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Hélène Frappat (Traducteur)
EAN : 9782330144401
352 pages
Actes Sud (06/01/2021)
3.96/5   328 notes
Résumé :
Danny Conroy grandit dans une somptueuse demeure en banlieue de Philadelphie. Malgré un père distant et une mère partie sans laisser d'adresse, il peut compter sur l'affection des sa soeur adorée, Maeve, l'intelligence et la drôlerie incarnées. Unis par un amour indéfectible, ils vivent sous l'oeil attentif des "Hollandais", les premiers propriétaires de la maison, figés dans les cadres de leurs portraits à l'huile.
Jusqu'au jour où leur père leur présente An... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis le départ de leur mère personne n'était jamais invité à la Maison des Hollandais. Maeve et Danny Conroy sont donc surpris par le mariage de leur père et l'installation d'Andrea et de ses filles dans leur domaine. D'autant que cette présence au fil du temps s'avère toxique, Andrea ayant épousé leur père pour s'emparer de sa superbe demeure. Ce qu'elle parvient à faire après sa mort prématurée, en chassant Maeve et Danny, qui n'auront de cesse à l'âge adulte de revenir devant la Maison des Hollandais.

À travers deux adolescents à la complicité affectueuse capable de faire d'eux des adultes solidaires, mais pas de les guérir des traumatismes de leur enfance, en dépit de quelques longueurs (et d'une traduction faiblarde 😏), Ann Patchett évoque avec beaucoup de finesse les liens qui unissent un frère et une soeur, et une maison, et c'est là toute la force de ce roman, qui d'une certaine manière nous ramène irrésistiblement à celle de notre enfance.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Sans nouvelles de leur mère partie quand ils étaient très jeunes, Danny et Maeve Conroy grandissent entre un père distant, des employés de maison dévoués, et les portraits des Hollandais, les anciens propriétaires de leur somptueuse demeure de la banlieue de Philadelphie. Leur vie bascule quand y entre Andrea, bientôt leur belle-mère, en vérité bien plus intéressée par la magnificence de l'édifice que par ses habitants. Devenus adultes, le frère et la soeur reviendront régulièrement rôder autour de leur ancienne maison, théâtre de leur passé, si douloureux qu'il ne cesse de les hanter.


Imposante construction héritée des années vingt dont on imaginera le faste en pensant à Gatsby le Magnifique, la maison des Hollandais est le point focal du roman. A l'exception de la mère, tournée vers une autre quête, tous les personnages en font, jusqu'à l'obsession, le réceptacle de leurs désirs et de leurs fantasmes, au point qu'elle en finit par prendre des airs d'allégorie d'un bonheur éternellement inaccessible. Enviée par les ambitieux qui rêvent de la posséder, regrettée par les orphelins qui l'ont perdue en même temps que l'affection d'une famille, elle s'avère en tous les cas un mirage et une trompeuse coquille vide, incapable de combler les béances intérieures de ses habitants. Lorsque sera passé le temps de l'orgueil et de l'ivresse de la possession pour les uns, celui de l'éternel ressassement du manque et de la perte pour les autres, restera le tardif et cruel constat de vies enfuies, passées à courir derrière des chimères.


Placé sous les auspices de la rancune et de la frustration, ce roman désenchanté illustre l'accumulation des malentendus et des incompréhensions, venue gâcher la vie d'êtres qui auraient dû s'aimer. La narration prend le temps de camper avec soin ses personnages, suivis sur cinq décennies. Leur portrait crédible s'avère d'une remarquable acuité. Et c'est étreint d'une douce tristesse que l'on achève cette lecture si juste et si fine, portée par une plume agréable, fluide et précise.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Découverte de cette autrice américaine, reconnue et récompensée outre-atlantique.
La maison des hollandais est une demeure extravagante, cossue, déraisonnablement ornée de bois précieux et d'or, du sol au plafond. Cadeau d'un époux à la femme de vie, avec une erreur d'appréciation monumentale : Elna n'aimera jamais cette maison, au point de quitter sa famille et de laisser l'éducatiion de Maeve et de Danny, le narrateur, aux bons soins de son mari et des employées fidèles.

