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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 67 sur 103
EAN : 9782253133889
192 pages
Le Livre de Poche (30/06/2010)
3.6/5   46 notes
Résumé :


Surnommé l'inspecteur Malgracieux à cause de son humeur et de son aspect sinistre, Lognon se croit sans cesse persécuté : il est convaincu qu'une vaste conspiration nuit à son avancement. Or, voici que se présente l'affaire de sa vie : une nuit, un corps est jeté d'une voiture sur la chaussée ; aussitôt arrive une autre voiture, dont le conducteur enlève le corps. Lognon qui a assisté à la scène décide d'agir sans en référer à ses chefs, mais bien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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«  Ne vous occupez pas de ça, Maigret. Ce n'est pas pour vous... Pas pour la petite classe, quoi ! ... Il marchait, les mains dans les poches, boudeur, et ils étaient déjà loin quand, se tournant vers son compagnon, il lui déclara le plus sérieusement du monde, comme si jusqu'alors ils avait douté de lui :
— Qu'est-ce que tu paries que je les aurai ? » p112/113
C'est qu'il n'est pas bon Maigret quand on lui dit droit dans les yeux que la Police française c'est de la gnonotte , que les truands , les vrais, sont américains et que lui Maigret ne sera pas capable de les mettre sous les verrous. Non mais! lui dire cela à lui le Commissaire Maigret! Pour qui ils se prennent ces américains! Colère qu'il est Maigret et il va leur montrer de quoi lui et ses hommes sont capables.
Parce que figurez vous que ces américains sont venus régler leurs comptes sur le sol français ,à Paris ni vu ni connu . Et si Lognon , toujours aussi incompris, mal aimé par les collègues voir fui car attirant la poisse ,ne s'était pas trouvé là par hasard rien ne se serait su ....Un roman, publié en 1952 ,une époque où l'après-guerre se ressent encore, des couleurs , des odeurs, des gestuelles aujourd'hui disparues, un brin de nostalgie mais du Simenon , du vrai .

