à Manchester, il vit désormais en Irlande. Ces romans et nouvelles sont imprégnés de conflits entre différents groupes sociaux. Conflits basés sur la religion, les origines… C'est mon premier roman de cet auteur, mais c'est typiquement le genre de thème que j'affectionne.

Justement, qualifier le genre de Luna n'est pas si simple. C'est de la Science-Fiction, parfois hard, mais c'est aussi de l'anticipation sociale et du cyberpunk.

Vous l'aurez compris l'action se déroule sur la lune, dans 100 ans . Sur notre satellite, tout se vend, tout s'achète. Il n'y a pas de droit pénal, tout est régi par contrat. Tu peux payer ? C'est à toi. Tu ne peux pas payer ? Tu dégages. C'est rude. Une nouvelle conquête de l'ouest.

Cinq grandes familles, cinq corporations, se partagent l'essentiel des richesses et du pouvoir.

Il s'agit des cinq dragons :

Les Corta, des Brésiliens, propriétaires de Corta Helio, spécialisé dans l'extraction d'Hélium ; les Mackenzie, des Australiens, propriétaires de Mackenzie Metals, spécialisée dans l'extraction de métal ; les Sun, des Chinois, propriétaires de Taiyang, spécialisée dans les technologies de pointe ; les Asamoah, des Ghanéens, propriétaires de Aka, spécialisée dans l'agriculture et enfin les Vorontsov, des Russes, propriétaires de VTO spécialisée, dans le transport.

Chaque grand famille possède sa ville, ses exploitations, une carte est fournie.

Comme si tout ce petit monde ne suffisait pas, il y a bien sûr d'autres factions, par exemple la LDC (Lunar Development Corporation) avec à a sa tête « l'aigle », organisme qui a le monopole de tout ce qui est organique, et en haut de l'organisation institutionnelle de la lune.

Il y a un dramatis personae fournit en début de livre, indispensable et détaillé.

Le récit se déroule essentiellement autour de la famille Corta, la plus jeune famille, souvent qualifiée de parvenus. le roman débute sur le rite initiatique de Lucashino, fils de Lucas – cadet de la famille -. Rite qui n'est autre qu'une course de quinze secondes, à poil, à la surface de la Lune, avec tout ce que cela implique.

La famille organise ensuite une fête pour célébrer le passage du rite par Lucashino. Lors de la fête, une tentative d'assassinat sur Rafa, l'ainé des Corta, est déjouée. Il est sauvé in extremis par une Joe Moonbeam, (comprenez : Joe Rayon de Lune, une nouvelle arrivée).

Ce terme n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. L'univers est riche d'argot, de mots empruntés à une multitude de langues : chinois, portugais, russe, yoruba, espagnol, arabe… Un glossaire est fourni en fin de livre, tout aussi indispensable et détaillé que le dramatis personae.

Cet attentat ravive les tensions entre les Corta et les Mackenzie, directement incriminé. La dernière guerre entre ces deux familles n'est pas si loin.

Bien sûr, cette attaque n'est qu'un point de départ des tensions. Mais il va être question d'alliances, de nikahs (contrat de mariage), entre les grandes familles. Les nikahs sont importants, les gamins des grandes familles sont traités comme de la marchandise, des éléments de négociation, mariés de force.

Même au sein des Corta le récit ne va pas être simple. La matriarche, Adriana, qui a construit l'empire familial prépare sa succession. Rafa, l'ainé, est impétueux, Lucas, le cadet, a soif de pouvoir. Ariel, la fille de la fratrie est avocate et se moque de l'extraction d'Hélium. Il y a tout un tas d'histoires dans l'Histoire. C'est foisonnant.

Je pense qu'il est nécessaire de ne pas aller plus loin dans la trame du roman, pour ne pas gâcher l'intrigue et la découverte.

Le premier tour de force de Ian McDonald est de fournir une intrigue riche, sans perdre le lecteur et sans donner un rythme lourd ou trop alambiqué. le tout se déroule rapidement avec actions et rebondissements.

La vie sur la lune est fascinante. Tous les habitants ont un chib, une lentille de contact permettant, entre autres, de vérifier l'état de ses quatre fondamentaux : l'air, l'eau, le carbone et les données.

