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EAN : 9782266244138
1056 pages
Pocket (10/04/2014)
3.71/5   38 notes
Résumé :
Ring. "Ceux qui regardent ces images sont condamnés à mourir dans une semaine, exactement à la même heure..." Kazayuki Asakawa déglutit, les yeux rivés sur l'écran de télévision. Au fond de lui-même, il sait que c'est vrai, que ce n'est ni une plaisanterie, ni une menace en l'air. Il sait que les quatre adolescents, dont sa propre nièce, qui ont regardé ensemble la cassette vidéo avant lui sont morts. S'il veut survivre, il lui faut comprendre... Double hélice. Lor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Envie de relire Ring de Suzuki Koji une quinzaine d'années après ma première lecture. Celle-ci m'avait bien fichu les chocottes! Masochisme? Peut-être un peu.

En fait, la relecture d'un livre induit généralement une approche différente. On se fixe moins sur l'intrigue elle-même que sur les à-côté, le contexte, les détails, etc. Entretemps, mes connaissances sur le Japon et la société japonaise m'ont permis une meilleure appréhension de certains comportements, certains faits. La vie de couple japonais par exemple : peu de temps et de paroles échangés par le couple Asakawa, pourtant mariés seulement depuis quelques années. Parents d'une petite fille d'un an et demi, toute sentimentalité semble absente et l'on imagine sans peine qu'ils font partie des couples dits "sexless" par les psychologues et les sociologues. Couples de la sorte nombreux au Japon, ce qui n'aide pas à relancer la natalité.

Mais revenons à Ring. Cette histoire de cassette vidéo maudite reste palpitante même en en connaissant le dénouement. La narration est soutenue et tendue, rythmée par l'échéance des sept jours laissée par la malédiction. Et ça passe vite une semaine, quand sa vie est en jeu, foi d'Asakawa Kazayuki, le journaliste qui a enquêté sur les morts mystérieuses de quatre jeunes gens au même moment et de la même façon (le premier chapitre est un pur régal d'épouvante)!

Le roman d'horreur japonais se rattache à une tradition liée à l'existence d'un riche folklore basé sur les démons, appelés yôkai ou ôni selon leur espèce. Les récits de fantômes sont récurrents dans l'histoire de la littérature nippone, avec en toile de fond la persistance d'un fort ressentiment après la mort qui trouve un exutoire dans la hantise ou la malédiction. Aussi Ring perpétue avec efficacité  une tradition fantastique littéraire âgée de plusieurs siècles.

Après cette appréciable remise en mémoire des éléments du premier tome, à moi les suivants!
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L'intégrale
Kôji Susuki
Pocket 2014
Pour les pressé(es) :

Cette intégrale est une belle réédition d'une trilogie — qui date de 1991 (T1) – '95 (T2) – '98 (T3) — à l'occasion de la sortie du nouvel opus proposé par l'auteur : « Sadako » (titre original « S », 2012) publié chez Fleuve Éditions en avril 2014. Ring est connu du grand public depuis l'adaptation cinématographique en 1998 pour l'original et surtout pour le fameux remake américain « le cercle » en 2002.
Attention, les livres n'ont rien à voir avec les films. Il y a bien un concentré solide de ce qu'il y a dans la trilogie réutilisé dans les films, mais dans l'ensemble c'est fort différent. À aborder d'un oeil neuf donc ; nettoyé d'attente d'extrême épouvante à chaque page tournée. Au contraire, vous devrez vous armer de patience.

Le tome 1 est une entrée en matière soft, une trop grosse partie des tomes 2 et 3 sont à la limite écoeurant à cause de la lourdeur, du bourrage de crâne. Cela dit, le retournement de situation inattendu où science médicale (pandémie, génétique), haute technologie informatique (virtuel, programmation à la Matrix), philosophie à la B.Werber proche du cycle des Dieux (croyance, la place de l'homme sur la terre, ses origines, l'existentialisme, la prise de décision, une autre vision du monde…), la frayeur à la S. King, sont au rendez-vous. Un tout pour lequel il faut prendre son temps. le souci du détail scientifique est exacerbé, mais au-delà de ça, le concept est étonnant d'imagination ; toutes voiles dehors vers une autre dimension très proche de la réalité, saupoudré de genre fantastique intrigant et quelques fois effrayant.


