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EAN : 9782207143889
160 pages
Denoël (16/05/2019)
3.86/5   105 notes
Résumé :
Il y a un peu moins d'un siècle paraît pour la première fois L'Ennemie, petit bijou d'une jeune romancière encore inconnue du public. Dans ce roman, publié sous le nom de Pierre Nerey, Irène Némirovsky dissèque sous couvert de la fiction toutes les ambivalences de sa relation avec sa mère. Ici, Irène devient Gabri, une jeune fille de dix-sept ans en révolte, avec toute la violence confuse de l'adolescence, contre une mère indifférente, vieille coquette sur le déclin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Dans les beaux quartiers de Paris en ces années vingt, Gabri et Michette n'occupent que bien peu de place dans les préoccupations et l'emploi du temps de leur mère. Absorbée par sa vie mondaine et sentimentale, cette jolie femme collectionne les plaisirs et les amants, laissant ses deux filles aux bons soins de la bonne, pendant que le mari s'emploie à faire prospérer les affaires familiales. Gabri grandissant, la frivolité maternelle lui devient de plus en plus insupportable, surtout après le drame qui frappe sa cadette. Une véritable haine investit l'adolescente, qui, prenant conscience de son tout neuf pouvoir de séduction, entrevoit le moyen de se venger de sa vieille coquette de mère, désormais sur le retour.


Largement autobiographique, ce roman de jeunesse comprend déjà bon nombre des ingrédients qui reviendront en leitmotiv dans l'oeuvre d'Irène Némirovsky. L'Ennemie est la première version de cette histoire qu'elle ne cessera de réécrire avec un réalisme satirique : celle de sa relation conflictuelle avec sa mère, sur le fond acidement représenté de la société bourgeoise des années folles. Si tous les personnages sont peints au vitriol, en particulier les hommes, veules et amoraux quand ils ne sont pas absents et tout entiers consacrés à leur ambition et à l'argent, celui de « Petite mère » est un summum de détestation. Parvenue frivole et coquette, effrayée à l'idée de vieillir, elle ne se préoccupe que d'elle-même et de ses amants, se révélant une mère défaillante que ses enfants encombrent. Passée de la répulsion pendant l'enfance à la haine franche à l'adolescence, sa fille Gabri en vient aussi à se détester, lorsqu'elle prend conscience que sa volonté de vengeance la pousse à jouer le même jeu que sa mère.


Le style incisif, tout en phrases brèves et dures, s'accorde avec le regard acéré que Gabri porte sur elle-même et sur son entourage. Cruel, le récit se tisse d'autant de haine que d'auto-détestation. Toute entière à sa révolte, cette fille à qui personne n'a appris ce qui est bien, ce qui est mal, se perd en même temps qu'elle cherche sa revanche. La narration ne s'est pas encore débarrassée de la culpabilité de l'affrontement avec la mère, comme elle le fera un peu plus tard dans le beaucoup plus ironique - et même drolatique - Bal, dont le dénouement transforme cette femme détestée en simple objet de pitié, enfin vaincu.


Ce très court classique écrit dans les années trente n'a rien perdu de sa modernité. Sa concision mordante et la finesse toute autobiographique de ses personnages en font une lecture fascinante, particulièrement cruelle, mais aussi représentative de l'ambiance électrique des années folles.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce roman d'Irène Némirovsky se plante dans le coeur comme une plante vénéneuse. J'avais déjà ressenti cela très violemment à la lecture de : David Golder et c'est avec la même perception que j'avais apprécié le Bal au théâtre.
Irène Némirovsky s'entend à merveille pour disséquer les relations humaines dans toute leur beauté comme dans leur noirceur.
Ce qui est très saisissant ici, c'est qu'il s'agit des relations filiales entre une mère et sa fille, d'autant plus qu'on sait que L'ennemie est une autobiographie à peine voilée qui aboutira sept ans plus tard au : Vin de solitude.
Irène Némirovsky est extrêmement touchante dans ce récit car comment peut-on avouer que l'on n'aime pas sa mère ?
Très difficile, voire indécent, pourtant c'est ce que fait Irène Némirovsky.
Dans le récit, on a au départ deux soeurs dans le Paris des années folles, livrées à elles -mêmes. Leur mère se laisse dériver d'amour en amour, de cabaret en cabaret.
Gabrielle, l'aînée, après avoir survécu au drame d'avoir perdu sa petite soeur va grandir d'abord sous une férule éducative ferme pour se retrouver à ses seize ans libre de ses faits et gestes.
L'amour qu'elle découvre est d'abord sale, elle voit sa mère au lit avec son amant, un cousin de la famille.
Alors, l'idée de se venger de cette mère mûrit jusqu'à ce terme abouti qui donne le titre du roman : l'ennemie.
Mais Gabrielle, malgré son jeune âge comprend très vite que les raisons d'aimer comme celles de haïr ou de trahir peuvent se mêler, s'entremêler et rien n'est tout à fait blanc ou noir.
Avec l'évolution du roman et de ces " trios amoureux", Gabrielle découvre sa mère , son amour pour elle.
Le roman est haletant, foudroyant car on sent bien que ça va mal finir.
Un très bon roman, une écriture à fleur de peau qui nous fait dévorer ce récit jusqu'à la lie, malgré nous.
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Court roman , écrit sous le pseudonyme de Pierre Nerey en 1928. Il retrace de façon plus ou moins autobiographique l'enfance et l'adolescence de l'auteure et surtout ses relations avec sa mère.
Gabri et Michette sont plus ou moins abandonnées par leur mère qui se soucie plus de son bien être physique que de l'éducation de ses enfants. Livrées à elles même et aux servantes , elles ne pourront éviter le drame.