Autre idée géniale, les assistants, des familiers visiblent uniquement en réalité augmentée. Tout le monde en a un et le trimbale toujours à proximité. Il fait office d'IA personnelle, de Google, d'assistants. Il est personnalisable et ça coûte de l'argent, un peu comme des skins dans un jeu vidéo. le porteur communique avec lui par subvocalisation. Cet aspect offre des possibilité folles.

La vie sur la lune est rude. Les relations contractuelles régissent tout. Comme le dit la couverture, il y a mille façons d'y mourir. Si vous n'avez plus d'air ou d'oxygène, la LDC vous recycle. Si vous êtes victime d'une dépressurisation à la surface, la LDC vous recycle. Les combats sont menés à l'arme blanche, au couteau, le reste est trop risqué. C'est violent et impitoyable.

Ian McDonald s'est vraiment penché sur tous les aspects de la vie, même la sexualité. Sur la lune, les notions d'hétéro, ou d'homo n'existent pas. Chacun est potentiellement le partenaire sexuel d'un autre individu. Il y aussi des asexués et des autoséxués.

Il est difficile de faire le tour des idées fascinantes portées par l'auteur et son univers, tant elles sont nombreuses. Et il convient d'en garder pour les futurs lecteurs.

Luna est pour moi une grande découverte de Ian McDonald, un auteur brillant qui traite la Science-Fiction sous un prisme social. Son style est rude, humain, sans tomber dans la vulgarité, pourtant il traite de sujets sensibles. La lune devient un laboratoire social.

Le livre est souvent comparé à Game Of Thrones, c'est sûr que ces cinq grandes familles qui se battent pour le pouvoir ramènent facilement à la saga qui fait vendre. Mais, l'univers posé par Ian McDonald est plus rude encore, la vie sur la lune exacerbe tous les sentiments. Il y a des intrigues de cours, des morts et de la violence, je pense que la comparaison s'arrête là.

Si vous aimez les livres riches, foisonnant de bonnes idées, Luna est fait pour vous. Si les intrigues de cours, les coups fourrés et les luttes de pouvoir vous intéressent, foncez aussi.

Malgré la complexité apparente, la présence d'un dramatis personae et d'un glossaire, le tout est fluide.

Un livre à mettre entre toutes les mains, la lune n'est là que pour ajouter de l'adversité à une fresque sociale fascinante.

Pour ma part, il va falloir attendre la suite. Je vais me consoler avec la maison des derviches, du même auteur, qui semble tout aussi riche et intéressant.

Bonne lecture.
Lien : http://lecture42.blog/luna-f..
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Malgré un début un peu difficile cette lecture a vraiment su me tenir en halène sur le long terme pour finir par être rangée dans mes meilleurs lectures de l'année !

La lune peut vous tuer de 1000 manières. Dans ce genre d'environnement hostile il ne faut pas bon être au chômage car il faut tout de même continuer à payer la taxe sur l'air, l'eau et le carbone si on veut continuer à vivre. D'ailleurs toute personne travaillant sur place travaille forcement pour l'une des 5 familles qui dominent tout : Corta, Mackenzies, Vorontsovs, Suns ou Asamoahs, les 5 dragons et il n'y a pas de droit en dehors de celui contractuel du coup toutes les relations se font de cette façon. C'est un endroit plein d'opportunités pour ceux capable de les saisir, mais en contrepartie tout en devient dangereux car se lier à une famille c'est forcement se mettre une autre à dos.

Dans ce contexte nous suivons Marina Calzaghe, une toute jeune immigrante qui vient sur la Lune pour payer le traitement médical de sa mère. Lors d'un petit boulot de serveuse elle sauve la vie d'un des membres de la famille Corta. Immédiatement elle est intégrée à l'entourage de la famille et si l'opportunité est énorme, et paye très bien, elle en payera aussi largement le prix plus tard ...
Nous suivons aussi six membres de la famille Corta, qui est la dernière arrivée parmi les 5 dragons, à savoir la matriarche Adriana Corta, qui nous raconte progressivement aussi son histoire, comment elle a réussi à partir de rien, ainsi que ses 5 descendants, enfants et petits enfants, donc la plus jeune s'appelle justement Luna.

