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TRISTE EST LE CRÉPUSCULE...

Être et avoir été : ainsi pourrait se résumer, un peu rapidement certes, mais non sans une certaine vérité, l'existence de nombreuses comètes des arts et de la littérature. Dans une très large mesure, ce fut la destinée, presque aussi brève que celle d'une étoile filante, du romancier américain Francis Scott Fitzgerald. Car s'il survécut d'une dizaine d'années à ses années de munificence dispendieuse, auréolée d'une aura sulfureuse de jet-setteur impénitent, de fêtard céleste - pour détourner la formule de Jack Kerouac, autre future météore de la littérature d'outre-Atlantique -, d'alcoolique mondain des soirées parisiennes, d'habitué des grands hôtels de la Riviera française ou des stations alpines en vogue. Dix ans pour se faire un nom dans le monde des lettres et briller au firmament des "stars", dix autres pour décliner, se faire presque oublier et mourir : tel fut le destin tragique de l'auteur considéré comme le chef de file de la "Lost Generation" - la Génération perdue, en bon français - parmi laquelle on retrouve Ernest Hemingway (dont Scott contribua assez largement à lancer la carrière), Gertrude Stein (à qui l'on doit cette appellation), John Dos Passos, John Steinbeck, Ezra Pound ou encore T.S. Eliot, dont les oeuvres, pour dissemblables qu'elles soient, ont pour point commun de s'être croisés à Paris, avec l'éditrice Sylvia Beach comme principal point de ralliement, mais, plus encore, de conter un certain désenchantement de la société américaine dans ce que nous nommons aujourd'hui "l'entre-deux guerres" mais qui a vu s'effondrer, aux USA comme chez nous, une certaine manière de concevoir le monde, une vision transcendantale de l'existence - celle, par exemple, à laquelle s'attachera encore un Jack London jusqu'à sa mort en 1916, persuadé, à travers le filtre de ses lectures d'un Spencer ou d'un Nietzsche qu'un avenir humain meilleur était possible, même si très lointain -. Alors qu'un John Steinbeck ira se frotter au monde pauvre du prolétariat américain, qu'un Ernest Hemingway lorgnera du côté de la fin de l'Europe comme source des valeur humanistes (avec "Pour qui sonne le glas ", son roman le plus célèbre) après s'être intéressé à une jeunesse sans repère suite à l'implication étasunienne dans la Grande Boucherie de 14-18 ("L'Adieu aux armes"); quant à Fitzgerald, s'il se penche sur le monde des très riches, c'est pour mieux en montrer le vide, la fatuité, l'absurdité de leurs rêves de grandeur et de faste dans un monde dont les valeurs s'écroulent tout autour d'eux (en cela, l'oeuvre de Fitzgerald peut être lue comme un lointain écho américain à celle de Marcel Proust).

Cependant, au-delà de cette célébrité de papier (qu'il n'obtint d'ailleurs définitivement qu'après sa mort), Francis Scott Fitzgerald ne serait pas lui-même sans son égérie fatale, sa muse maudite, cette jeune fille de dix-huit ans, née dans une famille aisée et notable de Montgomery en Alabama, cette jeune femme belle et indomptable, enthousiaste et cruelle que Scott surnommera "la première garçonne américaine" ! le couple, qui se mariera vite, fera dès lors les gros titres de la presse à scandale et les beaux jours de la chronique mondaine de ces années dites "folles", dans l'effervescence de ces années jazz, de la vague du Charleston, du champagne qui peut enfin couler à nouveau à grands flots, d'une certaine insouciance désaxée qui mènera Zelda à la Schizophrénie et Fitzgerald à la ruine... Mais n'anticipons pas.