Pour celles et ceux qui ont le temps

TOME1 : RING (1991)
Un journaliste de Tokyo, Asakawa, est embarqué dans une enquête au caractère très étrange. Deux adolescents meurent subitement de la même manière à deux endroits différents. le médecin légiste conclut à la crise cardiaque dans un premier temps et l'affaire aurait pu s'arrêter là. Même si le principe du hasard laisse dubitatif, cette cause de décès reste plausible. Car, qui ne meurt pas des mêmes symptômes le même jour sur notre planète sans que cela n'inquiète quiconque ? Pourtant, Asakawa persiste — d'autant plus qu'une des malheureuses victimes est sa nièce — et grâce aux éléments découverts, il comprendra très vite qu'il y a une cause anormale au phénomène. Il pourra compter sur l'aide de son ami, un universitaire loufoque et très intelligent qui se délecte de ce genre d'énigme aux apparences insurmontables : le professeur Ryuji. de fil en aiguille, ce qu'ils vont trouver dépasse l'entendement. Non seulement il n'y aura pas eu deux, mais bien quatre jeunes morts de la même manière le jour fatidique. Alors là, la question du hasard est balayée. Il se passe quelque chose d'anormal. Les hypothèses vont du phénomène paranormal à une épidémie. le plus incompréhensible reste ce fait qui relie les victimes entre elles. Ils ont tous regardé une cassette vidéo glauque une semaine avant leur fin brutale. Quand Asakawa et son ami auront visionné l'enregistrement, un appel téléphonique les mettra en garde, à ce moment-là ils sauront qu'ils n'ont plus que sept jours à vivre. Sept jours pour démêler un mystère. Sept jours pour conjurer ce qu'ils qualifièrent d'un sort maléfique.

Avis
C'est un roman au caractère calme. Il a tendance à stagner au départ comme si l'auteur recherchait encore une voie pour mener le projet à son terme. À la lecture, le lecteur peut ressentir un recul imposé de l'écrivain, une sorte de retenue, presque un manque d'implication qui maintient le texte dans un cadre d'un récit journalistique classique.
Néanmoins, il y a une reprise de rythme après quelques chapitres où le second souffle est trouvé et termine une histoire dont la fin reste ouverte. L'ensemble appartient au genre science-fiction. Plus précisément, la teneur principale abrite un récit de fantaisie urbaine tintée d'épouvante – par intermittence. La psychologie paranormale est un sujet mainte fois exploité, mais Susuki apporte une touche nouvelle et audacieuse. Il y ajoute – entre autres et principalement — la réflexion sur les origines de l'Homme. C'est ce qui pousse à aller plus loin. Lent peut-être, mais intriguant. Une autre ligne qui assure la réussite du récit est l'investigation. Elle n'est pas surprenante, mais suffisamment nourrie d'inexplicable pour la rendre attirante. Il s'agit tout de même de conjurer un sort. Au fil de l'histoire, le malaise du journaliste Asakawa devient contagieux. Donc, c'est une belle première quand même. Ce n'est pas un page turner diabolique. J'ai l'impression que c'est typique dans la culture asiatique de prendre son temps et d'ajouter des longueurs (souvent justifiable) : ex : Murakami (1Q84), Eiji Yoshikawa (La Pierre et le Sabre)… Soit, ce premier livre est d'une grande inventivité, traité avec sérieux et il m'a séduit.


