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EAN : 9782869592889
125 pages
Arléa (18/06/2004)
3.39/5   28 notes
Résumé :
A quoi bon gagner du temps si nous ne savons pas en profiter ? Se reposer est un art. Un " professionnel " du loisir et de la fantaisie vagabonde nous offre cet éloge - nuancé - du repos.
Pour éviter que le temps gagné ne soit aussitôt perdu, Paul Morand se livre ici à une pédagogie ironique : les vacances et les voyages s'apprennent comme le reste. Cette pratique du farniente n'est pas seulement une question de lois et de congés payés, c'est d'abord avec l'â... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Né à Paris en 1888, Paul Morand commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Elu à l'Académie française en 1968 il décède à Paris en 1976. Considéré comme l'un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier. Eloge du repos date de 1937, un texte assez court, genre d'essai, écrit rapidement après l'adoption de la loi sur les congés payés par le gouvernement du Front Populaire.
Paul Morand assoit sa réflexion sur un constat simple : si on apprend un métier, on devrait aussi apprendre à se reposer et à prendre des vacances ! Et Morand s'y connait en « vacances » puisque ce petit bouquin a été écrit après onze ans de voyages autour du monde, entre sa mise en congé du quai d'Orsay (1926) peu avant son mariage avec la riche princesse Soutzo et son retour à la diplomatie (1938).
L'oisiveté doit s'apprendre, le repos véritable est dans la tête et tout l'argent du monde n'y changera rien, le repos de l'esprit ou de l'âme ne s'achète pas. L'auteur donne des conseils aux Français lorsqu'ils voyagent à l'étranger (ils ont des devoirs). Les temps libres permettent aussi la pratique de sports ou d'activités physiques (un esprit sain dans un corps sain). Mais la grande vérité reste dans « la vie intérieure, maîtresse de notre vrai repos. »
Je ne vais pas vous vendre ce bouquin comme étant exceptionnel ou à lire toutes affaires cessantes, néanmoins le lecteur qui s'y penchera sera étonné par la modernité de son écriture et surtout de son contenu qui reste souvent d'actualité. J'ai souligné un nombre invraisemblable de phrases ou coché des paragraphes me laissant pantois d'étonnement devant leur aspect visionnaire. Seule critique, au détour d'une phrase ou d'une autre, un nationalisme discret peut agacer le lecteur…
Réflexions sur les Français (« Il craint de ne pouvoir s'adapter au lendemain parce qu'en effet il a l'adaptation lente ; de là sa peur de l'avenir qui n'est qu'un excès de doute en face de tout devenir »), sur la mode (« dont on croit qu'elle invente, tandis qu'elle ne fait que s'adapter puis surenchérir »), sur son époque (« Notre époque est asphyxiée par la peur »), le monde littéraire (« les auteurs ont peur de la critique, les critiques ont peur des éditeurs, les éditeurs ont peur du lecteur et le lecteur a peur du miroir grimaçant que lui tendent les auteurs »), sur l'éducation scolaire… Quant aux voyageurs d'aujourd'hui, « Si les gens, actuellement, se déplacent tant, c'est qu'ils son malheureux : d'où les voyages d'agrément. » Enfin, sans condamner la vitesse, ce qui serait malvenu de la part de cet homme pressé ( !), il nous met en garde néanmoins contre elle, « puisque la mort c'est l'immobilité, le mouvement c'est la vie ; d'où beaucoup concluent que la grande vitesse, c'est la grande vie. »
Ce texte est loin d'être le plus connu de Paul Morand mais si vous tombez dessus n'hésitez pas à y jeter un oeil : il se lit très vite et vous serez très étonné/amusé par sa clairvoyance et son actualité.

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Ecrit en 1936, au moment des premiers congés payés, l'auteur, un oisif voyageur, propose au peuple laborieux des conseils pour occuper leurs nouveaux temps libres. Son titre d'origine est d'ailleurs « apprendre à se reposer », titre assez provocateur dans notre contexte actuel de manque d'emploi endémique ... Et dans l'ensemble, c'est tout l'ouvrage qui a plutôt mal vieilli.
L'auteur dresse d'abord le portrait de la société de cette époque, une société où l'on ne se réjouit plus, où le mot joie semble avoir été oublié. Une société faite d' « enfants gâtés » (ce qui n'est pas sans rappeler un essai récemment paru), qui évite toute prise de risque et qu'on pourrait taxer d'immobilisme. Ensuite, il passe en revue différentes façons d'occuper ce temps, plaçant sous l'étiquette de « sport », les balades en forêt, le camping, la nage en rivière et le canotage, de quoi sourire aujourd'hui … Avec naïveté, il espère que le sport fera passer au bon peuple le goût des révoltes, voire qu'il démodera les guerres, à quelques petites années de la deuxième guerre mondiale !!!
Enfin il termine par le constat que le vrai repos c'est avec soi-même, dans la retraite intérieure, loin de toute agitation qui ressemble à des travaux forcés, simulacre pour échapper à nos questionnements, à notre pesanteur, à nous-mêmes … et fait le procès de la vitesse, seuls points sur lesquels le lecteur de notre temps pourra trouver matière à réflexion.
C'est cependant joliment écrit et agréable à lire.
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A la façon d'un cabinet de curiosités

Etrange texte de 130 pages écrit par un gros bourgeois érudit et argenté, oisif professionnel qui, au lendemain de la loi sur les congés payés, nous fait part de ses réflexions sur l'occupation du temps libéré, le temps du repos, lui qui a passé sa vie à se reposer, donc à s'occuper.

