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EAN : 9782707183538
135 pages
La Découverte (18/09/2014)
3.58/5   59 notes
Résumé :
" "Il y a un problème de l'islam en France', n'hésite pas à proclamer un académicien, regrettant même "que l'on abandonne ce souci de civilisation au Front national'. À cette banalisation intellectuelle d'un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l'existence d'un "problème juif' en France, ce livre répond en prenant le parti de nos compatriotes d'origine, de culture ou de croyance musulmanes contre ceux qui les érigent en boucs ém... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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" Pour les musulmans donc, comme l'on écrirait pour les juifs, pour les Noirs et pour les Roms, ou, tout simplement, pour la France".
Voici la dédicace on ne peut plus explicite d'Edwy Plenel, cofondateur et président de Mediapart.

Face à ceux qui répandent un venin pestilentiel envers la communauté musulmane, au beau milieu d'une islamophobie ambiante, Edwy Plenel oppose des idées de tolérance, d'humanité et d'empathie.
N'hésitant pas à se ressourcer auprès de ceux qui oeuvrèrent pour la liberté, la laïcité et la fraternité, tels Zola et son célèbre "J'accuse" ou encore Sartre et ses "Réflexions sur la question juive", Edwy Plenel plaide non seulement pour la cause des musulmans de France mais aussi pour toutes les minorités victimes de discrimination.
La peur de l'Autre enferme, la peur de l'Autre paralyse..
Pour Plenel, la France est placée au coeur d'un défi ; celui d' "apprendre enfin à penser à la fois l'universel et le singulier, la solidarité et la diversité, l'unité et la pluralité."
Utopique ? Indécent ? Non, peut-être tout simplement et résolument optimiste et humaniste.
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A une époque ou Zemmour fait le paon avec des attaques sur Hélène et les garçons et un "livre " rance , démago , il était nécessaire qu'une voix s'élève pour venir opposer à ce discours réactionnaire une vision plus apaisée .
Oui il est facile de prendre des boucs émissaires pour cacher son impuissance à faire évoluer sa mentalité .
Cela est un comportement de lâche .
Et les politiques pour certains d'entre eux , adorent ces idéologies et font leur propagande dessus .
Oui les musulmans français sont stigmatisés , dénigrés , hélas c'est une vérité indéniable .
On à peur du monde et de son voisin , alors c'est la faute des musulmans .
Une minorité sait exactement ce qu'est l'islam , mais en France la première voix qui tonne au dessus des autres sera toujours entendue et suivie , même si hélas le discours s'avère raciste ou discriminatoire .
Pourtant les musulmans sont pour la trés grande majorité d'entre eux des gens pacifistes qui n'ont rien à voir avec les terroristes qui font régner la peur et la violence extrême dans certaines régions du monde .
L'islam ce n'est pas ça .
L'islam c'est d'abord une culture remarquable , des traditions millénaires , etc .
Pourquoi vouloir faire abandonner leur culture aux musulmans en France ?
Par peur ? Par bêtise ? Par stupidité ? Par intérêt électoral ?
Autant d'inepties qui comme ce livre l'explique très bien font le lit des extrémistes nationalistes , nostalgiques d'une époque abominable de l'histoire de France qu'ils revisitent , allant même jusqu'à relativiser les actes de Vichy .
Ce livre aborde frontalement les inepties absolues des thèmatiques racistes .
Et ce courage à l'époque de Pernaut et ces tartes , cela fait du bien .
Oui ce livre est important , c'est la réponse d'un journaliste de talent , qui n'a de cesse de faire éclore les vérités , à la démagogie de Zemmour .
Cet ouvrage n'est pas celui d'un homme providentiel , c'est celui d'un journaliste qui décide d'adresser un message aux musulmans français pour que ceux ci comprennent que ce n'est pas toute la France qui pense comme Zemmour et consorts .
