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EAN : 9782092587294
384 pages
Nathan (29/08/2019)
4.22/5   267 notes
Résumé :
Harlem.
Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n'est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l'apaise, c'est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu'elle aimerait di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (126) Voir plus Ajouter une critique
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D'abord j'ai pas trop accroché
Faut dire que l'slam, pas trop ma tasse de thé
Un peu désorientée, mais j'ai persévéré
Et bien m'en a pris
Car au final
Eh bien j'ai adoré !

C'est l'histoire d'une fille de 16 ans, d'origine dominicaine, Xiomara, qui vit avec son frère jumeau (Xavier), sa mère engluée dans la religion, son père repenti de la boisson, à Harlem. Xiamara, ça signifie "celle qui est prête pour la guerre", et ça lui va comme un gant, elle qui doit faire face aux garçons qui reluquent ses formes généreuses, à sa mère qui ne lui laisse aucun espace de liberté, et aussi à son manque de confiance en elle-même...
Mais elle a du talent, et bientôt Ms Galiano, sa prof de lettres, va s'en apercevoir en lisant les devoirs que "X" lui rend. Elle l'invite alors à se joindre au groupe de poésie qu'elle anime. Mais ce groupe se réunit au même moment qu'à lieu la préparation à la confirmation, étape incontournable dans la culture de sa famille...Mira, Muchacha (écoute-moi bien, jeune fille...injonction préférée de la maman), il y a des priorités dans la vie !

Heureusement, Xiomara est une battante. Et grâce au slam, elle va se trouver, construire son avenir, rencontrer un ami précieux, et exprimer tout ce qu'elle ressent.
Elle est la narratrice de ce livre, et s'exprime en courts chapitres slammés. C'est une forme de journal où elle décrit jour après jour sa famille, ses proches, la vie au lycée et ses difficultés à concilier son amour pour sa mère avec ses propres désirs. C'est très touchant, et une fois surmonté l'écueil de la forme, on ressent beaucoup d'empathie pour X (et pour Jumeau également, qui ne rentre pas tout à fait dans le moule parental non plus).
Ce roman m'a été proposé par une de mes bibliothécaires, qui s'est donnée la peine de me faire une petite sélection "ados-jeunes adultes", puisque je ne peux pour l'instant pas aller fouiner dans les rayons ! Merci à elle, bonne pioche pour celui-ci !
A recommander à tout jeune ou moins jeune qui apprécie les récits de vie et/ou le slam. La traduction est de Clémentine Beauvais, elle-même auteure jeunesse qu'on ne présente plus (Les petites Reines, Brexit romance...)
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Ce roman en vers libres est à l'image de sa sublime couverture : moderne, bouillonnant, plein de vie, de tensions et de possibles.

Avec le rythme et l'intensité de la poésie, Elizabeth Acevedo raconte Xiomara, seize ans, qui grandit dans une famille d'immigrés dominicains à Harlem. Ses parents auraient voulu une gentille fille qui se tienne bien à la messe. À la place, voilà cette force de la nature pas commode qui n'hésite pas à jouer des poings pour se frayer un passage. L'adolescente se pose de plus en plus de questions sur son corps qui change, sur ce Dieu qui préoccupe tant sa mère, sur la façon dont l'Église et la société traitent les filles, sur les garçons et le désir. Mais ses doutes et ses révoltes grondent en silence, sous une carapace bien verrouillée – qui, de toute façon, s'intéresse à ce qu'elle aurait à dire ?

« Au commencement était le verbe. »

Mais un jour se crée un club de slam dans son lycée. Et puis il y a l'attention d'une professeure, l'amour du frère jumeau, l'amitié de Caridad et la douceur d'Aman… Sous nos yeux émus, Xiomara range ses bottes de combat, descelle ses lèvres et trouve peu à peu sa voix. L'intensité, les colères et bouleversements adolescents sont dits avec une férocité implacable mais souvent drôle. Mais Xiomara dit aussi et surtout, avec une justesse bouleversante, la libération de pouvoir les exprimer, d'être entendue et de renouer le dialogue.