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Ah Maigret, toute mon enfance, même si je regardais à l'époque la série avec Jean Richard, je dois dire que e préfère de loin les films avec Jean Gabin ( Maigret tend un piège, l'Affaire Saint Fiacre, Maigret voit rouge) ainsi qu'une version de Cécile est morte avec un autre acteur... tout le charme des films des années 40 et 50... un charme que l'on trouve dans un autre registre : les films de Marcel Pagnol, et dans un registre plus proche, les films avec des scénarios signé Audiard, qu'il bichonne quand il ne se mêle pas de la mise -en scène! Car les films d'Audiard les meilleurs sont bel et bien ceux où il se contente d'écrire les dialogues... et si on revoit avec plaisir les Tonton Flingueurs, et le cave se rebiffe, on est souvent surprit de voir son nom sur d'autres types de film... une époque que l'on regrette...
Et le livre est respecté dans les grandes lignes dans le film Maigret voit rouge, même si les scénaristes prennent beaucoup de raccourcit... Un Maigret au prise avec un règlement de compte américain, comme cela arrivait parfois à Sherlock Holmes, décidément, les vrais aventures du détectives le plus Londonien sont vraiment à lire... ils sont d'autant plus attachant que l'on y voit de tout du faux crime dont le responsable est un animal, à une disparation sans conséquence, et donc pas toujours les crimes de l'ignoble Moriarty... c'est assez rare... que l'on lise les méfaits du Napoléon du Crime... Mais quantité de nouvelles ( et même de Roman de Sherlock Holmes ) sont liés à des gens qui ont beaucoup voyagé... il fallait bien que le plus français des détectives célèbres, dont les histoires sont inventé par un Belge décrivant la France à la perfection... se retrouve au moins une fois mêlé à la pègre... alors oui... comme dans le film on traite les adversaires d'amateur, ce qui a le dont dénervé Maigret, qui va lur montré de quel bois il se chauffe... et l'on comprend mieux, en découvrant Mme Lognon, pourquoi Maigret se prend d'affection pour l'inspecteur le plus détesté de ses collègues... C'est vraiment à lire, même si vous avez lu le film... et l'on comprend mieux pourquoi Bill Larner est si différent des collègues américains avec lesquels il traine .... oui vraiment à lire...
Maigret est incontournable si on aime les polar, car très réaliste, très Français... de l'époque des films noirs du Cinéma Français... il ne faudra pas non plus oublier les Agatha Christie ,même si je préfère lire les précurseurs comme les aventures de Sherlock Holmes les vraies, par Sir Arthur Conan Doyle... et e vous invitera parmi les plus récents des écrivains à ne pas négliger non plus Robert Galbraith, pseudo d'un auteur célère, très proche de la vérité quand il s'agit de parler de la situation physique d'un unijambiste, de la cause des femmes d'aujourd'hui ( alors que Conan Doyle parlais d'une condition féminine fin XIXe début XXe) tout en parlant des crimes les plus glauques, mais ce ne sont pas ces crimes qui m'intéressent le plus mais bel et bien les relations de Cormoran Stryke avec sa secrétaire puis associée! Il faut bien le dire, pas la peine, pour lire un polar de se contenté de roman à deux sous... nous avons nombres d'ouvrages de qualité, et il serai grand temps de leur rendre hommage... vue que par eux... on critique souvent la société de façon intelligente en nous donnant de l'espoir que de temps en temps.... des enquêteurs... quel qu'ils soient, souvent héros méconnu dans la réalité... rendent se monde un peu plus juste... à défaut de le rendre parfait!
A noter que pour savoir ce qui a été écrit sur un calpin, Maigret préfère utiliser la police scientifique.... plutôt que de crayonner de façon simpliste sur la page d'après... car oui... George Simenon a bel et bien visité le Quai des Orfèvres, au point d'avoir fait un livre sur un fameux placard près d'un fameux couloir ( Cécile est morte) qui ont bel et bien existés tout deux!
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Depuis quelques temps j'avais envie de relire des Simenon, et, en rendant visite à ma librairie solidaire, j'ai trouvé 8 tomes de l'omnibus des Maigret ! Mauvaise affaire si on part du principe que, quand on va dans ce lieu de perdition, on doit revenir avec moins de livres qu'on en a déposés !
Lognon, les gangsters, je ne connaissais pas ce titre et il m'a intriguée pour commencer ma longue série...
Lognon, on sait qui il est : c'est cet inspecteur du XVIII éme arrondissement qui a souvent l'occasion de travailler avec Maigret. Lognon, c'est le "Malgracieux". Toujours enrhumé, toujours triste, toujours persécuté, victime de complots qui l'empêchent malgré ses mérites de se trouver au Quai des Orfèvres.
Et voila que sa femme, qui est presque pire que lui (savez vous qu'elle s'appelle Solange ?) appelle Maigret au téléphone : il faut que Maigret vienne la voir !
Et pour une fois elle ne se plaint pas sans raison. D'abord, son mari a disparu ! Enfin pas vraiment : il lui fait livrer ses repas, mais personne ne sait où il est. Ensuite elle a eu la visite de "gangsters". Des hommes, ne parlant pas français (donc anglais !), habillés comme dans les films, sont venus agiter leur revolver devant elle pour la menacer. Ils ont fouillé l'appartement, armoires et dessous de lits...Mais que cherchaient ils donc ?
Lognon finit par prendre contact avec le commissaire : il était en planque devant un café (une idée à lui et pas vraiment dans sa zone d'action) et une voiture a débarqué un corps sur la chaussée. le temps qu'il aille téléphoner, le corps avait disparu...Maintenant il pense qu'il est suivi...Il a peur...
Maigret prend l'affaire en main et voila le pauvre Lognon tabassé et hospitalisé !
Bien sûr, dans la police on connait des gens qui ont séjourné aux Etats Unis : ceux que rencontre Maigret lui disent tous la même chose ! Si la police française à des succès contre le crime, c'est que les malfrats français sont de "petits joueurs". Les "gangsters" américains sont d'un autre niveau ! Que Maigret ne s'occupe pas de cette affaire, il va droit à l'échec !
Voila de quoi le mettre en colère et certainement pas l'arrêter.
Et bien sûr les Gangsters vont être renvoyés chez eux avec les remerciements du FBI, qui était là lui aussi.
Parce qu'ils imaginaient venir régler leurs comptes en France sans aucune réaction de la police française !!!
Ce n'est peut être pas un des meilleurs livres de Simenon si on cherche l'atmosphère parisienne mais il est finalement assez drôle et vaut vraiment la peine d'être lu.
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C'est avec une résignation de martyr que, ce matin-là, le commissaire Maigret accepte de prendre l'appel de Mme Lognon. Celle-ci, rappelons-le à ceux qui l'auraient oublié, est l'épouse légitime de l'Inspecteur Malgracieux, le fait tourner en bourrique mais l'aime sans doute à sa façon et, en raison d'une semi-impotence réelle ou psychosomatique, lui impose de s'occuper de tout (courses, ménage, etc ...) à la maison tout en se plaignant bien entendu de ne rien pouvoir faire. En acceptant de lui parler, Maigret s'attend - et nous aussi, d'ailleurs - à des lamentations parce que, pour ainsi dire, Mme Lognon, c'est la Lamentation incarnée.

