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EAN : 9782072804021
320 pages
Gallimard (30/05/2019)
4.23/5   35 notes
Résumé :
Le Prince de Bramante avait deux fils. L'un deux lui déplut fortement et il le répudia. Les deux fils moururent. Celui qui avait encouru la colère du prince était le père d'un garçon nommé Astolphe, l'autre avait eu une fille. Le Prince de Bramante ne voulut pas se résoudre à suivre la loi qui le contraignait à laisser son titre et sa fortune à un héritier mâle, donc à Astolphe. Il décida de faire passer sa petite fille pour un garçon, de l'élever comme tel, de lui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Gabriel de Bramante est le petit-fils du prince de Bramante. Celui-ci avait deux fils, tous deux décédés. le grand-père avait une grosse préférence pour le père de Gabriel, aussi veut-il léguer toute sa fortune à Gabriel, au détriment de son cousin Astolphe, fils du cadet. La loi du « majorat » va dans son sens, puisqu'elle favorise de façon outrancière l'aîné des fils, le père de Gabriel et donc Gabriel lui-même, à qui doit revenir la fortune et le titre. Seul hic… Gabriel est en réalité une fille ! Pour pouvoir prétendre à la fortune et au titre princier, elle a été élevée en garçon depuis sa naissance, avec la complicité de son précepteur, un ecclésiastique tout dévoué au grand-père : « Dès sa plus tendre enfance (votre altesse avait donné elle-même à son imagination cette première impulsion), [Gabriel] a été pénétré de la grandeur du rôle masculin, et de l'abjection du rôle féminin dans la nature et dans la société. » ● Cette pièce méconnue de George Sand, qu'elle appelle « roman dialogué », est fascinante de modernité. le camouflage du sexe véritable de Gabriel va bien entendu donner lieu à de troublants malentendus. Les jeunes gens, éperdus, à commencer par son cousin Astolphe, vont tomber amoureux de « Gabriel » sans comprendre ce qui leur arrive : « Ah! c'est pourtant dommage que tu sois un garçon! ». « Quoiqu'il n'y ait guère de chances pour que je succombe, je puis périr dans ce combat; je ne veux pas que vous emportiez de moi l'idée que j'ai voulu faire la cour à un garçon, ceci ne me va nullement. ». ● Les péripéties sont toutes imprégnées du romantisme qui prospérait à l'époque de la publication de l'oeuvre (1839). Au travestissement de Gabriel vont s'adjoindre les ravages que la jalousie peut produire pour former une oeuvre aux sentiments grandiloquents qui tient plus du drame romantique que du roman, fût-il dialogué. ● Un féminisme très précoce affleure dans cette oeuvre où l'on voit que les femmes ne peuvent qu'être inférieures aux hommes, qu'elles soient promises au mariage ou courtisanes (ou encore religieuses). L'héritage est de toute façon une affaire d'hommes, les femmes en sont systématiquement écartées : « Je dis que cette transmission d'héritage de mâle en mâle est une loi fâcheuse, injuste peut-être. Ce continuel déplacement de possession entre les diverses branches d'une famille ne peut qu'allumer le feu de la jalousie, aigrir les ressentiments, susciter la haine entre les proches parents, forcer les pères à détester leurs filles, faire rougir les mères d'avoir donné le jour à des enfants de leur sexe!... » ● Mais ce féminisme est endigué par l'époque ; aux hommes l'intellect, aux femmes la sensibilité : « Et puis vous preniez peut-être plaisir à faire une expérience philosophique. Eh bien, qu'avez-vous découvert? Qu'une femme pouvait acquérir par l'éducation autant de logique, de science et de courage qu'un homme. Mais vous n'avez pas réussi à empêcher qu'elle eût un coeur plus tendre, et que l'amour ne l'emportât chez elle sur les chimères de l'ambition. le coeur vous a échappé, monsieur l'abbé, vous n'avez façonné que la tête. » ● C'est là une oeuvre très intéressante que je remercie cami_mondo de m'avoir fait découvrir. Comme cette amie babeliote le signale, la pièce est jouée en ce moment (octobre 2022) au Vieux-Colombier. J'ajoute pour ceux qui ont une liseuse Kindle que l'oeuvre est gratuite sur Amazon.
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Mais que j'aime le roman dialogué / théâtre !
Je ne savais pas que George Sand s'était frottée à l'exercice et c'est un peu par hasard que je suis tombée sur Gabriel pour le challenge solidaire.

