AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Clarisse Harlove. précédé de l'Eloge... tome 1 sur 2
EAN : 9784729927367
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
4.7/5   5 notes
Résumé :
Cet ouvrage est une réimpression à l'identique de l'édition originale numérisée par Gallica. Il est possible qu'il présente quelques défauts dus à l'état de l'ouvrage et au procédé de numérisation.
Que lire après Clarisse Harlove. précédé de l'Eloge de Richardson, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voici le premier tome d'un grand, grand classique anglais, malheureusement trop peu connu en France. Il y a probablement plusieurs raisons à cela : d'une part, le fait qu'il soit difficile à trouver dans une édition physique qui ne soit pas un fac-similé des éditions très anciennes.

Je signale que l'édition de 1999 chez Desjonquières en deux volumes est absolument excellente mais malheureusement épuisée. L'autre raison pour laquelle, ce roman épistolaire est peu lu, donc peu connu en France, est sa taille gigantesque.

Question taille, il ne faut pas vous attendre à moins que Les Misérables ou La Guerre et la Paix, par exemple, c'est de ce gabarit-là. Donc, fatalement, cela en rebute certains.

Pourtant, pourtant, si je vous dis, sans équivoque, sans aucune espèce de réserve que l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature française du XVIIIème est une copie, oui, une simple, une vulgaire copie, presque une contrefaçon de ce roman, peut-être serez-vous surpris.

Si je vous annonce à présent que le chef-d'oeuvre en question n'est autre que les fantastiques Liaisons Dangereuses, là, cela va peut-être vous en boucher un coin et faire redescendre de quelques marches le statut de son auteur.

En fait, si Choderlos de Laclos a un grand talent, c'est d'avoir compris que le roman de Richardson était vraiment trop long et qu'il y avait donc forcément, par moments, des longueurs ou des temps morts. Il en a donc proposé une sorte de Reader's digest et sa version est sans nul doute plus tonique.

Mais c'est tout. Tout le reste, il l'a généreusement pompé dans Richardson, jusqu'à son titre, jusqu'à sa fameuse lettre de la Marquise de Merteuil où elle dit « Ce n'est pas ma faute » un certain nombre de fois.

Le Vicomte de Valmont est une recopie quasi intégrale de Robert Lovelace, même jusqu'à des formules demeurées célèbres comme « J'espère qu'on me comptera pour quelque chose, etc. ».

L'une des nuances importantes apportées par Laclos provient du fait que Clarisse Harlove, l'héroïne (Clarissa Harlowe dans l'original) serait l'équivalent de la Présidente de Tourvel. On la lit beaucoup dans ce roman tandis qu'on lit peu la Présidente dans les Liaisons.

L'autre nuance importante est qu'il n'y a pas, stricto sensu, de Marquise de Merteuil ici, plusieurs personnages jouent alternativement ce rôle en ayant parfois des intentions un peu plus louables. Il peut s'agir du frère et de la soeur de Clarisse (James et Arabella), un peu plus tard de la Sinclair et de ses nymphes ou même, par moments, de la grande copine de Clarisse, Miss Anne Howe, personnage pourtant positif et attachant.

Cette Miss Howe, avec son effronterie et son caractère bien trempé est, à n'en pas douter, une grande source d'inspiration pour Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen (de même que Clarisse est sans doute une espèce de modèle également pour la soeur aînée d'Elizabeth, Jane Bennet).

Donc, vous vous dites certainement que ce roman a fait des petits et même de sacrés beaux petits. Mais ce n'est pas tout, je suis convaincue que la Mrs Dalloway de Virginia Woolf ne s'appellerait pas Clarissa s'il n'y avait pas eu au préalable le roman de Richardson. On sait combien Virginia Woolf connaissait ses classiques et son personnage de sacrifiée est selon moi un clin d'oeil évident à la Clarissa de Richardson.

Waouh ! Ça commence à faire une belle famille, vous ne trouvez pas ? (Et je ne parle même pas de Rousseau qui lui aussi est allé mettre son nez dedans pour ses romans.) Eh oui, mais si l'on excepte la petite limitation que j'ai mentionnée plus haut, à savoir quelques longueurs qui auraient pu être rabotée, le roman est génial. Premier roman psychologique digne de ce nom et très grande réussite.