Mais, cette fois-ci, Mme Lognon a de réelles raisons de se plaindre : en effet, Lognon a disparu. Ce qui équivaut à peu près pour Maigret à voir s'écrouler sur lui tous les étages du 36, Quai des Orfèvres. Mais ce n'est pas tout : des "gangsters" sont entrés par deux fois chez Mme Lognon. A quoi a-t-elle vu que c'étaient des "gangsters" ? D'abord, ils parlaient anglais, ensuite, ils étaient habillés comme le sont les "gangsters", avec un goût détestable. Ils ont fouillé partout et, ce qui a beaucoup étonné la malheureuse, ils ont regardé sous les lits et dans les placards. Mais que diable pouvaient-ils bien espérer trouver chez Lognon ?

Finalement, il s'avère que celui-ci n'a pas tout à fait disparu. Il téléphone à sa femme de la chambre d'hôtel où il s'est mis provisoirement au vert. C'est que, quelques nuits plus tôt, alors qu'il faisait une planque pour une affaire de cocaïne dans un bar, il a vu une automobile s'arrêter brièvement le long du trottoir, le temps d'y faire rouler un corps. Toujours avide d'avoir "son" affaire qui le rendra l'égal d'un commissaire, quel qu'il soit, Lognon s'en est allé téléphoner pour obtenir quelques renseignements. le temps de revenir : plus de cadavre - en admettant que c'eût été un cadavre, bien sûr. Mais Lognon se rend vite compte qu'il est désormais filé, probablement par les occupants de l'automobile qui doivent le suspecter d'avoir fait disparaître le corps.

Maigret soupire, Maigret fait les cent pas dans son bureau. En bonne logique, Lognon devrait passer en conseil de discipline - il s'y attend, d'ailleurs, déclare-t-il avec la plus grande fermeté - mais le moyen d'agir de manière aussi indigne avec le malheureux qui, malgré tout, est un sacré bon policier ? Alors, Maigret fait la seule chose à faire : il prend Lognon sous son aile. Tous deux vont donc enquêter, Maigret à sa façon de commissaire qui n'a qu'à passer un coup de fil pour mettre sur l'affaire le nombre d'inspecteurs et de services qu'il veut, Lognon à sa façon d'Inspecteur Malgracieux, c'est-à-dire avec, d'abord, un rhume de cerveau carabiné - qu'il finira par refiler à Maigret d'ailleurs - et en patrouillant Paris à pied et en métro - fiches à l'appui pour le service-comptable.