1937. Francis Scott Fitzgerald n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut une petite décennie plus tôt. Il ne lui reste presque plus un dollar, il a contracté des dettes auprès de son principal agent tandis que ses nouvelles se vendent bon an, mal an dans les revues. Zelda est dans une institution spécialisée, très onéreuse, malgré les dénégations de la belle-famille à vouoir la récupérer et la volonté, a priori sincère, de son épouse de s'en sortir. Mais la schizophrénie est une maladie avec laquelle on ne compose pas. Quant à Scottie, leur seule fille, sa pension n'est pas des plus abordables, seulement Francis souhaite le mieux pour elle, bien qu'il s'en veuille quotidiennement d'être un père à distance. C'est ainsi que, malgré des expériences antérieures assez décevantes sauf en compagnie du producteur Irvin Thalberg malheureusement trop tôt décédé, Francis Scott se retrouve une nouvelle fois à Hollywood en qualité de scénariste. C'est à peu près dans ces conditions que nous le retrouvons dans ce roman biographique, Derniers feux sur Sunset, de Stewart O'Nan.
On comprend très vite qu'avant toute autre chose, Scott a besoin de gagner sa croûte. Sa fascination, modérée, pour Hollywood est morte avec le décès de son modèle en matière de production cinématographique et s'il apprécie croiser certaines stars de son époque, c'est peu de dire que ce boulot n'est, pour lui, qu'un moyen de régler ses dettes et de permettre à sa famille de s'en sortir. Consciencieux malgré tout, il va se jeter dans son job à corps perdu, oubliant même, dans un premier temps, de boire - ce vice dont rien ne semble pouvoir le détacher et pour lequel il traîne une réputation assez désastreuse -. Chassez le naturel, il revient au galop : retrouvant de vieux amis qui vont lui dégoter un modeste logement dans une propriété construite par une vedette déchue du cinéma muet, il va croiser la faune interlope de cette période dorée du cinéma hollywoodien (malgré les bruits de botte, les mises en garde d'un Ernest Hemingway engagé mais hautain), Humphrey Bogart, Bogie pour les intimes, et sa futur (troisième) épouse, Mayo Methot, parmi d'autres. Mais c'est la rencontre avec une "gossip girl", une échotière, de dix ans plus jeune que lui mais qui se fait passer pour plus jeune encore, qui va transformer, subjuguer les trois dernières années de la vie de l'écrivain. Malgré la culpabilité à l'égard d'une épouse qu'il n'aime pourtant plus, mais qui importa tant.

Il se trouve de beaux et captivants moments dans la proposition romancée mais très documentée que Stewart O'Nan nous fait de cette fin sans relief d'un auteur essoufflé, exsangue, revenu de tout. On pense même tenir un réel petit chef d'oeuvre dans les quelques cent premières pages de l'ouvrage : tout y est juste, des rapports difficiles et inextricables avec Zelda, imprévisiblement malade, des rapports compliqués avec une fille unique qu'il aime mais qui lui devient peu à peu étrangère, de la chute sans fin d'une notoriété déjà oubliée par la plupart, se concrétisant par une recherche permanente de liquidités, une fierté constamment ravalée - malgré l'orgueil d'avoir été et de n'être plus - auprès des grandes maisons de production de cinéma où il n'est guère qu'un nom parmi d'autres, et même sans doute moins (l'exemple d'Aldous Huxley est régulièrement mis en avant, qui gagne bien mieux sa vie que lui à Hollywood pour le même travail). Pour preuve ces scénarios sur lesquels on le projette pour quelques semaines et pour lesquels il ne travaille que quelques paires de jours, la plupart du temps avant qu'ils soient purement et simplement abandonnés, ou encore remplacé sans explication. Ainsi de celui d'Autant en emporte le vent, l'un des plus grands chef d'oeuvres de l'époque, pour lequel il ne sera qu'un parmi la grosse dizaine de scénaristes non crédités au générique.