Je dois dire que j'ai eu du mal au tout début. Il n'y avait pas vraiment d'histoire ni rien qui liait nos personnages, du coup j'avais un peu l'impression d'avancer à l'aveuglette. D'autant plus que j'étais vraiment perdue vu le nombre de mots en portugais ou autres langues peu habituelles qui parsemaient le récit. Car la Lune est vraiment un lieu cosmopolite, les 5 familles sont issues de différentes parties du globe : les Corta sont brésiliens et ils contrôlent l'extraction de l'hélium-3 qui est devenu le carburant du futur, les Mackenzie, américains, qui récoltent tous les autres matériaux, les Vorontsov, russes, qui sont les maitres des transports, les Sun, chinois, qui sont les maitres du hightech et de tout ce qui est avancée technologique et les Asamoah, ghanéens, qui se concentrent sur l'habitat et la nourriture.

Mais finalement quand le récit c'est resserré autours des Corta j'ai commencé à bien les apprécier. Il est évident de faire le parallèle entre cette histoire et Game of Throne. Surtout sur ce premier tome ou on fait facilement les parallèles. Mais on ne peux pas non plus se contenter de ça, ce livre étant bien plus que cette simple comparaison. En fait pour moi le principal point de divergence c'est surtout le fait qu'on est en lieu clos sur cette lune qui finalement est très petite. du coup les humains sont vraiment concentrés et surtout en plus de 50 ans et 3 générations les 5 familles se sont déjà énormément liées, et la troisième génération n'appartient déjà plus vraiment à une seule famille.

Ce qu'il faut aussi savoir c'est qu'après 3 générations les humains ont été modifiés par cet environnement, leurs os sont bien plus fragile et donc un retour sur terre est totalement exclu pour eux. Ils sont donc condamnés à rester sur la Lune, quoi qu'il arrive.
Du coup on est vraiment sur un huis clos ici, la Terre n'étant finalement qu'un beau décor à coté.

Il y aurait tellement de chose à vous raconter tellement ce monde est riche et intéressant. Tout est vraiment très cohérent, ce qui donne vraiment un coté hyper réaliste au récit. Tout se vend, tout ce recycle, tout s'achète, on est dans une boucle perpétuelle.
Ce n'est pas une lecture facile au début, la politique est très complexe et les liens entre les différentes familles très nombreux et souvent cachés. du coup il est facile de se perdre si on lâche un peu l'affaire.
Mais si ça vous arrive je vous conseille néanmoins de persévérer car ensuite ce n'est que du bonheur. Je n'ai même pas vraiment parlé plus en détail des différents personnages auquel on s'attache vraiment qu'ils soient filous, libres, entêtés ou crapules. Finalement malgré leurs défauts, tous sont vraiment très intéressant à suivre à défaut d'être sympathique.
J'ai aussi adoré la diversité du récit, que ça soit dans les moeurs sexuelles ou les origines des personnages qui donne un ton vraiment spécial et unique à ce livre.

Le seule défaut, si je devais vraiment en trouver un, a été pour moi les quelques scènes sexuelles qui n'avaient pas vraiment d'intérêt au milieu du récit. Ça n'aurais rien changé à l'ambiance globale au finale si elles n'avaient été que suggérées et pas décrites en détail. Mais ce n'est pas non plus ça qui encombre le récit vu qu'il y en a finalement que très peu.

Bref, ma lecture n'a pas toujours été facile mais au final je ne regrette pas du tout. J'ai adoré ce livre au final et il est largement une de mes meilleures lectures de ces dernières années. J'espère vraiment que l'auteur saura continuer sur ce niveau et nous donner un second tome aussi complexe et intéressant que celui ci !

17/20
Lien : http://delivreenlivres.blogs..
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J'ai entendu parler de ce roman sur la blogosphère depuis quelques temps et il m'intriguait assez. J'ai un peu hésité avant de me lancer car c'est le premier volume d'une trilogie mais les bons avis m'ont convaincue. Et je ne regrette pas d'avoir commencé cette série dont le premier tome s'avère très convaincant et prenant.

L'action de Luna se déroule en 2110 sur la lune qui a été colonisée et est devenue habitée par 1,5 millions d'habitants. La lune fournit des ressources nécessaires au fonctionnement de la terre comme l'hélium qui sert à la production d'électricité. Suite à cette colonisation, cinq grandes entreprises sont nées, elles sont surnommées les Dragons. Elles sont dirigées par des familles qui règnent en maître sur la lune dans une ambiance à couteaux tirés. Les 5 familles sont MacKenzie, Voronstov, Asamoah, Sun et Corta. Les Corta sont originaires du Brésil, l'entreprise a été fondée par Adrianna Corta qui est la matriarche de la famille. Leurs principaux rivaux sont les Mackenzie, originaires eux d'Australie et qui gèrent tout ce qui a trait aux métaux. Les Voronstov dirigent VTO, une entreprise russe gérant les transports. Les Sun s'occupent des technologies de pointe et les Asamoah gèrent agriculture et biotechnologie. Sur la lune, tout s'achète et tout se vend, il faut payer son air, son eau et tout ce qui est nécessaire pour vivre.

