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EAN : 9782070112456
1216 pages
Gallimard (03/11/1992)
4.5/5   3 notes
Résumé :


Morand installe deux tréteaux. Sur le premier, il remet en scène l'histoire, théâtre des multiples masques de l'homme, car l'Histoire permet à Morand de se confronter à la diversité des temps, des lieux et sans doute d'éprouver ce que donne le déplacement d'une figure.

Sur la seconde scène, il cherche au moi une identité, car le Je aussi - que ravagent les passions - est un théâtre. Univers poreux où s'écrit un texte étrange et étrang... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dès l'antichambre, cette mère redoutée déjà les glaçait en effigie, sur socle de velours cramoisi, en buste de marbre de Carrare par Saint-Gaudens (ce Saint-Saëns de la sculpture américaine) ; au premier palier, elle encore, gainée de satin argent, peinte en pied par Sargent (souliers de satin assortis à la robe), et dans le petit salon immortalisée par Bouguereau, tous bijoux au vent, la tiare de diamants posée droit sur une frange en faux cheveux, le bras, hors de la cape de chinchilla, appuyé au rebord de sa loge du Metropolitan ; sur un guéridon, le Ladies Home Journal étalait en hors texte la pointe sèche d'Helleu qui la représentait immensément chapeautée par Heitz Boyer.
En chair et en os, enfin, devant la cheminée d'onyx Mrs. Ferrymore attendait ses enfants, suspendue par un fil à plomb invisible, droite comme un té, droite toujours sur sa chaise, droite dans son lit, droite même au galop, ne penchant jamais, si peu que ce fût, à gauche, les boutons du corsage de l'amazone rigoureusement en face de la crinière.
Jeremiah s'inclina devant sa mère. (p. 711)

Fin de siècle - La Présidente.
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"On n'écrit pas les livres qu'on veut", disait un homme de lettres. Faut-il admettre qu'on ne lit pas non plus n'importe quel livre ? Certains ouvrages paraissent choisir leurs lecteurs ; ils ont une façon sournoise ou entêtée, exigeante et parfois proprement démoniaque, d'être toujours là, dans les catalogues, en vue sur les tablettes, bien à la hauteur du regard, ou sous vos doigts, ou sur le couvre-lit, ou dans la valise ; ils déménagent tout seuls et manoeuvrent, semble-t-il, sous vos yeux, à travers les classements, sans qu'il soit possible de surveiller leurs glissements, de surprendre leurs manigances ; ils ne vous laissent tranquilles qu'après vous avoir forcé la main ; ils paraissent vous faire sommation, avertissement et contrainte. Résiste-t-on, ils insistent : autant s'avouer tout de suite perdant. On les prend pour avoir la paix.
La fatalité de mademoiselle de Briséchalas voulait justement qu'elle se laissât toujours séduire : elle était l'éternelle victime de ce tyran : le livre qui veut être lu. (p. 831)

Le Prisonnier de Cintra - À la Fleur d'Oranger.
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Tincé avait pris pleine conscience de lui-même. Il traçait de longues perspectives dans son avenir. Une étonnante joie de vivre lui faisait trouver la journée courte. Cet effondrement d'une société dont il apercevait à ses pieds les décombres, pour l'instant il ne voulait en dégager d'autre leçon que la fuite. L'Europe, pour lui, ce n'était plus l'Ancien Monde, c'était déja l'autre monde, la Révolution, une première attaque d'apoplexie. On changerait les régimes, les médecins, mais on ne changerait pas l'âme du malade ; les régales, privilèges, fermes, tailles, bénéfices, s'appeleraient désormais taxes, droits, perceptions, contributions ou reprises du Trésor, mais ce serait la même évolution du même cancer, dont mourrait l'homme européen. "L'Europe a trop vécu, trop joué, trop blasphémé, trop expliqué, trop profané, se disait-il ; un coeur ferme doit prendre ses sûretés ailleurs." (p. 576 - 577)

Parfaite de Saligny
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Léal avait senti chez Gardefort, son aîné de près de trente ans, tant d'expérience fragilement accumulée, qu'il aimait, lorsqu'il était libre, venir consulter celui qu'il nommait son maître. Le commandant n'avait jamais monté, depuis vingt années, sans prendre des notes dans son agenda et, ensemble, parfois, ils les relisaient. De la troupe des "petits péteux" avide de sauter la triple barrière le cul en l'air, tout fiers de ramasser une gaufre au trou-du-loup* sans perdre leur monocle, le commandant tâchait de détacher Léal pour en faire un vrai écuyer, pour le convaincre que l'art hippique, ça se pratique en chambre, presque sur place. Ce qui lui avait plu, c'est que Léal ne prenait jamais de congé et passait les moments où il n'était pas de service, comme un élève des Beaux-Arts copiant des tableaux de maîtres, caché dans un coin du manège ; et aussi que, la première fois qu'il l'avait rencontré, Léal avait parlé des hanches de Milady et non de sa croupe, expression moderne qui exaspérait le commandant. Peu à peu il lui avait donné sa confiance. (p. 202 - 203)

* fosse servant d'obstacle sur un concours hippique

Les Extravagants - Milady
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Yolande du Ferrus avait demandé à la fiction ce que son mari n'avait su lui donner : des rêves. Mais les romans à la
mode qui traînaient sur sa table ne contenaient, hélas ! aucune aventure. Les fées (était-ce la loi Naquet* ?) semblaient avoir divorcé de la littérature. Alphonse Daudet, elle le trouvait trop ensoleillé, Zola et ses gros livres plein de lourdes histoires d'ouvriers était si commun ! Les Contes de Maupassant ne parlaient que de petits employés canotant à Chatou et de femmes de mauvaise vie dans des maisons closes (on eût attendu mieux d'un marquis) ; restait Paul Bourget, mais ce vivisecteur du coeur féminin manquait de ce pouvoir caressant, moustachu et chatouilleur qu'une jeune lectrice est en droit d'attendre d'un romancier. Elle lui préférait René Maizeroy, un mâle. (p. 743)

* La loi Naquet, votée en 1884, rétablissait le divorce aboli sous la Restauration.

Fin de siècle - Le Bazar de la Charité.
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