Tome 2 : Double hélice (1995)

Ando, médecin légiste à Tokyo, est confronté à un cas particulier. le corps qu'il doit autopsier est un ancien ami de la FAC de médecine qui évoluait dans le milieu universitaire. Ce cadavre n'est autre que Ryuji. C'était un élève brillant et expansif à l'époque. le plus inconcevable dans ce fait triste et nostalgique, c'est le bout de papier que le docteur découvre dans le corps du défunt avec le mot « RING » noté dessus. Il se souvient des défis de décryptage de petites énigmes qu'ils avaient l'habitude de se lancer à l'université. le plus effrayant, c'est que ce mot n'était pas là la première fois qu'il avait examiné le corps. Avec beaucoup de réticences, de doutes, Ando rassemble les pièces d'un puzzle déstabilisant. Il va découvrir l'histoire d'une cassette dont le contenu tue ceux qui la regardent ; la cause des décès cumulés qui révèlent des similitudes à celle de son confrère ; les personnes concernées telles que Asakawa (le journaliste qui démarra l'enquête il y a quelques mois) devenu peu loquace — et pour cause, le pauvre est dans le coma —, Maï l'amie étudiante fidèle de Ryuji qui disparaît soudainement. Pour ne pas sombrer dans le désespoir suite au récent décès de son jeune fils de près de 5 ans et de la fin de son mariage ; il se donne entièrement à cette étude de cas d'une complexité peu commune. Probablement le plus grand défi de décodage qu'il n'a jamais rencontré.

Avis

Une histoire de transition. Après la parapsychologie, thème majeur du tome 1, ici, la particularité est la recherche d'une réponse médicale objective quant à la cause des décès survenus brusquement sans aucune explication. Une tentative de répondre avec un esprit cartésien pointu à une répétition anormale de décès brutaux chez des individus dont la santé ne présageait aucun symptôme annonciateur. Automatiquement, la science se retourne sur la question d'une infection virale de masse qui croît rapidement. Une pandémie mettant en danger la race humaine…
De nouveau, la mort d'un être proche, la panique, le choix de croire ou non sont récurrents. Jusqu'au personnage : comparez Ando et Asakawa (le journaliste du tome 1), ils sont tous les deux fébriles, quasi dépressifs, ils manquent de force de caractère et la déduction est leur bouée de sauvetage. Il y a aussi les opposés qui complètent les faiblesses des deux premiers, les savants un peu fous, dynamiques, francs et amusés : Ryuji (intervenant dans le tome 1) et Myashita.
L'impression que l'auteur s'était relâché par rapport au premier tome, de par le démarrage en trombe, moins nuancé et visant le divertissement plus que tout ; c'est très vite estompé.
Le bon côté est ce parti pris du raisonnement rigoureux choisi pour comprendre l'inexplicable. On plonge dans le décryptage, dans le système de démonstration logique qui aboutit à des conclusions perturbantes. L'auteur a peut-être coupé les cheveux « en huit » pour nous sortir la « double hélice »…
A contrario, cet aspect intelligent proche du hard science – même s'il est allégé par du fantastique pour tenter d'ajouter du « peps » à la lecture, est lourd et doublement répétitif —, car en plus, l'auteur n'a de cesse de rappelé les évènements du tome 1.
L'un dans l'autre, le lecteur armé de patience aura quand même envie de connaître la finalité de ce mélange d'hypothèses, de thèses et de conclusions. La fin qui reste ouverte sous-entend une orientation anticipative, et qui sait, un futur apocalyptique…
Avis mitigé donc, pour cet entre-deux qui — bien qu'il soit très intelligent — manque de dynamisme.


Tome 3 : La boucle (1998)

Kaorou était déjà un jeune prodige à l'âge de 10 ans. Fils de Hideyki Futami (un chercheur en informatique) et d'une mère passionnée par les rites anciens (comme ceux des Indiens), ce jeune homme a connu une enfance heureuse pleine de bonnes instructions et d'amour. Adulte, devenu docteur en médecine, il redécouvre un phénomène qu'il avait déjà révélé étant gamin, en rapport avec le sujet qui le passionne « l'origine de la vie » : la relation entre la carte des sites de longévité et celle des anomalies de pesanteurs négatives. Comment en est-il arrivé là ? Un mal tue petit à petit. Un cancer ? Kaorou est amené à tenter de comprendre la mystérieuse mort qui ne touche que les informaticiens, dont son père, qui travaillait sur le projet « La boucle ». Une course au savoir pour déceler peut-être la réponse à ses questions existentielles.