« On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l'écoute. Comme si elle m'entendait. »

L'autrice dédie ce livre à ses élèves et aux « petites soeurs qui rêvent de se voir représentées ». Effectivement, il contribue à tendre un miroir important à celles qui n'ont toujours que peu l'occasion de se reconnaître en littérature – et, sans doute, encore moins en poésie. Mais c'est une lecture dont les autres ne devraient surtout pas se priver – et je suis d'ailleurs ravie et fière de voir mon fils aîné se tourner vers ce type de texte (puisque oui, c'est encore une de ses trouvailles qu'il a voulu me faire partager !). Ce livre, c'est une fenêtre ouverte sur des mondes qui ne nous sont pas familiers – Harlem et les communautés américaines-dominicaines, le slam, la poésie. Une altérité qui n'empêche en rien de s'identifier à Xiomara et de vibrer passionnément pour elle, par la magie des mots, qu'on soit une femme, un.e ado dont le corps devient à la fois trop grand et trop étroit, ou tout simplement humain.

Tout cela dans une langue qui claque (bravo d'ailleurs à Clémentine Beauvais pour la traduction). J'ai repensé à Un bref instant de splendeur d'Ocean Vuong, une autre lecture récente venue des États-Unis qui a en commun avec celle-ci de mêler roman et poésie pour composer un texte à la fois fluide et puissant.

Un roman d'apprentissage très original et inspirant !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Attirée par la superbe couverture et par deux recommandations de blogueuses que je suis (Light and Smell et Minimouth Lit), j'ai eu envie de découvrir à mon tour cet ouvrage. J'ai apprécié le voyage même si, je l'avoue, je m'attendais tout de même à un peu plus. Avec du recul, certains protagonistes auraient pu être davantage approfondis, notamment Xavier (qui a pourtant un potentiel énorme et qui devra faire face à ses propres combats), Caridad ou le père de famille. J'ai eu l'impression que cet entourage manquait cruellement de consistance ! C'est dommage, car si on les avait vus un peu plus, mon ressenti aurait été différent et j'aurais peut-être ressenti le même coup de coeur que la majorité des lecteurs. Cependant, je comprends le choix de l'auteure qui a surtout désiré mettre en avant sa narratrice ainsi que sa génitrice… En outre, j'ai regretté que certains passages ne soient pas traduits. Bien qu'on comprenne leur sens, j'aurais voulu comprendre chaque mot…

Ce roman est écrit à la première personne et prend des allures de journal intime rédigé en vers libres. Bien que déstabilisant au début, ce procédé apporte beaucoup d'émotions. Très vite, les mots de Xiomara m'ont prise aux tripes. J'ai été bouleversée par cette héroïne à forte personnalité qui va faire entendre son cri, sa détresse, sa colère et son envie de liberté à travers l'écriture. le slam sera son salut et la plume son exutoire. Assez d'être bridée, violentée et rabaissée ! La belle adolescente à la peau noire et aux rondeurs attirantes a envie d'être amoureuse comme toutes les filles de son âge ! Elle veut être considérée, écoutée, respectée, aimée. Exister. Grâce au style simple, fluide, direct et sans fioriture, Xiomara donne l'impression d'être comme n'importe quelle adolescente. Ainsi, je pense que les jeunes lecteurs n'auront aucun mal à s'identifier à elle. D'ailleurs, sa quête identitaire et ses réflexions sont celles qui traversent la majorité des gens : l'amitié, l'affection/différence/rivalité entre frère et soeur, la découverte, les premières fois, l'amour, l'interdit, etc.

