AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Raynal Pellicer (Autre) Titwane (Autre)
EAN : 9782226475084
152 pages
Albin Michel (04/10/2023)
4.56/5   17 notes
Résumé :
18 juillet 1936.
Barcelone se prépare pour les Olympiades populaires, réponse pacifiste et antifasciste aux JO de Berlin.
Mais l'ambiance n'est pas à la fête : l'armée nationaliste s'est soulevée contre la République.

À 21 et 24 ans, Hans Namuth et Georg Reisner ignorent encore qu'ils ne sont qu'aux premières heures d'une longue guerre fratricide qu'ils vont couvrir, armés de leur seuls appareils photos.

Habitués des repor... >Voir plus
Que lire après Photographes de guerre : Hans Namuth et Georg ReisnerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Club N°55 : BD sélectionnée
------------------------------------

Je ne connaissais de HANS NAMUTH que les photos et vidéos réalisées de POLLOCK au travail et là, j'en apprends bien plus.

Séduit par la très haute qualité du dessin et le récit très dynamique basé sur des mises en pages qui appartiennent plus au champ des carnets de croquis que de la BD traditionnelle.

J'ai pu suivre le difficile parcours de ce grand photographe avant qu'il ne touche le sol américain.

Benoit
------------------------------------

L'histoire de ces 2 photographes est passionnante et le dessin de grande qualité : BD au top !

Clément
------------------------------------

Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          360
« Habitués des reportages en immersion, Raynal Pellicer et Titwane livrent un portrait tout en humanité de deux photographes plongés dans la tourmente de la guerre d'Espagne. Un récit poignant aux accents tristement actuels. »

Cette phrase en quatrième de couverture décrit bien cette bande dessinée très documentée et au style graphique rappelant les croquis que certains peintres cumulent dans leurs vade-mecum : qualité du dessin et sa mise en couleur à l'aquarelle aux tons bicolores (noir et marron), mise en page dynamique, planches sans dialogue qui parlent d'elles-mêmes, transposition de photographies, doubles pages parfois percutantes, de nombreux gros plans, un choix éditorial pour mettre en évidence les acteurs et ceux qui subissent les conséquence de cette guerre entre Espagnols.

L'album s'ouvre sur la traversée de l'Atlantique et l'arrivée à New York en avril 1941 d'un des protagonistes qui ne veut pas oublier « les fantômes laissés derrière soi [mais] avec un irrémédiable sentiment de culpabilité ».

Suit la chronologie des événements dans une Espagne divisée en zone nationaliste (fasciste) et républicaine de juillet 1936, début du soulèvement militaire contre la Rébublique à mars 1939, chute de Madrid aux mains des troupes franquistes.

On y suit les deux photoreporters qui, parfois au péril de leur vie, alimentent en binôme l'hebdomadaire français « VU », un magazine d'actualité photographique avec « une mise en page avant-gardiste et une ligne éditoriale engagée », plutôt à gauche. Dans lequel, « le texte explique et la photo prouve ».

Une planche est consacrée à la comparaison entre les appareils que s'échangent les photographes. Un Leica « au format 24 x 36 avec des pellicules de 36 poses. le film avance automatiquement et on peut enchaîner les prises se vues. »

Et un Rolleiflex « doté d'une pellicule de 12 vues 6 x 6. On cadre l'appareil contre le ventre, le regard orienté sur le verre dépoli horizontal ».

« Se servir du Leica est plus dangereux que du Rolleiflex. le problème, c'est le viseur oculaire. Quand tu mets l'appareil au visage pour prendre une photo, c'est un peu le même geste que de sortir une arme et viser… de loin, peut y avoir méprise. » explique Hans Namuth.

Au passage, des personnalités politiques et littéraires sont entre autres mentionnées : Lluís Companys, président de la Catalogne ; Ernest Hemingway ; Antoine de Saint-Exupéry ; Frank Borkenau, auteur d'un ouvrage intitulé « The Spanish Cockpit », « un essai critique de la gestion politique et sociale du conflit par le gouvernement républicain » que George Orwell, dans « Hommage à la Catalogne », considère parmi les livres sur la guerre d'Espagne comme étant « celui qui est écrit avec le plus de compétence » ; Varian Fry, journaliste new-yorkais à la tête de l'Emergency Rescue Committee ayant pour objectif de faire sortir de France artistes, ingénieurs, chimistes, scientifiques.

On y apprend également des détails sur le passé des deux photographes : « militants au sein de mouvements pacifistes et gauchistes en Allemagne ». Et sur le soutien des forces soviétiques avec la présence de chars russes, dont un conduit par un Ukrainien de Kiev !