Avec une certaine condescendance pour les classes populaires et sans aucune revendication sociale ou politique, il nous fait part de diverses considérations :
- Surtout sociologiques : que sont les français, notamment au regard d'autres peuples, quel est ce besoin de protection qui nous habite, pourquoi avons-nous peur de l'avenir, de la joie, du lâcher prise ? Pourquoi avons un comportement d'enfants gâtés ? Certains passages font penser à du Zemmour, mais l'état d'esprit est bien différent…
- Mais aussi philosophiques notamment sur le rapport à la nature, l'activité physique, au temps qui passe, à la vitesse qui enivre et donne l'illusion d'une vie remplie, à nos peurs, nos fuites, nos aveuglements.

Depuis 1937, le contexte s'est bien modifié et on peut trouver que sa pensée a vieilli, cependant des fulgurances étonnamment modernes voire visionnaires sont saisissantes. Paul Morand a en outre un sens de la formule qui fait facilement tilt. Retenons le dernier chapitre, « la vie intérieure maîtresse de notre vrai repos » … Tout y est dit sur le stress de l'époque contemporaine.

Contenu bref mais riche, à lire comme une curiosité.


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Le titre séduit le paresseux et le style le lettreux. Paul Morand, qui fut en son temps un oisif professionnel, propose un mode d'emploi du temps perdu, un apprentissage du ne rien faire. Il réduit les voyages à leur essence, raccourcit les distances, ralentit la fuite en avant. Il évoque des sports tranquilles, champêtres, actifs sans l'être trop. Il calme le jeu. le repos n'est pas la mort ni le sommeil. Il est l'activité contrôlée, la course qui s'arrête en chemin, la maîtrise de soi. le rappeler n'est pas inutile.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
"Il existe une technique du congé, mais nul ne nous l'a enseignée ; nous avons appris de nos parents à mesurer ce que l'oisiveté nous fait perdre, non ce qu'elle nous fait gagner. Aujourd'hui, il nous faut réapprendre le relâchement. C'est un métier comme un autre, c'est aussi une vocation."
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" L'oisiveté exige tout autant de vertus que le travail : il y faut la culture de l'esprit, de l'âme et des yeux, le goût de la méditation et du rêve, la sérénité, toutes valeurs bien rares aujourd'hui : ce ne serait pas les acquérir que d'employer ses dimanches à se créer de nouveaux besoins, des soucis inédits, ajouter au mouvement d'une vie déjà trop mouvementée ; au contraire, ce serait tomber dans un épuisement dont les jours ouvrables et le travail mesuré au cordeau ne suffiraient pas à nous guérir. "

p. 13
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À voir ce que l'école exige aujourd'hui de nos fils, je me demande combien de pères seraient capables d'êtres des enfants.
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Rien dans son aspect un peu las, dans sa manière de parfait homme du monde ne laisser deviner le petit garçon en culotte courte qu'il cachait en lui, enfouit sous les serres du temps.
Il en est souvent des apparences de maturité comme des autres façons de s'habiller et l'âge à cet égard est le plus adroit des tailleurs.
Je venais d'avoir 17 ans et je ne savais encore rien de moi-même. J'étais donc loin de soupçonner qu'il arrive aux hommes de traverser la vie, d'occuper des postes importants et de mourir sans jamais parvenir à se débarrasser de l'enfant tapi dans l'ombre assoiffé d'attentions, attendant jusqu'à la dernière ride une main douce qui caresserait sa tête et une voix qui murmurerait: "oui mon chéri, oui, maman t'aime toujours, comme personne d'autre n'a jamais su t'aimer".
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Le Français souffre, car il se raidit et il se raidit parce qu’il refuse de laisser aller les choses ; il croit que ce qui arrive depuis quelques milliards d’années a été inventé spécialement pour le contrarier ; et dans ce monde hostile, il entend chevaucher seul l’évènement ; c’est un cavalier qui récuse tout contact avec sa monture et qui ne veut pas se poser sur le sol par l’entremise de ce socle vivant ; au lieu de s’asseoir, il se redresse, s’érige, réclame, raisonne ; il ne sait pas se mettre en boule, il ne sait pas se mouvoir selon des lignes courbes, il ne sait que marcher droit et il en est fier.
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