Un profond sentiment de révolte m'a animée au fil des pages. En effet, je ne pouvais rester de marbre face aux injustices quotidiennes, aux phrases déplacées sur son physique et aux situations troubles que va vivre la jeune fille. Cette dernière est surtout brimée par sa mère, une femme implacable très croyante, voire fanatique. Or, la génitrice fait réellement la distinction entre sa fille et son fils. Lorsqu'un comportement lui semble déplacé, elle n'hésite pas à brandir le drapeau de la foi. Quant au père de famille, il est tout simplement éteint et dans sa bulle. Il laisse son épouse tyrannique diriger le foyer… Et détruire peu à peu l'héroïne à petits feux ! La scène finale du carnet m'a d'ailleurs complètement chamboulée. J'avais envie de hurler avec Xiomara et ne comprenais pas comment on pouvait agir ainsi !

J'ai refermé ce livre avec émoi. C'était à la fois très intéressant, puissant et avec de beaux messages. le style des vers libres est atypique toutefois, cela peut plaire comme rebuter. Mais cela a fonctionné avec moi ! Malgré mon ressenti sur le manque de profondeur des personnages secondaires, je pense que c'est tout un texte à lire, car il fait écho à des choses du quotidien, tout en mettant en lumière une héroïne à la fois forte et combattive.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman à paraître qui m'a tout bonnement happée et séduite, Signé Poète X. J'ai hésité à faire la critique littéraire de ce livre et même à m'y plonger la tête la première dès maintenant, tout simplement parce qu'il ne sort officiellement que le 29 août. Oui, je sais, j'ai près de deux mois d'avance mais je n'ai pas pu m'en empêcher, je me suis très rapidement décidée à lire ce titre tout de suite. Et sachez que je ne regrette RIEN. Je remercie infiniment les éditions Nathan pour ce superbe envoi impromptu qui annonce une rentrée littéraire au poil de leur part et je vous invite d'emblée à noter la date du 29 août dans vos agendas car cette future parution vaut vraiment la peine que vous lui fassiez un accueil triomphant en librairies, foi de Nanette !

Ce qui m'a d'abord tapé dans l'oeil chez cet objet-livre, c'est bien évidemment sa couverture, que je trouve absolument magnifique et tout à fait à l'image du contenu de l'ouvrage, à savoir : à la fois simple et extrêmement efficace et marquante, remplie de couleurs qui explosent et qui s'impriment dans notre rétine, agrémentée aussi de nombreux mots qui résonnent en nous, qui peuvent ne sembler qu'être un bête amas de lettres mais qui, mises ensemble, percutent et ont un sens, une importance particulière à nos yeux, nous donnent à réfléchir, intensément, de tout notre être. Je me suis également rendue compte en faisant ma petite fiche de synthèse pour ce livre, comme j'essaie de le faire à chaque fois pour chaque ouvrage que j'ai achevé de lire, que c'était la deuxième fois que Nathan me permettait de découvrir une autrice de couleur engagée. La première fois, c'était avec Angie Thomas, rappeuse amatrice et avant toute chose passionnée de ce genre musical (Tupac est sa plus grande inspiration en matière d'écriture), et son roman foudroyant, hallucinant, tout simplement incontournable et inoubliable, The Hate U Give (ma chronique ici). Elizabeth Acevedo m'a quant à elle permis de vivre mon baptême du feu en matière de slam et je suis très heureuse que l'on m'ait donné l'opportunité de sortir ainsi des sentiers battus en me permettant de poser un regard nouveau, résolument plus informé et attentif, sur cette forme d'art qui était jusqu'à présent tout ce qu'il y a de plus méconnue de mon côté, et de me familiariser à une autre façon encore d'exprimer sa vision du monde et ses sentiments bruts. Une chose est sûre, c'est que les deux autrices que je viens de mentionner ont la même puissance dans leurs idées, le même engagement, la même énergie inépuisable investie dans leur ardent combat contre le racisme et l'injustice, le même désir enraciné de faire bouger les choses, la tête haute tournée dans la même direction que celles de leurs extraordinaires héroïnes, Starr et Xiomara, qui auraient pu être de véritables soeurs jumelles dans une réalité alternative. Je suis certaine que, dans la vraie vie, Angie et Elizabeth doivent être des femmes remarquables, brillantes et inspirantes pour leur entourage, car il se dégage des pages de leurs oeuvres respectives un irrépressible besoin d'appuyer là où ça fait mal, de montrer la souffrance à nue, sous son vrai visage, de ne pas se cacher derrière de faux semblants, de désobéir aux règles de cette société qui nous étouffe et nous calomnie, de se montrer téméraires et de ne certainement pas courber l'échine, sous aucun prétexte. Toutes les deux sont telles deux âmes soeurs, deux coeurs accrochés, qui doivent sûrement se connaître et, si ce n'est pas le cas, alors cette erreur, cette rencontre évidente qui n'a pas encore eu lieu, est un crime impensable à mon sens. Mais je m'en arrête là pour cette association rêvée qui s'est immédiatement faite dans mon esprit et, étant donné que j'ai déjà montré par le passé toute l'admiration que je portais à l'égard d'Angie Thomas, c'est au tour d'Elizabeth Acevedo et de son bouleversant et poignant Signé Poète X de se retrouver noyés sous mes intarissables éloges (promis, je vais faire un effort pour tenter de condenser mon propos !).