Le conflit s'envenimant, les deux jeunes Allemands, craignant de tomber entre les mains des franquistes, se résignent à s'exiler à nouveau en France :

« Leur expérience de sept mois au coeur de cette guerre civile leur a au moins octroyé une certaine reconnaissance et un grand nombre d'opportunités professionnelles. »

Ils ouvrent un studio à Neuilly-sur-Seine, travaillent pour différents magazines et enchaînent reportages et portraits de personnalités, dont Paul Eluard et Joseph Roth. Jusqu'à ce que suite à l'invasion de la Pologne, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l'Allemagne :

« La IIIe République finissante ordonne alors l'internement de tous les ressortissants du Reich séjournant sur son territoire. »

En finale, un chapitre est alors consacré à leur séjour forcé dans le sud de la France entre septembre 1939 et décembre 1940 : Georg Reisner interné au Camp des milles entre Aix-en-Provence et Marseille ; Hans Namuth au Stade de Colombe, puis à Blois avant d'être enrôlé dans la légion étrangère, envoyé au Maroc, démobilisé parce que la France avait capitulé et revenu à Marseille. Je vous laisse découvrir la suite, leurs espoirs anéantis alors qu'un nouveau conflit prend de l'ampleur en Europe.

« le fascisme est une machine à broyer les peuples. Les démocraties sont restées passives. Elles ont espéré échapper au chaos. Aujourd'hui elles en payent le prix fort. […] même l'Amérique n'échappera pas au fracas des armes… » … déclara Georg Reisner

Vous l'aurez compris, l'histoire de ces deux photographes, de leur engagement est passionnante. Cette chronique journalistique est du même calibre que « Gaza 1956 en marge de l'Histoire » de Joe Sacco (2010). Elle livre un vibrant témoignage des atrocités de ce conflit fratricide qui a laissé des séquelles irréversibles dans l'Espagne et la Catalogne d'aujourd'hui.

En annexe, les auteurs ont fourni leurs sources documentaires (ouvrage et documents d'archives) et reproduit quelques documents « biographiques datant de 1940 : la dernière lettre de Georg Reisner à sa famille, une lettre de Konrad Reisner, frère de Georg adressée à Hans Namuth, l'acte de décès de Georg Reisner et un radiogramme de Varian Fry. Il eût été intéressant d'y retrouver également deux ou trois clichés qui ont inspiré les auteurs. On peut toutefois visionner sur le site de l'International Center of Photography plusieurs photos prises pendant la guerre civile espagnole par Hans Namuth et Georg Reisner. Vous y reconnaîtrez certaines planches de l'album.

« Photographes de guerre » est un album plus que jamais d'actualité, à l'heure des conflits majeurs qui dévastent actuellement l'Ukraine et la Palestine, pour ne nommer que ces deux pays.

Raynal Pellicer est auteur de documentaires. Il a publié de vastes reportages très illustrés avec Titwane au dessin. En croisant sa passion pour la photo et ses origines espagnoles, il a découvert le travail de Hans Namuth et Georg Reisner… et s'est lancé dans une vaste enquête au sujet de leur histoire.

Titwane est illustrateur et oeuvre dans la presse, l'édition jeunesse et la bande dessinée. Avec Raynal Pellicer au scénario, il a entre autres publié trois enquêtes illustrées très documentées sur différents services de police et une sur le porte-avions Charles de Gaulle. Avec Namuth et Reisner, il fait montre d'un découpage ultra riche et d'une rare densité visuelle.

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire et graphique : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
Commenter  J’apprécie          30
Un immense coup de coeur pour cette bande dessinée aux splendides et émouvantes aquarelles et aux teintes qui évoluent entre les ocres et les bleus au fur et à mesure du récit.

Photographes de guerre est l'histoire tout en finesse de deux photographes allemands, Hans Namuth et Georg Reisner, ayant quitté leur patrie dans les années 30, attirés par l'effervescence politique espagnole et peu enclins à demeurer dans une Allemagne assombrie par ses dirigeants à l'aube de leur pouvoir. Fraîchement débarqués à Barcelone pour y couvrir les jeux olympiques populaires, tous deux finissent par couvrir la guerre civile espagnole, suivant avec effroi son déroulement, parcourant la ligne de front, croisant collègues reporters et journalistes, tous démunis face à tant de violence et d'absurdités.