Il faut dire que, hormis son décor d'un autre âge, la maison semble exercer sur ses propriétaires une influence plutôt néfaste. Des hollandais qui en furent les premiers occupants, à Andrea la deuxième épouse du mari délaissé, la vie n'est pas tendre pour ses occupants.

A l'image de la mère disparue, le destin de Danny se construit sur des choix qui sont loin d'être spontanés, de l'école de médecine au mariage avec Celeste.

On assiste donc à la vie tourmentée d'une famille à la recherche d'une mer apaisée, mais qui doit pour cela affronter l'océan sur un radeau de fortune. Les personnages de Maeve et Danny sont bien entendu très attachants, mais on finit par comprendre aussi Elna et sa fuite du foyer.

Une autrice de plus à suivre …

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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J'aime bien quand les demeures ont de l'importance dans les romans, dans Gatsby, les Bellefleur de Joyce Carol Oates, les romans gothiques, comme gamine j'aimais rêver sur les châteaux des contes de fées... Est-ce parce qu'elles nous invitent à être les architectes de notre imaginaire, nous donnent l'espoir d'y bâtir des merveilles de refuges quand le réel se fait trop laid, trop inhospitalier? J'ai un peu cette impression, mais bon, en fait, ce n'est en général pas la joie, et encore moins la douceur, la sérénité, qu'elles procurent à leurs habitants.
La maison des Hollandais est impressionnante, luxueuse, extravagante, «trop grande pour qui que ce soit, un immense, un ridicule gaspillage», mais auquel on ne voudrait rien changer. Et du point de vue narratif, elle fait bien le job. Elle ne rend pas ses habitants heureux, non - les maisons heureuses n'ont peut-être pas d'histoire -, elle exerce une force d'attraction ou de répulsion qui met en branle des mécanismes bouleversant les destinées.
Le père du narrateur croyait offrir un rêve à sa femme en la rendant propriétaire de cette fastueuse demeure qu'elle va détester et fuir, abandonnant sa famille pour aller aider les pauvres à l'autre bout du monde.
Sa seconde femme, Andrea, est au contraire fascinée, obsédée par la maison qu'elle considère comme une oeuvre d'art, elle met le grappin sur son propriétaire et en vraie marâtre va éjecter les enfants du bercail.
Maeve et Danny, eux, restent comme aimantés par la maison, ne pouvant s'empêcher d'aller se garer devant de manière obsessionnelle, comme mus par un désir masochiste de rouvrir sans cesse la blessure de l'exil.
J'ai aimé les personnages: la merveilleuse fratrie, qui en dernier recours constitue sans doute le vrai foyer, le home sweet home pour Danny et Maeve; l'horrible belle-mère; la mère qui est une Sainte - et ce n'est vraiment pas un cadeau pour ses enfants.
La narration, confiée à Danny, avec ses va-et-vient dans le temps, est vivante et efficace, la dimension psychologique plutôt fine.
Bref, une bonne lecture.
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Maeve et Danny vont m'accompagner longtemps. Ce sont plus que des personnages pour moi, ils sont l'incarnation même de la force et la fragilité d'un être dans toute sa vérité.
L'écriture de Ann Patchett est un joyau brut ciselant les émotions jusqu'à la fibre la plus ténue dans un cadre romanesque éblouissant.
Maeve et Danny sont frère et soeur unis par un amour fraternel très fort construit sur le manque et la perte. Leur lien entre eux n'a d'égal que l'attachement sans borne que tous les deux vouent à la maison de leur enfance, la sentinelle vivante de leur histoire, la preuve archéologique de ce qu'ils ont vécu.
Des années plus tard et pendant longtemps, Maeve et Danny viendront la voir, de loin en voiture et en cachette, fumant cigarette sur cigarette, partageant entre eux les souvenirs d'un passé fantôme.
On l'appelle la Maison des Hollandais. Une belle et grande demeure des années 1920 avec un parc aux magnifiques tilleuls, une maison étrangère, un peu étrange à la fois austère et offerte aux regards à Elkins Park, dans la banlieue de Philadelphie de la période des années 50-60.