Avis

Pendant une grande partie du livre, l'auteur est monté d'un cran dans l'élaboration d'un précis médical. Il intensifie la lourdeur n'apportant qu'une intrigue timide… le lecteur se demande pendant 130 pages au moins (1/3 du livre), quel est le rapport avec tout le reste de la trilogie, si ce n'est la reprise d'événements tant de fois réexpliqués. le hic est la surabondance d'explications pointilleuses qui freine la course au plaisir. Les thèmes abordés restent identiques aux autres volumes : les aléas de la vie, la mort, l'amour, l'amitié, et surtout la perte d'un être cher avec tout ce que cela implique sur le plan personnel…
L'auteur s'éloigne à chaque tome (surtout depuis le tome 2) de son intrigue de base fondée sur la peur et le paranormal. Cherche-t-il son échappatoire en même temps qu'il écrit ? Probablement.

Et PUIS,
environ à mi-chemin, la vraie grosse surprise est au rendez-vous. Un déblocage très frappant surgit de la catatonie calculée pour carrément redéfinir l'approche de la trilogie entière. Au final, c'est un sacré beau coup de récupération. Tout se tient, c'est propre et d'une incroyable inventivité
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(Critique de Ring seulement, non des deux tomes suivant)

Voilà une lecture des plus intrigantes. Le peu d'attentes que j'avais a été complètement dépassé et détourné. À noter, avant la critique, que je n'ai regardé aucun des films avant la lecture, et que par l'osmose culturel, j'étais déjà au courant du puits, de la VHS hantée, du coup de téléphone et de la fille pâle aux longs cheveux noirs qui en est la cause. C'est tout. Je ne savais rien d'autre.

LE LIVRE :

Il s'agit d'une intégrale de la série en version Pocket, un pavé rouge venant avec un ruban qui indique que le livre a été porté à l'écran. Je recommande de plier ce ruban et de s'en servir de signet, car il est assez gênant pendant la lecture et il n'a aucune utilité sinon ça. Visuellement, le livre est plutôt sobre mais un peu banal. Les lettres ont un reflet différent, la couverture n'est pas très robuste mais le dos est quand même solide.

Après environ un mois de manipulations et de voyages au fond d'un sac, la page couverture est toujours repliée, il y a plusieurs entailles, un recoin est déchiré et accumule les saletés. Beaucoup des pages minces et fragiles sont pliées, creusés, salies et aux rebords brunis. C'est une édition de poche, ce n'est pas un Beau Livre avec des majuscules, donc je m'y attendais.

LE TEXTE :

Commençons par la prose. Troisième personne au présent, mais avec des divagations en première personne (longues de quelques paragraphes et plutôt distancées) qui, à mon avis, sont trop peu contextualisées et donnent l'impression que Suzuki avait oublié qu'il écrivait en troisième personne. La prose ne s'envole jamais et, selon cette même mentalité, n'attire jamais l'attention sur elle-même, ce que je peux tout à fait respecter.

J'ignore si c'était là l'intention de Suzuki, mais il n'y a aucune honte à un livre qui s'occupe strictement de l'histoire. Très peu de moments poétiques ou de phrases remarquables, mais toutes les phrases sont à leur place, le récit coule comme il se doit et Suzuki ne divague pas trop et sait où il nous emmène. La prose est digérable, si j'avais à la comparer à de la nourriture, je dirais que c'est de l'eau; aucun goût, neutre. J'ignore quel degré de sa plume s'est perdu dans la traduction, mais quoi qu'il en soit, je n'ai aucun grand problème contre sa maîtrise des mots, bien que je préfère le passé et la troisième personne.

Il m'était venu l'impression, au début de ma lecture, que le texte était écrit comme un scénario de film, ou dans l'intention de faciliter une telle chose. Autrement dit, je croyais que la prose ne ferait pas plein usage du format écrit, ce qui s'est avéré faux assez vite. Plusieurs fois Suzuki utilise le format pour créer et évoquer des sensations impossibles à l'écran, ce qui justifie à mon sens que l'histoire soit un roman.

