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EAN : 9782266072007
381 pages
Pocket (16/03/1998)
3.57/5   35 notes
Résumé :
Les grands bonheurs et les petits malheurs d'une gamine dans les années 1950.
Entrer dans l'eau sans se mouiller, jouer aux osselets, se mettre sur son trente et un pour la messe du dimanche, raconter des secrets aux copines, se préoccuper des garçons avec désinvolture et dire avec jubilation des gros mots interdits : telles sont les activités de cette petite fille qui serait définitivement heureuse s'il ne fallait pas toujours obéir aux ordres des adultes. A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans cet essai Marie Rouanet retrace la géographie de l'étroit territoire de son enfance: la maison, l'école, l'église, le patronage et la rue. Elle attache une importance toute particulière à la rue qui a été son principal terrain de jeu. Marie et ses amies sont d'un milieu modeste, leurs maisons sont trop petites pour accueillir leurs jeux et les chambres ne sont faites que pour dormir. Ne leur reste donc que la rue, un formidable terrain d'aventure et de découverte car même si elle est en ville, la nature n'est jamais bien loin. Il y a les jardins, les parcs, le cimetière, les fossés et même les trottoirs et caniveaux, pourvoyeurs de merveilleux trésors: les fruits cueillis dans les arbres, les bricoles perdues ou jetées, les végétaux que l'imagination destine à un usage infini.
Ces pages ne sont teintées d'aucune nostalgie. C'est avec une précision quasi photographique que Marie Rouanet dresse le portrait d'un univers presque exclusivement féminin où les garçons vivent dans un monde tangent. Cela se lit comme on écoute des histoires même si parfois l'abondance de détails et les répétions peuvent un peu lasser mais c'est le propre des histoires.. Dans l'ensemble cette évocation réaliste des rites ludiques, domestiques et religieux d'antan est plutôt passionnante. L'écriture de Marie Rouanet, à la fois très précise, savoureuse et poétique transforme cet essai en une belle ode à la simplicité.
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J'avais adoré le « petit traité romanesque de cuisine » de Marie Rouanet, aussi m'étais-je dit que si elle nous faisait entrer dans le monde des petites filles avec autant de poésie que dans celui de sa cuisine, je ne pouvais manquer cette promesse. Promesse tenue, ce livre est une vraie merveille, en tout cas il en fut une pour moi. de page en page c'est toute mon enfance qu'elle m' a fait revivre, je m'en suis repue délicieusement. L'enfance de Marie Rouanet se déroule à Béziers, mais toutes les petites filles nées dans les années 50, du nord au sud, de l'est à l'ouest de la France, ne seront pas dépaysées car plus qu'une région, c'est toute une époque que ce livre raconte, une époque où nous vivions une vie « de peu » mais oh combien imaginative, oh combien pleine ! Merci Marie Rouanet de m'avoir fait re-gambader dans mes jardins secrets dont j'avais jusqu'ici précieusement enfouis les saveurs et les parfums au fond de mon coeur.
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"Nous, les filles, s'adresse plutôt à des femmes aujourd'hui "séniors", car c'est un retour vers leur enfance que propose Marie Rouanet dans ce ce livre, une enfance qui, grosso modo, se situe dans les décennies 1950/1960.
Ce récit est une délicieuse plongée dans ce qui étaient leurs jeux de cour, de rue, de quartier, de jardin, dans leurs aspirations, leurs lectures, leurs copinages et leurs démêles de groupe.
C'était une enfance bien différente de celle des fillettes d'aujourd'hui, qui ont à la fois accès à de multiples opportunités pour se distraire et s'ouvrir vers le monde et sont moins contraintes par les conventions qui avaient cours autrefois, mais qui sont aussi plus encadrées, plus dépendantes des horaires et des adultes, et qui, dès leur plus jeune âge, sont confrontées à l'attirance pour les "jouets-gadgets" que ne manque pas de leur proposer la société de consommation.
"Nous, les filles", n'étions-nous pas au fond plus libres, plus inventives, lorsque nous jouions avec des "riens" et que nous nous amusions des heures ?
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Ce livre est passionnant au sens où sont reconstitués de façon extrêmement méticuleuse, voire gourmande le rôle et les passions des petites filles du début des années 1950, à une époque où le monde transitait vraiment du XIXe au XXe siècle.
A conseiller à tous les jeunes qui n'ont pas connu cette enfance-là où l'on s'amusait d'un rien, où l'on était sûrement plus créatif que de nos jours...
C'est un livre non seulement instructif mais écrit dans un style très beau.
A tous les amoureux de notre belle langue française !!
Seul bémol, les descriptions sont tellement minutieuses que certains lecteurs les trouveront un peu longues.
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Proche du document, cet ouvrage est irremplaçable.