Pour Lognon, la quête s'arrête avec brutalité : ramassé par ses suiveurs, il se fait salement tabasser et, comme, à demi-évanoui, il passe la nuit dans la forêt, il se ramasse une pneumonie qui se greffe, avec la joie que l'on devine, sur son rhume déjà plein d'arrogance. Bientôt, il y aura un autre inspecteur de blessé : au ventre, celui-là, par une balle (mais il s'en sort, je vous rassure.) Parce que, effectivement, Mme Lognon avait bien jugé : il s'agit bien de gangsters, venus de Chicago, à la poursuite d'un témoin gênant qu'ils ont ordre d'abattre en se faisant aider au besoin par un escroc de haut vol - et qui n'aime pas le sang - nommé Bill Larner. de bar américain en bar américain, Maigret s'entend dire, en gros : "Vous n'y parviendrez jamais. Laissez tomber. Ces gars-là, c'est un autre niveau que ceux de Paris."

Ce qui, vous l'avez deviné, l'exaspère au plus haut point et l'incite à persévérer.

Avec succès. Cela va de soi. Et Lognon peut enfin quitter l'hôpital et rentrer chez lui. Je vous raconte pas la joie de Mme Lognon qui commence tout de suite par lui faire des reproches sur son imprudence.

Roman simple, avec des moments d'un comique achevé, surtout du côté des dialogues et des descriptions d'un Lognon lamentablement enrhumé, ce "Maigret"-là, comme son titre l'indique, a un petit parfum américain que certains apprécieront, d'autres moins, quelques uns pas du tout. Pour ma part, je suis un peu mitigée mais je reste une inconditionnelle de Simenon et ce roman ne souffre pas à mes yeux des mêmes faiblesses que "Maigret A New-York". Pour moi, "Maigret, Lognon et les Gangsters" tient surtout du genre mineur même si l'auteur trouve le moyen d'y souligner avec finesse la profonde solidarité qui unit les policiers entre eux en pareille affaire. Se déguste donc avec satisfaction même si l'on se soucie peu, dans le fond, de la "victime", ce Mascarelli, lui-même demi-sel aux USA et qui, pour son malheur, a vu ce qu'il ne devait pas voir. (A propos, lui aussi sauve sa peau. Wink )

Bon, maintenant que vous savez tout, ou presque tout, bonne lecture !
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Surnommé le Malgracieux à cause de son humeur perpétuellement morose, Lognon, inspecteur au commissariat du 9ème arrondissement de Paris, se croit sans cesse persécuté et est convaincu qu'une vaste conspiration nuit à son avancement. Il est pourtant foncièrement honnête, consciencieux et efficace dans son travail, mais malchanceux. Quand se présente ce qu'il pense être l'affaire de sa vie – au cours d'une mission de nuit, en plein Paris, il est témoin d'une scène étrange : le corps d'un homme est jeté d'une voiture sur la chaussée, puis un autre véhicule arrive, dont le conducteur s'empare du corps – il décide d'agir seul, sans en référer à ses chefs. A tort car les méthodes des gangsters venus des Etats-Unis sont beaucoup plus radicales que celles de leurs homologues français. Les événements s'enchaînement et Lognon, d'abord menacé par les malfrats, est sérieusement blessé. Maigret reprend l'enquête et fait tout son possible pour montrer à ses collègues américains ce que vaut la police française…

On trouve peu de personnages caricaturaux dans la série des Maigret. Lognon, avec une première apparition dans la nouvelle Maigret et l'inspecteur malgracieux en 1947, suivie de six autres dans les romans, constitue donc un cas à part, avec peut-être l'ex-inspecteur Cafre dans L'inspecteur Cadavre. D'un physique peu avantageux, le plus souvent lugubre, de santé fragile, jouant souvent de malchance dans ses enquêtes, l'inspecteur Lognon est de plus doté d'une épouse souffrante et acariâtre. Mais c'est un brave type que Maigret apprécie : « le plus troublant, c'est qu'il n'était pas bête, qu'il était réellement consciencieux et que c'était le plus honnête homme de la terre. »

Il est assez surprenant que Simenon ait pris tant de soin à peaufiner le portrait de Lognon, quand d'autres collaborateurs du commissaire voient le leur à peine esquissé. Il est même allé jusqu'à lui donner une adresse précise. Alors que ses collègues rentrent « chez eux », l'inspecteur malgracieux et malchanceux rejoint son appartement du cinquième étage (sans ascenseur) d'un immeuble du 29 de la place Constantin-Pecqueur, dans le 18ème arrondissement. Serait-ce pour le consoler que le romancier l'a logé sur une des plus charmantes places de Paris, au pied de la butte Montmartre ? L'endroit où habite Lognon est d'ailleurs, selon Michel Carly, l'un des plus demandés lors des visites du Paris Simenonien.

