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EAN : 9782708244993
479 pages
ATELIER (20/10/2016)
3.67/5   3 notes
Résumé :
« Ce voyage est une invitation à se promener sur le continent des obscurs. À partir à la recherche de celles et ceux dont le souvenir est effacé par les puissants et les dominants, qui réquisitionnent l’Histoire à leur profit. Bref, à aller à la rencontre de tous ces militant-e-s de l’égalité sans lesquels nos idéaux démocratiques et sociaux n’auraient jamais vu le jour. Or seul le Maitron, cet immense dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social, avec s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'horizon d'une espérance : l'émancipation

« face à la longue litanie des vainqueurs qui réquisitionnent l'Histoire – grande histoire où de grandes circonstances fabriquent des grands hommes -, seule l'invention permanente d'une histoire à petite échelle humaine est à même de sauver le souvenir des innombrables et modestes vaincus »

Dans son avant-propos, Edwy Plenel rend hommage au Maitron, au Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, à ces récits de vie animant une histoire vivante. Il propose un voyage « surtout une invitation à s'y promener et à y apprendre, à s'en inspirer et à y respirer » et l'appropriation par chacun-e de « cet héritage sans testament ».

Dans une première partie « La victoire des vaincus », Edwy Plenel revient sur les savoirs méconnus laissés par les vaincu-e-s. Il s'agit à la fois d'histoire et de philosophie de l'histoire. Des traces « infimes, fragiles, voire incertaines », une histoire « le plus souvent oubliée ou effacée, méprisée ou déformée », des desseins interrompus, « une promesse en jachère »… Et contre une histoire linéaire, close sur elle-même, « une histoire ouverte, sans fin ni finalité, à faire et à inventer ».

Les affrontements entre les opprimé-e-s et les oppresseurs, les dominé-e-s et les dominants, les exploité-e-s et les exploiteurs, les travailleurs et les travailleuses et les profiteurs, les colonisé-es et les colonisateurs…

Un dictionnaire ou le pluralisme est la règle d'or, des pistes oubliées retracées, des combats sous-estimés réévalués… « au delà de ces éclipses de l'espérance » et des possibles de l'histoire, ces passés non advenus mais pleins d'à présent, des luttes pour la liberté et l'égalité…

Une histoire « sans assignation ni frontière », non réduite au cadre hexagonal, on rabougrie au roman national.
Dictionnaire du mouvement ouvrier et du mouvement social, des luttes, des mobilisations de groupes ou de fractions de groupes sociaux sans lesquelles « rien ne serait advenu », des savoirs et celles et ceux qui aident à les transmettre, l'indépendance d'esprit, l'actualité du passé.

Réfléchissant sur l'histoire et son écriture, Edwy Plenel aborde la figure du chiffonnier qui glane et flâne, Walter Benjamin, « étonner la catastrophe »…
L'événement, l'improbable, les barricades du temps sauvé et libéré contre « la machinerie horlogère du pouvoir », la reconstruction des cadres d'espérances, les réarmements du possible, les discordances et les dissonances, les anfractuosités prometteuses, celles et ceux qui refusent de rester à leur place, la « République démocratique et sociale », l'émigration et les chants du monde, les conquêtes d'autonomie,

« La flamme originelle de l'exigence première, radicalement démocratique, de liberté et d'égalité »
Dans la seconde partie, « Au hasard du Dictionnaire », Edwy Plenel propose un choix subjectif et aléatoire de biographies. Je ne vais pas refaire ce voyage ou en proposer un autre, juste souligner quelques idées et personnes, à commencer par le premier cité Jean Baptiste Alphonse Victor Baudin, un de ceux qui siégeait à la « Crête de la Montagne ».

Des barricades, la répression qui suivit le coup d'Etat de 1851, Amédée Dunois, les égaré-e-s de la défense « des petites nations », la contestation de l'ordre établi portée par l'invention de « ses premières formes organisationnelles », la liberté de dire et la liberté de savoir, les jacobins noirs, « la mesure du Tout-monde qui nous anime et nous inspire », Toussaint Louverture, la barbarie dans la civilisation, l'utopie, « L'utopie, littéralement ce lieu de nulle part, y prend force matérielle pour réenchanter l'espérance et apaiser la souffrance », les coopérateurs et les coopératrices, Rosa Bonheur, Flora Tristan, Colette Magny, des communards, les libertaires premiers dreyfusards, les anticolonialistes, Victor Serge, Pierre Monatte, Alfred Rosmer – je me souviens lorsque j'étais jeune adhérent à la CGT et que je lisais la Vie ouvrière, les noms de ces deux militants avaient « disparus » dans une réécriture nationalo-stalinienne de l'histoire…

Le refus de « parvenir » de certain-e-s, Marie Guillot, Jacques Charbit, Mohammed Harbi, penser la question sociale à l'échelle du monde, la Main d'oeuvre immigrée (MOI), Olga Bancic « la femme de l'Affiche rouge », des héros et des héroïnes ordinaires, des obscur-e-s, des individu-e-s en marge de l'histoire écrite par les pouvoirs, Lisa Fittko et le « Chemin Walter Benjamin »…