Personnellement, je ne suis pas vraiment fan de l'Abbé Prévost dans ses propres écrits, par contre, rien que pour cette traduction qu'il nous a offerte et qui a fortement inspiré qui vous savez, je lui suis extrêmement reconnaissante.

Sa traduction est imparfaite (les notes de l'édition Desjonquères y suppléent admirablement, je trouve) mais elle a une saveur XVIIIème inimitable qu'aucun traducteur actuel ne saurait peut-être restituer, donc, j'aime autant son imparfaite traduction.

L'histoire, en deux mots (ce qui est compliqué vu la longueur de l'oeuvre), est celle de Clarisse Harlove (bon, ça, vous vous y attendiez, je suppose) jeune fille à marier, d'une beauté et d'un esprit incomparables, le tout doublé d'une vertu et d'un sens moral à toute épreuve.

Le problème, c'est qu'un libertin majeur s'est entiché d'elle et que sa famille, pour la soustraire aux assauts dudit libertin, veut tout faire pour accélérer son mariage avec un triple crétin des environs mais dont la réputation est sans tache.

Clarisse ne peut se résoudre à ce mariage forcé et est tiraillée de toutes parts… Vous comprendrez aisément que je ne souhaite pas en dévoiler davantage. D'ailleurs, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
Commenter  J’apprécie          571
Vous souvenez-vous de l'épisode de la saison 5 de Game of Thrones dans lequel on voit Cersei malmenée par une fanatique de la secte des Moineaux qui lui répète : "Confess. Confess". le premier tome de Clarisse Harlove, c'est un peu cela, sauf qu'il s'agit de sa famille lui répétant : "Submit. Submit..."
Clarisse Harlove est une bien malheureuse jeune fille. Pourtant belle, élégante, généreuse, prudente et toutes les autres qualités qu'on puisse souhaiter dans une femme, elle se trouve réduite à l'état de prisonnière par la méchanceté de son frère et de sa soeur, fous de jalousie. Clarisse, en effet, a été favorisée par leur grand-père dans son testament, devant ses parents, devant ses oncles et devant le reste de la fratrie. Il n'en fallait pas plus pour que, peu à peu, débutent les persécutions. Faisant entrer le reste de la famille, à force de menaces et de manipulations, dans ses vues, l'odieux James Harlove est décidé à marier sa soeur, de gré ou de force, à l'horrible monsieur Solmes, avare qu'elle ne peut souffrir.
Pour refuser d'être donnée à ce déplaisant personnage, et parce que ses bourreaux mettent ce refus sur le compte de sa préférence pour monsieur Lovelace, un beau et séduisant libertin qui jure de l'aimer de tout son coeur, voilà l'infortunée Clarisse enfermée dans sa chambre avec interdiction de recevoir et de faire des visites, de recevoir et d'écrire des lettres. Cela ne l'empêche pas de continuer d'entretenir sa correspondance avec miss Howe, sa meilleure amie et, avec Lovelace lui-même.
Je n'irai pas plus loin dans l'explication de cette première partie de l'histoire, de peur d'en dire trop.

