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EAN : 9781090648044
Critic (01/02/2013)
3.32/5   114 notes
Résumé :
Gueule de Truie est un inquisiteur, envoyé en mission par les Pères de l'Eglise après l'apocalypse. Ces gens sont persuadés que la fin des temps a été envoyée par Dieu lui-même, et que la Terre est morte. Leur but? Détruire le peu qui reste afin de, une bonne fois pour toutes, tourner la page de l'humanité. A leur service, Gueule de Truie, caché derrière le masque qui lui donne son nom, trouve les poches de résistance et les détruit les unes après les autres. Un jou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 114 notes
J'avais lu ce roman il y a quelques années.
Mon intérêt pour son dernier roman et ma brève rencontre émotive avec l'auteure que je tentais d'approcher depuis plusieurs semaines, sans avoir eu le courage avant cette semaine, m'a donné envie de relire le seul roman que j'ai lu de Justine Niogret et de lui consacrer un billet, vous faire partager cette expérience. Car je me souviens avoir beaucoup aimé cet atmosphère post-apocalyptique, pessimiste et grisâtre.

Tout d'abord, j'adore sa façon d'écrire, la construction de ses phrases. Des phrases courtes, parfois froides, parfois poétiques, parfois simples, parfois porteuses de profondeurs. Des phrases que je trouve absolument magnifiques et que l'on veut répéter à haute voix. Comme celles-ci : « Une zone. La fille ne baisse pas les yeux, et il se souvient à peine de ce qu'elle verrait ; les cicatrices fines, les traits blancs sur la chair, les punitions d'autrefois, quand cette partie de son corps voulait exister malgré lui. » ou « Il sait que la fille retourne au silence. Elle s'y réfugie ou plutôt elle s'y noie, comme lui se noyait autrefois dans sa rage. » ou « Peut-être que le monde est mort de fatigue. » et d'autres encore et encore…
Et derrière un personnage ultra violent, et une ambiance brut de décoffrage, nous ressentons beaucoup de tristesses et de sensibilités. Un personnage d'une « tendresse étrange ».
Gueule de Truie a été élevé dans une très grande violence, dans la haine viscérale des êtres humains, donc des autres mais également de lui-même, dans le but de finir le travail de Dieu : exterminer la race humaine, majoritairement disparue sous : une bombe ? une météorite ? La volonté de Dieu ? La haine de la vie ? Pour les Pères, c'est l'évidence : « Dieu a ouvert la bouche et le monde est mort. » Il deviendra une bête dépourvue de délicatesse et de réflexions.
Mais un jour, il rencontre une fille (une jeune femme ?Une fillette ?), ce sera La Fille. Cette fille taciturne, qu'il a besoin de sacraliser, qui détient entre ses mains une boîte qu'elle se refuse à quitter. Cette rencontre le contraint à repenser sa quête…

Malgré l'aspect religieux de sa mission, nous ne sentons pas de réflexions métaphysiques dans le sujet principale, comme le fait Brian Evenson dans immobilité. Mais on se pose la question du conditionnement, de l'endoctrinement religieux et surtout de la violence portée sur l'innocence, la destruction de l'enfance par des adultes sans espoir, la transmission de la désolation à un être qui aurait dû aimer la vie.
Roman singulier, qui pose des fondations froides, hyper violentes, d'une cruauté franche, d'une Terre inhumaine et pourtant c'est ici que va se construire un début de belle histoire, d'une relation lente, chaotique mais intègre.

J'ai vraiment hâte de lire son dernier.

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Après « Chien du heaume » et « Mordre le bouclier », voilà enfin le dernier roman en date de Justine Niogret, qui nous a entre temps gratifié de quelques nouvelles et qui est parvenue en quelques années à peine à occuper une place de choix dans l'univers des littératures de l'imaginaire, à commencer par la fantasy. Avec « Gueule de Truie », l'auteur change légèrement de registre et nous offre un roman post-apocalyptique dans lequel la quasi totalité de notre monde a disparu depuis le Flache, catastrophe planétaire dont on ignore exactement la teneur mais que certains des survivants interprètent comme une intervention divine visant à détruire et purifier le monde. Des années après le cataclysme, alors que ces fanatiques ont mis en place une organisation visant à traquer et tuer tous les derniers humains encore en vie afin d'achever le travail de Dieu, un de leur fidèle disciple va pourtant changer la donne en liant son destin à celui d'une étrange jeune fille portant une mystérieuse boite...

