Jean-Christian Petitfils réunit les qualités du biographe et de l'historien; il ne perd jamais de vue la dimension humaine et individuelle de l'Histoire, ni le rôle de l'Histoire dans les destinées individuelles, sans se perdre dans les détails de la "petite histoire". Il est aussi éloigné des structures marxistes qui nient l'homme que des potins mondains à courte vue. Ses ouvrages magistraux sur
Louis XIV et sur
Louis XVI l'ont bien montré, de même que cette belle histoire du Régent, qui assuma les destinées de la France de la mort de
Louis XIV en 1715 jusqu'à sa propre mort, peu après la majorité de
Louis XV, en 1723.
Neveu de
Louis XIV, élevé dans le milieu difficile de Versailles, soldat brillant et homme de culture, Philippe d'Orléans prit une part active à la politique et aux guerres de la fin du règne de
Louis XIV, malgré les jalousies et les calomnies nées de ses qualités, bien supérieures à celles des princes de la branche aînée. A la mort du Roi, il parvient à faire valoir ses droits légaux à la Régence,
Louis XV n'ayant alors que cinq ans, malgré l'influence politique des enfants illégitimes du défunt roi. On se passionnera pour la description de son action de relèvement d'un royaume ruiné, pour sa politique étrangère qui tente un rapprochement avec l'Angleterre, pour les théories, débats animés et discussions politiques qui marquent sa Régence. Enfin la description de sa vie privée n'est pas le moindre attrait de ce volume: l'auteur fait justice des légendes salaces, de la chronique scandaleuse, ramenées à de justes proportions. La réputation sulfureuse du Régent (jusqu'au film "Que la fête commence", [...]) semble bien imméritée. Un livre indispensable, qui jette sur l'Ancien Régime et la Régence un regard neuf, rigoureux et intelligent.