Que dire de cette oeuvre ? Que c'est un bonheur de lecture tout d'abord. La plume est légère, fluide, agréable.
Qu'on est embarqué dans cette histoire un peu étrange, qu'on en devine bien quelques aspects mais qu'on est surpris tout de même ensuite.
Et puis ça se passe dans l'Italie de la Renaissance.

Tout commence dans un château. le prince de Bramante, devenant bien vieux, débarque là où son petit-fils Gabriel a été élevé par un précepteur qui l'a caché aux yeux de tous.
Le prince vient pour révéler à Gabriel un grand secret qui a trait à son héritage.
Puis on suivra ce jeune Gabriel dans une taverne, dans un autre château, dans une chaumière...
Il nous promène beaucoup ce beau Gabriel. Nous et tous les personnages qu'il rencontre. Car il y a ce secret...

George Sand a tout mis dans cette pièce : critiques des préjugés sur les hommes, sur les femmes, sur les riches, sur la famille, l'héritage, les convenances, le couple, la jalousie, l'éducation et l'ambivalence permanente, l'ambiguïté omniprésente.

Il y a tout de même quelques longueurs (d'où ce 4 étoiles sur 5), notamment la partie où Astolfe parle de sa jalousie.

Mais j'ai tout de même adoré cette lecture, cette oeuvre qui représente tellement l'image que j'ai de George Sand.
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Lorsque l'on a été élevé comme un homme, de manière à se croire un homme, que se passe-t-il quand on apprend qu'on est en réalité... une femme, ce genre faible et méprisé, qui ne connaît que deux sorts possibles, mariage ou couvent?
Révélation, découverte d'un cousin désargenté et débauché, amour, jalousie et trahison, Gabriel connaîtra révolte, bonheur et désespoir.

Ce "roman dialogué" est une belle dénonciation du statut toujours perdant des femmes dans la société, même si comme on est dans un drame romantique, on a le droit au cliché de Gabriel.le top canon, en mec comme en fille, faisant frissonner chaque gars (pas les filles, évidemment, on reste dans quand même dans une sage hétérosexualité) devant sa peau douce... Seuls les vieux domestiques fidèles, Marc et l'abbé percepteur (figures paternelles plus aimantes que le vieux prince de Bramante lui-même), échapperont à ce charme qui finit par rendre Astolphe fou d'une jalousie possessive, laquelle précipitera la perte de Gabriel.le... Peu de sororité dans cette oeuvre, Gabrielle ne pourra pas compter sur des femmes pour l'aider! le personnage de Settimia, la mère d'Astolphe, est d'ailleurs une vivante démonstration de misogynie intégrée: outre son inimitié envers Gabrielle qu'elle prend pour une aventurière désirant lui ôter l'amour de son fils, elle préfère reprocher à son défunt mari de l'avoir préservée des avances de son beau-père, et ce faisant s'être fait déshériter, plutôt que de blâmer le vieux prince de Bramante, vrai responsable de cette situation pourrie!


Entre Viola de Shakespeare et Princesse Saphir de Tezuka, Gabriel tient plus de la personne non-binaire que trans, même si cette non-binarité a été provoquée par un grand-père despotique. J'ai un peu pensé à Lorenzaccio, pour l'ambiance italienne, ainsi que ce romantisme échevelé et bavard (même si ça se lit bien, quelles longues tirades!), ce qui peut s'expliquer par la proximité De Musset et Sand.
Mais au final, malgré la présence des clichés de beauté physique éblouissante et de pureté morale sans tache du personnage principal, et qu'on est loin d'un happy end à la Molière ou à la Marivaux, cette réflexion sur la condition féminine n'oublie pas d'être divertissante en tant que mélange de théâtre et de roman !
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Gabriel de Bramante est un jeune homme de bonne famille élevé en Italie par un précepteur et son serviteur Marc. Un jour, son grand-père, Jules de Bramante lui fait une révélation : Gabriel est une femme. Élevé comme un homme pour pouvoir hériter, Gabrielle va se révolter contre cette hypocrisie et l'oppression faite aux femmes.

Mais quelle modernité pour cette pièce de théâtre parue en 1839! A travers le choix que doit faire Gabriel.lle (rester homme et hériter, ou devenir femme, être déshéritée et finir au couvent),George Sand met en lumière le combat des femmes pour être l'égal des hommes et interroge le déterminisme social. Tout cela servi par une plume magnifique, vive et prenante !
200 ans d'avance sur son temps!

A lire absolument !