Ce court roman, très bien écrit, avec beaucoup de sensibilité, est un pamphlet contre la mère de Gabri, traduisant sans doute de façon véhémente le ressenti de l'auteur eu égard à sa propre mère.
Ce livre, très bien construit va les réunir de façon assez improbable et , au delà du face à face des deux personnages , va nous proposer une forme de suspens assez efficace.
Tout en retenu, le viol, l'inceste sont effleurés,, la société bourgeoise des années folles esquissée. Les sentiments amoureux aussi, ce feu dévorant que l'on ne peut maitriser et qui pousse à tout.
Beaucoup de choses donc dans ce court roman , très agréable , remarquablement bien écrit.
Un petit mot sur la préface . Celle ci est très bien renseignée, place le livre dans son contexte , super. C'est un peu con qu'elle nous le raconte presque intégralement ....
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Paru en 1928, sous le pseudonyme de Pierre Nerey ( anagramme d'Yrène), " L'ennemie" préfigure déjà " le Bal", publié l'année suivante et surtout" le vin de solitude" ( 1935)

Il sera donc question , évidemment, des rapports complexes mère-fille. On sait que l'auteure détestait sa mère froide et frivole. Mariée depuis peu, elle s'autorise maintenant à l'affronter, la défier, par l'entremise de ce roman, aux accents autobiographiques.

Gabri et sa soeur Michette vivent dans des conditions précaires, entre une mère attachée à son physique et ses sorties, malgré leur manque d'argent, et un père aimé mais absent, en quête de fortune. Abandonnées à elles-mêmes, elles n'en sont pas moins unies et somme toute heureuses.

Mais un drame changera tout. Et la haine de Gabri envers sa mère se développera. Jusqu'à la transformer en jeune fille rouée, ressemblant finalement de plus en plus à l'image maternelle, prête à tout pour les venger, sa soeur et elle. Cependant, les revirements d'attitude, contrairement au " Bal", donneront une dimension finale surprenante à l'histoire.

Toujours ce sens psychologique aiguisé, toujours cette écriture ciselée, un choix de mots juste, une poésie dans les descriptions colorées des paysages. Je me suis , encore une fois , régalée, même si je trouve la fin particulièrement noire et désespérante...

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«  L'amour ……une prison qu'on se bâtit soi- même »….
«  Elle se sentait seule , désemparée perdue. Alors, pour se venger ,elle commençait à remuer dans sa tête des pensées secrètes , abominables …. »

«  La physionomie humaine est faite ainsi de mille petits riens à peine perceptibles , excessivement subtils et ténus , absolument insignifiants … »
«  Elle se riait d'elle - même avec une honte délicieuse » ..

«  Sans la lecture , elle serait tombée malade d'ennui. Les livres remplaçaient pour elle la vie réelle » .
Quelques extraits de ce petit bijou vibrant de passion contenue——roman de formation——- de haine irraisonnée , sauvage , de rancoeurs jamais assouvies , de douleurs infinies doublées d'un drame horrible ….

C'est l'histoire de l'auteure qui sous couvert de la fiction , dissèque avec un talent immense, un sens aiguisé de la dérision et de la psychologie des âmes , toutes les ambivalences , ambiguïtés de sa relation avec sa mère ..
L'enfant humiliée deviendra romancière …
Le lecteur l'apprend dans la préface écrite parOlivier Philipponnat.

Dans le Paris des Années Folles, Gabri , onze ans , et sa petite soeur sont livrées à elles- mêmes .
Leur mère court les cabarets . Leur père , Bragance , toujours absent pour ses affaires est ensuite mobilisé . À son retour de la guerre l'équilibre familial pourrait être restauré mais …..


Ici , Irène devient Gabri, à la première enfance si misérable, dans l'appartement de la rue d'Armaillé dont un drame horrible avait transformé l'enfant joyeuse qu'elle avait été en «  une manière de petite vieille , désenchantée, silencieuse , en proie encore à cette demi- hallucination qui suit la mort de ceux qu'on aime » …

Puis , plus tard s'éveille la jeune fille de dix-sept ans, armée de toute la violence confuse de l'adolescence , contre une mère indifférente , égoïste ,hypocrite , doucereuse , cette «  PETITE Mère, occupée seulement et exclusivement d'elle -même .
Une vieille coquette sur le déclin aux prises avec son dernier amour …..
N'en disons pas plus ….
La haine , abominable , le défi, la colère , le désir, l'ironie mordante , la détresse , la bouderie affleurent à chaque page.