Je ne sais pas si le manque d'artifices dans la prose est dû à la traduction ou non. Il s'agit là de mon premier roman japonais, je sais que ce sont deux langues très différentes et que beaucoup peut se perdre en traduction, mais je n'irais pas jusqu'à blâmer quoi que ce soit sur le traducteur. J'ai, cependant, croisé une ou deux coquilles, chose étrange à voir dans une intégrale. Rien de trop grave, aucun mot mal épelé, juste des mauvais mots, issus selon mon expérience de l'inattention, des doigts qui glissent sur les touches (par exemple, à un moment, il est écrit « pas » au lieu de « par »).

Au sujet du style, bien que banal, il fait son travail et il n'exsude aucune prétention. Plusieurs fois je me suis surpris à sortir mon crayon et à rayer des phrases complètes qui répétaient une information déjà dite quelques pages plus tôt ou qui expliquaient une chose évidente qu'un enfant comprendrait. C'est la première fois que je me permets de faire autant de marques dans un livre, l'éditeur imaginaire en moi rageait dès qu'il y avait la moindre répétition stupide.

Je pourrais faire un commentaire, dire que ce phénomène d'énoncer l'évident s'applique à la majorité des fictions japonaises, mais ce serait sans doute une hyperbole, une généralisation, et seulement issu de ma perception biaisée de la chose, n'étant pas tant familier avec l'ensemble des arts de ce peuple. Je tiens seulement à souligner que le stéréotype des animes, où les personnages disent à voix haute ce qui se produit sur l'écran, est ici bien présent. Et ça m'énerve.

Maintenant, le contenu en soi. Le récit est très bien ficelé, j'étais surpris au début de voir à quel point Suzuki était concis et précis. Aucune scène ne me parait superflue, et celles qui pourraient être ôtées demanderaient quand même beaucoup d'ajustement ailleurs dans le texte pour justifier leur absence. Donc chapeau à l'auteur, il a le sens du rythme, il perd peu de temps et sait sur quel point émotionnel mettre l'emphase.

La relation d'Asakawa avec sa femme et sa fille se ressent, on le voit se donner corps et âme pour eux, plusieurs fois on le voit divaguer et se faire du sang de cochon à l'idée qu'elles soient en danger. C'est donc brillant de la part de Suzuki qu'elles aient aussi regardé la vidéo, car ça hausse l'enjeu et tend davantage la tension, et ça donne une motivation décuplée de résoudre le mystère.

Ryuji m'a laissé songeur. Je dois l'admettre, je n'ai pas tout à fait compris ce que Suzuki essayait de dire en rapport au viol, donc je ne vais pas taper l'ours. Je ne serais pas surpris si des gens sont offensés par la façon dont le viol est présenté et discuté dans le roman. Il n'y a rien de graphique, mais disons que sa place dans l'histoire (à part ce qui concerne la mort de Sadako) est assez étrange, d'un lien logique ténu avec la tragédie de Sadako, affiché comme une sorte de pouvoir maléfique mental qui s'éprend des hommes par hasard, comme un vieil instinct primaire et sauvage qui refait surface. Le tout projeté sous l'angle que l'acte se produit malgré eux. Je ne connais rien au viol, je suis un vrai ignare sur ce sujet, donc je vais éviter de m'étendre dessus – mais même moi, j'ai trouvé étrange la façon dont il était traité. Je crois comprendre ce qu'il essaye de dire, et d'où vient son point de vue, mais c'est une façon vraiment bizarre et maladroite de traiter de la chose.

Mais Ryuji, en tant que personnage, j'ai trouvé des plus fascinants. L'homme qui veut voir le monde être détruit, le grand pessimiste mais aussi le grand réaliste, le grand sérieux, le grand penseur et, quand vient le temps, le petit homme émotionnel qui sait rire et profiter du moment. Une contradiction sur pattes. Un personnage qui détonnait, qui exerçait un parfait contrepoids à la nature sporadique et émotive d'Asakawa. Les deux allaient bien ensemble, et dès qu'il est entré en scène, le roman est devenu beaucoup plus captivant.

