Blanche Cerquiglini vous présente "La rage de l'expression" de Francis Ponge aux éditions Folio+Lycée.
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Francis Ponge/5
11 notes
Résumé :
Gallimard, 1942 coll. Métamorphoses (XIII) - In-8° broché, couv. cart., 84 pp. + table, couv. légèrement défraîchie (dos bruni) sinon bon état. Edition originale, tirage limité à 1350 exemplaires sur papier de chataîgnier.
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Ce petit livre (paru pendant la collaboration en 1942...) est une promenade au travers du monde délicat des objets et des choses, fait de pluie, d'objets, de trombones, de crevettes à la forme compliquée, de mollusques (je suspecte que pour maître Poète, l'homme ne soit guère plus qu'un mollusque mais nu, impuissant hélas à se faire une coquille à son humble taille!), de bouts de viande, d'arbres, de cageots, de papillon, de galets que le tumulte originel a rendu muets ... Emplie de jeux de mots divers, parfois étymologiques, d'humour (mais un humour tout en retenu, presque froid...), notre balade n'en est pas moins dénuée de philosophie, toute simple, toute modeste ; notre rêverie au travers du monde délicat (et pudique) des objets et des choses est aussi faite de mots que le langage oblige à se contempler eux-mêmes dans le fond de ces poèmes en prose - des proêmes!- et qu'une formidable mais non moins évidente pesanteur ploie ...
Lire le Parti pris des choses, c'est surtout honorer un rendez-vous avec soi-même !
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Citations et extraits (17)
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Les rois ne touchent pas aux portes.
Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, – tenir dans ses bras une porte.
… Le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce ; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement.
D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure.
Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, – tenir dans ses bras une porte.
… Le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce ; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement.
D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure.
Seul, évidemment l'escargot est bien seul. Il n'a pas beaucoup d'amis. Mais il n'en a pas besoin pour son bonheur. Il colle si bien à la nature, il en jouit si parfaitement de si près, il est l'ami du sol qu'il baise de tout son corps, et des feuilles, et du ciel vers quoi il lève si fièrement la tête, avec ses globes d'yeux si sensibles ; noblesse, lenteur, sagesse, orgueil, vanité, fierté.
La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur.
Les végétaux, les animaux, les vapeurs et les liquides, à mourir et renaître tournent d'une façon plus ou moins rapide. La grande roue de la pierre nous paraît pratiquement immobile, et, même théoriquement, nous ne pouvons concevoir qu'une partie de la phase de sa très lente désagrégation.
Si bien que contrairement à l'opinion commune qui fait d'elle aux yeux des hommes un symbole de la durée et de l'impassibilité, l'on peut dire qu'en fait la pierre ne se réformant pas dans la nature, elle est en réalité la seule chose qui y meure constamment.
Si bien que contrairement à l'opinion commune qui fait d'elle aux yeux des hommes un symbole de la durée et de l'impassibilité, l'on peut dire qu'en fait la pierre ne se réformant pas dans la nature, elle est en réalité la seule chose qui y meure constamment.
On pourrait presque dire que l'eau est folle, à cause de cet hystérique besoin de n'obéir qu'à sa pesanteur, qui la possède comme une idée fixe.
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