Ce qui m'a ensuite frappée une fois le livre ouvert, c'est sa rédaction singulière... en vers ! Cette expérience de lecture unique n'était certes pas inédite pour moi, mais je l'ai réitérée avec le même plaisir et la même agréable surprise que lorsque j'avais été introduite à ce genre de romans grâce à Inséparables de Sarah Crossan (un vrai coup de coeur ♥, soit dit en passant). J'ai par ailleurs pu constater que l'exact phénomène que j'avais vécu avec ce titre-ci, ainsi qu'avec Swimming Pool de la même autrice (une autre jolie pépite à découvrir séance tenante - conseil d'amie), s'est reproduit lors de mon immersion dans Signé Poète X : lors de chacun de ces trois moments de lecture, il a d'abord fallu que je m'acclimate à l'écriture résolument poétique (merci, Captain Obvious !) de l'autrice en question avant de pleinement pouvoir recevoir ce que cette dernière avait à me dire et m'imprégner totalement des émotions ressenties au cours de l'histoire. Pour ceux que cela rebuterait, il n'y a aucune crainte à avoir, bien au contraire : les romans écrits en vers nous permettent selon moi d'encore mieux savourer la beauté des mots méticuleusement choisis, de mieux goûter leur indéniable musicalité, de mieux saisir le poids que ceux-ci peuvent avoir et ce qu'ils nous évoquent, ce qu'ils représentent pour nous. J'ajouterais aussi que de lire un roman en vers, cela donne la sensation que le livre est telle une immense chanson, ou plutôt slam dans le cas présent, qui peut être interprétée avec différentes intonations, chacune reflétant l'immense palette de nos sentiments les plus profonds et humains. le fait que l'autrice soit slameuse à l'origine apporte à mon sens une certaine légitimité à sa façon de s'exprimer, bien que cette dernière nous fasse clairement comprendre qu'il est donné à tout le monde la possibilité de poser des mots sur ses maux, et ce de n'importe quelle manière dont on l'entend, y compris bien entendu le slam. Il suffit de le vouloir et de donner à nos écrits une ampleur qui nous est propre, ainsi que la force nécessaire pour s'envoler du papier et trouver les oreilles et le coeur de notre auditoire. Pour ma part, j'ai véritablement eu l'impression qu'Elizabeth Acevedo nous délivrait tout ce qu'elle avait dans le ventre et sur le coeur avec Signé Poète X, qu'elle y avait mis tout d'elle-même et qu'elle nous faisait ainsi un cadeau des plus précieux et inestimables. En tout cas, il se dégage une telle authenticité de son récit que cela nous transperce de part en part ; ça nous transcende et nous renverse littéralement, telle une gigantesque claque ou bourrasque qui nous remet les idées en place. Je lui serai toujours infiniment reconnaissante pour ce don de soi exceptionnel dont elle a fait preuve avec ce premier roman tout bonnement prodigieux.