A travers ce portrait de photographes allemands, Raynal Pellicer et Titwane viennent nuancer la vision monolithique que l'on a du peuple allemand durant les années 30-40, et illustrent à quel point les changements de régime peuvent être fatals pour les réfugiés : les Allemands réfugiés à Majorque suite à l'élection d'Hitler tremblent lors de la prise de pouvoir de Franco ; certains fuient en France où ils sont considérés, au début de la guerre contre l'Allemagne, comme des sujets de l'ennemi et envoyés en détention dans des conditions sommaires, avant d'être à nouveau menacés par un nouveau régime en place qui pourrait être tenté de les renvoyer dans leur patrie qu'ils avaient fuie...

Au risque de me répéter, j'ai vraiment adoré cette bande dessinée et le trait de Titwane que je trouve magnifique.
Commenter  J’apprécie          90
10 avril 1941, Hans Namuth, photographe allemand, fuit l'Europe en guerre pour l'Amérique. Sur le bateau, il se souvient....

Son arrivée à Barcelone avec son ami et collègue Georg Reisner en juillet 1936 pour les Olympiades populaires. Eux qui ont fui l'Allemagne nazie dès 1933 voient l'Espagne basculer dans une guerre fratricide: l'armée nationaliste se soulève contre la République. Ils vont témoigner sans relâche photographier les combats, l'exil des civils au plus près de la ligne de front jusqu'au début de la seconde guerre et leur internement en France.

Raynal Pellicer et Titwane se retrouvent pour une nouvelle chronique historique vue par le prisme de 2 photographes au parcours singulier. En suivant leur travail de 1936 à 1940, ils parviennent à reconstituer la méconnue guerre d'Espagne et plus largement le basculement de l'Europe dans l'horreur fasciste.

Titwane réalise un travail graphique remarquable dans ce qui ressemble à des carnets de reportage de guerre. C'est beau, vivant, les mises en page sont variées et rendent la lecture très agréable et facile.

Très documenté, ce très beau livre est un témoignage captivant de la vie de 2 photographes que je ne connaissais pas. Je regrette d'ailleurs l'absence de photos dans l'album....N'hésitez pas à aller voir leur travail sur icp.org notamment.
Commenter  J’apprécie          80
Ce très bel album graphique comblera tous les publics : La qualité des dessins et la variété des mises en page, passant des bulles à la page grand format, voire à la double page, avec un texte pertinent et dense, fait de la lecture un vrai plaisir.
C'est donc, outre la histoire mouvementée et tragique de deux photographes de guerre, personnages réels, sur la période 1936- 1940 où la guerre d'Espagne, cruelle et complexe débouchera sur l'implication des démocraties dans la deuxième guerre mondiale . Les auteurs n'esquivent pas les questions, et le rôle du régime de Vichy n'est pas escamoté.
Au cours de ces récits, on rencontre une multitude de noms et personnages connus, photographes célèbres (Capa, Taro) pour leurs clichés iconiques, écrivains et militants français, y compris un Américain providentiel comme Varian Fry dont le rôle a été récemment souligné.
Si le voyage historique se fait minutieux et chronologique dans le déroulement de l'année 36 – on pense aux belles pages de «  l'Espoir » de Malraux, il sait aussi prendre de la hauteur pour montrer les enjeux de l'engagement individuel et l'importance de toute cette période.
Un grand merci aux éditions Albin Michel et à Babelio pour ce superbe cadeau de Noël que je recommande à tous.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je me suis réveillé au son de ce que je pensais être des feux d’artifice. Je croyais que la fête avait commencé. En ouvrant la fenêtre de ma chambre d’hôtel, j’ai compris que c’était des tirs de mitrailleuses.
Commenter  J’apprécie          80
Honnir l'Allemagne. Mais ne jamais oublier Barcelone, ni Madrid, ni Tolède, ni ceux qui ne s'en sont pas sortis, piégés dans la nasse sombre...Ne pas oublier les fantômes laissés derrière soi. Avec un irrémédiable sentiment de culpabilité.
Commenter  J’apprécie          30
Hans, je suis pas. Fatigué de cette vie d’exil. Partout où nous allons, nous devons fuir…Et à chaque départ, nous laissons un peu de nous-mêmes. Un peu de notre histoire. Marseille n’est pas une ville refuge. C’est une nasse. Une nasse sombre dont on ne s’échappe pas.
Commenter  J’apprécie          20
Les trois hommes partagent une langue commune et le déchirement de l'exil.
Commenter  J’apprécie          10

Lire un extrait
Videos de Raynal Pellicer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raynal Pellicer
Vidéo de Raynal Pellicer
autres livres classés : guerre civile espagnoleVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5225 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..