Je nous aime beaucoup

Véronique Olmi n'est pas qu'auteure de romans à succès (son Bakhita était finaliste pour le Goncourt 2017), elle a d'abord connu le succès en tant que dramaturge, avec des pièces jouées partout dans le monde.

Son "Je nous aime beaucoup" est bien ancrée dans l'époque, comédie légère au premier abord, avec des personnages bien campés (ma préférence va au pince-sans-rire ironique Jean) réunis par le hasard d'un mariage dans un gîte de campagne en plein orage. Mais au delà des simples agaceries de gens totalement différents qui ne peuvent pas se supporter, c'est le passé de trois des personnages qui ressurgit. Une alliance originale les a unis à une période et certains comptes n'ont pas été soldés, certains secrets n'ont pas été dévoilés. On glisse alors de la comédie au drame familial, sans jamais sombrer dans le pathos. L'auteure brosse ainsi un portrait de la famille, du couple moderne, où les structures sont mouvantes et s'adaptent aux envies du moment de chacun des individus qui la composent... et même si c'est la femme qui décide de tout bouleverser, c'est bien là une des innovations de notre époque.

Aucun des personnages n'est totalement épargné même si Nicole, femme forte qui assume ses décisions et ne s'en laisse pas compter, même physiquement, par les mecs qui l'entourent, semble avoir la sympathie principale de l'auteure.

A la suite d'un mariage, cinq personnes se retrouvent logées dans une vieille ferme isolée du Gers. Nicole, Jean et Maxime, tous trois la cinquantaine et Laurent et Marie, même pas la trentaine. Tout le monde attend avec impatience de pouvoir retourner à sa vie urbaine et la tension monte peu à peu. Entre Nicole et Jean, son mari jaloux de Maxime, l'ancien amant et ami. Entre Jean et Maxime, tous deux amoureux de la belle Nicole. Entre les quinquagénaires post soixante-huitards et les jeunes tourtereaux.
Dialogues incisifs, huis-clos qui renvoie chaque personnage à lui-même, petites et grandes hypocrisies : tous les ingrédients de Véronique Olmi pour nous concocter une bonne pièce. Et c'est savoureux à souhait. La beauté charismatique de Nicole, le cynisme exacerbé de Jean, l'amour tendre de Maxime, la lâcheté de Laurent, la naïveté de Virginie font de cette pièce un beau morceau de tragédie teinté d'humour grinçant.
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