Mais très vite O'Nan se laisse envahir par la folie, la fascination Hollywood et, à force de détails, de noms, d'exemples, de technicité, il fini par proposer un résumé assez plat et répétitif de cette vie certes guère passionnante des coulisses peu reluisantes d'Hollywood, capable et coupable des pires compromissions - "money is money" - avec l'hitlérisme triomphant des années trente. Tout cela est sans nul doute très proche d'une certaine réalité, mais n'intéressera probablement que les passionnés du genre et de la spécialité. L'ennui c'est qu'il passe alors à travers son sujet - la fin décourageante et mélancolique d'un grand de la littérature américaine, tellement en phase, malgré lui, avec ce qu'il avait pu décrire et prévoir de ce monde en perdition de l'après "Der des Der". Ou bien il eut fallu n'avoir qu'un sujet au lieu de deux, Hollywood et Fitzgerald, difficiles pour ne pas dire impossibles à mener de front sans que les deux s'annihilent progressivement. On lit ainsi, sans difficulté particulière mais sans grand enthousiasme, une grosse moitié de l'ouvrage. Peut-être l'auteur s'ennuie-t-il aussi à raconter une histoire d'amour - celle entre Scott et Sheilah - qui ne l'intéresse pas tant que cela malgré l'importance qu'il s'acharne à lui donner ? Il est vrai que, par delà les idées que l'on peut se faire de la haute société d'alors, ou de celle du spectacle, ces gens-là sont bien convenables, pudibonds parfois, bourgeois dans le sens le plus restrictif, au-delà des apparences mondaines et des soirées alcoolisées.
Et puis, petit miracle, il suffit que Fitzgerald se retrouve en compagnie d'un jeunot, fils du PDG de la Paramount, que ces deux là fassent les quatre cents coups sur un temps pourtant bref, pour que le roman reprenne vigueur, souffle et corps. A partir de là, et jusqu'à la fin tragiquement triste, pathétique de Fitzgerald, de ce monstre sacré, qu'on aime ou pas son oeuvre, l'auteur de "Nos plus beaux souvenirs" et de "Emily" accroche son lecteur, lui montre des êtres au bord de la rupture, du drame (qui se noue sans que rien semble pouvoir être fait pour l'empêcher), d'un écrivain, presque vieillard de quarante-quatre ans qui retrouve, vraiment, le goût d'écrire, même si l'on avait senti, au fil des plates pages précédentes, que cette urgence ne l'a jamais vraiment quittée, même après l'échec commercial et critique retentissant de son "Tendre est la nuit". Cela s'était seulement perdu au fil d'un texte alors devenu atone, quasi documentaire. Dès lors, O'Nan joue de toutes ses qualités d'écrivain rusé, intelligent, passionné qui connait son sujet sur le bout de ses ongles mais qui parvient, enfin, à s'en détacher ; qui comprend, mieux que quiconque comment cette fin tragiquement médiocre d'un être ayant porté quelque chose de sublime en lui, quelques années auparavant, aurait pu se terminer autrement, non en bête happy-end hollywoodien bien sûr, mais en dernier acte à la dimension shakespearienne, sublime et poignante. Il n'en fût rien, hélas pour la littérature comme pour l'homme, ce que Stewart O'Nan indique, à la manière d'un début de piste en introduction de son roman, reprenant cette phrase de Scott : «Il n'y a pas de deuxième acte dans les vies américaines.»

Peut s'en faut, et c'est réellement dommage, que cet ouvrage donne une direction quasi faustienne à son projet, qu'il dépasse l'anecdotique pour entrer dans le vif de son sujet, lequel déborde dans une certaine mesure la simple existence d'un écrivain à bout de souffle, de ces dernières relents de légèreté d'avant la monstruosité nazie. C'est un peu comme si, submergé par l'immensité de la tâche, et de sa très probable sincère admiration pour l'auteur autant que pour les ouvrages de celui-ci, il s'était freiné, empêché de sublimer ce destin, au risque, peut-être, de le trahir, de le transgresser d'un strict point de vue biographique mais pour en faire quelque chose d'approchant bien mieux d'une vérité que les dates et les faits bruts ne savent que bien rarement transmettre. Un bon livre, sans doute, mais qui décevra parce qu'il ne parvient pas à aller au-delà de la vraisemblance.
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Roman flirtant avec la biographie, Stuart O'Nan retrace les dernières années de Scott Fitzgerald, sa carrière laborieuse de scénariste à Hollywood, le lent délitement de son mariage avec Zelda en proie à la maladie mentale et sa dernière histoire d'amour avec Sheila Graham. Les années folles comme si vous y étiez...

Une lecture agréable mais pas enthousiasmante
Le danger quand on s'attaque à la vie d'un grand écrivain, c'est qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer ce que Fitzgerald aurait fait de cette matière, et comme un écho à ce regret, les passages les plus émouvants sont ceux tirés des lettres de l'auteur...
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Sur le mode de la biographie romancée, Stewart O'Nan revisite ici les trois dernières années de la vie de Francis Scott Fitgzerald, entre 1937 et 1940 cette l'expérience hollywoodienne d'un Francis Scott Fitzgerald ne le sait pas encore mais il vit ses dernières années. où il a tenté d'être scénariste.