C'est un témoignage d'amitié envers nos concitoyens musulmans , avec qui nous vivons et qui sont autant français que ceux qui les prennent pour cible dans des délires racistes .
La France c'est le pays des droits de l'homme et de la laïcité , et ce livre s'impose comme une vibrante preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit digne de ce qui fait la beauté de cette contrée .
Cette critique ne plaira pas à tout le monde mais je m'en moque .
Parole d'athée : ce livre est très important !
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« Pour les musulmans » est un pamphlet politique signé Edwy PLENEL. Ce journaliste, cofondateur et Président de Médiapart, journal en ligne indépendant et participatif a rédigé cette critique publiée une première fois en 2014. Il a complété son analyse et l'a enrichie de deux textes écrits à la suite des attentats qui ont ensanglanté Paris en 2015.
Le titre choisi, largement explicité et commenté dans l'ouvrage, ne doit pas laisser croire à un soutien inconditionnel à une quelconque mouvance extrémiste. Tout au contraire, « Pour les musulmans » se veut un cri réclamant en France (et dans nos pays européens) la poursuite d'une politique visant, défendant et rendant possible la poursuite de la finalité d'égalité dans notre société.
S'appuyant sur l'Histoire, relisant les prises de position de quelques grands ténors, ‘lanceurs d'alerte' qu'étaient Jean Jaurès, Max Frisch, Einstein, Zweig, Duhamel et autres pontes tels Victor Hugo ou Emile Zola. le discours contradictoire, malheureusement bien actuel, est tenu par les Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, David Finkielkraut et autres porteurs de thèses qui voudraient que toutes les civilisations ne soient pas de même niveau. Qu'il en existe donc qui sont supérieures donc s'arrogeant le droit de décider ce qui convient de faire des autres qui sont inférieures. Ce message, devenu politiquement correct se nourrit de la peur distillée au coeur des populations en repli identitaires. « Ayez peur ! Nous, les politiques, nous nous occupons du reste ! » Cette horreur a d'autant plus de chance de s'implanté si elle dispose d'une cible désignée, d'un baudet sur qui crier haro ! Les musulmans, généralisation abusive par excellence sont ‘naturellement désignés pour remplir cette ‘fonction historique' que l'on retrouve, de siècle en siècle chaque fois qu'un pouvoir fort tente de s'approprier le Monde. Les musulmans, ceux par qui la peur et le repli identitaire sont pleinement justifiés deviennent donc les victimes de la bêtise humaine prête à accepter un mouton noir … pour autant qu'il désigne l'autre, l'étrange, l'étranger ! Or, ces musulmans, pour la plupart, sont aussi Français que les ‘Français d'origine', c'est-à-dire ceux qui, au cours des migrations répétées de l'Histoire sont maintenant des Français-Français, titre aussi fou qu'inutile si on vise l'égalité et non l'identité frileusement patriotique.
Avec intelligence, pertinence et références précises, Edwy PLENEL montre combien les politiques qui se veulent identitaires relèvent d'un faussement des valeurs de la République. Elles visent à forcer l'assimilation des étrangers plutôt que leur intégration et se construisent sur la négation même du principe de base de la Déclaration des droits de l'Homme refusant toute distinction hiérarchisant races, religions, sexes et croyance.
Même si le fond du plaidoyer de Edwy PLENEL n'est pas une nouveauté, il faut lui reconnaître le courage d'oser marteler avec force que croire à la supériorité d'une race (la nôtre, bien sûr !) n'est pas une preuve de bon sens mais, bien plus, une injure faite à l'Homme, à l'Humanité entière. L'auteur nous invite donc à rester conscient et à déceler dans les discours ambiants les refrains xénophobes, les raccourcis aussi faux que fous qui font des migrations une source de peur qui tétanise le citoyen lambda. Ne pas faire preuve de cette attention à ce qui est véhiculé dans les prises de paroles identitaires toutes les décisions servant le pouvoir des dirigeants plutôt que le bien-être des peuples.