L'auteur centre son roman sur la vie de ces 5 familles et de quelques personnages extérieurs liés aux entreprises. La vie sur la lune est assez paradoxale, elle est difficile pour la majorité des gens, il faut des ressources pour tout. Pour les dirigeants des 5 Dragons, la vie ressemble à celle de la noblesse au moyen âge par certains aspects en y ajoutant la technologie bien entendu. Les mariages sont arrangés entre membres des familles à des fins de pouvoirs uniquement et certainement pas d'amour, et sont régis par des contrats stipulant énormément d'éléments. Les vêtements et tout ce qui est lié à l'apparence est très important pour cette partie de la société qui fait et défait les modes. La vie est à la fois plus facile pour eux grâce au confort que leur fournit leur argent mais aussi plus dure par les conflits d'intérêts et de pouvoirs au sein des 5 familles.

Ces luttes de pouvoir sont admirablement transcrites par l'écriture de l'auteur qui dessine un monde en constante mutation. Les personnages sont nombreux dans le roman et l'auteur change très souvent de point de vue en passant d'un personnage à l'autre au sein d'un même chapitre. Cela est un peu déstabilisant au début d'autant plus que Ian McDonald nous plonge de plein fouet dans son univers, cependant on s'y fait très vite et cela colle parfaitement au roman, donnant un récit choral très maitrisé. Une autre chose qui interpelle au début mais sans que cela soit vraiment dérangeant c'est l'utilisation d'un vocabulaire spécifique à l'univers qui n'est pas forcément facile à appréhender. Il y a un glossaire en fin d'ouvrage qui est bien pratique et facilite la compréhension. Une liste des personnages est également fournie au début du roman et j'y ai plusieurs fois eu recours.

Parmi les 5 familles, l'auteur s'intéresse plus particulièrement aux Corta et aux Mackenzie, ce qui fait beaucoup de personnages. Ces derniers sont très travaillés et sont tous différents, on s'attache plus à certains qu'à d'autres, c'est certain mais ils sont vraiment au coeur du récit et le fait que le roman soit un roman choral permet de leur donner la même importance.

Le style de l'auteur est assez surprenant au début avec une narration au présent qui est entrecoupée par le récit de la vie d'Adriana cette fois au passé. Ian McDonald utilise aussi assez souvent des phrases sans verbe et a un style assez nerveux qui est très bien rendu par la traduction française. le roman est vraiment immersif et une fois le début passé, on est vraiment dedans pour ne plus lâcher son livre. le dernier chapitre se lit d'ailleurs d'une traite tellement il est d'une densité impressionnante. La fin du roman donne envie de lire la suite très rapidement.

La technologie dans Luna est aussi un point important. Les personnages sont connectés aux réseaux à toute heure grâce à un familier qui un peu un mini ordinateur. Ces familiers changent d'aspect selon les personnes et peuvent permettre de discuter sans parler, de familiers à familiers. J'ai beaucoup aimé ce concept à la fois original et dérivant des technologies actuelles. L'imprimante 3D est aussi très présente et au coeur de l'univers. Il est vrai que cette technologie est assez utilisée par les auteurs de science-fiction actuellement mais elle est très plausible de nos jours.

Luna a souvent été comparé à Game of thrones, ce qui assez vrai, on y trouve des luttes de pouvoirs au sein de familles ou de clans, des passages assez crus et de la violence. C'est en tout cas, un très bon roman dont il me tarde de lire la suite. Il est admirablement écrit et construit. L'univers est très bien pensé avec des détails comme la taille différente des enfants nés sur la lune par exemple, une technologie bien développée et intéressante. C'était le premier roman de l'auteur que je lisais et ce fut un très bon moment de lecture pour moi.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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La colonisation capitaliste sauvage de la Lune, sous le regard guère innocent de la Terre. Intrigues libertariennes, hommages science-fictifs débridés, justices contractuelles et cocktails glacés. Une passionnante saga.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/04/12/note-de-lecture-la-trilogie-luna-ian-mcdonald/