Comme j'aime aussi cette belle demeure telle qu'elle est décrite par Ann Patchett. C'est vraiment un personnage à part entière où ceux qui l'habitent sont comme ensorcelés, possédés par l'envie folle de l'habiter ou de la fuir à tout prix. Les murs peuvent tendre les liens ou les rompre brutalement comme une mauvaise fée. Elle est à la fois si austère avec ses vieux portraits et si légère avec ses baies ouvertes à tous les regards comme si les yeux pénétraient l'âme entière.
C'est un lieu unique sans retour en arrière pour tout ce qu'on y laisse et pour tout ce que l'on garde. Et nous fait grandir.
C'est si beau et fort, ce lieu, ce lien magique, que rien ne peut séparer. C'est si déchirant et émouvant, la séparation brutale avec les derniers souvenirs d'une mère, d'un père que rien ne peut réparer.
Des noeuds et des liens difficiles à démêler entre amour, haine et pardon quand un seul lieu concentre tant de sentiments vécus plus forts et plus profondément quand on est enfant ou adolescent.
J'ai aimé suivre Danny dans ce long apprentissage à devenir homme, toujours sous le regard attendrissant et maternel de Maeve. Danny est le fil conducteur du roman, Maeve l'aînée est son ange gardien allant jusqu'au sacrifice d'abandonner sa propre vie pour guider son jeune frère. Autant de bouts de soi à assembler et d'étapes à construire pour sauver une vie telle qu'on rêve de la vivre.
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critiques presse (7)
Telerama
11 juillet 2023
Une œuvre tragique et pourtant réparatrice.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
07 mars 2023
Monumentale, la demeure des Conroy, près de Philadelphie, théâtre de ce roman frémissant d’Ann Patchett, est un pôle d’attraction et de répulsion – un sortilège à hauteur d’existence, et le miroir brisé de la famille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
06 février 2023
À première vue, la maison des Hollandais, dominant Elkins Park, est une demeure opulente et lumineuse, dont toutes les fenêtres s’offrent aux regards des passants. En l’achetant, Cyril Conroy s’est aussitôt enorgueilli d’habiter un domaine néoclassique avec pelouse, tableaux anciens et faïences de Delft.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
18 février 2021
Ann Patchett jongle avec le passé et les générations, dépeint les malentendus qui existent entre des gens qui devraient s’aimer, parle de vocations gâchées.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaPresse
08 février 2021
La maison des Hollandais, c'est d'abord une grande demeure dans la petite ville d'Elkins Park, en banlieue de Philadelphie. Elle a été construite par un couple de Néerlandais, les VanHoebeek, dont le portrait trône dans le grand salon de la maison. Grâce à ses immenses fenêtres, on peut voir « à travers » cette maison que tout le monde connaît dans la région.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
02 février 2021
Finaliste du prix Pulitzer 2020, La Maison des Hollandais de l’Américaine Ann Patchett est notre premier coup de cœur de l’année.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
13 janvier 2021
Un frère et une soeur font tourner toute leur vie autour du souvenir de leur maison d'enfance dont ils ont été chassés au décès de leur père.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait le sac en plastique contenant ses vêtements sur la table de la cuisine, la preuve contre nous. Plus tard on se dirait qu'on était certains que Mme Kennedy l'avait appelée, mais aucun indice ne nous l'avait suggéré. La vérité, c'est qu'on avait fait tout ça sans penser à Andrea une seule seconde. Après, notre cruauté est devenue le sujet principal : pas la mort de notre père, mais la façon dont on l'en avait exclue. Est-ce que l'issue aurait changé, si on s'était mieux comportés? Si M. Brennan avait appelé Andrea, au lieu de Mme Kennedy (mais M. Brennan n'avait jamais rencontré Andrea, alors qu'il travaillait avec Mme Kennedy depuis vingt ans), si Mme Kennedy avait appelé Andrea au lieu de Maeve (mais Andrea était grossière avec Mme Kennedy, chaque fois qu'elle appelait papa à son travail, se contentant systématiquement de cette formule expéditive: Passez-moi mon mari. Jamais Mme Kennedy n'aurait appelé Andrea.