Avec minutie Marie Rouanet raconte son enfance à Béziers dans la fin des années 1940 et début années 1950. Toute une génération de filles du sud de la France peut se reconnaitre dans ces jeux conviviaux qui utilisaient aussi bien l'irrégularité des lignes sur le trottoir que les bourgeons, fruits et feuilles offerts par la nature. de même les pratiques religieuses, les jeux au patronage, les règles d'éducation et de politesse, les vêtements, les normes sociales, les relations entre filles à la fois perfides et solidaires sont évoqués avec précision.
Avec suffisamment de recul, Marie Rouanet évite angélisme et jugement pour nous livrer un document qui nous touche par sa vérité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le vrai manger de l'enfance, toutefois, c'est le goûter. Tout le monde déjeune, dîne et soupe. Seuls les enfants goûtent.
Je ne puis voir le dessin d'une marelle comme une ombre portée d'oiseau au sol, entendre une balle rebondir, une fillette fredonner une chanson de corde, sans que monte dans ma bouche le goût du pain de quatre heures. Il ne ressemblait à aucun autre. Il avait une saveur de dehors et de jeu, de récréation, de plaisir qu'on fait durer, de faim violente enfin rassasiée.
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Certes, parfois grâce à la dévotion, la vie de tous les jours gagnait en mystère et grandeur, mais nous investissions si fort le sacré d notre puissance de jeu que nous habitions la vie religieuse comme les trottoirs du quartier, saisissant toutes ses particularités, les faisant servir à des usages inattendus.
Ce qui paraissait inutile devenait parfois pour nous essentiel. On avait beau nous dire que l’important est ailleurs, nous revenions sans cesse à l’accessoire, au futile qui faisaient notre joie et nous subissions l’essentiel.
La saponaire poussée « exprès » au bord de l’eau pour qu’on puisse se laver les mains; le mouron semé d’yeux de Jésus et d’yeux de Joseph; la passiflore recélant la couronne d’épines du Christ et les clous de la crucifixion; les graines duveteuses du chardon qui passaient dans l’air de l’été, insaisissables comme des bulles- nous les appelions des « anges » et nous ne doutions pas de leur essence divine à cause de leur couleur et de leur légèreté; les enfants de cœur cachés dans le bouton du coquelicot- d‘où in ne restait plus qu‘à les faire jaillir ; le fruit de l’iris qui ressemblait à une courgette ; toutes ces multiples magies du monde nous apparaissaient comme autant de manifestations de la Providence.
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Longtemps, à ces jeux où l'on imposait des gages : la balle au sol, patte perchée, la désignance, l'équilibre au bord du trottoir, on me demanda :
« Et maintenant, rentre dans l'eau sans te mouiller. »
Je protestais : - « C'est pas possible !
Les autres riaient, se parlaient à l'oreille, se regardaient d'un air entendu et affirmaient :
« Si, c'est possible. Nous on peut. On sait le faire ».
Je restais toute bête et jalouse de ne pas savoir.
Alors, même si je donnais ma langue au chat, au lieu de me révéler le secret, on m'imposait un gage plus difficile ou cruel.
Un automne, je revins de la colonie avec ce savoir magnifique.
Je l'avais échangé contre une de ces « choses » précieuses que je gardais dans une boîte et que ma mère jetait quand elle s'avisait de ranger mon coin : tapis de bourres de laine, pain d'hostie du bord des nougats, minuscules bouts de craie de couleur, bobines de fil vides, chiffons.
J'avais payé le prix qu'il convenait pour connaître la clef de l'énigme. ; »
Je pus alors sourire d'un air important, ramasser une branchette, dessiner un rond dans la poussière, sauter à pieds joints au centre et dire triomphalement : « Je suis dans l'O, et je ne me mouille pas ».
Un jour, je connus le secret et je fus capable de fermer le cercle. Peut-être suis-je toujours dedans.
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On nous donnait à lire des livres de « la » bibliothèque, interminables et ennuyeux. Quand on nous demandait ce que nous lisions et qu'au début je citais naïvement mes lectures, on avait même eu cette phrase : « Mais alors, vous ne lisez pas des livres de bibliothèque ? » J'en avais conclu qu'il y avait deux sortes de livres : ceux qui ennuyaient et dont on pouvait sans risque se parer, que j'avais même intérêt à connaître, et ceux qui faisaient régaler et qui n'étaient pas « de bibliothèque ». Je garde de Corneille, de ce Cid où nous avancions à pas de fourmis d'alexandrin incompréhensible en alexandrin incompréhensible, l'impression d'une longueur démesurée et d'un ennui mortel.
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Le mois d'avril ne se passait pas sans que plusieurs fois nous eussions cueilli la fleur du pissenlit pour la faire parler en l'approchant du dessous du menton : lorsque la corole se reflétait en jaune sur la peau, cela voulait dire que nous aimions le beurre.
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