Le juge Ti est appelé au palais impérial alors qu'il s'apprête à prendre quelques jours de congés dans la Ville-du-Bord-de-l'Eau. Il doit renoncer aux parties de pêche qui le réjouissaient déjà. Il se rend sur demande express en secret dans la cité interdite chez la troisième princesse qui s'est fait dérober son précieux collier. Il dispose de deux jours seulement pour mener l'enquête, un véritable défi.
Il s'agit de la quinzième enquête du magistrat, illustrée par l'auteur lui-même. Bien que le récit soit fictif, le juge Ti est un personnage réel qui a vécu au VIIe siècle de notre ère, dans la Chine des Tang, comme l'explique l'auteur dans la postface. On découvre au cours du roman la vie et l'organisation de la société de l'époque. C'est ce qui en fait l'intérêt principal. Une poésie caractéristique du pays imprègne le texte. Les auberges portent les noms délicieux de Martin pêcheur et des Neufs nuages, par exemple, et les passages qui décrivent la cité interdite et ses jardins sont ravissants et très évocateurs de la beauté des lieux. Il faut en revanche être fan d'arts martiaux traditionnels pour apprécier les scènes de combats. le personnage du moine taoïste, Maître Calebasse, apporte, lui, une touche philosophique au roman.
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Une enquête aussi courte que passionnante. de passage, incognito, dans une province voisine, le Juge Ti va devoir démêler l'écheveau complexe d'une intrigue de cour. Une atmosphère intimiste pour un bel opus.
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Le long passage se terminait par une porte en forme de lune gardée par deux sentinelles de haute taille qui, sur un signe du gros eunuque, l'ouvrirent et laissèrent passer le trio dans un joli jardin d'arbres en fleurs, arrangé avec un goût exquis et traversé en son milieu par un étroit canal. Un pont de marbre de trois pieds de large à peine, à la rambarde incrustée d'or savamment sculptée, le franchissait. De l'autre côté, s'élevait un imposant mur peint en pourpre, percé d'une unique porte, derrière lequel on apercevait le faîte des toits recourbés, couverts de tuiles jaunes.
Le vide est beaucoup plus important que le plein. Vous pouvez choisir la meilleure argile qui soit pour faire une belle potiche, mais sans son vide, elle ne vous sera d’aucune utilité. Et vous pouvez décorer tant que vous voudrez une porte ou une fenêtre, sans leur vide, elles ne vous seront d’aucune utilité non plus.
Ce n'est qu'une fois vidés de tous nos vains espoirs, de tous nos désirs dérisoires et de nos chères illusions que nous pouvons nous rendre utiles aux autres.
Le juge se dressa brusquement sur son siège. Agrippant les accoudoirs de son fauteuil, il passa rapidement en revue toutes les données du problème. Mais oui ! La solution était bel et bien là, sous ses yeux ! Il se laissa de nouveau aller contre le dossier et se frappa le front du plat de la main. Juste ciel ! il avait fait la plus grave erreur qu’un enquêteur criminel pût faire : il était passé à côté de l’évidence !
Tandis que le juge Ti se levait pour prendre congé de son hôte, le capitaine ajouta :
— Votre agression m’a sincèrement bouleversé, Excellence. Voulez-vous accepter la protection de deux ou trois de mes agents en civil ?
— Non, je vous remercie ; ils me gêneraient plutôt qu’autre chose. Au revoir, Siou. Je vous tiendrai au courant.
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Robert van Gulik :
Le Jour de grâce]
Depuis Amsterdam Olivier BARROT présente le livre de Robert van GULIK, "
Le Jour de grâce".