Le docteur Lewis Ted Crawford a été condamné pour un meurtre dont il est innocent mais les charges qui pesaient sur lui étaient lourdes. Pas d'alibi, un de ses boutons de manchette retrouvé chez la victime et des témoins qui affirment l'avoir vu sur les lieux au moment du crime suffisent à l'envoyer en prison lors d'un procès où son avocat se révèle maladroit et durant lequel il préfère plaider finalement coupable plutôt que de compromettre l'épouse d'un politicien dont il est l'amant.
Après avoir passé trois années à Ossining qui l'ont physiquement transformé, Crawford est libéré mais sans argent et abandonné de tous ceux qui furent ses amis, il change de nom, quitte New-York pour Buffalo et rencontre l'ex-compagne d'un codétenu devenant par le jeu d'une fatalité implacable le médecin d'un gangster, Ralph Big Stryke qu'il sauve de la mort et l'ami de Dick Mahonney, l'ex-docteur de la bande que Stryke voulait éliminer et dont il obtient la grâce. Il apprendra plus tard de la bouche même de Mahonney qui veut soulager sa conscience que celui-ci a été à l'origine de sa condamnation dans une machination ourdie par le politicien trompé au courant de son infortune conjugale.
Dick Mahonney fera en sorte de perdre le politicien et d'offrir à Crawley une vengeance qui le conduira à se retrouver, comme l'avait prédit le gardien-chef d'Ossining, à nouveau à
l'ombre du grand mur.
Ecrit en 1942 et refusé par les Publications Ventillard qui jugent l'oeuvre trop littéraire, "
L'ombre du grand mur" est publié en 1944 à la S.E.P.E.
Francis Lacassin, directeur de la série "Bouquins" aux
Editions Robert Laffont le qualifie de "roman doux" peut-être à cause de cet aspect littéraire dont il se pare. Pourtant il s'agit d'un vrai roman noir qui respecte les codes du genre, notamment celui de la vision dramatique, sombre et funeste d'un destin qui s'acharne et contre lequel il semble inutile de lutter ou encore la collusion entre le pouvoir politique et la pègre et, s'il fait l'impasse sur l'argot généralement utilisé, "
L'ombre du grand mur" s'ancre dans une américanité légitime à l'origine même du roman noir avec des auteurs comme
Dashiell Hammett ou
W. R. Burnett, en reprenant des thèmes et des protagonistes américains, situant son histoire comme il se doit aux Etats-Unis comme
Léo Malet le faisait à l'époque en signant sous le pseudonyme de
Frank Harding les aventures du journaliste
Johnny Metal chez Ventillard avant de créer le détective Nestor Burma qui allait assurer sa notoriété internationale et de ramener sur notre sol l'école du roman "dur à cuir" dont il est sans conteste l'inventeur en France.