On retrouve sans mal ici la patte de Justine Niogret qui dispose décidément d'un rare talent pour dépeindre des univers sordides et violents auxquels il est difficile de rester indifférent. C'est avec un certain sentiment d'angoisse que le lecteur évolue dans ce monde en ruine où les rares survivants en sont quasiment réduits à l'état de bêtes sauvages et où même les protagonistes effraient par leur dureté et la haine qu'ils portent en eux. Certaines scènes sont stupéfiantes de noirceur et de violence, et pourtant, comme toujours chez Justine Niogret, derrière toute cette crasse se cache quelque chose d'infiniment beau et touchant. Malgré la relative brièveté du roman celui-ci recèle ainsi une grande profondeur que je n'ai, je l'avoue, pas toujours réussi à pleinement saisir mais qui m'a malgré tout bouleversé à de nombreuses reprises. La plume très crue et pourtant pleine de poésie de l'auteur y est évidemment pour beaucoup et c'est a regret que l'on referme ce roman coup de poing par lequel il est aisé de se laisser prendre des heures durant.

Avec « Gueule de Truie » Justine Niogret nous démontre à nouveau toute l'étendue de son talent et, si le roman en rebutera sûrement plus d'un par son étrangeté et sa crudité, force est de reconnaître qu'on ne lis pas d'ouvrages aussi troublants ni aussi poignants tous les jours.
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On découvre souvent Justine Niogret avec son diptyque chez les éditions Mnémos, Chien du heaume et Mordre le bouclier, mais elle a aussi écrit un roman post-apocalyptique chez les éditions Critic : Gueule de Truie. Encore un titre difficile à oublier !

Ses lecteurs y sont habitués et les nouveaux apprécieront : le style de Justine Niogret est rude, vif et tranché. Ambiance post-apocalyptique oblige, l'autrice se fait plaisir pour laisser parler son langage haché menu. En somme, lire du Justine Niogret, ça se reconnaît vite. Ici, elle utilise toutefois un ressort habituel de certains romans post-apo, les termes inventés après la déliquescence consécutive à ladite apocalypse. Rien de très compliqué, mais la tentative est là. Pour le reste, si son onirisme médiéval vous avait plu, son mysticisme post-apocalyptique devrait passer relativement bien, tant qu'on reste dans son trip très personnel autour de la religion.
À l'image de ce style âpre, l'histoire de Gueule de Truie est brève et sèche. Après une catastrophe, la vie sur Terre tient plus du cauchemar que du rêve éveillé, tout comme la quête du héros tiendra plus du chemin de croix que de la balade tranquille au milieu des pâquerettes. Gueule de Truie est le nom que le héros a reçu quand il est devenu une Cavale, un inquisiteur chargé de traquer les derniers humains restants par les Pères qui considèrent que l'Apocalypse est divine mais que, pour atteindre le Jugement dernier, il faut finir le travail à demi-réalisé jusqu'ici. Dans sa traque, Gueule de Truie est obligé de porter un masque terrifiant, très bien illustré en couverture par Ronan Toulhoat, dessinateur de Block dans le même ton. Il fait rapidement la connaissance d'une jeune fille esseulée et tenant une boîte au contenu mystérieux (qui a dit MacGuffin ?). Dilemme moral et humain pour le héros : où le mènera sa quête dans ce monde à l'abandon ?
Le récit est un poil étiré, donnant l'impression que nous avons affaire à une nouvelle étendue dans l'optique d'un court roman. À mon humble avis, nous partons aussi beaucoup trop dans le mystique à outrance, en surinterprétant les événements et leur « destin ». Bien sûr, nous sommes dans un contexte volontairement intégriste, mais vu les questionnements du héros dès le départ, il n'y avait peut-être pas besoin d'en faire tant, surtout que la toute fin nous laisse un peu sur notre faim.