Revenons au roman. Maigret, Lognon et les gangsters raconte l'histoire d'un homme, témoin d'un meurtre aux Etats-Unis, réfugié à Paris et recherché par ceux qui veulent l'éliminer et ceux qui souhaitent le voir venir à la barre du tribunal. Si je n'ai jamais trouvé que les romans de Simenon impliquant gangsters et figures du « milieu » étaient parmi les meilleurs, les personnages y étant trop stéréotypés, le romancier est ici plus à l'aise que dans Maigret à New York par exemple. Certainement parce que, fort de son expérience Outre-Atlantique, il en fait un prétexte pour comparer les méthodes des truands et celles des policiers américains et français. Dès le début, Maigret, piqué au vif que des hommes venus d'ailleurs puissent agir à leur aise sur ce qu'il considère son territoire – « Ils se gênaient si peu ! ils menaient leurs petites affaires comme si Paris était une sorte de no man's land où ils pouvaient agir à leur guise. » – furieux que l'on puisse s'en prendre à ses hommes, est bien décidé à leur montrer de quoi lui et la police française sont capables. Ce qui fait que ce « roman de gangsters » (un genre qu'illustreront quelques années plus tard Auguste le Breton et Albert Simonin) devient vite un Maigret « classique », avec un commissaire sur le terrain, menant son enquête dans le microcosme des veilleurs de nuit d'hôtels minables, des patrons de bars américains et d'habitués des champs de course. Pour cela, pour la ténacité de Maigret à porter haut l'honneur de la police française, et surtout pour Lognon le Malchanceux, Maigret, Lognon et les gangsters mérite toute l'attention du lecteur.

Lien : http://maigret-paris.fr/2020..
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... - Je ne me serais pas permis d'insister pour vous parler personnellement si je n'avais eu de raison majeure ...

- Oui, madame.

- Vous nous connaissez, mon mari et moi. Vous savez que ...

- Oui, madame.

- J'ai absolument besoin de vous voir, monsieur le commissaire. Il se passe des choses horribles, et j'ai peur. Si ma santé ne m'en empêchait, je courrais Quai des Orfèvres. Mais, comme vous ne l'ignorez pas, voilà des années que je suis clouée à mon cinquième étage.

- Si je comprends bien, vous voudriez que j'aille là-bas ?

- Je vous en prie, monsieur Maigret."

C'était énorme. Elle disait cela poliment, mais fermement.

- "Votre mari n'est pas chez vous ?

- Il a disparu.

- Hein ? Lognon a disparu ? Depuis quand ?

- Je l'ignore. Il n'est pas à son bureau, et personne ne sait où il se trouve. Les gangsters sont revenus ce matin.

- Les quoi ?

- Les gangsters. Je vous raconterai tout. Tant pis si Lognon est furieux. J'ai trop peur.

- Vous voulez dire que des gens se sont introduits chez vous ?

- Oui.

- De force ?

- Oui.

- Pendant que vous y étiez ?

- Oui.

- Ils ont emporté quelque chose ?

- Peut-être des papiers. Je n'ai pas pu vérifier.

- Cela s'est passé ce matin ?

- Il y a une demi-heure. Mais les deux autres étaient déjà venus avant hier.

- Quelle a été la réaction de votre mari ?

- Je ne l'ai pas revu.

- J'arrive.
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[...] ... - "Que savez-vous de ces gangsters ?"

Alors Lognon de répondre, convaincu :

- "Je crois que ce sont vraiment des gangsters.