En quelques grosses dizaines d'années, la Lune est devenue à la fois un eldorado et un enfer. Là-haut, où les dangers guettent à chaque pas, par l'absence d'air et l'absence de pression, où tout se paie comptant, air, eau, carbone et données, cinq empires industriels familiaux se sont créés, en extrayant de la plus-value à partir du travail de toute nature, comme dans les plus belles années des barons voleurs d'Amérique du Nord ou des oligarques russes issus du dépeçage de l'Union soviétique. Les Corta, d'origine brésilienne, contrôlent l'hélium qui sert de combustible aux centrales à fusion de la Terre ; les Mackenzie, leurs ennemis jurés, d'origine australienne, dominent le secteur minier ; les Sun, d'origine chinoise, manipulent l'information et l'informatique ; les Asamoah, qui furent jadis ghanéens, sont les maîtres du vivant ; les Vorontsov, enfin, règnent sur le transport spatial sous toutes ses formes, qui permet à la colonie lunaire de jouer son rôle vital vis-à-vis de la Terre, et d'enrichir comme jamais les dirigeants de cette société – et économie, avant tout – pionnière s'il en est. Ici, les pauvres sont très pauvres, et les riches, très riches – d'une façon subtilement distincte de ce qui prévaut sur la planète-mère -, mais les intrigues y sont d'une beaucoup plus grande sauvagerie encore. Les rivalités exacerbées entre des familles où l'avidité est souvent (très) à fleur de peau provoqueront-t-elles le déclin et la chute de cet empire-là ? Ce sont bien les enjeux centraux (mais pas les seuls) qu'explore avec une maestria étourdissante cette trilogie « Luna ».

Vivant depuis 1965 en Irlande du Nord, le prolifique Britannique Ian McDonald est un fin connaisseur du genre science-fictif, de ses tours comme de ses détours, et nulle part davantage que dans cette trilogie « Luna » (publiée en 2015, 2017 et 2019, et traduite chez nous en 2017, 2018 et 2019 par Gilles Goullet pour Denoël Lunes d'Encre – et désormais Folio SF) il n'a autant rendu hommage à ses prédécesseurs ni multiplié les clins d'oeil, voire les oeufs de Pâques – comme on nomme de plus en plus certains d'entre eux, bien particuliers, sous l'influence des jeux vidéo.

Si le gros de l'hommage, souvent fort joueur, va logiquement au Robert Heinlein de « Révolte sur la Lune » (« La Terre est une maîtresse cruelle » lira-t-on même dans le tome 2, retournant ainsi le titre original anglais du prix Hugo 1967) et au Frank Herbert de « Dune » (quoique peut-être plus encore à celui de David Lynch – à l'image hautement perverse d'un certain personnage-clé dangereusement proche ici de la peinture du baron Vladimir Harkonnen par Kenneth McMillan), d'autres, plus discrets mais éventuellement foisonnants, concernent aussi bien Orson Scott Card (« La stratégie Ender »), C.J. Cherryh (« Cyteen »), Ursula K. le Guin (« Les dépossédés ») avec ce magnifique « La Lune donne souvent naissance à des idées politiques peu orthodoxes », Andy WeirSeul sur Mars ») ou Kim Stanley Robinson (« La trilogie martienne », naturellement, et « New York 2140 », de façon plus insidieuse), mais aussi, de manière parfois plus surprenante encore, William GibsonIdentification des schémas »), Charles StrossAccelerando ») ou le duo James S.A. Corey (« The Expanse »).

Au-delà de cette parfaite inscription dans le continuum collectif de la science-fiction (dont témoigne aussi la floraison de néologismes créatifs pour témoigner de réalités matérielles mises en place ici), la trilogie « Luna » constitue un remarquable (et passionnant) témoignage renforcé de l'intérêt porté par Ian McDonald, depuis fort longtemps, aux économies émergentes de la Terre contemporaine – et aux sociétés qu'elles façonnent ou refaçonnent -, que ce soit l'Inde (« le fleuve des dieux » et « La petite déesse »), le Brésil (« Brasyl ») ou l'Afrique de l'Est (« Chaga », « Kirinya » et « Tendéléo »). À ce titre, la trilogie « Luna » confronte avec une puissance indéniable les racines avides du capitalisme des barons voleurs (on songera certainement ainsi au Valerio Evangelisti de « Anthracite » ou de « Briseurs de grève ») et l'ordo-libéralisme contemporain, débridé uniquement du côté des affaires, tel que l'affectionnent les ultra-riches libertariens de l'économie numérique et du capitalisme de surveillance, analysé par Shoshana Zuboff. Les méandres de l'économie lunaire que nous décrit, dans tous leurs interstices, Ian McDonald, prennent alors l'allure précieuse d'un véritable traité western de développement industriel et financier foncièrement inégalitaire, à la pointe de l'énergie déployée, de l'absence de scrupules et du six-coups plus ou moins métaphorique.

