AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782894060490
304 pages
Bibliothèque Québécoise (12/08/2002)
4.05/5   320 notes
Résumé :
Au coeur du Plateau-Mont-Royal, ce quartier populaire de Montréal qui prend des allures de véritable microcosme social, une femme de quarante-deux ans, enceinte de sept mois, devient le centre d’un monde réaliste et fantasmagorique. L’histoire se passe dans la journée du 2 mai 1942. Alors que tourbillonnent émotions et drames de la vie privée, le romancier met en place, avec un grand bonheur d’écriture, les acteurs du premier tome du puissant cycle romanesque des Ch... >Voir plus
Que lire après La grosse femme d'à côté est enceinteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 320 notes
Tabarnac, comme j'me chus régalée à lire c'te bouquin !

C'est qu'il s'en passe dans le quartier Mont-Royal de Montréal, en cette année 1942.
D'abord, y'a toutes ces femmes, bien grasses, bien grosses et bien enceintes. Et puis l'une d'elle a quarante ans passés. Vous vous rendez compte, avoir un enfant à quarante ans ! C'est sûr ça fait jaser. Les mauvaises langues y disent que c'est pour que son chum (gars) et ceux des autres y'aillent pas à la guerre de l'aut' côté de l'océan. Mais ça c'est que des mentiries, des dires de langues de vipères. Parce que là-bas, tout se sait, tout le monde surveille tout le monde. Même le chat Duplessis y va partout et y sait tout. Et pis, y'a encore les tricoteuses, toujours au courant de tout, même de l'avenir. C'est-y étrange ça, non ?

Cette traversée de Mont-Royal fut un vrai régal. J'ai pu observer ses habitants, même par le trou de la serrure. J'ai pu constater bien des vices et des vertus, la rivalité et la solidarité, la haine et l'amour, la joie et la tristesse... Bref, tout ce qui fait le sel d'une vie, des vies si merveilleusement contées par Michel Tremblay, célèbre auteur canadien, mais que je rencontre ici pour la première fois.
Et puis, j'ai savouré ce petit goût de mystère apporté par Josaphat-le-Violon et par les tricoteuses aux prénoms colorés, Rose, Mauve et Violette. Enfin, j'ai éprouvé une vraie tendresse pour la grosse femme d'à côté enceinte, clouée sur sa chaise pour pouvoir mener à terme sa grossesse, mais dont l'esprit vagabonde hors des frontières et dont le coeur est aussi vaste que le corps.