O'Nan recrée avec précision et une belle plume l'Hollywood d'avant-guerre ; et nous propose une excellente biographie romancée, hyper-documentée et pourtant d'une lecture fluide et montre avec justesse les états d'âme de Fitzgerald, surtout par rapport à son épouse Zelda, entre deux séjours à l'hôpital et deux crisesn'est plus que l'ombre de la légende qu'elle a été
Pendant près de quatre cents pages, on est plongé dans l'intimité vibrante d'un homme et d'un auteur et se crée devant nos yeux ébahis, la très réussie rencontre entre deux grands auteurs.

Ces beaux et fragiles Derniers Feux sur Sunset est donc un passionnant roman sur le Hollywood de la seconde moitié des années trente dont le personnage principal est un certain Francis Scott Fitzgerald.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quand commence Derniers feux sur Sunset, en 1937, il ne reste plus à Francis Scott Fitzgerald que 3 ans à vivre. Stewart O'Nan, dans une ouvrage d'une tristesse insondable, s'attache aux pas de l'auteur de Gatsby, avec une minutie factuelle et psychologique et un style précis et mélancolique que l'on pourrait aisément qualifier de fitzgeraldien. Loin de sa femme Zelda, internée dans une clinique, et de sa fille désormais étudiante, Fitzgerald revient à Hollywood avant tout pour survivre. Il y côtoie Dorothy Parker, Humphrey Bogart et Ernest Hemingway mais doit surtout se battre pour travailler en rafistolant des scenarii ineptes ou en voyant ses textes mutilés comme pour l'adaptation de Trois camarades. Il est vrai que notre héros n'est pas au mieux de sa forme tant physiquement que moralement et son incapacité à demeurer sobre n'arrange pas son délabrement. Il sait qu'il ne reverra certainement plus Zelda en pleine possession de ses facultés et l'amour de Sheilah Graham, célèbre échotière de Hollywood, est un baume temporaire qui sécurise ce grand séducteur à l'égo bien affirmé. O'Nan n'a pas voulu trop charger Fitzgerald, au comportement parfois erratique, dont la splendeur passée n'est plus qu'un souvenir. On ne peut comme lui qu'éprouver un sentiment de gâchis devant ce que l'écrivain magnifique d'Un diamant gros comme le Ritz est devenu à l'automne avancé de sa vie. A ce titre, Derniers feux sur Sunset est un livre touchant sur l'approche de la mort, la fin des illusions et la nostalgie du passé. Comme l'écrivait Fizgerald "toute vie est une entreprise de démolition." Au bout de la sienne, il n'y avait guère plus que le sentiment d'en avoir joui au-delà de toutes limites.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Il avait oublié combien le coucher de soleil pouvait s'éterniser sur le Pacifique et comment, dès qu'il disparaissait à l'horizon, la nuit tombait d'un coup, tel un rideau de scène

Roman, roman..... je dirais plutôt biographie romancée, oui c'est cela même si la vie de Francis Scott Fitgerald est un roman, passant de la splendeur aux ténèbres.

Il n'y a pas de deuxième acte dans les vies américaines (F.S. Fitzgerald - Epigraphe du livre)

Splendeur et déchéance..... une vie de paillettes, de bulles de champagne, de riviera, d'hôtels de luxe qui se termine en hôpital psychiatrique, en course au cachet, dans l'alcool et la misère à la veille de la deuxième guerrre mondiale.

Rien n'est impossible, tout ne faisait que commencer (F.S. Fitzgerald- Epigraphe du livre)

L'auteur retrace à travers ce récit les trois dernières années de l'écrivain américain, années de galère car criblé de dettes, Zelda, son grand amour est internée en hôpital psychiatrique car toujours très cyclique, très instable et imprévisible, sa fille Scottie pensionnaire dont il faut assurer les études, les vacances et lui, qui ne parvient plus à écrire un roman et qui se voit contraint de travailler comme scénariste pour Hollywood, pour des films le plus souvent de série B, n'ayant même plus un toit, un refuge. Tout a été dilapidé, consommé même leurs vies.

Il avait tellement l'habitude de poser sur elle un diagnostic, chaque manquement considéré comme un symptôme, qu'il ne pouvait plus s'en empêcher (p141)

Apparences trompeuses de ce monde, glamour de façade, mais qui se révèle manipulateur, broyeur et gangrené par l'argent, le pouvoir et l'alcool. On y côtoie Ernest Hemingway, Greta Garbo, Marlène Dietrich, Humphrey Bogart et sa femme Mayo, Vivien Leigh, Boris Selznick, Mankievicz, Clark Gable et bien d'autres. Attention connaître l'envers du décor peut parfois briser son rêve.