Un livre qui invite à vivre debout !
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C'est un livre court qui se lit d'une traite, un pamphlet, un tract : adhérez au parti de l'Autre avec un grand A comme grand Amour. Amour contre Zemmour ou plutôt contre Finkielkraut qui déclarait : « il y a un problème de l'islam en france ». de l'islam il ne sera pourtant pas question, des arabes pas beaucoup non plus. le titre est donc totalement mensonger, il aurait dû être : « pour (me prendre pour) Zola » dont Plenel reprend la théorie de l'épouvantail-monstre. Alors bien sûr que les prophéties auto-réalisatrices et autres complots politiques (diviser pour mieux régner) existent mais ça n'est pas une raison pour ne pas dénoncer certains problèmes, comme celui de l'islamisme. Edwy Plenel ignore cet extremisme pour lui en substituer un autre : l'égalitarisme. Il n'y aurait pas de civilisation supérieure ou inférieure. Pourtant certaines ont disparu et d'autres ont prospéré, par la force le plus souvent. Mais faut-il s'en excuser ? Je pense qu'il vaut mieux assumer son histoire. L'histoire personnelle de l'auteur est à ce propos intéressante. Dans le dernier chapitre il nous raconte avoir grandi dans d'anciennes colonies. Peut-être a-t-il la culpabilité d'avoir été un petit néo-colon. C'est là nous dit-il qu'il a fait la rencontre de l'autre. Cependant nul besoin d'aller aussi loin. Aujourd'hui avec la décolonisation, la démographie africaine et le regroupement familial, l'immigration a bouleversé la sociologie des quartiers populaires et des banlieues. Cela pose de nombreux problèmes comme l'incompatibilité entre islam et démocratie. Hélas Edwy Plenel semble incapable de conçevoir que l'autre n'est pas forcément une chance mais peut également être un boulet voire un ennemi, un ennemi intérieur. Ce déni de réalité est effarant, comme quand l'auteur nie ou méprise la notion de nature humaine. D'après le primatologue Franz de Waal il existe chez les grands singes des groupes in et out, de la xénophobie et des boucs émissaires. Espérons que nous sommes plus civilisés que nos plus proches cousins mais chassez le naturel et il revient au galop. C'est ce qui est en train de se passer actuellement et le pauvre Plenel a l'air complètement dépassé. Il a beau vanter la diversité, le « tous unis dans la diversité » (cherchez l'erreur), son beau discours se heurte à une réalité : la tendance à l'entre-soi qui existe autant chez les immigrés que chez les bobos. Avec une litanie de citations et de références historiques, littéraires et philosophiques, le directeur de médiapart veut nous convaincre que l'islamophobie est le nouvel antisémitisme. Mais les temps ont changé et ses citations sont périmées. Cela dit il est vrai que certains racistes utilisent la critique de l'islam pour exprimer sans danger leur haine des étrangers. C'est probablement l'un des effets pervers des loi antiracistes qui interdisent de critiquer une personne en fonction de sa couleur mais permet de dénoncer sa religion. Edwy Plenel et les antiracistes en appellent donc à l'empathie, à avoir la main (jaune) sur le coeur. Cette empathie est certainement utile pour vendre des pin's et des abonnements à médiapart mais elle peut aussi nous aveugler. Cette émotion ne semble plus connaître aucune limite, elle s'étend aux animaux, des grands singes aux petites bestioles, et pourquoi pas aux extraterrestres. L'auteur utilise l'expression « guerre des mondes » comme synonyme au « choc des civilisations ». Il est à parier que si les extraterrestres venaient nous envahir, Plenel viendrait prêcher l'amour sans limite et se ferait pulvériser par un rayon laser.
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Lu dans le cadre du challenge "petits plaisirs"