J'chus tombée en amour avec Michel Tremblay...
Commenter  J’apprécie          464
Quelle réjouissante découverte!
Le titre, qui est déjà un roman à lui seul, est à la mesure du petit bijou sur lequel il ouvre : un vrai bonheur de truculence, un concentré d'humanité, un panorama gorgé de vie du quartier populaire du plateau Mont-Royal à Montréal.
Nous sommes en mai 1942, les hommes sont presque tous partis à la guerre et les femmes sont toutes ou presque enceintes de huit mois!
Au milieu d'elles, la grosse femme, si immobile, si douce, qui rêve d'ailleurs.
A côté d'elles, les enfants livrés à eux-mêmes qui poussent comme des herbes folles, un chat qui passe, les maris qui rentrent éreintés du travail et ceux qui se laissent vivre, les vieilles qui ruminent et le vieux qui embarque les enfants dans son monde imaginaire.
Au-dessus d'elles, trois fées et leur mère qui tricotent et veillent sur ce petit monde.
Le tout servi par des dialogues qui font chanter la francophonie et vous rendent littéralement fou d'amour pour chacun des personnages.
Ce petit monde m'aura merveilleusement enjaillée pendant quelques heures. La bonne nouvelle est qu'il y a une suite pour faire durer le plaisir!
Commenter  J’apprécie          333
J'ai acheté ce livre sur un vide grenier intriguée d'abord par le titre puis le résumé m'a plu.
Ce fut une très belle découverte de cet auteur québécois, de sa plume et du parler québécois présent dans les dialogues.
L'auteur met en scène un quartier populaire et assez pauvre de Montréal à travers ses différents habitants.
C'est un livre sensible, touchant qui met en scène des personnages qui avancent du mieux qu'ils peuvent, avec leurs espoirs, leurs désillusions, leurs vie quotidienne pas toujours très gaie et leurs souvenirs.
Une plume très agréable à lire, j'avais l'impression de déambuler avec les personnages dans ce quartier et dans Montréal. Il fait vivre cette époque d'une très belle manière.
Un petit coup de coup pour le personnage de Victoire, la matriarche de cette famille nombreuse vivant sous le même toit, son unique sortie en ville m'a fait mourir de rire. Et Duplessis , le chat du quartier, qui a aussi droit la parole, il raconte à sa propre histoire dans ce quartier, ses pensées, ses envies.
J'ai bien aimé dans le roman, la touche particulière apportée par la maison à côté de celle de Victoire et de ses habitantes.
Un roman délicat, touchant, qui fait vivre le Montréal de 1942, des personnages auxquels on s'attache et dont on a envie de lire la suite de leur vie dans ce quartier si rythmé.
Un roman à découvrir.
Commenter  J’apprécie          311
Mai 1942. Seuls quelques hommes ont réussi à échapper à l'enrôlement, les femmes s'occupent de la maison et des p'tits, les familles partagent des appartements et les coupons de rationnement. Victor Hugo est mis à l'index, y'a un crucifix dans chaque pièce et des tramways partout en ville. Michel Tremblay nous dépeint dans cette première chronique un Plateau Mont-Royal populaire, plein de petites ruelles et de chats errants. le lecteur suit une famille nombreuse, deux prostitués et des vieilles filles. du monde ben normal, simple… Mais c'est ce qui fait la force de Tremblay, la simplicité de ces récits et la photo exacte d'une époque, sans flafla…
Du Michel Tremblay, c'est du Michel Tremblay. Cet homme est un monument de la culture populaire du Québec. Une oeuvre magistrale ; théâtre, roman, scénariste, adaptation. Il est lu au Québec et ailleurs. Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'on sait qu'on va y parler du Québec, qu'on y lira le jouale, que ces personnages seront haut en couleurs, que toi, moi, et n'importe qui se reconnaîtra. Michel Tremblay, c'est un oeuvre simple, mais pas simpliste, tragique, drôle, émouvante, vibrante. Lire du Michel Tremblay, c'est se lire un peu soi-même.
Et cette oeuvre n'y fait pas exception… Encore un très grand livre !
Commenter  J’apprécie          310
Avec ce premier volet des chroniques du Plateau Mont-Royal, Michel Tremblay, véritable ambassadeur de la littérature québécoise, entame un précieux travail de mémoire et croque la vie d'un quartier populaire de Montréal le temps d'une journée, le samedi 2 mai 1942. Ailleurs, c'est la guerre ; là, c'est le printemps avec un nombre affolant de femmes enceintes, grossesse qui épargne bombes et tranchées aux futures pères. Diverses générations se croisent tout comme les commérages et les pseudos drames toujours à la limite du tragi-comique.

La force de ce roman réside dans l'infini détail des évènements transcrit essentiellement dans le parler populaire québécois : le joual. Pour qui ne connait pas ce parler, il faut bien sûr s'accrocher. Sinon, c'est un véritable festin de références entre réel et imaginaire avec quelques bons fous rires garantis. Quand Victoire raconte le sort de la gondole dont l'arrivée est attendue en grande pompe au plan d'eau du Parc Lafontaine, il s'agit tout simplement d'un délicieux morceau d'anthologie. A lire et à relire.
Commenter  J’apprécie          290