Premier roman un peu dispensable de Justin Niogret (il en fallait bien un), Gueule de Truie parlera surtout aux acharnés (pas de décharnés ici) du post-apo.

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Le monde est mort. Depuis que la Flache (une catastrophe qui a dévasté la planète de fond en comble) a eu lieu des dizaines d'années auparavant, le monde n'est plus qu'une coque vide, un cadavre dans les entrailles duquel grouillent les rares survivants comme des vers dans le corps d'un pendu. Seule institution à avoir survécu à l'apocalypse, l'Eglise envoie aux quatre coins de la Terre ces redoutables inquisiteurs, les Cavales, chargés d'éliminer les dernières traces de vie afin d'achever l'oeuvre purificatrice de Dieu. Gueule de Truie est l'un deux. Depuis son plus jeune âge, il n'a jamais connu que la peur, la rage, le désespoir et la haine de toute vie, humaine ou animale. le visage dissimulé sous un masque de métal, le corps corseté de cuir et d'acier, il erre à la surface du monde et chasse avec une hargne farouche les hérétiques dissimulés frileusement dans leurs cavernes, mutilant, tuant, torturant… Jusqu'au jour où il croise la route d'une étrange jeune fille porteuse d'une boite métallique datant d'avant la Flache dont elle refuse de laisser voir le contenu. La Fille est maigre, fragile, presque muette. Elle n'a rien de remarquable, rien d'extraordinaire, mais pourtant Gueule de Truie ne la tue pas, ni ne la traîne dans les noirs couloirs de l'Inquisition. Bien au contraire : poussé par une mystérieuse intuition, il la prend sous son aile et l'accompagne dans sa quête vers le centre du monde, le lieu où s'est produit la Flache, là où tout a commencé et où tout s'est achevé.

S'il faut reconnaître quelque chose à « Gueule de Truie », c'est son incontestable originalité. Loin des romans de science-fiction traditionnels, loin même des récits post-apocalyptiques habituels, Justine Niogret nous offre un roman complexe et oppressant, écrit dans une langue qui ne l'est pas moins. Violence et bestialité étaient déjà très présents dans ses deux premiers romans, « Chien du Heaume » et « Mordre le bouclier », mais étaient compensées par la douceur et la sérénité de quelques passages. Rien de tel dans « Gueule de Truie » : tout est brutal, âpre, déchirant, cruel… Les personnages terrifient par leur stupéfiante sauvagerie, particulièrement le protagoniste principal, monstre si déshumanisé qu'il ne se reconnait plus aucun lien avec ses semblables, tous réduits à ses yeux à l'état de rats, d'insectes et de larves. le roman surprend également par son scénario très onirique et regorgeant de scènes surréalistes, parfois à la limite du compréhensible. C'est là que le bât a blessé en ce qui me concerne… Peu sensible à la métaphysique, j'ai souvent perdu pied dans cette tempête de métaphores et de symboles et je ressors de cette lecture secouée, mais aussi vaguement frustrée, avec le sentiment d'être passée partiellement à côté de quelque chose.

Doté de qualités stylistiques évidentes, « Gueule de Truie » est probablement le genre de roman qui nécessite plusieurs lectures pour être pleinement apprécié. Ce ne sera pas pour tout de suite car j'ai largement mon content de livres à engloutir, mais je retenterai peut-être l'expérience un de ces jours, à tête reposée.
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Quand je songe que j'avais le sentiment d'avoir perdu mon temps avec le pavé de Nathan Hill !!!
Les mots me manquent pour exprimer ma déception qui, comme pour "La horde du Contrevent", est à l'aune des attentes suscitées par le large plébiscite dont bénéficie l'auteure.

Tout commence pourtant de façon abrupte mais alléchante, tant au niveau de la forme que de l'intrigue, mais, progressivement, confusion et ennui s'installent, le récit tourne en rond et le style, fumeux et alambiqué, exaspère.

Peu d'action, un amoncellement de scènes au sadisme maladroitement emprunté au divin marquis et d'envolées verbeuses, mystico-philosophiques, balançant entre ridicule et fatuité.

J'avoue sans honte être resté à quai sur ce coup.

D'après certains contributeurs chevronnés, Justine performerait plus en Fantasy, je lui donnerai sans doute une seconde chance.
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Elle est droite. C'est peut-être pour ça qu'il ne l'a pas tuée, la première fois; elle est droite. Même roulée en boule, dormant, même en train de se faire frapper, elle a quelque chose de raide. Quelque chose de propre. Elle n'est pas souillée comme les autres. Elle n'est pas un déchet. Non, ça n'est pas ça, pas exact. C'est autre chose. Gueule de truie avance sur elle, tend la main et prend la fille par la joue. Il n'était pas sûr de ce qu'il allait faire. Il ne savait pas encore, avant de la toucher. Elle ne bouge pas. Même au travers du gant, sa peau est douce, parce qu'il y a de la chair en dessous. Gueule de truie n'a pas l'habitude. Lui est dur, lui est un arbre coupé, sec. Un mur.
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On dit qu'autrefois, le monde était bruit. Moteurs, batteries, essence et explosions. Cacophonie brutale et métallique. Les gens, aussi, quand ils n'étaient pas encore Les Gens. Il y avait des boîtes dans lesquelles ils parlaient, et leur parole allait à d'autres, et même seul chez soi on avait droit aux vociférations. Des tévés, qui donnaient l'image aussi, des photos mouvantes et des chansons dures, et du bruit, encore et toujours. Un monde de son.
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La fille est assise par terre, les deux mains au sol, le bas du visage brouillé de sang. Gueule de Truie lui tend la main. Il comprend, et ce qu'il cherchait lui, et ce que doit entendre la fille.
-Je ne voulais pas être le seul à avoir mal.
La fille lève les yeux sur lui. Elle le regarde d'en dessous, entre ses cheveux. Il lui tend toujours la main. Un peu de sang coule encore de son nez à elle. La fille bouge les lèvres, les ouvre. Les referme.
-Je ne voulais pas être seul, fait encore Gueule de Truie.
Elle secoue la tête. Plus pour reprendre ses esprits que pour dire non, la Cavale le sent. Il se force à ne rien ressentir quand la paume de la fille se pose dans la sienne. Il se force et n'y parvient pas.
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En fait, Gueule de Truie est incapable d'imaginer la face de Dieu. Il l'a vue, ou il a vu son éclat, le jour de la Lumière. Il a vu l'intérieur de sa gorge et sa bouche, et le silence de son cri. Gueule de Truie croit en Dieu, tout autant que les gens d'avant le Flache croyaient en leurs voitures et leurs immeubles. Ils vivaient dedans, ils montaient dedans, et la Cavale se tient tout à fait à la même place, dans ce quotidien certain et réel. Il le sait, il connaît Sa présence. Il tue pour Lui. Il tue le monde pour Lui, parce que là est Son vœu.
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– Dans tous les univers possibles, combien de chances as-tu de rencontrer cette-fille-là, cette seule fille qui sait te reconnaître ?
– Aucune.
– Exactement. Aucune. Et pourtant, un jour tu comprendras ce que je viens de te dire.

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Videos de Justine Niogret (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Justine Niogret
Présentation de Quand on eut mangé le dernier chien de Justine Niogret par l'autrice. Parution 24 août 2023. Découverte en littérature ! Un roman tranchant comme une lame dans l'étendue glacée de l'Antarctique. Inspiré par l'expédition Aurora dirigée et rapportée par l'explorateur australien Douglas Mawson en 1911 pour explorer et cartographier les confins de l'Antarctique, ce roman sous tension est une plongée immersive aux côtés de ces aventuriers dans un environnement grandiose et mortel, le froid, le blizzard, la neige et la faim, l'épuisement et l'implacable hostilité de la nature. L'écriture organique, d'une précision sans fard, de cette autrice révélée et suivie en imaginaire, transfigure l'histoire réelle pour restituer, hors du temps, la violence et la dureté des éléments et écrire un inoubliable roman de femme sur le courage de survivre.
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