Voilà ce qu'elle m'a dit à l'enterrement). Si Maeve avait quitté Otterson's et s'était précipitée à la Maison des Hollandais pour parler à Andrea, au lieu de venir me chercher au lycée, ou bien si on avait quitté le lycée ensemble pour aller la chercher, avant d'aller à l'hôpital tous les trois, où serait-on aujourd'hui ?
"Exactement au même endroit, répondait Maeve. Ce n'est pas nous qui avons fait d'elle la personne qu'elle est." Mais je n'arrivais pas à en être certain.
La souffrance d'Andrea était son trophée. De mon côté, durant les jours de douleur aveugle qui ont succédé à la mort de mon père, je ne ressentais pas le chagrin de l'avoir perdu, mais la honte de m'être comporté ainsi.
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- Maitre Gooch a dit que la loi universelle, c'est qu'on redevient pauvres en trois générations, mais nous on a fait mieux, en deux générations, à moins que techniquement ce ne soit qu'en une seule.
- Tu peux m'expliquer ?
- Je t'explique: traditionnellement la première génération amasse l'argent, la deuxième le dépense, et la troisième doit se remettre à bosser. Mais dans notre cas, notre père a fait fortune avant de tout foutre en l'air. Il a achevé l'intégralité du cycle au cours de sa propre vie. Il a été pauvre, puis riche, et là nous voilà pauvres.,
- Papa n'avait pas d'argent ?"
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Ils avaient laissé notre père dans une petite chambre à côté des urgences pour nous éviter d'aller à la morgue. Il était dans un lit d'hôpital standard, sans cravate ni veste, sa chemise bleue, au col déboutonné, tachée de sang. Sa bouche était grande ouverte d'une manière qui m'a fait comprendre qu'il était impossible de la fermer. Ses pieds nus livides dépassaient du drap. Je ne comprenais pas où ses chaussures et ses chaussettes avaient disparu. Je n'avais pas vu les pieds de mon père depuis des années, depuis la dernière fois qu'on était allés se baigner au lac, je ne sais plus quand. Il y avait une affreuse entaille exsangue sur son front, où on avait appliqué grossièrement un panse-ment. Je ne l'ai pas touché, (…) et je me suis surpris à penser qu'à son réveil je lui dirais à quel point sa fille était gentille, à quel point elle l'aimait.
Ou bien c'est à mon réveil que je le lui dirais. L'un de nous deux dormait et je ne savais pas lequel c'était.
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Je n'avais jamais de temps pour moi à l'époque, et je refusais de passer le peu que j'avais de disponible assis en face de cette fichue maison, pourtant c'est toujours là qu'on échouait : comme les hirondelles, comme les saumons, on était les esclaves impuissants de nos schémas migratoires. On faisait comme si on avait perdu la maison, et pas notre mère, et pas notre père. On faisait comme si ce qu'on avait perdu nous avait été arraché par la personne qui vivait encore dedans.
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Un gamin a fait irruption pendant mon cours de géométrie et il a tendu un papier plié au prof, qui l'a lu dans sa tête puis m'a dit de prendre mes affaires et d'aller dans le bureau du proviseur. Personne ne fait irruption pendant votre cours de géométrie et vous dit de prendre vos affaires pour vous annoncer que vous allez être joueur titulaire au prochain match de basket. En longeant le couloir, toutes mes pensées allaient à Maeve.
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Video de Ann Patchett (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ann Patchett
Bande annonce du film Bel Canto (2018), adaptation du roman d'Ann Patchett
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