Histoire de dire un petit mot sur la traduction française de Signé Poète X, car c'est après tout grâce à elle que ce livre peut être rendu accessible au plus grand nombre chez nous, même sans avoir lu la version originale, je pense pouvoir assurément dire que Clémentine Beauvais a respecté ce rythme particulier, propre au slam, cette façon de déclamer qui fait s'entrechoquer les mots et qui crée ainsi une résonance nouvelle, avec un impact plus fort encore. Après, je suis loin d'être une spécialiste en la matière, autant en slam qu'en traduction (cet exercice est particulièrement ardu à mon sens, même et surtout quand on l'étudie), mais Clémentine Beauvais est parvenue selon moi à rendre ce roman compréhensible pour le lectorat français sans pour autant le dénaturer. Elle a su en effet préserver habilement l'identité et les racines dominicaines et afro-américaines de ce récit de vie sidérant, ainsi que son parler de la vie de tous les jours, tout en l'adaptant à notre propre langage quotidien. le travail de haute-voltige de tout bon traducteur qui se respecte, en somme. Et Clémentine Beauvais accomplit à chaque fois cet exploit avec énormément de talent. Elle ne m'a jusqu'à présent jamais déçue et Signé Poète X ne fait pas exception à la règle.

Concernant les personnages, Xiomara, l'héroïne reconnaissable entre mille de cette bouleversante histoire, est de loin celle qui prend le plus de place. Et si notre chère Poète X a tendance à considérer cela comme une tare, c'est selon moi ce qui fait son charme et toute sa force. Xiomara est un petit bout de femme bruyant, colérique, qui ne se laisse pas faire et qui fait preuve d'un courage qui force le respect et l'admiration. Elle est tel un volcan en éruption qui a besoin de faire sortir la lave brûlante qui la ronge de l'intérieur et autant vous dire qu'avec moi, ses mots semblables à du magma en fusion ne sont pas tombés dans les oreilles d'un sourd. Parfois, ils m'ont même parus assourdissants, mais cela m'a permis de mieux me rendre compte du pouvoir merveilleux, inouï et salvateur de la parole, des doigts qui courent sur le clavier comme c'est mon cas à l'heure où je vous écris ces lignes, de l'encre et du papier. de notre voix, tout simplement, qui s'exprime grâce à un champ infini de possibilités. La souffrance de Xiomara m'a aussi rendue apte à ouvrir les yeux sur le fait que l'acte de partage de ses pensées est loin d'être anodin, que même la conversation la plus banale que l'on peut mener avec soi-même ou avec autrui est une chance inespérée car cela signifie qu'on est libres de dire, voire même tout simplement d'éprouver ce que l'on ressent au plus profond de soi. L'histoire de Xiomara nous prouve que cela est loin d'être donné à tout le monde, qu'il ne faut donc pas prendre cela pour acquis mais tout de même saisir chaque opportunité qui se présente d'être soi-même et de ne pas s'emmurer dans le silence au risque de mourir à petit feu. La lutte de tous les instants de Xiomara, cette vraie combattante qui porte sacrément bien son nom, m'a appris que personne n'avait le droit de réduire quiconque à l'impuissance, quelque soit le prétexte qu'elle invoque pour revendiquer son emprise dévastatrice : son autorité naturelle au sein de la hiérarchie familiale, sa façon de concevoir une vie réussie ou encore sa religion. Cela m'a d'ailleurs fait mal au coeur que Xiomara se sente écrasée par l'amour obsessionnel que sa mère porte à Dieu et qu'elle ne la suive pas dans ce chemin de foi à la base consolatrice et bienveillante. Mais si j'avais moi aussi fait la connaissance de notre Créateur de cette manière, sans que l'on me laisse le simple et naturel choix de croire en lui ou non, je pense que j'aurais réagi de la même façon : je me serais sentie comme enfermée dans une cage et j'aurais voulu à tout prix m'en échapper. Une chose est sûre, quelque soit nos croyances, elles ne doivent pas aveugler notre jugement ou nous empêcher de nous montrer compréhensifs et patients envers les autres, de les accepter tels qu'ils sont. Ce qui a achevé de me faire littéralement fondre avec ce roman, c'est que non seulement Xiomara s'épanouit au fur et à mesure de l'intrigue telle la magnifique fleur qu'elle est, en dévoilant et en nous partageant son propre slam, sa réelle personnalité, avec un bonheur qui est juste contagieux, mais en plus, le reste des personnages parvient à nous chambouler le coeur car ils sont tous profondément imparfaits, ils font comme tout le monde des erreurs mais on ressent chez eux une réelle envie de communiquer, d'améliorer ses relations avec autrui et de prendre sur soi afin de faire des concessions et de vivre au mieux les uns avec les autres. Je vous assure, cela fait tellement du bien, un tel message d'optimisme par rapport à la capacité d'introspection et de lucidité de l'être humain, mais aussi d'affirmation du droit à la liberté et au bonheur de tout un chacun, et surtout, SURTOUT, du droit fondamental de dire NON.