Petit bonus : elle se joue actuellement au Théâtre du Vieux Colombier jusqu'au 30 octobre 2022 avec les acteurs de la Comédie Française 🎭 La mise en scène est superbe, Claire de la Rue du Can dans le rôle de Gabriel est époustouflante !
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J'ai beaucoup aimé cette pièce de théâtre !
L'amour, la sexualité et la question d'identité sont placés au centre de celle-ci. Nous pouvons donc remarquer tous les aspects intimés par le patriarcat et, la misogynie que cela engendre.

J'ai beaucoup aimé redécouvrir les usages de l'époque destinés, mais surtout, imposés aux femmes tels que : les vêtements avec le corset, la manière de se tenir et d'évoquer et d'exposer son avis librement sur certains sujets, en société !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Des filles honnêtes! ah! oui, j'en connais; mais, rien qu'à les voir passer pour aller à l'église, je bâille. Que veux-tu que je fasse d'une petite sotte qui ne sait que broder et faire le signe de la croix ? Il en est de coquettes et d'éveillées qui, tout en prenant de l'eau bénite, vous lancent un coup d’œil dévorant. Celles-là sont pires que nos courtisanes ; car elles sont de nature vaniteuse, par conséquent vénale ; dépravée, par conséquent hypocrite; et mieux vaut la Faustina, qui vous dit effrontément : Je vais chez Menrique ou chez Antonio, que la femme réputée honnête qui vous jure un amour éternel, et qui vous a trompé la veille en attendant qu'elle vous trompe le lendemain.
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Pourquoi m'aimes-tu encore, Gabrielle? Que ne me méprises-tu! Tant que tu m'aimeras, je serai exigeant, je serai insensé, car je serai tourmenté de la crainte de te perdre. Je sens que je finirai par là, car je sens le mal que je te fais. Mais je suis entraîné sur une pente fatale. J'aime mieux rouler au bas tout de suite, et, dès que tu me mépriseras, je ne souffrirai plus, je n'existerai plus.
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sous ce costume, j'éprouve pour toi une passion enthousiaste, craintive, jalouse, chaste, comme je n'en éprouverai certainement jamais. Cette Fantaisie m'a enivré toute la soirée. Pendant le souper, tous les regards étaient sur toi; tous les hommes partageaient mon illusion, tous voulaient toucher le verre où tu avais posé tes lèvres, ramasser les feuilles de rose échappées à la guirlande qui ceint ton front. C'était un délire! Et moi j'étais ivre d'orgueil, comme si en effet tu eusses été ma fiancée ! On dit que Benvenuto, à un souper chez Michel-Ange, conduisit son élève Ascanio, ainsi déguisé, parmi les plus belles filles de Florence, et qu'il eut toute la soirée le prix de la beauté'. Il était moins beau que toi, Gabriel, j'en suis certain... Je te regardais à l'éclat des bougies, avec ta robe blanche et tes beaux bras languissants dont tu semblais honteux, et ton sourire mélancolique dont la candeur contrastait avec l'impudence mal replâtrée de toutes ces bacchantes !.
J'étais ébloui! À puissance de la
beauté et de l'innocence! cette orgie était devenue paisible et presque chaste ! Les femmes voulaient imiter ta réserve, les hommes étaient subjugués par un secret instinct de respect; on ne chantait plus les stances d'Arétin', aucune parole. obscenie n'osait plus frapper ton oreille... J'avais oublié complètement que tu n'es pas une femme... Jétais trompé tout autant que les autres. Et alors ce fat d'Antonio est venu, avec son œil aviné et ses lèvres toutes souillées encore des baisers de Faustina, te demander un baiser que, moi, je n'aurais pas osé prendre... Alors mille furies se sont allumées
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[L]e coupable ne pardonne pas à l'innocent les torts qu'il a eus envers lui.
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(...) nous serons frères, et nous nous moquerons des vieilles
querelles de nos pères. Nous courrons le monde ensemble;
nous nous ferons de mutuelles concessions, afin d'être
toujours d'accord : je me ferai un peu moins fou, tu te
feras un peu moins sage. Ton grand-père ne peut pas te
déshériter : tu le laisseras gronder, et nous nous chérirons
à sa barbe. Toute la vengeance que je veux tirer
de sa haine, c'est de t'aimer de toute mon âme.
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Videos de George Sand (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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George Sand est un pseudonyme pour :

Stéphanie-Félicité de Crest
Marie-Antoinette de Nohant
Amantine-Aurore-Lucile Dupin
Anne-Claire De Paris

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