Mais Scott lui se perd, malgré sa rencontre avec Sheilah, jeune chroniqueuse, qui tentera de sauver cette âme déjà perdue avec son amour, sa bienveillance mais qui ne veut pas sombrer avec lui.

Trop à assumer dans sa vie présente, usé par sa vie passée il se battra jusqu'au bout pour Zelda, pour Scottie mais refusera de voir que la flamme de sa vie est déjà vacillante.

Récit assez documenté, détaillé, fidèle à la vie de l'écrivain mondain (j'ai vérifié à différentes reprises certains faits) pratiquement une biographie d'une fin de vie avec en toile de fond l'univers des grands studios cinématographiques, les coulisses des films, le travail d'écriture , de ses "nègres" qui doivent sortir des histoires qui correspondent aux intérêts, aux humeurs et aux égos des grands pontes des studios (grand ponte d'un jour mais pas grand ponte toujours car la chute de chacun peut être brutale et violente).

Mais l'ensemble tue et noie le récit même si j'ai malgré tout aimé cette lecture mais comme une page d'histoire. On suit la déchéance de l'homme, il court après l'argent, doit assumer les conséquences de leurs vies passées. On ne lui reconnaît désormais que peu de talent, son travail étant régulièrement remanié lui qui avait écrit Gatsby le Magnifique et Tendre est la nuit.

Ce qui m'a gêné dans la lecture ? Peut-être une certaine "platitude" par rapport à l'homme, aux lieux. Cela manque un peu de relief, c'est un peu lassant même. le côté biographique m'a plu mais un peu trop présent.  Voilà c'est cela, on a du mal à ressentir de l'émotion, de l'empathie, on suit la lente agonie d'un homme mais aussi peut être d'une époque, un dernier tour de piste avant les ténèbres mais sans que cela me touche. 

Une sorte de documentaire sur un écrivain déchu, sur les coulisses de Hollywood de la grande époque, celles des stars et des starlettes, mais avec des longueurs et une langueur qui rendent la lecture assez décevante en fin de compte. Un long chant du cygne, bien documenté mais qui n'apporte rien de plus à ce qui a été déjà écrit.....
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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«Il n'y a pas de deuxième acte dans les vies américaines.»
«Rien n'était impossible : tout ne faisait que commencer.»
F.Scott Fitzgerald

En route pour Hollywood ! Stewart O'Nan nous propose une immersion bien agréable dans le Hollywood des années 30, sur les traces de F.Scott Fitzgerald.

L'auteur nous raconte les dernières pathétiques années de sa vie, ses rendez-vous manqués avec la grande industrie du cinéma en tant que scénariste, ses dettes, ses amours, son alcoolisme, sa maladie, sa déchéance, ses tourments et ses contradictions, ses relations avec sa femme Zelda, qui a perdu de sa superbe, internée dans un hôpital de Caroline du Nord, celles compliquées avec sa fille Scottie, bref un Francis Scott Fitzgerald qui touche le fond. O'Nan aborde avec subtilité la nostalgie du passé, la fin des illusions et l'imminence du grand départ.

Au-delà de cette biographie fictive de Fitzgerald, l'auteur nous livre un passionnant récit sur le Hollywood des années folles et nous plonge avec talent dans l'ambiance d'une Los Angeles florissante et exubérante, le Hollywood de l'Âge d'or : les palmiers, les clubs, les soirées arrosées autour d'une piscine, le soleil cru et écrasant. J'ai été séduite par l'exotisme de L.A de l'époque, m'y promenant avec émerveillement et délice.

Mais l'auteur nous plonge aussi dans l'envers du décor, les dessous d'Hollywood, dévoilant un système déconnecté de la réalité et nous donne à voir également une Amérique vivant une période de troubles alors que la guerre s'apprête à éclater. On assiste notamment à la naissance de la ligue anti-nazie en réponse à la montée de l'antisémitisme, rassemblant quasiment le Tout-Hollywood, de Chaplin à Garbo, de Groucho Marx à Billy Wilder, de Ginger Rogers aux frères Warner...

«Je me demande comment il peut être trop tôt pour se déclarer antifasciste...»

