« Quand
Michel Onfray défend les femmes... »
«
La force du sexe faible » est un livre à la fois intéressant et intriguant. En effet, le philosophe défend la cause des femmes, « du sexe faible », en prenant appui sur la Révolution ! Effectivement, ces dernières étaient traitées telles des « moins que rien », des « bonnes à tout faire » par la gente masculine. Il met en avant le destin de quelques femmes – célèbres ou non – telles C. Corday, O. de Gouges ou Mme de Staël pour prendre le contre pied de cette idée reçue.
En cette période, ce sont les femmes qui ont fait la Révolution et non les hommes, qui n'étaient que des pantins sur un échiquier. Par exemple, C. Corday a été décapitée alors qu'elle avait assassiné Marat dans son bain. Ce n'est, évidemment, pas un homme qui l'aurait fait. Ils étaient trop prétentieux et narcissiques. Un autre exemple que le philosophe prend :
Olympe de Gouges qui s'est « battue » pour être féministe, et revendiquer l'égalité des femmes. On apprend qu'elle a beaucoup écrit pour plaider sa cause et sur des sujets non banaux pour l'époque (politique, répression, révolte, machisme...) En effet, elle a écrit des pièces de théâtre sur la politique, sur les femmes et sur les hommes. Elle a même rédigé une Déclaration des Femmes et de la Citoyenne, mais elle n'a jamais été édité ! Avant de « naître femme », elles sont des citoyennes avant tout. C'est ainsi la première féministe de l'Histoire, malheureusement tombée dans l'oubli. Son destin lui sera évidemment fatal, elle finira par être guillotinée en 1793 (la même année que le roi). Pour Théroigne de Méricourt, elle sera internée de force au début du XIXme siècle (elle échappe de peu au « rasoir national » selon le philosophe, autre terme pour désigner la guillotine). Elle a été placée à l'asile car jugée folle et ayant trop de connaissances pour l'époque, elle représentait un danger public pour la Nation. A cette période, on ne faisait pas de cadeaux au « sexe faible » : elles étaient guillotinées ou mis à l'asile de force. Ou, dans le meilleur des cas, elles s'exilaient – comme l'a fait Mme de Staël – pour ne jamais revenir. A l'époque, deux camps étaient formés : les révolutionnaires (
Robespierre, Danton...) et les contre révolutionnaires (Desmoulins, O. de Gouges...) Les contre révolutionnaires étaient contre l'exécution de
Louis XVI, puis l'Assemblée a laissé place à la Terreur puis au Directoire (1795-99).
Pourquoi autant de rues portent-elles le nom de
Robespierre, celui qui a « tourné sa veste »? Car, rappelons le, au départ, il était contre l'exécution du roi. Pourquoi a-t-il soudainement changé d'avis ?
Onfray est très vulgaire envers lui, cet homme détestable, il voudrait même « qu'on lui coupe la queue »... C'est lui qui est à l'origine de ce régime appelé « la Terreur » - il a dénoncé plusieurs de ses amis dont Danton.
Donc, la République va voir le jour sous la Terreur, un régime où les hommes sont manipulateurs, où les femmes passent au second plan et où le goût du sang règne. Par la suite, on verra d'autres « révolutions s'installer » dont celle de la barbarie sans nom (fin XVIIIme, XXme siècle) et les « Révolutions Industrielles » (XIXme siècle). Une fin de siècle se finissant mal, dans l'oppression et le sang. Au cours de lectures traitant de la Révolution, aucun nom de femmes (ou très peu) n'apparaît. Ceci est scandaleux et honteux surtout que ce sont « elles, les hommes » car ils n'ont fait que suivre bêtement le mouvement. A aucun moment, nous ne nous sommes révoltés. Pour l'anecdote,
Simone de Beauvoir (compagne de
Sartre) était une autre féministe et nous a fait redécouvrir
Olympe de Gouges. Sans les femmes, nous ne sommes rien à part des pions. Comme s'évertuait à dire
Olympe de Gouges, « nous sommes avant tout des citoyennes dans l'âme ».
Pour le titre, «
la Force du Sexe Faible », on y voit deux allusions : l'une historique et l'autre littéraire. « Le sexe faible » est une allusion à O. de Gouges, première féministe et l'autre est une référence à
Simone de Beauvoir, ayant écrit « le Deuxième Sexe » et la faisant redécouvrir aux lecteurs. Ce livre a été écrit vers la fin des années 1950, début des années 60, alors que les femmes avaient à peine le droit de vote... en 1944 ! Il aura donc fallu attendre plus de deux siècles pour que les femmes, « le sexe faible », se fassent entendre et puissent voter. Ceci est honteux et scandaleux ! Ce n'est pas parce qu'elles sont des femmes qu'elles n'ont pas de connaissances, au contraire ? Qui animait les cafés philosophiques ou littéraires, au XVIIme-XVIIIme siècle ? Ne sont-ce pas justement les femmes pendant que les hommes régnaient ou faisaient la guerre ?
Au travers de ce livre,
Michel Onfray nous prouve que les femmes sont importantes et même beaucoup plus. Il veut leur donner le titre de noblesse qui leur revient. Rappelons qu'il s'était déjà intéressé à l'une de ces femmes (C. Corday) en 2002 dans son essai sur la religion « La Religion du Poignard » (référence à la façon dont elle a prémédité l'assassinat de Marat, journaliste). Donc, vous l'aurez compris, un livre à lire ! Absolument, notre cher philosophe est peut-être cruel avec les hommes, surtout
Robespierre, mais il ne dit que la vérité, pure et simple. Il pose également une question fondamentale et si c 'était nous, les hommes, le « sexe faible » durant cette période ? Il montre que, comme toujours, l'histoire retient les vainqueurs et non les perdants (comme dans « Les Sagesses Antiques », 2006). Nous sommes dans une société où nous ne considérons pas les femmes à leurs justes valeurs.