La trilogie « Luna » baigne dans un superbe réalisme du vide et de l'absence, celui de ce caillou désolé créateur de fortunes inimaginables. Elle est aussi irriguée par les caractéristiques bien contemporaines du séparatisme des ultra-riches, de leurs mode de vie et de leurs habitus (dans lesquels cocktails pointus et fashion vintage facilitée par les imprimantes 3D tiennent la part de choix de cette futilité revendiquée, ici et maintenant comme là-haut et demain), comme de leurs fantasmes libertariens pleinement déployés (actualisant ainsi en beauté les heurs et malheurs de la geste heinleinienne).

Entre vendettas et guerres privées, entre invention permanente d'un cadre juridique différent et prégnance d'univers corporate soigneusement décalés (la magnifique phrase : « On a été envahis par des cadres moyens »), entre parkour, urbex et saudade, entre création de vocabulaire et création de coutumes en un beau travail d'anthropologie imaginaire, Ian McDonald propose avec un immense brio sa propre version d'une lutte des classes qui ne veut pas disparaître, bien au contraire, ou plutôt d'une friction sauvage entre formes collectives et formes individuelles. Comme chez Kim Stanley Robinson (même si la « Trilogie Martienne » développe une présence beaucoup plus puissante, comme souvent chez l'auteur californien, de la communauté scientifique en tant que telle – que l'on ne retrouve ici que tardivement, dans le troisième volume, et à nouveau sous une forme largement entrepreneuriale), comme chez James S.A. Corey (même si « The Expanse » propose une géopolitique spatiale au fond plus « classique » et une importance des militaires « professionnels » plus significative qu'ici), il s'agit bien de tordre une forme science-fictive ou littéraire plus ancienne (le récit de colonisation, la saga familiale aux composantes mafieuses ou la geste de révoltés) pour l'hybrider et lui donner un rôle d'exploration plus décisif de certains possibles à venir et de certains présents mal masqués. Et c'est ainsi que la science-fiction est grande.
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Dallas dans l'espaaace !
Avec Nouvelle Lune, on plonge au milieu de querelles de pouvoir, de bras de fer politiques, de complots, de vengeances, de ragots et tout ce qui fait le charme des sagas familiales au long cours.
La comparaison faite avec le Trône de Fer en 4eme de couverture est pertinente, la Lune étant un nid de vipères comparable à Port Réal.
L'univers lunaire décrit est totalement plausible et captivant. Ian McDonald aborde bon nombre de sujets de société pour nous présenter les us et coutumes de ce monde : religion, sexe, politique, justice, science, écologie, industrie... La Lune est âpre et sans pitié, ce qui lui donne un petit côté Far West.
Il a aussi fait le choix de partager la Lune entre 5 familles, et non entre des pays. Les riches entrepreneurs Russes, Coréens, Brésiliens, Australiens et Ghanéens sont les gagnants de cette nouvelle ruée vers l'or. Original. J'imagine que l'absence d'européens et d'américains est un pied de nez volontaire de l'auteur, mais est-ce crédible à l'heure où Bezos et Musk font la course à l'espace ? C'est un détail, mais ça m'a fait tiquer.
Bref, tout ce monde (et ils sont nombreux) s'oppose pour l'amour, la gloire, la beauté, l'argent, le pouvoir durant 550 pages haletantes et un final en apothéose. le rythme est bon, et malgré l'absence de vrai fil rouge (cette histoire de tentative d'assassinat du début n'apparait finalement qu'en pointillé au cours du livre), je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et je compte même enchaîner immédiatement avec le tome 2.
La recette de ce type de saga familiale est certes connue mais reste ici efficace, surtout grâce à un univers captivant et superbement mis en scène par l'auteur. La suite, et vite !
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