Pour conclure, j'espère sincèrement vous avoir donné envie de vous ruer dans la librairie la plus proche de chez vous le 29 août afin de vous procurer ce roman à la force absolument ravageuse qui nous apprend qu'il est normal, et même nécessaire, de suivre son propre chemin dans l'existence, et ce même si celui-ci dévie des attentes que notre entourage avait placées en nous. Elizabeth Acevedo m'a rappelé avec beaucoup de justesse et de sensibilité, avec un grand brio aussi, que nous sommes tous dignes d'être aimés comme nous sommes, à notre juste valeur. Vous verrez, Signé Poète X est telle une véritable bouffée d'air frais et d'espoir qui saura vous toucher en plein coeur, sans aucunement manquer sa cible ! COUP DE FOUDRE ϟ
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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Rédigé en vers libres, ce premier roman pour adolescent se démarque immédiatement. La force des mots, lancés comme des coups de poings et qui reflètent la puissance du slam, frappe le lecteur. Ces mots, ils expriment la voix de Xiomara, une adolescente de seize ans qui rêve de poésie mais se heurte à la violence des hommes et à l'incompréhension de sa mère.
Dans Harlem, il est difficile d'être une jeune fille ronde et belle, surtout lorsque l'on nait dans une famille très pieuse qui ne comprend pas le désir d'émancipation et de liberté. Et Xiomara à la force de s'emanciper, se construire et dépasser les affres de l'adolescence.Un roman essentiel sur la force des mots et l'importance de croire en soi qui transforme son regard sur le monde.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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critiques presse (1)
LeMonde
04 novembre 2019
Une profession de foi que l’on retrouve dans tout un courant effervescent de la littérature pour jeunes adultes, qui fait de la diversité et des problématiques politico-sociétales un combat. Mais plus qu’une exploration de la question latino-américaine, Signé poète X est le roman d’apprentissage d’une ­battante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Si la gorgone Méduse était dominicaine,
et qu'elle avait une fille, ce serait moi.
J'ai l'air d'une créature mythologique.
Un monstre chimérique, qui interrompt
toutes les conversations.

Cheveux frisés comme des départs de feu,
fusant vers le plafond. Lèvres serrées,
lames de couteau. Cils longs. Trop longs.
J'en suis presque jolie.

Si la gorgone
était dominicaine, si elle avait une fille,
mon sang toujours versé pour les exploits
de ces pseudo-héros qui nous massacrent.