Les descriptions vers la fin donnent encore plus de dimensions à son personnage, le décrivant comme une sorte d'âme errante, quelqu'un de confus qui jouait des rôles pour compenser, impression facile à avoir pendant toute la lecture. Et (spoilers) il est particulièrement poignant de voir qu'il commet le même acte, avant sa mort, qu'Asakawa a fait quand ils achetaient l'équipement pour déterrer Sadako, soit d'appeler une personne qu'il aime, même si ça n'avance rien à la situation.

J'aurais aimé en avoir plus de Ryuji. Mon voeu serait exaucé dans les suites, selon ce que j'ai rapidement lu du reste du pavé, mais après une visite sur Wikipédia, j'ai vite changé d'idée. Il y a (selon ce que j'ai compris) une histoire de ressuscitation, de réincarnation, de Ryuji qui est né de Sadako, du virus qui prend d'autres formes, et ça semble devenir tout un bordel incompréhensible sur lequel je ne m'attarderai pas. Ring est bien à lui seul, je n'ai aucune envie ou raison de continuer ma lecture. D'autant plus que l'existence de suites gâche la fin merveilleusement ambiguë et sinistre. J'aimais bien l'aspect un peu fou-fou et pseudo-scientifique de Ring, mais les suites semblent déraper dans tous les sens et y aller à fond avec l'absurde.

PLAISIR DE LECTURE:

Une bonne lecture. On ne s'arrête pas pour admirer la vue, mais le train roule vite, il y a peu d'arrêts, peu de vagabondage, l'histoire est solide et sait où elle va. Le début est un peu sec et ennuyant, mais le récit devient vite captivant; Ryuji le rehausse, le compte à rebours l'ancre fermement dans un bon rythme, et au dernier tiers c'est devenu un véritable tourne-page.

Ce n'est pas de l'horreur, par contre. Psychologique peut-être, une sorte de thriller, mais il n'y a pas de fantôme, de fille qui passe par la TV pour ramper par terre. C'est surtout un mystère, quasiment policier, qui a un tournant très morbide et nihiliste. Mais si ça sonne comme votre genre de lecture, alors je le recommande.
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Asakawa est un journaliste qui enquête sur les circonstances étranges de la mort de sa nièce. Il va alors découvrir une cassette vidéo qui condamne toute personne la visionnant à mourir dans sept jours. À partir de là s'enclenche une course contre la montre afin de trouver une échappatoire à cette malédiction sans merci.

Le premier tome de la trilogie est prometteur. On évolue dans un thriller paranormal au rythme bien dosé, qui instille une tension tout au long des pages. Bien que les personnages ne soient pour la plupart pas particulièrement attachants, abordés superficiellement, l'auteur parvient à nous captiver grâce à une intrigue de qualité.

Dans le deuxième tome, "Double hélice", l'enquête se poursuit mais avec de nouveaux protagonistes, et s'oriente davantage vers le polar scientifique, délaissant l'atmosphère oppressante du premier volume pour un récit ayant moins de suspense. La trame reste néanmoins prenante, et c'est intéressant de mêler la science au paranormal, pour tenter de donner des explications aux phénomènes surnaturels. le final est inattendu, assez renversant, une fin douce amère qui m'a touché.

En revanche, si ces deux premiers tomes se sont révélés convaincants, je n'ai pas trouvé que le dernier était pertinent. L'histoire met du temps à démarrer, et se transforme en récit de science-fiction qui va beaucoup trop loin. J'aurais préféré que ce volet soit un bonus à la série (une fin alternative) plutôt qu'un troisième tome officiel, le dénouement du second se suffisant à lui-même. le point positif de ce dernier volet sont les personnages, que l'auteur arrive mieux à dépeindre au fur et à mesure que l'on progresse dans la trilogie.

Un autre bémol que j'ai remarqué, mais qui est surtout spécifique au premier tome, sont les personnages féminins qui sont souvent réduits à leur physique. Il y a deux évocations de viols, la manière dont ils sont abordés est un peu ambiguë. On sent tout de même que l'auteur ne cherche pas à les cautionner, même s'ils sont un peu trop romancés.

Je recommande donc cette série à ceux qui aiment les thrillers paranormaux et scientifiques, dans un univers à la limite de la science-fiction pour le troisième tome. Une suite est sortie en 2012, "Sadako", mais j'hésite à la lire au vu des avis globalement négatifs.