Un récit riche, vibrant et poignant, un bel hommage à ce grand, fragile et attachant écrivain.
Je n'ai lu de lui que The Great Gatsby et Benjamin Button. Ma liste d'envies lectures pour 2018 s'agrandit, évidemment ;-), hâte de me plonger dans le Dernier Nabab, Alabama Song ou encore Tendre est la nuit.

« Je suis sûr que tu sais désormais que la vie ne nous offre qu'un nombre restreint de chances, et on regrette amèrement celles qu'on a laissé passer, que ce soit par paresse, par faiblesse ou par orgueil. Tout ce que je te demande, c'est de t'accrocher, quelles que soient les difficultés, pour que, quant tu auras mon âge, tu puisses regarder en arrière et te dire que tu as fait tout ce que tu pouvais. Ainsi se termine le leçon. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Fin des années trente.
Le fête est terminée pour Francis Scott Fitzgerald et Zelda, son extravagante épouse dont les débordements ont fait place à des crises de folie dangereuse. Elle est désormais internée dans un hôpital psychiatrique.
Fitzgerald n'a plus un sou d'avance alors qu'il doit faire face aux frais occasionnés par ses soins, auxquels s'ajoutent ceux du pensionnat où grandit leur fille Scottie devenue adolescente.
Seule solution pour Fitzgerald : répondre à la demande des producteurs hollywoodiens à la recherche de scénaristes.
C'est là que Stewart O'Nan joue à merveille sa partition, en nous entraînant dans les coulisses des grandes productions du cinéma américain, en nous faisant partager les déboires de Fitzgerald face aux exigences et aux stratagèmes douteux des producteurs, aux caprices des stars, à la concurrence farouche entre les différents scénaristes. L'argent Roi qui résulte du succès est le principe final si bien que le talent d'un auteur importe beaucoup moins que l'aspect "bankable" se son histoire.
C'est ainsi que Fitzgerald se voit souvent refuser des projets sur lesquels il a beaucoup travaillé en apportant tout son art. De déconvenues en déconvenues, de déceptions en échecs, il soigne sa tristesse avec le gin et les amphétamines, à telle dose que sa santé se dégrade aussi vite que sa vie s'effrite, malgré le soutien de sa compagne Sheilah Graham.
Un récit émouvant pour les lecteurs qui ont aimé les romans de Fitzgerald et la joyeuse bande de ses amis fêtards.
En parallèle, un tableau vivant du cinéma hollywoodien
en pleine expansion dans les années trente, avec ses stars légendaires et ses producteurs non moins célèbres.
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Hollywood à l'endroit : neuf lettres paradant sur une colline, des projecteurs qui balaient le ciel les soirs de premières, des limousines qui déversent des stars sur le tapis rouge, des cordons de velours pour retenir les photographes et les demandeurs d'autographes ;
Hollywood à l'envers : une industrie sans pitié, des tas de projets avortés, des espoirs déçus, des milliers de petites mains exploitées ;


Francis Scott Fitzgerald à l'endroit : grand écrivain américain, né en 1896 dans le Minnesota, formé à la prestigieuse université de Princeton, célèbre pour son chef d'oeuvre Gatsby le Magnifique ;
Francis Scott Fitzgerald à l'envers : écrivain ayant sombré dans l'anonymat les dernières années de sa vie, alcoolique, ruiné, débarquant en 1937 à Hollywood comme scénariste pour la Métro Goldwyn Mayer afin de gagner un peu d'argent notamment pour pouvoir payer les frais de la clinique psychiatrique dans laquelle sa femme Zelda, qui a perdu la tête, a été internée, ainsi que les frais de scolarité de leur fille Scottie ;