L'auteure n'a pas son pareil pour dresser un portrait à charge , tisser habilement , des descriptions , des portraits au petit point de la société déboussolée des années folles .

Elle renaît sous sa plume agile, cruelle , fine , sensible à l'extrême , cette «  petite mère » nommée Francine: dédaigneuse ,défaillante , à la recherche de légèreté , distraite , inconséquente ……

Ce conte cruel, biographie déguisée , suit le terrible apprentissage par Gabri d'une féminité naissante et d'une solitude irréductibles , à l'ironie mordante , où bientôt le visage de l'être tant détesté devient au plus haut point haïssable que ces traits se confondent peu à peu avec les siens .
Cette satire cruelle et féroce , drolatique, dense , électrique ,un peu excessive paraît en1928 , en trois parties sous un pseudonyme .

Rappelons que l'auteure ,née en1903 mourra à Auschwitz en 1942 .

J'ai lu énormément de livres de cette auteur depuis Suite francaise : Le-Bal,, le vin de solitude, Jesabel, Chaleur de sang , La proie , le maître des âmes … achetés en poche mais je ne connaissais pas celui - là , déniché chez mon libraire …
Merci à lui !
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
20 août 2019
Rédigé par l’auteure de Suite française, un récit aux accents autobiographiques qui nous transporte à une époque où le mot « cocotte » était encore couramment employé pour désigner les femmes de mœurs légères.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
28 mai 2019
Le portrait à charge d'une cocotte, doublé d'un troublant récit sur la solitude. Celle des adultes et celle de l'enfant. Le chef-d'oeuvre n'est pas loin.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
La physionomie humaine est faite ainsi de mille petits riens à peine perceptibles, excessivement subtils et ténus, absolument insignifiants, ou bien, au contraire, d'une clarté qui aveugle, selon qu'on les regarde avec indifférence ou qu'on les observe avec passion.
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Francine n’avait jamais songé à observer Gabri ; elle n’avait jamais essayé de comprendre ses rêves, ses désirs, ses chagrins. Elle ne la connaissait pas. Quand l’enfant est petit, on se forge une image idéale de ce qu’il sera plus tard, et cette image, comme un masque, dissimule sa véritable figure qu’on ne connaîtra jamais. Pour Francine, Gabri était, devait être une petite fille ignorante et pure. Voyons ? Élevée comme elle l’avait été ces dernières années, abritée de tous les dangers, de tous les contacts… car, avant, naturellement, avant la fortune et les institutrices, c’était un bébé qui ne voyait rien, ne comprenait rien. Depuis elle l’avait laissée très libre, certes, mais c’était parce qu’elle avait eu confiance en elle, simplement. Elle avait fait son devoir, tout son devoir, elle n’était coupable de rien…
Et stupéfaite, atterrée, anéantie, elle ne concevait pas pourquoi elle souffrait ainsi, ni comment tout cela avait pu se produire à son insu. Mais, peu à peu, du chaos de pensées où elle se débattait, certains souvenirs surgirent, confus d’abord, puis singulièrement précis. Elle se rappela certaines expressions du visage de sa fille, certains sourires ambigus, certains regards… La physionomie humaine est faite ainsi de mille petits riens à peine perceptibles, excessivement subtils et ténus, absolument insignifiants, ou bien, au contraire, d’une clarté qui aveugle, selon qu’on les regarde avec indifférence ou qu’on les observe avec passion. Pour la première fois de sa vie, Francine se mit à chercher âprement l’âme tapie au fond de cette chair sortie de la sienne. Mais elle ne vit qu’incertitudes et que ténèbres.
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« Gabri et Michette bousculaient les passants à grands coups de coude; les femmes filaient sur leurs hauts talons, la jupe écourtée jusqu’au genou, la taille démesurément allongée selon la mode de ce mois de décembre 1919.

De petits jeunes gens trop bien mis , serrés à s’étouffer dans leur pardessus à martingale , la tête découverte comme les adolescents anglais , mais le nez pincé de froid, marchaient par bandes , barrant le trottoir du large moulinet de leurs cannes » ….
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Pour la première fois, elle sentait qu’elle aimait Gabri, parce que pour la première fois elle souffrait à cause d’elle. L’amour, souvent, comme une blessure, ne se révèle que par la souffrance.
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«  Gabri haïssait les sanglots bruyants de sa mère, sa voix perçante qui disait trop haut des choses sans simplicité , les larmes qu’elle reniflait par une longue habitude du «  Rimmel » , qui brûle les yeux quand on pleure .

Gabri avait une méfiance instinctive des peines qui s’étalaient si complaisamment . Et, avec toute l’intransigeance terrible de son âge, elle méconnaissait ce qu’il pouvait y avoir de sincère dans ce désespoir digne d’un cinquième acte de mélodrame . »
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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