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Cet impressionnant volume contient trois romans de Suzuki présenté comme le Stephen King japonnais. Des films (japonais et américain) en ont été tiré, mais je ne les ai pas vus, je n'ai donc pas été influencés par eux. D'après la critique, la version japonaise est excellente et l'américaine complètement ratée. Je connais très peu la littérature japonaise et ce livre n'était pas un premier choix, mais j'en ai hérité car il n'intéressait personne, je le précise pour tempérer ma critique, en particulier du tome 3.

Ring : c'est certainement le livre le plus connu de Suzuki, ce fut un immense succès de librairie. Une jeune fille de dix sept ans meurt brutalement d'une crise cardiaque, ainsi qu'un jeune homme de dix neuf ans, tous les deux au même moment. le médecin conclut à un problème cardiaque, ce qui est possible chez des adolescents, même si c'est très rare. Asakawa est journaliste à Tokyo et oncle de la jeune victime. Il a connu un gros échec professionnel deux ans auparavant et désire plus que tout se racheter en écrivant un article formidable. En même temps, il ne peut croire à une coïncidence pour les décès de ces deux jeunes, il enquête et se rend compte que ce sont quatre adolescents qui sont morts en même temps d'un arrêt cardiaque, il cherche ce qui les relie avec l'aide de son ami Ryuji, un professeur d'université un peu loufoque qui se passionne pour les énigmes. Il s'agit d'une cassette vidéo trouvée dans un centre de vacances, elle est faite d'images assez étranges et surtout elle annonce que tous ceux qui ont vu les images mourront exactement une semaine plus tard, sauf s'ils se conforment aux instructions qui suivent. Malheureusement les jeunes n'ont pas pris le message au sérieux, n'ont pas fait ce qu'on leur demandait et surtout ont effacé la fin de la cassette. Plus personne ne sait que faire, Asakawa et son ami se lancent dans une course contre la montre pour stopper la malédiction de la cassette.

Double hélice : Mitsuo Ando est professeur de médecine légale et médecin légiste. Il est en pleine dépression suite à son divorce. Son petit garçon de quatre ans s'est noyé tandis qu'il devait le surveiller sur la plage et son mariage n'a pas résisté au drame. On lui demande d'autopsier le corps de son ami Ryuji, un ancien condisciple passionné d'énigmes. Mitsuo est franchement inquiet, car lors du deuxième examen du corps de Ryuji, il trouve à l'intérieur un morceau de papier sur lequel est marqué le mot « Ring » qui ne s'y trouvait pas lors du premier examen. de plus la victime semble décédée des suites de la variole, pourtant éradiquée depuis plusieurs décennies au Japon. le médecin essaie de rassembler les pièces de ce puzzle épars et fait le lien avec le tome 1 de la trilogie Ring sur laquelle l'auteur revient avec moult détails et explications.

La boucle : Dernier tome de la trilogie et au début on a vraiment l'impression que c'est la pièce de trop, que l'auteur a vraiment voulu rajouter un troisième roman pour faire une trilogie, mais que ce roman n'a rien à faire là. Kaorou est depuis son enfance un génie de l'informatique et de la science, il se passionne pour les anomalies gravitationnelles et leur impact sur la longévité humaine. Devenu adulte il est un médecin et un chercheur brillant. Ses recherches portent sur une forme de cancer qui semble virale et ne touche que des chercheurs et des informaticiens de haut niveau dont son père. La première moitié de ce volume est assez insupportable à lire, il ne se passe rien et nous somme abreuvés de vocabulaire médical et scientifique jusqu'à plus soif. A ce moment, Kaorou fait le lien entre ses propres recherches et Ring, ce qui nous vaut une nouvelle et longue explication d'éléments dont Suzuki a déjà longuement parlé ailleurs. Mais cela débloque aussi la fin de l'histoire et apporte un dénouement surprenant qui redéfinit toute la trilogie.