- Américains ?

- Oui.

- Comment êtes-vous entré en rapport avec eux ?

- Je ne sais pas moi-même. Au point où j'en suis, autant tout vous avouer, même si je dois perdre ma place."

Il regardait fixement le bureau, et sa lèvre inférieure tremblait.

- "Cela serait quand même arrivé un jour ou l'autre.

- Quoi ?

- Vous le savez bien. On me garde parce qu'on ne peut pas faire autrement, parce qu'on n'est pas encore parvenu à me prendre en faute, mais il y a des années qu'on me guette ...

- Qui ?

- Tout le monde.

- Dites donc, Lognon !

- Oui, monsieur le commissaire.

- Vous avez fini de vous considérer comme persécuté ?

- Je vous demande pardon.

- Cessez de rentrer les épaules et de regarder ailleurs. Bon ! A présent, parlez-moi comme un homme."

Lognon ne pleurait pas, mais son rhume lui rendait les yeux humides, et c'était énervant de le voir porter sans cesse le mouchoir à son visage." ... [...]
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Un vent assez fort, très froid, s’était levé, qui donnait un curieux caractère à cette nuit-là. Au ciel, en effet, on voyait deux couches distinctes de nuages. Ceux d’en bas, épais et sombres, qui couraient très vite avec le vent, rendaient le plus souvent l’obscurité complète. Mais parfois une déchirure se produisait, et on découvrait alors, comme par une crevasse entre deux rochers, un paysage lunaire où, très haut, des nuages moutonneux et scintillants restaient immobiles.
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[...] ... - "Je ne me serais pas permis d'insister pour vous parler personnellement si je n'avais eu de raison majeure ...

- Oui, madame.

- Vous nous connaissez, mon mari et moi. Vous savez que ...

- Oui, madame.

- J'ai absolument besoin de vous voir, monsieur le commissaire. Il se passe des choses horribles, et j'ai peur. Si ma santé ne m'en empêchait, je courrais Quai des Orfèvres. Mais, comme vous ne l'ignorez pas, voilà des années que je suis clouée à mon cinquième étage.

- Si je comprends bien, vous voudriez que j'aille là-bas ?

- Je vous en prie, monsieur Maigret."

C'était énorme. Elle disait cela poliment, mais fermement.

- "Votre mari n'est pas chez vous ?

- Il a disparu.

- Hein ? Lognon a disparu ? Depuis quand ?

- Je l'ignore. Il n'est pas à son bureau, et personne ne sait où il se trouve. Les gangsters sont revenus ce matin.

- Les quoi ?

- Les gangsters. Je vous raconterai tout. Tant pis si Lognon est furieux. J'ai trop peur.

- Vous voulez dire que des gens se sont introduits chez vous ?

- Oui.

- De force ?

- Oui.

- Pendant que vous y étiez ?

- Oui.

- Ils ont emporté quelque chose ?

- Peut-être des papiers. Je n'ai pas pu vérifier.

- Cela s'est passé ce matin ?

- Il y a une demi-heure. Mais les deux autres étaient déjà venus avant hier.

- Quelle a été la réaction de votre mari ?

- Je ne l'ai pas revu.

- J'arrive." ... [...]
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Est-ce l'ennui qui les pousse alors à téléphoner ? Sur les huit ou dix coups de téléphone presque successifs, il n'y en avait pas trois d'utiles. Et la sonnerie retentissait de nouveau. Maigret regarda l'appareil comme s'il était tenté de le pulvériser d'un coup de poing, aboyait enfin :
- Allô?
- Mme Lognon insiste pour vous parler personnellement.
- Madame qui ?
- Mme Lognon.
Cela avait l'air d'un gag, par une temps pareil, à un moment où Maigret était exaspéré, d'entendre soudain au bout du fil le nom de celui que l'on surnommait l'Inspecteur Malgracieux, l'homme le plus lugubre de la police pasienne à la malchance si proverbiale, que certains prétendaient qu'l avait le mauvais œil.
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