Comme l'indique si bien Edwy Plenel :

« laisser entrer l'inattendu du divers, ses surprises et ses étonnements, ses lumières et ses échappées »,

« vous êtes assurés de revenir chargés de découvertes réjouissantes et de récits revigorants »

Une invitation à plonger dans le temps, les mémoires et les « terres d'espoir »…
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« Ce voyage est une invitation à se promener sur le continent des obscurs. À partir à la recherche de celles et ceux dont le souvenir est effacé par les puissants et les dominants, qui réquisitionnent L Histoire à leur profit. Bref, à aller à la rencontre de tous ces militant-e-s de l'égalité sans lesquels nos idéaux démocratiques et sociaux n'auraient jamais vu le jour. Or seul le Maitron, cet immense dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social, avec ses milliers de héros inconnus ou méconnus, donne librement accès à ces territoires oubliés, sur une longue durée qui va de 1789 à 1968.

J'ai voulu donner envie d'aller y voir. Car, en nos temps obscurs d'incertitude et de doute, visiter le Maitron, c'est reprendre force et courage. Cette pérégrination propose de s'approprier cet héritage sans testament, comme une promesse que nous nous ferions à nous-mêmes. À la manière des traces qui, dans notre langue, sont aussi bien des signes d'un passé effacé que des sentiers menant à l'inconnu, L'espoir porté par les centaines de milliers de vies qui en sont La matière est un chemin inédit, qu'il nous revient d'inventer en marchant sur leurs pas. Pour cette exploration, nulle carte préétablie qui donnerait des assurances, transformant le paysage en certitude. Mais, plus essentiellement, la quête d'une hauteur qui nous élève et nous relève, en vue d'une ligne de crête où se laisse approcher, de nouveau, l'horizon d'une espérance : l'émancipation.

Acte de fidélité et geste de survie, ce livre interroge dans un premier temps le sort des vaincus dans L Histoire puis part « à sauts et à gambades » dans un voyage qui commence près des bureaux de Mediapart, à la rencontre du député Baudin, pour se terminer sur un sentier de randonnée dans les Pyrénées, en compagnie de Walter Benjamin. La solennité des cimetières pas plus que la froideur des tombeaux ne sont ici de mise. Plurielle et multiple, L Histoire maillée d'histoires que nous raconte le Maitron est un récit sensible, celui d'une réalité à portée d'utopie, tout comme un choeur antique serait à portée de voix. »
Edwy Plenel

Par cet ouvrage, Edwy Plenel rend hommage à L'oeuvre du Maitron, le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, devenu Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, mouvement social.

Le Maitron, du nom de son créateur, existe depuis 1964. Dirigé par Jean Maitron, puis par Claude Pennetier, et, depuis 2011, par Claude Pennetier et Paul Boulland, il rassemble, en 79 volumes ou productions, plus de 160 000 biographies de militantes et de militants de 1789 à 1968, le tout rédigé grâce à un réseau de plus de 1450 auteurs. le Maitron est le plus grand dictionnaire biographique existant en langue française.

Le travail se poursuit pour les périodes ultérieures à 1968.
Lien : https://www.leslibraires.fr/..
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J'ai jeté l'éponge arrivé à la moitié de ce pavé indigeste dont je ne pouvais voir le bout. Mais l'erreur était dans mes attentes, puisque j'espérais avoir un livre sur l'histoire ouvrière et la façon dont celle-ci s'est organisé dans les mémoires et les collectivités. Mais ici, Edwy Plenel s'est malheureusement uniquement attaché à une lecture prosaïque des vies contenues dans le Maitron, le reliant vaguement par de minces fils conducteurs.

J'ai personnellement jeté l'éponge car à ma reprise de lecture après une pause, je me suis rendu compte que j'avais complètement oublié de quoi le livre parlait précédemment. Et là, je touche à ce qui me gène dans cet ouvrage : la collection de vie d'ouvrier n'en fait pas un bon ouvrage sur l'histoire ouvrière. Aucune perspective n'est faite, aucun dégagement de tendance, de généralité et de grandes lignes, de la façon dont les vies s'organisent ou se différencient. Juste une collection de vie. C'est sympathique, mais oubliable et sur le plan de l'histoire ouvrière ça n'apporte strictement rien du tout, à mes yeux.