J'ai beaucoup aimé Ring, même si le rythme est lent et que l'histoire a de la peine à démarrer, mais je crois que c'est typique de la littérature japonaise. Cette partie bascule peu à peu dans le surnaturel avec un fantôme bien inquiétant. Il se dégage une angoisse subtile et sourde qui contamine le lecteur. J'ai même rêvé que le méchant fantôme me poursuivait, c'est dire. La deuxième partie est nettement moins fantastique, Mitsuo essaie de donner une explication rationnelle et scientifique, même s'il reste un soupçon de fantastique. La troisième partie n'en contient plus du tout, on est plutôt dans un livre de science fiction qui n'a plus grand chose à voir avec le début de l'histoire et malgré le dénouement très surprenant et ingénieux, ce tome 3 est vraiment très très indigeste, du moins pour les personnes pas intéressées par le genre science fiction et peu au fait de la littérature japonaise. Et j'avoue que je ne l'aurais jamais fini si je n'y avais pas été obligée. C'est sans doute en référence à la première partie qu'on a comparé l'auteur avec Stephen King.

Les personnages manquent de profondeur à mon avis, quant aux thèmes traités, en dehors du fantastique ce sont surtout les aléas de la vie, la mort, l'amour, le sens de la vie, l'amitié mais surtout la souffrance causée par la perte d'un être cher et la difficulté à faire le deuil. Un autre point très ennuyeux, c'est que les mêmes éléments sont expliqués et repris de nombreuses fois au cours du livre ce qui rajoute encore quelques longueurs à ce pavé.

J'ai un avis assez mitigé, j'ai beaucoup aimé le premier tome, trouvé le deuxième moins intéressant mais encore supportable, par contre le troisième ne m'a pas plu du tout.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
À l'heure actuelle, la tuberculose n'est plus considérée comme une maladie grave, mais les romans d'avant-guerre y font souvent allusion. Thomas Mann a profité de sa tuberculose, si l'on peut dire, pour écrire son roman La montagne magique, et l'écrivain Motojiro Kajii a décrit les différentes phases de sa propre dégradation physique causée par le bacille de Koch. Mais la découverte de la streptomycine en 1944 et de l'hydrazide en 1950 firent disparaître de la littérature le thème de la tuberculose qui fut désormais traitée comme une simple maladie infectieuse.
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Pour surveiller les comportements [des hommes], le Grand Esprit qui était aussi le père de la Nature, avait décidé de placer un œil sur la cime d'une montagne. L’œil était immense, mais à lui seul il ne pouvait pas surveiller tous les hommes en même temps, dans toutes les directions et, en cachette, certains finirent par commettre des actions qui allaient contre la volonté du Grand Esprit.
Alors, celui-ci décida d'enfouir l’œil dans le corps des hommes, pour qu'ils ne puissent jamais échapper à son regard.
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Il y a vingt milliards d'années, l'Univers aurait été créé par une terrible explosion. La forme de l'Univers, depuis sa création jusqu'à nos jours, peut se démontrer mathématiquement. En utilisant des équations de calcul différentiel..., c'est vrai, on peut démontrer à l'aide du calcul différentiel la forme de l'Univers. Cette méthode permet très précisément de connaître la forme qu'il avait il y a cent millions d'années, dix milliards d'années, ou une seconde et même un dixième de seconde après l'explosion. Mais on a beai remonter le temps de la façon la plus précise, jusqu'au moment zéro de l'explosion, on est incapable de savoir ce qui l'a déclenchée. Et encore une chose : que va devenir notre Univers?... Y a-t-il eu un début, y aura-t-il une fin? On n'en sait rien du tout. Nous connaissons seulement la période située au milieu. Tu ne trouves pas qu'il y a des similitudes avec la vie?
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On peut faire face avec une certaine force à une catastrophe que l'on sait imminente et qu'on a directement sous les yeux, mais attendre sans savoir ce qui va nous tomber dessus est insupportable, ainsi le veut la nature humaine.
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Les hommes lui paraissaient être des enfants qui ne veulent pas grandir.
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Vidéo de Koji Suzuki
"Le Cercle : Rings" (2017), film d'horreur américain réalisé par F. Javier Gutiérrez, d'après l’œuvre de Kôji Suzuki. Bande-annonce VF.
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