A l'heure du succès du livre de Zemmour, Edwy Plenel a écrit cet essai pour nous faire comprendre comment on a pu en arriver là et en quoi toutes les polémiques sont facilement démontables.

Je ne suis pas d'accord avec lui sur tous les arguments qu'il avance mais il aura au moins mis en avant des contre arguments à la mode zémourienne. Il compare notamment la situation actuelle à celle de l'époque de l'affaire Dreyfus et d'un article de Zola intitulé « Pour les juifs ». Zola défendait à l'époque les juifs comme notre journaliste défend la cause musulmane d'aujourd'hui.

Je n'avais pas entendu parler de ce livre. Je pense qu'il devrait faire l'objet de débat à la télévision pour contrer les polémiques actuelles. Je n'en garderai néanmoins pas un souvenir mémorable.
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critiques presse (1)
Bibliobs
21 janvier 2015
En 1896, aux antisémites qui postulaient l'existence d'un «problème juif» Zola avait répondu par un article intitulé «Pour les juifs». Plenel n'a eu qu'à adapter le titre: «Pour les musulmans». Parce qu'une démocratie se mesure à l'aune de la protection des minorités, il faut aujourd'hui proclamer qu'il n'y a pas de «problème de l'islam».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Confondre une entière communauté – d’origine, de culture ou de croyance – avec les actes de quelques individus qui s’en réclament ou s’en prévalent, c’est faire le lit de l’injustice. Et laisser s’installer ces discours par notre silence, c’est habituer nos consciences à l’exclusion, en y installant la légitimité de la discrimination et la respectabilité de l’amalgame. Au XXe siècle, la tragédie européenne nous a appris la fatalité de cet engrenage, dans l’acceptation passive de la construction d’une question juive. Ne serait-ce que parce que nous avons la responsabilité de cet héritage, nous refusons de toute notre âme cette insidieuse et insistante construction contemporaine d’une question musulmane.
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Ceux qui devraient éclairer, éduquer,élever ; et non pas abêtir, exciter, énerver. Ceux qui prétendent connaître,assurent réfléchir et veulent diriger ; et que l’époque, ses défis et ses incertitudes, a rendus ignorants, stupides et dangereux. Faute de savoir, de penser et de pouvoir, ils n’ont rien d’autre à proposer qu’une passion mortifère sous couvert d’une obsessionnelle islamophobie : la triste passion de l’inégalité, des hiérarchies et des discriminations. Passion ravageuse qui, au bout du compte, n’épargnera personne tant elle en vient, inéluctablement, à trier, séparer et sélectionner parmi notre commune humanité. Passion régressive et destructrice qui mine et ruine l’espérance d’émancipation, dont l’égalité des droits a toujours été le moteur.
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L’assimilation est une injonction terrifiante qui fut aussi celle de la colonisation, notamment française : n’accepter l’Autre qu’à la condition qu’il ne soit plus lui-même, ne le distinguer que s’il décide de nous ressembler, ne l’admettre que s’il renonce à tout ce qu’il fut. Rien à voir avec l’exigence d’intégration où s’exprime une quête d’unité dans la pluralité, celle d’une vie à construire et à inventer ensemble, en tissant des liens qui ne sont pas de perdition ou d’égarement. Celle, en somme,d’une vie en relation, selon la belle définition qu’en donnait le poète Édouard Glissant : « Tu échanges, changeant avec l’autre sans pour autant te perdre ni te dénaturer. »
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"Il y a un problème de l'islam en France"... D'avoir, une énième fois, entendu ce refrain qui, sans entrave aucune, met la France en guerre contre une religion, l'accoutumant à l'indifférence, bref l'habituant au pire, m'a donc décidé à écrire ce livre. A cette banalisation intellectuelle d'un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l'existence d'un "problème juif" en France, j'ai voulu répondre en prenant résolument le parti de nos compatriotes d'origine, de culture ou de croyance musulmane contre ceux qui les érigent en boucs émissaires de nos inquiétudes et de nos incertitudes.

Le racisme est une monstrueuse poupée gigogne qui, une fois libérée, n'épargne aucune cible. Or c'est par le détour de sa banalisation envers les musulmans, sous couvert d'un rejet de leur religion, qu'il s'est de nouveau installé à demeure, redevenu admissible.

Telle est l'alarme que je veux faire entendre, en défense des musulmans, dans la diversité humaine de ce que ce mot recouvre. En défense de toutes celles et de tous ceux qu'ici même, la vulgate dominante assimile et assigne à une religion, elle-même identifiée à un intégrisme obscurantiste, tout comme hier, d'autres humains furent essentialisés, caricaturés et calomniés, dans un brouet idéologique d'ignorance et de défiance qui fit le lit des persécutions. L'enjeu n'est pas seulement de solidarité mais de fidélité. A notre histoire, à notre mémoire, à notre héritage. Pour les musulmans donc, comme on l'écrirai pour les juifs, pour les Noirs, ou pour les Roms, mais aussi pour les minorités et pour les opprimés. Ou, tout simplement, pour la France.