Au final, j'étais intéressé pour découvrir un pan de l'histoire ouvrière mais je suis tombé sur un pavé indigeste qui ne m'a pratiquement pas intéressé et qui était bien loin du sujet que je lui soupçonnais. Dommage pour moi, en somme !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les vainqueurs n'ont rien à nous apprendre quand les vaincus laissent des savoirs méconnus.
Des vainqueurs, nous savons tout, sauf ce qu'ils cachent – leurs bassesses, leurs crimes, leurs mensonges, ces inévitables vilenies qui ont accompagné leurs conquêtes. En dehors de ces médiocrités que leurs légendes dissimulent. Ils ne lèguent que l’éternité du pouvoir, la force de l’ambition, les ruses de la domination. Leur enseignement est de fascination pour la puissance, cette volonté d’un seul qui réussit à s’imposer à tous. S’il n‘est pas négligeable, ne serait-ce que pour sa force de conviction ou comme exemple de détermination, il n’en est pas moins pauvre : rien de bien nouveau depuis les conquérants d‘Hèrodote, les dieux de Sophocle, les rois de Shakespeare ou le prince de Machiavel. La preuve en est que nous sommes d'ordinaire plus interpellés par leurs faiblesses ou leurs chutes, ces moments où les vainqueurs doutent et trébuchent, souffrent et s‘interrogent, retombent enfin à hauteur d'humanité à notre hauteur.
L'histoire d’en bas que racontent les vaincus est à cette hauteur, justement celle de nos vies humaines où l‘extraordinaire peut être ordinaire, où la bonté n'a pas besoin de gloire pas plus que la beauté n'y réclame de grandeur. C’est une histoire le plus souvent oubliée ou effacés, méprisée ou déformée : ses traces sont infimes, fragiles, voire incertaines. Elle ne s'inscrit pas en monuments de pierre ni en décorations clinquantes, en mines grandioses ou en palais somptueux. Non, elle n’est le plus souvent qu'un souffle éphémère, une vie en pointillé, une œuvre à peine ébauchée. Un dessin inachevé, des desseins interrompus. Une promesse en jachère.
Quand les vainqueurs ne nous proposent que de les imiter, s'inscrivant dans une histoire antiquaire qui n'est que répétition et piétinement, les vaincus nous laissent des possibles à inventer. Suivre leurs pas, c'est partir à la chasse au trésor. Il y a des énigmes à déchiffrer, des secrets à éventer, des impasses à éviter, des mystères à découvrir… En somme, une terre d‘aventure à l’inverse des territoires des vainqueurs qui se visitent en touristes, avec guides et conférenciers, chemins balisés et parcours autorisés. Lieux mille fois arpentés, comme un air de déjà vu quand, en revanche, ta surprise et l’étonnement sont au détour des sentiers de traverse où se nichent les vaincus d’une histoire écrite par les vainqueurs.
Ils ne sont donc vaincus qu’en apparence, et parce que nous le voulons bien. La paradoxale victoire des vaincus, c'est précisément cette liberté qu’ils nous lèguent : une histoire ouverte, sans fin ni finalité, à faire et à inventer. Une histoire incertaine et imprévisible, avertie de son incertitude créatrice. Et la défaite des vainqueurs, c'est de ne rien savoir de tout cela, à force de croire à l’éternité de leurs conquêtes et à l’immuabilité de leurs privilèges.
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" Ce voyage est une invitation à se promener sur le continent des obscurs. A partir à la recherche de celles et ceux dont le souvenir est effacé par les puissants et les dominants, qui réquisitionnent l'Histoire à leur profit. Bref, à aller à la rencontre de tous ces militant-e-s de l'égalité sans lesquels nos idéaux démocratiques et sociaux n'auraient jamais vu le jour. Or seul le Maitron, cet immense dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social, avec ses milliers de héros inconnus ou méconnus, donne librement accès à ces territoires oubliés, sur une longue durée qui va de 1789 à 1968.
J'ai voulu donner envie d'aller y voir. Car, en nos temps obscurs d'incertitude et de doute, visiter le Maitron, c'est reprendre force et courage. Cette pérégrination propose de s'approprier cet héritage sans testament, comme une promesse que nous nous ferions à nous-mêmes. A la manière des traces qui, dans notre langue, sont aussi bien des signes d'un passé effacé que des sentiers menant à l'inconnu, l'espoir porté par les centaines de milliers de vies qui en sont la matière est un chemin inédit, qu'il nous revient d'inventer en marchant sur leurs pas.
Pour cette exploration, nulle carte préétablie qui donnerait des assurances, transformant le paysage en certitude. Mais, plus essentiellement, la quête d'une hauteur qui nous élève et nous relève, en vue d'une ligne de crête où se laisse approcher, de nouveau, l'horizon d'une espérance : l'émancipation. Acte de fidélité et geste de survie, ce livre interroge dans un premier temps le sort des vaincus dans l'Histoire puis part “à sauts et à gambades” dans un voyage qui commence près des bureaux de Mediapart, à la rencontre du député Baudin, pour se terminer sur un sentier de randonnée dans les Pyrénées, en compagnie de Walter Benjamin.
La solennité des cimetières pas plus que la froideur des tombeaux ne sont ici de mise. Plurielle et multiple, l'Histoire maillée d'histoires que nous raconte le Maitron est un récit sensible, celui d'une réalité à portée d'utopie, tout comme un choeur antique serait à portée de voix. " Edwy Plenel
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face à la longue litanie des vainqueurs qui réquisitionnent l’Histoire – grande histoire où de grandes circonstances fabriquent des grands hommes -, seule l’invention permanente d’une histoire à petite échelle humaine est à même de sauver le souvenir des innombrables et modestes vaincus
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L’utopie, littéralement ce lieu de nulle part, y prend force matérielle pour réenchanter l’espérance et apaiser la souffrance
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laisser entrer l’inattendu du divers, ses surprises et ses étonnements, ses lumières et ses échappées
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