Il est bien difficile, en vérité, d'écrire une critique de ce livre, après la façon magistrale dont Denis Diderot en parle dans son Eloge de Richardson, proposée en première partie. Je me bornerai à dire, pour l'instant, que je partage son émerveillement, quoique la soumission de Clarisse à sa famille et ses serments d'obéissance à un père tyrannique m'ait pas moment donné quelque impatience. A sa place, car on en vient toujours à se demander ce que nous aurions fait, à sa place, je pense que j'aurais eu tôt fait de m'enfuir avec Lovelace, sans me laisser martyriser de cette manière par la détestable famille. Mais passons, car cela n'enlève rien au fait que ce roman soit un chef d'oeuvre qui gagnerait à être plus connu en France.
J'avais commencé à le lire en version originale mais, la lecture en anglais du XVIIIème s'étant avérée laborieuse, je m'étais arrêtée à 500 pages, soit à peu près le contenu de ce premier tome. J'ai recommencé du début dans ce que Diderot appelle dédaigneusement "notre élégante traduction française" mais, ne lui en déplaise, celle-ci, que nous devons à l'abbé Prévost, est tout à fait à mon goût.
Je vais donc sans attendre me plonger dans le second tome !
Commenter  J’apprécie          120
Je suis d'accord avec NastasiaB pour presque tout sauf pour la traduction de l'Abbé Prévost. Je me suis payé la totale...je l'ai lu en anglais, l'ai écouté en anglais(Librivox) et l'ai lu en français...j'ai adoré et n'ai jamais trouvé le temps long! La traduction est bonne ....presque toujours.... mais le traducteur escamote de nombreuses phrases et souvent des chapitres complets à la fin. Sans être prétentieux, je crois que parfois il change le sens du texte, volontairement ou non. Ce livre m'a vraiment ému profondément et tout se tient à la perfection malgré la longueur. Il est évident que Les liaisons dangereuses s'en inspire abondamment et probablement aussi La nouvelle Héloise de Rousseau....mais en moins bon, à mon humble point de vue.
Commenter  J’apprécie          32

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
M. Hickman, immédiatement après la querelle dont je vous ai fait l'histoire, m'a offert ses services ; et ma dernière lettre vous a fait voir que je les ai acceptés. Quoiqu'il soit si bien avec ma mère, il juge qu'elle a trop de rigueur pour vous et pour moi. Il a eu la bonté de me dire que non seulement il approuvait notre correspondance, mais qu'il admirait la fermeté de mon amitié ; et que n'ayant pas la meilleure opinion du monde de votre homme, il est persuadé que mes informations et mes avis peuvent quelquefois vous être utiles.
Le fond de ce discours m'a plu, et c'est un grand bonheur pour lui ; sans quoi je serais entrée en compte sur le terme d'approuver, et je lui aurais demandé depuis quand il me croyait disposée à le souffrir. Vous voyez, ma chère, ce que c'est que cette race d'hommes : vous ne leur avez pas plus tôt accordé l'occasion de vous obliger, qu'ils prennent le droit d'approuver vos actions ; dans lequel est renfermé apparemment celui de les désapprouver, lorsqu'ils le jugeront à propos.
Commenter  J’apprécie          40
- Il est vrai que la menace de votre père est de vous renfermer dans votre chambre, si vous n'obéissez pas, dans la vue de vous ôter toute occasion de correspondance avec ceux qui vous endurcissent contre ses volontés. Il m'avait ordonné, en sortant, de vous le déclarer si je vous trouvais rebelle. Mais j'ai senti de la répugnance à vous faire une déclaration si dure, dans l'espérance où j'étais de vous ramener à la soumission. Je suppose qu'Hannah peut l'avoir entendu, et qu'elle vous l'a rapportée. Ne vous a-t-elle pas dit aussi comment il a déclaré que si quelqu'un devait mourir de chagrin, il aimait mieux que ce fût vous que lui? Mais je vous assure qu'on vous fera une prison de votre chambre, pour vous empêcher de nous tourmenter sans cesse avec vos appels ; et nous verrons qui doit se soumettre, ou vous, ou tout le monde à vous !
Commenter  J’apprécie          30
L’homme le plus sensé a l’air d’un fou lorsqu’il est amoureux.

Lettre 32 : M. Antonin Harlove à Miss Clarisse Harlove.
Commenter  J’apprécie          270
Un caractère obligeant est un dangereux présent du ciel : en s'occupant de la satisfaction d'autrui, il fait souvent oublier ce qu'on se doit à soi-même.

Lettre 91 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
Commenter  J’apprécie          90
Je commence à sentir que les esprits les plus doux sont les plus déterminés, lorsqu'ils se voient persécutés avec tant de cruauté et d'injustice : la raison, sans doute, c'est que n'ayant pas pris leur parti légèrement, leur délibération même les rend inébranlables.
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : roman épistolaireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11109 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}