"je trouvais lâche de me taire", écrira simplement Zola à son épouse, la veille de partir en campagne contre "un poison caché qui nous fait délirer tous". "Ce poison, c'est la haine enragée des juifs, qu'on verse au peuple, chaque matin, depuis des années", écrit-il dans un autre de ces articles, cette façon d'agiter "le spectre de l'étranger" dont il pressent qu'au delà du crime d'honneur - le mensonge d'Etat, l'innocent condamné, l'arme dévoyée -, elle ouvre la voie à l'acceptation, muette ou consentante, du crime contre l'humanité.


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En 2013, la Com­mis­sion na­tio­nale consul­ta­tive des droits de l’homme (CNCDH) évo­quait une « flam­bée de vio­lence » dans son rap­port an­nuel sur le ra­cisme, l’an­ti­sé­mi­tisme et la xé­no­pho­bie. Et, dans cette flam­bée, la mon­tée de l’in­to­lé­rance an­ti­mu­sul­mane et de la po­la­ri­sa­tion contre l’is­lam était la don­née la plus constante, la plus an­crée. « Si on com­pare notre époque à celle de l’avant-guerre, on pour­rait dire qu’au­jourd’hui le mu­sul­man, sui­vi de près par le Magh­ré­bin, a rem­pla­cé le juif dans les re­pré­sen­ta­tions et la construc­tion d’un bouc émis­saire », com­men­taient les so­cio­logues et po­li­to­logues sol­li­ci­tés par la Com­mis­sion.

Un an plus tard, en 2014, la même CNCDH haus­sait le ni­veau de son alerte, en ob­ser­vant la ré­sur­gence en France d’un « ra­cisme bru­tal, bio­lo­gi­sant, fai­sant de l’étran­ger un bouc émis­saire », ac­com­pa­gné d’une forte hausse des actes an­ti­mu­sul­mans. Nul ha­sard si le re­cul, constant de­puis lors avec une perte de douze points en quatre ans, de l’in­dice glo­bal de to­lé­rance de la so­cié­té fran­çaise me­su­ré par la Com­mis­sion re­monte à 2009, an­née du pré­ten­du dé­bat sur l’iden­ti­té na­tio­nale, consé­cra­tion de deux an­nées de contre-pé­da­go­gie sar­ko­zyste. Ra­cisme et xé­no­pho­bie ne sont pas de gé­né­ra­tion spon­ta­née, mais le pro­duit d’une po­li­tique qui s’y aban­donne. « La ma­nière dont on parle des im­mi­grés et des mi­no­ri­tés, la ra­pi­di­té à les dé­fendre et à lut­ter contre les pro­pos xé­no­phobes sont es­sen­tielles pour em­pê­cher les in­di­vi­dus de (re)bas­cu­ler dans les pré­ju­gés », sou­li­gnait ce rap­port an­nuel de 2014 qui, sur­tout, s’alar­mait de la ba­na­li­sa­tion de l’is­la­mo­pho­bie, sous cou­vert de com­bat soi-di­sant laïque.

« Le ra­cisme a subi un pro­fond chan­ge­ment de pa­ra­digme dans les an­nées post­co­lo­niales, avec un glis­se­ment d’un ra­cisme bio­lo­gique vers un ra­cisme cultu­rel », ob­ser­vait la CNCDH. « Se ca­chant der­rière ce nou­vel ha­billage, le terme d’“is­la­mo­pho­bie” a été uti­li­sé par les groupes po­li­tiques pour fé­dé­rer un élec­to­rat plus large et re­ven­di­quer le droit d’ex­pri­mer sa dé­tes­ta­tion de la re­li­gion mu­sul­mane et du mu­sul­man. Plus in­quié­tant en­core, une cer­taine frange ra­di­cale fran­chit le pas du dis­cours aux actes. Se­lon eux, l’is­la­mo­pho­bie re­lè­ve­rait de la li­ber­té d’opi­nion et d’ex­pres­sion et, à ce titre, les ma­ni­fes­ta­tions de haine qu’elle ins­pi­re­rait, que ce soit à l’en­contre du culte mu­sul­man ou de ses croyants, ne sau­raient tom­ber sous le coup de la loi pé­nale. Sui­vant ce dan­ge­reux rai­son­ne­ment, l’agres­sion d’une femme voi­lée ne se­rait qu’un acte de mi­li­tan­tisme contre une pra­tique ju­gée comme une forme d’op­pres­sion à l’égard des femmes. »
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