Prenez tous ces endroits et ces envers, mélangez le tout et vous obtenez Derniers feux sur Sunset, doux roman mélancolique qui vous emmènera sur la côte californienne à la fin des années 30, aux côtés d'un Francis Scott Fizgerald qui se bat contre ses démons et cherche à se prouver qu'il est encore capable d'écrire.
Malgré quelques longueurs (au profit de sublimes descriptions de belles langueurs), Stewart O'Nan restitue avec émotion la fin du parcours de celui qui est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands auteurs américains. Un récit délicat d'une détresse intérieure qui ne laisse pas indifférent·e.
Lien : https://chezlaurette.wixsite..
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Un roman qui m'a beaucoup plu ( à vrai dire on est à la frontière entre la biographie romancée, le roman...). L'exploit est ici de faire un livre qui se hisse à la hauteur de son sujet. Je trouve que c'est constamment le cas ici. Une très belle réussite que ce livre profond et mélancolique qui m'a donné envie de me replonger dans l'oeuvre de celui à qui il est consacré !
Une superbe évocation (plus détendue que chez Ellroy, mais cela n'est pas difficile !) du Los Angeles des années 1930-1940
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Je n'avais lu de Stewart O'Nan que l'excellent Des anges dans la neige mais me suis précipité dans ma petite librairie qui peine avant même la sortie du roman West of Sunset qui trace le portrait de Scott Fitzgerald lors de ses dernières années. le titre déjà m'enchantait. le mot Ouest à lui seul me fascine, couchant, crépuscule. du coup c'est un bien joli pléonasme que West of Sunset, ou Derniers feux sur Sunset. Même les cinéphiles moyens acquiesceront sur Sunset Boulevard, qui rappelons-le, commence par un cadavre dans la piscine. Mort et luxe sur la Côte Ouest.

Paradoxalement en cette année 1937 c'est le luxe qui est bien mort pour Fitz. Loin, si loin, les triomphes du Great Gatsby, la Côte d'Azur et les palaces parisiens, la folie jazz. Même Hem l'ami rival de la Closerie des Lilas a pris ses distances. Quant à la belle Zelda, elle s'empâte et déraisonne dans un asile de Caroline du Nord. Ruiné, abruti d'alcool, Scott n'est qu'un rameau desséché incapable de payer les soins de Zelda et les études de leur fille Scottie. Prince déchu, il n'a que 40 ans.

Grandeur et décadence ou mieux, enfin pire, gloire et déchéance, resteront les étoiles contraires de Scott Fitzgerald. Et c'est bien à Hollywood la perverse qui dévore ses enfants que se jouera le dernier acte. Il y tente de se refaire une (maigre) santé financière. Pour la santé tout court sait-il qu'il est déjà tard? Vaguement engagé comme scénariste, il n'apparaîtra quasiment jamais dans les génériques. On appelle ça uncredited. Et c'est bien vrai qu'il manque de crédit, de toutes sortes de crédits. Il faut savoir que les moghols du cinéma faisaient retoucher certains films par six ou huit scénaristes différents. Faulkner ou John O'Hara n'ont guère été mieux traités. Mais vous savez tout cela si vous faites partie des nombreux Européens à entretenir la flamme et le culte fitzgeraldiens.

Stewart O'Nan chronique les dernières années de l'ancienne coqueluche jet set avec beaucoup d'humanité, bien loin de l'hagiographie. Sa liaison avec Sheilah Graham, journaliste mondaine ne lui donne pas le beau rôle. Dorothy Parker, l'écrivain Thomas Wolfe (Genius, film récent le fera peut-être un peu plus lire en France), le grand metteur en scène Mankiewicz, mon patron Humphrey Bogart nanti de sa troisième femme, il y a mieux pour la sobriété. Fitz court le cachet, mais le fric n'arrive plus et l'auteur décrit fort bien la spirale des dettes version dernier nabab. Scott, le plus fragile de cette Lost Generation, est en approche finale. le roman est très attachant, très explicite sur le mirage hollywoodien, et sur ce grand boulevard qui mène au crépuscule. C'est un beau livre, Fitz y est ordinaire, c'est un grand compliment.

Pensant à Gstaad et Saint-Moritz, "Pourquoi le passé était-il toujours à double tranchant, ou bien la faute en était-elle au présent, si médiocre et si vide?"

A propos de sa relation avec Sheilah, vacillante, "Il avait du mal à accepter qu'ils ne soient plus un couple divertissant".Tout est dit, non?

Abus de name dropping de la part de Stewart O'Nan, diront certains. Pas faux et les surnoms, les diminutifs de la faune hollywoodienne peuvent alourdir le texte, notamment pour les "un peu moins" cinéphiles. Défaut mineur pour cette histoire d'un écrivain célébré, ignoré. Gatsby était la version Océan Atlantique, dorée mais fragile, destin tragique. Fitzgerald, les yeux vers le Pacifique, ne mourut surtout pas en pleine gloire. Un trajet américain...
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