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Le dernier mois d'habitude les femmes restent chez eux" et c'était vrai. Plutôt que de subir les reproches muets qu'elles pouvaient lire dans tous les regards qu'elles croisaient, les femmes restaient chez elles pendant les dernières semaines de leur grossesse. Elle-mêmes finissaient par ressentir une certaine gêne d'être déformées et bousculées par ce paquet d'énergies, cette vie si puissante qui se préparait à sortir d'elles. Écrasées par cette religion monstrueuse qui défendait toute sorte de moyens de contraception, cette religion fondée sur l'égoïsme des hommes pour servir l'égoïsme des hommes qui méprisait les femmes et en avait peur au point de faire de l'image de la Mère, la Vierge Marie, Mère de Dieu une vierge intacte et pure, inhumaine créature sans volonté et surtout sans autonomie, qui s'était retrouvée un jour enceinte sans l'avoir désiré, par l'opération de l'Esprit-Saint et qui avait enfanté sans avoir besoin de mettre au monde, insulte ultime faite au corps des femmes ; gavées par les prêtres de phrases creuses autant que cruelles où les mots "devoir" et "obligation" et "obéissance" prédominaient, ronflants , insultants, condescendants, les femmes canadiennes-françaises, surtout celles des villes, avaient fini par ressentir une honte maladives d'être enceintes...
Commenter  J’apprécie          190
Édouard et Thérèse s’étaient levés en même temps. Leurs chambres se faisaient face, aussi étaient-ils tombés nez-à-nez en ouvrant leur porte. «Vous vous levez ben de bonne heure, à matin, mon oncle Édouard ? C’est pourtant samedi !» «Les envies de pipi ont pas de jours, ma p’tite fille !» Ils avaient tous deux couru jusqu’à la salle de bains qui se trouvaient tout à fait à l’arrière de la maison, après la salle à manger et la cuisine. Thérèse était arrivée la première mais elle avait cédé la place au frère de sa mère. Marcel, le frère de Thérèse, tellement petit pour ses quatre ans qu’on lui en donnait à peine deux ans et demi ou trois, avait entendu la course et lorsque Thérèse et Édouard étaient passés près de lui il avait zézayé un timide bonjour mais les deux coureurs ne l’avaient pas entendu. Marcel couchait dans la salle à manger dans un lit qu’on déguisait le jour en sofa, beaucoup trop grand pour lui et qu’il détestait. Il était donc témoin de toutes les allées et venues de la maison et Dieu sait s’il y en avait. Quand son oncle Gabriel, qui travaillait le soir, arrivait vers les deux heures du matin, Marcel lui envoyait la main. Mais Gabriel, absorbé, fatigué, la tête basse, regardait rarement dans la direction de l’enfant. Il entrait en hâte dans sa chambre qui donnait sur la salle à manger, où l’attendait la grosse femme enceinte, sa femme. Quand Albertine, la mère de Marcel et de Thérèse, se levait la nuit pour se faire un thé pour calmer ses nerfs, Marcel se glissait hors de son lit et la suivait à la cuisine. Elle le prenait dans ses bras en attendant que l’eau bouille et Marcel, immanquablement, s’endormait, la tête appuyée contre l’épaule grasse de sa mère. Albertine berçait son petit dernier en fixant le canard d’eau chaude. Parfois elle s’endormait debout, appuyée contre le poêle…
Commenter  J’apprécie          60
La religion catholique, en un mot, niait la beauté de l'enfantement et condamnait les femmes à n'être jamais dignes puisque la mère de leur Dieu, l'image consacrée de la Maternité, n'avait été qu'un entrepôt temporaire d'où l'Enfant n'était ni entré ni sorti.
Commenter  J’apprécie          320
"Ça sent la crotte de cheval !" Chaque fois qu'il passait devant cette épicerie, Marcel en profitait pour dire cette phrase qu'il préparait depuis qu'il etait sorti de la maison car c'était la seule occasion où on acceptait qu'il emploie le mot "crotte". Et il le savourait plusieurs minutes à l'avance et plusieurs minutes après, le mot étant trop court pour qu'il le savoure en le disant.
Commenter  J’apprécie          120
Et Ti-Lou lui avait demandé : "T'aimes pas les hommes ?" ce à quoi Rose avait répondu : "Y'a rien que les guidounes qui peuvent les aimer, nous autres, on les endure."
Commenter  J’apprécie          231

Videos de Michel Tremblay (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Tremblay
Le Salon dans tes oreilles - S1E41 - Confidences d'écrivain: Michel Tremblay
Confidences avec Michel Tremblay, figure emblématique et incontournable de la littérature québécoise, mais aussi du Salon du livre de Montréal.
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL Et LEMÉAC ÉDITEUR
Avec Michel Tremblay, Auteurrice Danielle Laurin, Animateurrice
Livre(s) Victoire !
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
Abonnez-vous: https://feeds.buzzsprout.com/1678609.rss
+ Lire la suite
autres livres classés : Montréal (Canada)Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (830) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
220 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *}