Autant annoncer la couleur d'office, j'ai été assez déçue par cette
correspondance que j'attendais plus fouillée, moins conventionnelle.
Il aurait été intéressant de retrouver ce gamin de
De Musset, cet homme torturé qui ne savait garder auprès de lui Sand, prenant multiples maitresses mais ne pouvant se passer d'une Sand moitié mère /moitié amante.
Malheureusement, je n'ai pas retrouvé
Alfred de Musset
Où est passé celui qui aimait se faire materner, poète et si dur à la fois dans sa relation. Cet amant tentant dans l'auto flagellation de récupérer sa bien-aimée pour mieux s'enfuir, pour mieux souffrir .
La destruction psychologique qu'il a affligée à
George Sand est survolée et presque obstruée par une histoire d'amitié, de frères entre eux ...Amitié qui n'en a jamais été.
Quant à elle, femme meurtrie par la disparition de son père dès son enfance, recherchant le modèle paternel chez ses amours qu'elle aime frêles et sensibles , les hommes à materner, le tout en étant maitresse tapageuse , rien n'est très clair ni retranscrit.
Nous y lisons un échange assez plat, beaucoup de courriers concernant les finances, les
nouvelles de son fils.
Pourtant, ce sont bien les échanges que
George Sand a voulu publier à sa mort afin que soit rétablie la vérité concernant leur histoire. Histoire ayant suscitée la polémique.
La préface, écrite par
Françoise Sagan est prometteuse, superbe, bien au dessus de cette
correspondance.
C'est une excellente analyse qu'elle développe, dommage que par la suite la
correspondance ne soit pas traitée avec autant de fond.
Un point positif tout de même, la découverte de phrases attribuées à
De Musset, en particulier dans "
on ne badine pas avec l'amour" qui sont de
George Sand, passages de ses lettres remaniées dans les pièces du poète.
A contrario , peu de choses à propos des écrits de Sand ... n'a t-elle jamais été considérée comme écrivaine ? Ou ses écrits étaient ils considérés comme mièvres ? Elle semble n'avoir brillé que par son esprit et sa position de femme libre aux moeurs dérangeantes.
Si j'en crois certains jugements en son temps beaucoup ont été sévères et je n'invente rien.
"C'est la vache bretonne de la littérature" disait
Jules Renard.
Baudelaire la détestait ( bon en même temps venant de
Baudelaire...) je cite :
"La femme Sand est le Prudhomme de l'immoralité, elle n'a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant cher aux bourgeois, elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde, elle a dans les idées morales la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiments que les concierges et les filles entretenues. Que quelques hommes aient pu s'emmouracher de cette latrine, c'est bien la preuve de l'abaissement des moeurs de ce siècle.je ne puis plus penser à cette stupide créature sans un certain frémissement d'horreur et si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui jeter un bénitier à la tête"
Charles Murat qui n'était pas tendre avec elle :
« Elle avait ce je ne sais quoi de glouton dans le mouvement du désir »
Ses discours socialistes et humanitaires sont qualifiés de "Bêlant" par la société intellectuelle "entre autres "
le meunier d'Angibault et "
le péché de monsieur Antoine".
Ses romans "
la petite fadette ", "
lélia" ,"
la mare au diable" "
françois le champi" et "
les maitres sonneurs" sont qualifiés de gentillets mais "un rien du tout" dans le monde de la littérature.
A sa mort
Flaubert a pleuré Sand en saluant la femme mais non l'auteure, je cite :
« Les hautes figures disparaissent, mais ne s'évanouissent pas .
George Sand était une idée. »
Pas un mot sur ses oeuvres.
Tourgueniev a salué la femme en disant avoir pleuré comme un veau
« Il fallait la connaitre comme je l'ai connue pour savoir tout ce qu'il avait de féminin dans le grand homme ! L'immensité de la tendresse qui se trouvait dans le génie de l'esprit ... »
La femme,
George Sand aurait-elle donc marqué par son esprit, son ingéniosité, mais non pas par ses romans ou discours ?
La conclusion voudrait-elle dire que les meilleurs écrits de
George Sand se trouvent dans les oeuvres de ses amants ( Ecrits provenant de
correspondances dont ils se sont inspirés) ainsi que dans ses échanges épistolaires (outre celui avec
De Musset)?
Tout ceci m'a rendu assez curieuse et je pense donc m'atteler aux romans de Sand que j'ai toujours remis à plus tard histoire de me faire un avis