Fille, de Méduse, j'apprendrais les secrets
de ces regards qui pétrifient les hommes
et les arrêtent en pleine conquête comment
ça se fait qu'ils continuent à venir ?
comment les empêcher de nous conquérir ?
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Et c'est ainsi que Xiomara
persuada le monde entier
à mains nues, les phalanges en sang
de l'appeler par son prénom,
de ne pas s'attendre à ce qu'elle soit
une sainte, mais juste une femme normale,
adulte, quelqu'un à respecter.

depuis toujours elle avait su
que le monde ne chanterai pas ses louanges,
mais elle attraper tous les
clichés qui la tenait captive,
et le rat serrer la gorge
jusqu'à ce que d'une voix étranglée
Ils soufflent enfin la vérité.

On se rappellera Xiomara
sous bien des angles : la lycéenne,
le miracle, la jumelle aimante,
la petite fille toujours incomprise.

Mais plus essentiellement encore,
on se rappellera l'effort
qu'elle fit toujours pour devenir
la guerrière qu'elle voulait être.
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"C'est la première fois qu'on m'a donné un endroit où faire une collection de pensées. C'est un peu comme s'il me disait que d'une manière ou d'une autre, mes pensées avaient de l'importance. A partir de ce moment, j'ai écrit quelque chose tous les jours. Parfois c'est comme si écrire, c'était le seul moyen de pas souffrir."

"C'est pas parce que ton père est présent qu'il n'est pas absent."

"Parfois la meilleure façon d'aimer quelqu'un c'est de le laisser."

"Un truc bien quand on est amie avec quelqu'un, c'est qu'on l'aide à devenir elle-même, mais en mieux, on lui donne un refuge contre la solitude."

"Le monde est presque en paix quand on cesse d'essayer de le comprendre."

"La liberté, c'est un tellement grand mot. Trop grand : comme un gratte-ciel que j'observe depuis la rue mais dans lequel je n'ai pas le droit de monter."

"Et il me semble que ces mots dont je blesse les pages réparent quelque chose en moi."

"Les mots, ça donne la permission d'être soi-même. De l'être complètement."
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Jumeau est plus vieux que moi d’une heure –
tout s’est compliqué avec mon arrivée –
mais on dirait pas que c’est lui le plus âgé.
il est plus doux que moi de plusieurs années.

Quand on était petits, je rentrais
les poings en sang, et Mami s’emportait,
me secouait, « Muchacha, siempre peleando!
Quand est-ce que tu deviendras une vraie demoiselle ?
prends exemple sur ton frère, qui ne se bat jamais !
Dieu réprouve les bagarres ! »

Je croisais le regard de Jumeau,
et jamais j’ai dit à Mami que lui,
il ne se battait pas, parce que ses poings
c’étaient les miens. Mes mains
avaient appris à saigner
quand d’autres gamins le harcelaient.

Mon frère est né comme naît la brise :
frêle, se frayant un chemin parmi les feuilles.
moi je suis née bourrasque, et j’arrache à la terre
quiconque tente de faire du mal à mon frère.
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Elle m'a traînée à l'église
comme on emmène un prisonnier en taule

et j'ai pas le temps de lui dire que Jésus,
pour moi, c'est devenu
un peu comme un ami d'enfance

qui tout à coup redébarque, qui a changé,
qui s'incruste chez toi sans demander,
qui t'envoie des sms tout le temps,

et cet ami j'ai l'impression que j'en ai plus besoin maintenant.
Je sais, je sais... écrire ces mots, c'est déjà un blasphème.
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Découvrez une interview d'Elizabeth Acevedo sur son dernier roman Poète X!
SIGNE POETE X Dans un monde qui ne veut pas l'entendre, elle refuse de rester silencieuse. Résumé : Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet d'et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n'est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l'apaise, c'est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu'elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu'au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L'occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix. Dès 14 ans.
Plus d'informations sur l'ouvrage ici : https://www.nathan.fr/catalogue/fiche-produit.asp?ean13=9782092587294
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